Le Perthus, village frontière, village à la double nationalité, village rue, est logé dans le col éponyme et présente un des plus grands déballages et capharnaüms possibles, de boutiques en supermarchés. Une foule s'y presse sans cesse, plutôt décourageante pour le genre d'individu que je suis. Heureusement le Perthus n'est pas que ça. Il s'y trouve un magnifique fort construit par Vauban,
Bellegarde, et un site mi romain mi médiéval,
Panissars où les archéologues firent la découverte du Trophée de Pompée.
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Bellegarde, 17 eme S (Vauban) a remplacé une tour de 20 m de haut édifiée en 1285 |
Dans ce massif des Albères, à cheval sur deux pays, couvert de forêts de chênes verts et liège, des parcours de randonnées aussi discrets que remarquables foisonnent. Je ne les connais pas et pars à la découverte, invitée par mes amis Josy et Claude, ce qui m'enchante car je les apprécie énormément.
Nous sommes le samedi 13 avril.
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Un aperçu des paysages du secteur |
Trouver le parking de départ (272 m, suivre Els Limits) n'est pas évident, eux connaissent : direction
"El Salt del Fitó", 475 m.
Bellegarde veille sur nous en ce matin ensoleillé succédant à des journées ventées. On s'enfonce dans les sous bois qui ne sentent pas la mousse, c'est sec, le parcours est agréable, j'attends avec impatience de rencontrer cette rivière nommée
Llobregat d'Emporda dont je rêve depuis longtemps.
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Le sentier en sous bois |
C'est une petite rivière au cours assez bref, affluent de la Muga; elle traverse la Jonquera et peut avoir des crues féroces. Ce jour, lorsque nous y parvenons après 45 mn de marche en sous bois, elle est presque trop calme : quel spectacle nous donnerait elle en eau !!
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Première vue sur le Llobregat |
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Nos voisins : on a pris de l'altitude, Bellegarde montre son nez et pas seulement ses pieds |
Le Salt del Fitó se découvre au dernier moment juste après un passage aérien sur une passerelle mouvante. Là quel spectacle !Une cascade de 59 m de haut se jette dans le vide, en silence mais que doit-ce être par gros temps ? A voir absolument ! Le Llobregat fait le grand saut.
En images ce moment ludique :
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Très peu d'eau pour ce saut de 59 m |
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Le départ de la cascade ; faudra y aller un jour |
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Elle peut ressembler à cela (image internet) |
Additif :finalement je la verrai un jour comme ça; il suffisait de patienter jusqu'au 23 octobre 2019
Nous entrons dans cet étroit cirque et nous osons un peu d'escalade pour voir un peu plus en amont; on ne gagne que quelques mètres, ensuite ce serait à la nage. Un peu tôt en saison...
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Les enfants s'amusent |
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On joue à "chat perché" Il faut éviter de jouer à chat noyé |
Après un moment passé à profiter de ce joli espace où de petits talismans sont déposés, nous partons pour le reste de la rando : drôle de parcours attrayant ! Il s'agit de remonter à la force des bras autant que des jambes un pan de montagne escarpé de 100 m de dénivelé. Des chaînes ont été posées pour faciliter la tâche et comme trois grands enfants que nous sommes, nous nous amusons à grimper, en toute aisance, nous avons encore de beaux jours devant nous. Pourtant nous sommes trois "dinosaures".
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On évolue dans ce décor |
Entre rochers, chaînes et éboulis nous voici sur la crête. Il y a beau temps que la cascade a disparu et du Llobregat, on peut distinguer la vallée dans le fouillis de buissons.
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Ruines de Can Conxa joliment perché Alt 509 m et vue imprenable sur... |
De ce fouillis buissonnant typiquement méditerranéen, pendant un moment nous verrons émerger une ou autre ruine, un mas, un pan de mur, tandis que le Canigou en majesté, récemment réenneigé, veille sur le tableau. Du vert sombre, du bleu, du blanc, du gris, les couleurs du jour, sous un vent léger.
Tout au long de ce "voyage" il sera surprenant de voir comment les anciens avaient aménagé et exploité cet espace aujourd'hui revenu à sa nature sauvage et austère; une vie agricole et pastorale vivait ici ; moutons, récolte du liège, agriculture vivrière. Et toutes ces édifications de murs, "feixes" ( parcelles en terrasses), sentiers, un travail inouï. Il faut à présent scruter les sous bois pour lire ce qui était hier.
Voyage dans le temps et l'espace reconquis par la végétation
......Le Canigou !
A présent nous voici au
Pla de l'Arca ,582 m: la ruine y est exceptionnelle, c'est une ancienne chapelle du Xeme S,
San Père, transformée par le passé en ferme avant que tous ces beaux murs ne soient ruinés. Un vaste espace l'entoure, anciennes prairies de montagne.
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On rencontre un des Chemins de la Liberté lieu de passage des réfugiés pendant la guerre civile (1936/1939) |
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Mas et chapelle San Père del Pla de l' Arca (2 en 1) |
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Mur en opus spicatum |
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Abside du XI eme S |
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Le Mas Nou au zoom |
Un sentier barré envoie sur un site minier, mais nous partons à l'opposé à travers bois, vers
un dolmen (del Pla de l'Arca, 641 m) indiqué sur la carte. Cette montagne est entrecoupée de pistes forestières, elles même coupées de sentiers. On cherchera un moment ce dolmen, il y a de beaux rocs dominant le verdoyant paysage Ampourdan mais point de dolmen. Mes amis le trouvent enfin, discret, caché, grandiose bien qu'effondré .
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Style menhir; en fond l'Ampourdan, l' A7 et la vallée du Llobregat |
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Style dinosaures sur menhir |
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et enfin le dolmen chaviré |
Le prochain objectif sur lequel nous allons filer par la piste est un avion qui a fait le grand saut dans le vide.
Pour ce faire nous allons marcher sur une piste forestière tracée dans un paysage dégagé, avec une vue portant loin côté France, toujours suivis par ce Canigou en majesté.
Les cimes des Albères sont à portée de main, altitude modeste (1257 m maxi) la mer se dévoile et nos villages familiers aussi. Le calme est l'invité du jour, chanson discrète d'un vent un peu trop froid, quelques bruits de moteurs, et les oiseaux; c'est le printemps. Nous bavardons, plaisantons, entre amis, une solide amitié me lie à eux, cela fait du bien à ma vie de randonneuse solitaire.
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Il est toujours en Majesté |
Alors qui rencontrons nous ? Mais une belle source aménagée en fontaine, (
font del Vesc, 794 m) l'eau est plutôt rare en ces montagnes. Les randos d'été doivent en tenir compte. Quelques vieux mas se devinent et puis nous abordons à une belle ruine vaste et austère.
Le Mas del Camp del Calze, 690 m d'altitude.
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Le mas dans sa chênaie |
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Mas del camp del Calze |
La piste continue, accidentée avec de fortes déclivités, on est dans une montagne de faible altitude mais au relief tourmenté.
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Schiste ferreux : plusieurs sources se nomment ici "source ferrugineuse" (Font Rovillada) |
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Même pas eu l'idée de s'y percher !! Dommage |
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Côté Catalunya |
Le vent nous assaille, fort et froid, rien ne l'arrête ici, nous sommes près d'un col , véritable aspirateur!
Le Col de l'Auleda, 694 m. Son proche voisin est le Col de la sorcière (de la Bruixa) où nous n'allons pas. Au col de l'Auleda, une pierre gravée, (dont on ignore alors l'existence) porte une croix et une étoile gravées dans le schiste. Sitôt franchi le col, nous voilà plein sud avec la chaleur qui va avec, les roches flamboyantes, des fleurs, un autre monde où gît, tout proche, la carcasse de l'avion.
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Paysage du col où est gravée une croix, qui signifie être symbole de frontière mais ici passe juste la limite de deux communes. Alors.... |
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D'or et de rouille, la roche |
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Impressionnant |
Cela se nomme
Serra de las Canals (montagne des couloirs), c'est très escarpé et de venu
un lieu mythique de pèlerinage. Il s'agit d'un bombardier d'eau, un DC6 quadrimoteur, qui, le 30 juillet 1986, au cours de l'extinction d'un gros incendie, s'est crashé avec ses 4 occupants. Un grand saut vers le néant. Le site est impressionnant. Vu de dos, la vue que l'on a en y accédant tout au bord de la piste, donne l'impression que l'avion s'est simplement posé sur une pente fort inclinée; l'arrière est intact. La surprise est de taille : d'abord par la taille de l'avion, ensuite par sa position, mais surtout, ...mais quelle est donc cette horrible lamentation qui s'en échappe ? Un chant lancinant suivi de chocs sourds ! C'est glaçant d'horreur! Il faut quelques instants pour voir que la dérive oscille au gré du vent et sa chanson sinistre suit la puissance du souffle d'air. Et ceci depuis 33 ans tantôt. C'est encore plus glaçant...Les arbres ont poussé autour, entre les ailes et ce qu'il reste de la carcasse éventrée. On ne trouve rien du nez de l'appareil qui a été volé! Les 4 moteurs sont disséminés dans le paysage, deux à gauche de l'avion, les deux autres bien en aval, là où s'est produit le choc. Il y a foule de catalans, des enfants stridents, tous venus en 4x4. Claude s'attarde, les avions c'est son domaine ! Josy est aussi glacée que moi.
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Une stèle est apposée sur ce rocher en haut duquel je suis perchée |
Heureusement, sitôt arrachés à ce lieu de mémoire poignante (l'idée que 4 jeunes gens sont morts brutalement ici m'insupporte assez), nous partons nous mettre à l'abri contre un rocher pour prendre notre repas et là, surprise ! Josy tire de son sac une bonne bouteille de champagne catalan bien tenu au frais, un drôle d'engin explosif sur son dos depuis le matin...et nous partageons un apéro des plus sympathiques au grand soleil de l' Albère.
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Application ! |
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Josy les a baladées tout le matin elles pétillent de joie ! |
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Non elles ne me font pas voir flou, lol |
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Le vent aussi fait des bulles dans mes cheveux |
Le retour se fera par le même chemin jusqu'à la chapelle, nous ne sommes pas assez équipés en carte pour oser un autre trajet. Mais en arrivant à la chapelle, nous prenons le chemin barré de
la mine de San Père. Une galerie creusée dans le roc est fermée par une porte métallique, nous n'en savons pas davantage : du fer ? Quelques murettes dans les environs témoignent d'une activité passée. La surprise est totale en apprenant au retour que ce fut une mine d'or et d'arsenic, creusée par deux Belges, les frères Gascard, mine abandonnée à la 2nde Guerre Mondiale, lors de leur mobilisation. Un sismographe moderne est installé à côté. Claude se souvient de ce sentier, nous allons donc le suivre et ce sera enchanteur: quel joli parcours quoique enseveli dans les arbres. Mais au passage d'un ravin asséché, on découvre un étagement de murettes indiquant qu'autrefois le cours d'eau a été barré afin de cultiver des jardins en terrasses.
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Mine d'or et d'arsenic : il y en aurait ça se saurait or rien ne se sait |
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Joli sentier couvert. Aïe un jour d'incendie... |
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Murettes des jardins du Mas Nou barrant un ravin Haut la murette d'en bas Bas la murette d'en haut cachée sous les végétaux |
Tout proche est
le Mas Nou (neuf mais en ruines) d'une remarquable architecture intérieure.
Un grand moment d'exploration de ces ruines.
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Ph Claude Calvet |
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Le porche d'entrée |
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Signe d'aisance matérielle les décorations catalanes |
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Le Llobregat soigne nos pieds |
Le retour va se faire par la piste retrouvée mais finalement coupée par un sentier qui descend rudement jusqu'au Llobregat retrouvé avant son grand saut dans le vide, la cascade. Pour nous ce sera sécurité: la piste (une belle piste bien pentue) jusqu'au parking. Les pieds font mal, on les trempe dans l'eau fraîche et au terme d'une randonnée de 17 km - quand même - on retrouve le parking dans un Perthus encore envahi. Comme il se doit !
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Bellegarde droit devant |
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On voit se rapprocher Bellegarde, saisissant sur fond de Canigoo Ph Claude Calvet |
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Le cours du Llobregat (d'Ampourdan, je précise) |
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La grimpe de ce matin avec des chaînes |
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Oui c'est ça qu'on a grimpé dis-je (Ph Claude Calvet) |
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Claude ferme la marche Pourquoi ne puis je marcher comme tout le monde sur le chemin ? Mystère... |
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Profil de la rando Merci Claude |
En chiffres :
Dénivelé positif cumulé : 650 m
Distance : 17 km
Les pistes ne sont accessibles qu'en 4x4 et peut être même 4x4 rustiques.
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Quelques jours plus tard, à la Junquera Le Llobregat, autre visage |
Très belle randonnée pas loint de chez nous. J'adore. Bises B.B
RépondreSupprimerJ'ai franchement été séduite, avec un goût très fort de revenez-y. Bises
Supprimerc'est très joli, nous l'avons faite également en boucle jusqu'au Château de Requessens et en revenant par l'Albère. Bravo les Dynocacous Christelle
RépondreSupprimerVous avez fait le parcours (très) long. Mes pieds auraient renâclé ! Car marcher pieds nus , sur ce terrain, est quasi impossible; en montagne je peux. Bises
SupprimerTrès sympa !!!
RépondreSupprimerSurtout la cascade pas vrai ??
SupprimerUn récit pétillant et sympathique d’une journée qui l’a été tout autant. Nous nous sommes régalés et sommes prêts à y retourner après un gros orage pour voir la cascade déchaînée. La vipère aspic ne me démotive pas...
RépondreSupprimerLes Dinosaures randonneurs te remercient pour ta charmante compagnie.
Donc le Tyranosaure n'est pas à fuir ! Il fait pourtant fuir mais on est de la même espèce, on se reconnaît. Je souhaite partager encore des moments pareils et cela se fera; merci en plus pour cette destination si particulière. Bises à vous deux d'un Tyranau...repos
SupprimerUne randonnée « estupenda »... et si bien narrée dans ce blog. Mais nous sommes habitués, maintenant à la perfection par la grande protectrice et amoureuse des chattes et des chats. Merci, Amédine pour ta venue avec les Dinosaures, pour ta si agréable compagnie, ta « pêche «, et ton humour, si souvent absent de nos jours... et pour ta patience pour les photos. A bientôt sur les sentes catalanes... ou autres.
RépondreSupprimerClaude, le Dinosaure mâle.
Quand on rencontre quelqu'un maniant un humour subtil et délicat, c'est un plaisir supplémentaire. J'ai eu autant de bonheur à rédiger cette balade qu'à la faire et ça se sent. On devrait aller sabrer le champagne sur des empreintes de dinosaures; j'avais rencontré en Espagne un site merveilleux en 2006; plus près nous avons Espéraza. Cela le vaudrait bien ! Bises et merci pour tes compliments cela me touche.
SupprimerCela le vaudrait bien effectivement ! Il faudra y penser !
SupprimerPas de pluie aujourd’hui.... on attendra qu’elle daigne arriver pour aller voir notre cascade dans toute sa splendeur. Bises.
Et oui, on a loupé le coche (d'eau)
SupprimerEt bien, belle promenade. On voit que vous êtes bien entraînés. Paysages sauvages et personnages attachants. A bientôt pour de nouvelles aventures avec notre petit groupe. Bises.
RépondreSupprimerJ'attendais un peu que les Saints de glace s'en aillent dans un autre hémisphère mais j'y pense très souvent on va se régaler. Le paysage sera plus soft et le parcours moins aventurier. Mais à Caunes on aura de belles perspectives d'envol au dessus des marbres rouges ! Bises à vous 2
SupprimerJe te suis sur FB ;;;; Bravo à toi !!! Bisous
RépondreSupprimerEt qui es tu , presque anonyme ? Bisous
Supprimertres jolie rando felicitation
RépondreSupprimerMerci !
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