Il est,
dans le département de l'Aude, un village chargé d'Histoire,
Termes, surplombé par un imposant château, en ruines, certes, mais que l'on peut visiter et qui n'a rien perdu de sa superbe.
Classé Monument Historique depuis 1989, il appartient à la commune. Dès le 11 eme S il figure dans les écrits mais sa grande page d' Histoire s'écrivit en 1210 au temps des Croisades. Un siège épique dont les murs se souviennent encore.Il devint place forte sur la frontière d' Aragon pendant 4 siècles et fut détruit en 1654 sur Ordre Royal.
Mais ce n'est pas de lui que je vais parler , bien qu'il ait un lien très fort avec
les Gorges du Tremenet; celles ci constituaient une barrière redoutable sur un de ses flancs : 184 m de différence d'altitude entre le château et ce fossé naturel, 184 m d'infranchissables éperons rocheux..
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La première cascade accessible à tous : fin du canyon |
Le Canyon en lui même est très court, 350 m entre son entrée et sa sortie. La petite rivière nommée
Le Sou entre dans un relief calcaire constitué de marbres du plus bel effet, rose ou bleu.
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Marbres roses et bleus polis par la rivière |
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Marbre brut |
Le seul endroit accessible au tout public se situe à la sortie du canyon, un lieu remarquable de beauté.
C'est un véritable choc que d'arriver là, en rive gauche, après un joli sentier en forêt qui ne laisse rien augurer de ce décor. On entend la rivière, on n'imagine pas.
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Une paisible rivière nommée Sou |
Bien sûr je tente de monter en haut de la cascade mais il faut escalader et surtout je n'ai aucune envie d'abîmer ce décor de mousses et tuf en formation, sans compter que c'est dangereux.
Toutefois ma curiosité est piquée!
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Tuf sur un ruisseau affluent |
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Tuf et mousses à la cascade |
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Tuf séché : une roche alvéolée |
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Mon sentier de "chèvres" |
J'aperçois, sur la rive escarpée, un sentier dont je ne sais s'il est humain ou animal mais je m'y lance et j'ai l'impression de remonter un couloir d'alpinisme, style Vermicelle, à sec. La pente dépasse les 55 ° vers le haut. Je tiens bon et j'émerge sur la route à l'entrée du tunnel.
J'entreprends de traverser les deux tunnels; le 1er est court et salue le passant par quelques panneaux mais comme il est interdit en voiture de s'arrêter, qui peut les lire ? J'ai cet heureux privilège.
Le 2 nd tunnel est long, plus de 100 m, non éclairé, traversé par des oiseaux qui y nichent et tapissé de toiles d'araignées . Qu'importe, personne ne me dérange, je me plaque au mur le temps de passage d'une voiture .
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Les 2 tunnels, l'entrée et la sortie du canyon sont de part et d'autre des tunnels |
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Juin 1903, percement du tunnel |
Entre les deux tunnels, je me penche sur le vide mais je ne vois aucun "accès piéton" . A la sortie du 2nd tunnel, la rivière est accessible car c'est là qu'elle va faire le grand saut. Je descend jusqu'à l'eau, c'est aussi je présume le chemin qu'empruntent les canyonneurs; il n'y a aucun autre accès. La rivière me barre la route, alors je quitte le pantalon et pieds nus, je m'avance jusqu'au bord du vide. Cela donne une envie folle de satisfaire la curiosité mais cette roche lisse, creusée de marmites ne donne aucun droit : ni de passage, ni à l'erreur. Un grand saule, les pieds dans l'eau, gît, à demi couché mais porte sa moisson de chatons, il n'a rien d'un moribond.
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Le saut du Sou: départ du canyoning |
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Je me contente de ça |
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J'aimerais mieux cela |
Je remonte sur la route, à demi satisfaite:
j'ai vu l'entrée, la sortie, et plein de promesses, bruyantes, certes, mais muettes.
Je reste sur ma faim de sensationnel.
Chemin à l'envers. Au débouché du long tunnel, là où je n'avais rien vu, un accès se dessine comme s'il avait poussé entre temps. Un petit mur de soutènement est à franchir en désescalade (saurai-je le remonter?) et un chemin escarpé de chèvres conduit au coeur du canyon. En un rien de temps me voici dans un site enchanteur caché pour qui n'emprunte pas ce trajet...
Je me promène un peu vers l'aval, perchée entre des blocs, je vois la rivière s'engouffrer sous des blocs, franchir un goulet sous un rocher coincé, descendre une cascade et partir bien plus bas, de vasques en goulets. Il est même un trou percé dans la roche par où passe la rivière lorsqu'elle est gonflée par des pluies. Cela se perd entre les hautes falaises, dans un bouillonnement d'eau et un écho répercuté par les parois.
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Passage couvert : un grand saut tonitruant |
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Au débouché du passage couvert, après le saut |
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Un monde à part |
Je suis dans un monde à part, là où peu d'humains, hormis les canyonneurs ont accès. Je remonte et si je fais un selfie, ce n'est pas par forfanterie, c'est pour donner une idée de la déclivité.
Me voilà en haut, juste en dessous de la route et je ne sais comment remonter le mur. Heureusement j'aperçois un piton scellé dans la pierre, preuve que je ne suis pas la seule...et je m'y accroche, me tractant à la force des doigts. Ouf !
Je reviens au camion où Mathurin m'attend, n'imaginant rien de mes "délires".
Mais la Providence est au bord de la route , une Anglaise (ils sont nombreux par ici) m'indique un autre accès pour entrer dans le canyon, sur la rive droite cette fois. "Je reviendrai" lui dis-je...mais...je ne peux résister et je me mets à la recherche du chemin, à partir du parking cette fois. car le stationnement est TRES réglementé, ce dont j'ai fait fi.
J'abandonne Mathurin et je repars à travers bois vers la sortie du canyon, en suivant les indications de la Dame . Mais avant la cascade, je tourne résolument à gauche, en suivant le cours obstrué de ce qui fut sans doute l'alimentation d'un moulin et je traverse à gué la rivière.
Il ne me reste plus qu'à suivre un panneau puis un sentier barré d'une croix ce qui signifie "c'est pas par là !". C'est évidemment par là... J'arrive sans peine au pied de la cascade que je n'ai pu franchir mais, en rive gauche, le sentier est muni d'une corde qui permet d'accéder au site enchanteur.
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Derrière la cascade se trouve une grotte |
Et là oui c'est l'enchantement, mètre après mètre jusqu'au terminus parce qu'arrivée ici, on ne passe plus. Ni sur les falaises de droite, ni sur celle de gauche, j'escalade tout ce que je peux; on pourrait juste nager jusqu'au saut du lit de l'eau ; pas envie. Je suis dans un paysage de dalles lisses, creusées, percées, travaillées, polies, bleues ou roses, du marbre tout simplement au toucher de grande douceur. C'est d'une beauté que sublime le calme, la solitude, l'eau, la couleur des algues, que dire ? Il faut le vivre...
En images :
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En remontant le cours d'eau |
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Entre deux très hautes murailles |
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Haut perchée rive droite |
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Au ras de l'eau |
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Haut perchée rive gauche |
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J'ai escaladé jusqu'au dessus du petit pin |
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Un lit tourmenté |
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Et un lit tourmenté |
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Pistachier térébinthe |
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Ancienne formation de tuf quand le cours était bien plus haut Des végétaux en émergent |
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Tableau minéral formations calcaires |
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Etrange texture minérale |
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Le dernier saut, le canyon se termine là |
Mais Mathurin m'attend avec sa patience faite chat, ce qui est aussi un cadeau de la vie.
Additif : plan, photo aérienne et coordonnées du site, source géoportail
Coordonnées GPS du PK obligatoire (et payant l'été)
Source Géoportail
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le site en image (Géoportail) |
bonjour lison dommage que tu me l'ai pas dit j'ai toujours voulu aller a termes bisous
RépondreSupprimerBien sûr mais tu n'es jamais disponible et en plus quand je suis partie de chez moi je ne le savais même pas puisque je partais pour le Tarn et j'ai eu la flemme de faire la route. Mais Termes ne s'en ira pas, et on ira, quand tu seras décidé. Bisous
SupprimerSplendide ce canyon, des roches érodées et colorées, j’ai hâte de voir ça. Ton reportage est magnifique, tes photos sont de véritables tableaux, j’adore. Merci pour cette merveille ! Bisous, je suis en mode mamie jusqu’a dimanche, demain j’ai le 3ième chicouf qui arrive....
RépondreSupprimerAprès le 10 mai, soit l'autre semaine on va se bouger : il y a la sortie à faire en groupe et celle qu'on fera nous 3 ici. Bises et à bientôt
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