Quand je fais mes parcours dans les broussailles, j'espère toujours trouver LA curiosité, l'objet qui va me raconter quelque chose, ou celui qui va me dire "tu ne sauras rien, cherche !". Alors la balade obligatoirement musclée et végétalement épineuse se transforme en sujet épineux, voilà que le piquant de la découverte rejoint celui du terrain.
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Evidemment on voit qui peine ! |
Le piquant du terrain c'est l'ajonc, la salsepareille dans laquelle je m'englue, la ronce, ou le chêne kermès. Le genévrier, et autres subtilités végétales qui ne me découragent en rien. Et même d'illustres inconnues que je pourrais identifier au smartphone .
Voici quelques sujets épineux.
Les plus attirants sont ailleurs. Non végétaux.
Entre Villefranche et Ria, ou plutôt entre Santa Eularia (secteur gare appartenant à Fuilla) et Rocamanera / En Gorner, c'est un paysage fait d'une succession de terrasses étagées sur 300 m de hauteur, mêlées de rochers escarpés. Dans ces terrasses aujourd'hui habitées par ce beau monde végétal précité où dominent cependant le chêne vert, le buplèvre ligneux et le pistachier térébinthe, bien plus hospitaliers, je cherche la cabane vigneronne souvent peu visible, l'escalier qui permet de franchir les murettes, toutes sortes de "banalités" faisant partie de ce paysage viticole disparu voilà plus d'un siècle.
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Le secteur |
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Couverture végétale dans laquelle faut se glisser |
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Parfois ainsi |
Mais pas que : je cherche surtout l'objet, la construction, la curiosité à laquelle je ne m'attends pas.
Bien sûr je ne parviendrai jamais à parcourir tout le territoire, même un drone n'y verrait rien. Mais le plus petit objet est curiosité. Bien sûr j'aimerais trouver la pièce rare, une monnaie, un sac paysan d'antan, un outil délabré mais faut pas rêver. Pas pour les emporter, certes, ils ont gagné le droit au repos. Chaque cabane m'angoisse, que vais-je trouver à l'intérieur ?
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La porte étroite d'un cabanon exigu : 494 m |
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Petit abri sous roche |
Un squelette assis ou couché mais je connais un voyageur des terrasses qui est passé bien avant moi recenser les cabanes et aurait alors fait la découverte. Il a trouvé un objet insolite, l'a pris en photo, je ne l'ai même pas vu : le plus fou des hasards m'aurait mis sur sa route, autant retrouver une aiguille dans une botte de foin.
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494 m : grotte peu profonde |
Alors...Alors je m'offre des bribes. Ici un tesson, là un autre tesson, de vaisselle en terre cuite vernissée disparue du paysage viticole voilà des lustres. Je souris au passage d'une glissade qui m'expédie fesses au tapis (pierreux) car un débris de cruche me dit que nous sommes deux en ce site, et qu'en plus un paysan d'antan fit comme moi, sauf que si lui il glissa, la cruche il brisa.
De loin, d'en bas, sur la route, j'ai vu sur une falaise, comme une construction. Illusion me dis je. Sauf que plus tard d'en haut je vis cela d'un coup de zoom. Restait à aller voir la curiosité. Un ancien chemin existait, embranchement de mon chemin d' Enfer. Je ne trouvai pas le chemin, je découvris des cabanons et en un tournemain je fus à la ruine dont je ne sais toujours pas la fonction. Le cadastre de 1810 la mentionne, avec un illisible gribouillis qui ressemble à "oratoire" bien que la ruine ne lui ressemblât en rien. Une dent creuse quand même qui domine la vie: la route, la Têt bondissante, une maison et la tondeuse à gazon qui va avec.
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Vue de la route |
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L'envers du décor |
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Vers l'aval de la vallée de la Têt |
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Et vers l'amont |
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Dans l'axe |
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La vie en bas |
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Assise face ouest |
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Intérieur |
Dimensions extérieures : 6.50 m x 2.20 m
Epaisseur des murs : 50 cm
profondeur actuelle : 1.30 m
Hauteur actuelle (ruine) : 2.30 m à 2.88 m.
Il serait intéressant de connaître la hauteur d'origine, l'usage, la couverture (aucun débris de tuile).
Le troupeau de mes curieuses copines m'accompagne depuis le début de ma balade et me nargue dans les falaises; tandis que je grimpe de mur en mur en ahanant, elles courent sur les arêtes sans me quitter du regard.
Elles se fichent bien de la curiosité du site : un gros câble effiloché, fil d'Ariane que je suis et qui finira enroulé autour d'un arbre aussi muet que lui. Rocamanera, roche minière et aucune trace de mine. Il n'est pas là pour rien, malgré le cabanon attenant, aucun indice.
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De drôles de rocs : miniers ? |
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Terminus (provisoire ?) je n'ai rein vu au dessus |
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Le chemin du câble |
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Petite cabane près du terminus |
Alors je traverse d'est en ouest et je vais rejoindre cela .
Vu l'autre jour. De loin et cela m'attira.
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Autres vignes du vertige |
Pendant le parcours "en balcon" je rencontrai quelques curiosités : un cabanon,
Des murs incroyablement solides:
De vastes terrasses et d'autres, minuscules
Et des sentiers escarpés entre les murettes : mais quels bâtisseurs !
Impressionnant site vu de loin, fouillis et banal vu d'ici. Mais enfin ça grimpe, ça glisse, on s'élève par escaliers et les vendanges d'autrefois resteront le grand mystère. Fallait les faire pousser les raisins mais surtout fallait les sortir d'ici.
Quelque chose entre le reptilien, l'équilibriste et l'architecte.
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Terrasse minuscule ou simple passage |
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Comme pour exorciser la peur du vide |
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Escalier : en général ils ont 8 marches |
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L'art de l'inclusion ou de l'appui |
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Ombre appréciable |
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Le décor d'en face : Ambulla |
Ce n'est pas le cylindre qui semble tout neuf quelques étages au dessous qui me racontera. Déjà s'y rendre rend acrobate malgré soi. Les terrasses vues d'en bas permettent toujours un accès, vues d'en haut c'est comme un plongeoir de piscine d'où il faut se jeter...sans eau.
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le vide sous les pieds
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Le cylindre! Une cabane |
J'y parviens, elle est sublime, comme construite d'hier.
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Forme parfaite |
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Et fine ouverture |
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Partie intégrante du mur |
Allez, je m'arrache au charme, et au lieu de descendre, je retraverse cette fois en sens inverse et en courbe de niveau, curieuse de ce câble que une heure d'absence ne rendra pas davantage bavard, même si une tranchée sur son chemin ne dévoile aucun minerai.
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Pour le fun, les vignerons ne grimpaient pas. Je joue à la chèvre |
J'enrage, égratignée jusqu'aux dents.
Le paysage est superbe d'un côté comme de l'autre. Mes copines sont toujours là.
Je surveille l'altimètre comme lait sur le feu : le col, passage obligé du retour, est à 500 m, je m'accorde avec les aléas du terrain 481 m, pas un de moins. Bel instinct, le ravin des Escaillers est barré d'un splendide mur noyé dans les ramages.
Je l'escalade et presque sans surprise, cela va de soi devant la morphologie du mur, je me retrouve sur cette ramification de chemin que j'espérais trouver (pointillés blancs). Me voici donc sur la voie Royale, plate, encombrée mais lisible et sans embûches sinon un effondrement, j'arrive aux 500 m convoités du col, sa grotte bleue, son versant ouest noyé de verdure. Je suis riche de quelques tessons, de quelques trouvailles, de griffures et d'accrocs supplémentaires, de questions sans réponse, de réponses à des questions que je ne me posais pas, de l'amitié de mes chèvres, et de....MAIS NON !!! Envie de revenir !
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Tous ces chemins ont disparu de la carte IGN En jaune, marqué sur le cadastre 1810 En blanc non marqué sur ce vieux cadastre. En pointillés blancs celui ci dessous. Le reste sera pour la postérité ! |
En quelques images : le chemin perdu
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Drôle de roche; un petit gisement |
Et enfin me voici au col.
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Au col: 500m |
Allez je remercie la chèvre noire qui m'indiqua le passage, je déroule mes anneaux de corde, évitant un dernier atterrissage forcé, et je finis dans le canal, décrassage oblige, faut reprendre aspect humain pour 55 km de route.
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Vagabondages approximatifs |
Je croyais connaître mais là je le découvre, super
RépondreSupprimerJe croyais connaître mais là je le découvre BB
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
Supprimeroh mon ordi est épineux il fait des âneries!! C'est donc toi, j'allais te proposer d'y revenir. ça grimpe un peu. Bises BB
SupprimerC'est plus de mon âge, j'aurais tant aimé
SupprimerUne recherche qui aboutit à de belles trouvailles, les murs et les cabanes en pierres sèches sont superbes, bravo la chèvre bipède ! Lol. Josy.
RépondreSupprimerLa chèvre bipède souffre quand même de carences par rapport aux copines mais elles ont un regard bienveillant. Si je savais traduire leur langage j'apprendrais et je trouverais beaucoup de choses, et pas que leurs crottes.
Supprimerpour info ,dans les années 70 ,il y avait une bergerie (chèvrerie )en bois au pont de Ria à côté de la maison qui existe encore ,tenue par Mr et Mme Pagès , et de jeunes chevriers en herbe venaient garder leur troupeau dans ces coins de montagne ; alors c'est avec plaisir en lisant tes aventures de savoir que quelques descendantes ont pris leur liberté !à bientôt !!
RépondreSupprimerOn m'a dit aussi qu'elles auraient été abandonnées par des marginaux, mais depuis le temps il devrait y avoir un immense troupeau alors qu'elles sont moins de 15.
SupprimerPeut être à cause des prédateurs sur les chevreaux..
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