jeudi 24 avril 2014

Ansovell : 7 habitants

Je vous avais promis de vous présenter  Ansovell, petit village espagnol de 7 habitants
 où j'ai fait une escale hors du temps.

Cela me paraît incongru de vous en parler car j'étais hier à Barcelone (200 km de chez moi), 1,7 Millions d'habitants...pour la ville seule , 3  millions avec sa banlieue.
Ansovell


Ansovell, est un bout du monde dans la Sierra du Cadi, un terminus à 1350 m d' altitude, au terme d'une route très étroite, une de ces routes de montagne où chaque virage ouvre sur une découverte. 13 virages en épingle complètent cette rampe et on découvre au dernier moment le village face à son écrin de montagnes.


Sierra du Cadi

Presque tout le village est dans la rue, je ne sais pas encore qu'il ne compte que 7 habitants.

Et puis il n'arrive pas toujours des étrangers ici!
Garer mon fourgon demande plusieurs manoeuvres, il n'y a pas d'espace sur la minuscule place de l'église. mais je veux le décor !

Je commence par partir à la découverte  de mon hôtel, petite balade dans les ruelles escarpées bordées de solides maisons de pierre, agrémentées de passages couverts.

Au fil des ruelles

Passages couverts et somptueux décor

Fondations naturelles

Vu « du ciel », le village est resserré autour d'une petite église, tapi au milieu de prairies, et construit au pied de la muraille. 6OO m de dénivelé le séparent de la muraille, 1200 m le séparent du sommet tabulaire de la Sierra.
La montagne à Ansovell

Le village d' Ansovell et les montagnes d' Andorre

J'ai appris beaucoup de choses en discutant avec un couple d'habitants. Leur maison est en face « chez moi » et nous sympathisons.
Le village, autrefois plus peuplé, était un village agricole, vivant de l'élevage et d'une petite agriculture autarcique: il n'y a plus d'élevage, plus rien. Les deux tracteurs servent pour transporter le bois de chauffage.
Les habitants qui vivent là aujourd'hui sont en retraite, ou bien travaillent dans des villes espagnoles et passent week end et vacances en ces lieux isolés.

Une grange qui se meurt

Maisons rénovées

La vie d'autrefois : roue de chariot "chèvre" pour couper le bois
et abreuvoir

Un petit village qui dort et s'anime par intermittences, l'été, avec les randonnées en montagne.
Encore que ce secteur est assez déserté : trop ardu, trop difficile disent les topo guides.ça, je l'ai vu !
Justement parlons en de la montagne: j'y étais l'autre jour, là haut, au pied des falaises, au fameux bullidor de l'Orri.

Depuis mon lit..le décor

Le bullidor de l'Orri (la source)


                   Autrefois....
Le coeur du village battait grandement là haut, rien ne le montre aujourd'hui. J'apprends ainsi que les étés de grande sécheresse les enfants du village menaient les vaches dans ces altitudes. Cela faisait une belle grimpe quotidienne, pour ces petites jambes..
Un petit  ruisseau avait été creusé par les hommes et amenait l'eau du bullidor au village pour arroser tous les champs car le village n'avait pas beaucoup d'eau; une avalanche a tout emporté; de toute façon il n'y a plus de cultures.

Plus étonnant encore, j'apprends que toutes les tuiles des toits ont été fabriquées au bullidor, à 1950m d'altitude : la terre, là haut, est une glaise propice à la fabrication des tuiles et elles étaient moulées et cuites là haut avant que d'être redescendues à dos de bétail : 600 m de descente raide, la configuration du terrain ne permet pas autre chose. Quelle patience!
A les regarder, ces belles tuiles rousses, ne croirait on pas deviner l'empreinte des branchages sur lesquels elles étaient mises à sécher?


Quant aux chemins  perdus dans la broussaille, nommés « camis cardoners », c'était les chemins qui franchissaient la Sierra pour aller à Cardona chercher le sel de terre.
Je n'avais jamais entendu parler de cette petite ville proche de Barcelone où une étrange montagne de sel grandissait au fur et à mesure qu'on extrayait ce produit très prisé. Il ne m'en faut pas plus pour avoir envie d'y aller : promis je vous y emmène aussi.

Oui, un bien surprenant petit village, Ansovell. Qui a ses histoires simples, comme tous.

Lison est très préoccupée par tous les animaux du village, en surnombre par rapport aux habitants, certes ! Chats, chiens, volailles: elle est épuisée par une nuit de veille, au petit matin!

Au lit

Parlons en des animaux. Justement Antonieta, ma voisine, a une basse cour.
Derrière ce grand portail de bois qui ferme la cour se trouve la maison aux murs de pierre d'une épaisseur de 70 cm qui protègent des vents glacés, une cour remplie de bois pour les froids et longs hivers et de la volaille. Une cour où fleurit un cerisier et pleure une treille.

La maison d' Antonieta et son mari


Une dinde a couvé des oeufs de poule et veille jalousement sur ses petits; des enfants poules et coqs qu'elle surprotège. Tout le jour elle dresse sa tête au cou déplumé vers le ciel à la recherche du moindre danger, en l'occurrence des oiseaux de proie.




Mais elle est tellement obnubilée qu'Antonieta croit que c'est devenu une obsession et que même les hirondelles lui font peur! Quoiqu'il en soit elle va droit au torticolis....
Et tout le jour elle pousse en alternance des cris qui font sortir les petits du tas de bois où ils se cachent, et des cris qui les y font rentrer avec la même précipitation!


Entre temps, ils plongent en apnée dans une vieille marmite qu'Antonieta garnit de nourriture mais leur pire prédateur c'est Maître coq qui les en déloge sans ménagement.


Voilà la vie à Ansovell, que j'ai partagée l'espace d'une escale 
au pays où le temps s'est comme suspendu...





20 commentaires:

  1. J'ai vraiment l'impression Lison en te lisant d'être dans un de ces petits villages de ma frontière. Les virages en épingles à cheveux, la petite église, la ferme aux hauts murs et au portail de bois presque tout y est sauf qu'ici je n'ai encore jamais rencontré de dinde aussi mère poule.
    C'est le passage de ton histoire que je préfère, c'est cette nature là que j'aime.
    Je ne grimpe plus car je ne peux plus, je n'ai jamais vraiment grimpé d'ailleurs mais j'ai été bien loin dans la nature avec mes chevaux.
    Ce fut un régal de te suivre dans ce petit coin de paradis sincèrement, tellement loin de toutes ces images vues et revues.
    Un gros ronrons à ta compagne de randonnées (pour moi c'était ma chienne Tzigane) ta Lison.
    Gros bisous.
    Belle soirée.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ces petits villages de montagne oubliés de la vie sont les mêmes partout, symboles de la désertification. heureusement les enfants du pays ont l'âme du village chevillée au coeur et reviennent avec 4 sous redonner une autre vie qui évite les murs en ruines.Tu as eu de la chance de découvrir à cheval plein de choses, la compagnie animale est un +++ dans une vie. Bisous Mireille

      Supprimer
  2. C'est vraiment très beau ce village tout de vieilles pierres une belle découverte, et la vie des petites poules protégées par maman dinde, une belle histoire, merci pour les photos, bisous
    Laurence

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. J'ai pensé que cette historiette plairait aux amoureux des animaux; si les habitants donnaient vie jadis, les animaux ont inversé les rôles. Bisous Laurence

      Supprimer
  3. C'est tout simplement fabuleux ! !je ne pensais pas que
    ce genre d'endroit pouvait encore exister. Et j' ai adoré
    cette Dinde qui couve des oeufs de poule.
    Bonne nuit. Je t'embrasse. Merci pour ces petits
    reportages qui nous font voyager. ELZA

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Dans nos campagnes et nos montagnes , de France , Espagne, ou ailleurs, c'est légion ces endroits. Surtout ne pas les laisser mourir, c'est le berceau aussi de nos pays. Craquante la Dinde, mieux qu'au réveillon de Noël, non ? Bisous Elza

      Supprimer
  4. Bonjour Lison ;)
    Encore un article magnifique, j'ai du mal à "redescendre sur terre", j'ai encore l'impression d'y être ! Vos photos sont superbes, quelle vue depuis votre lit !!!
    La montagne, les pierres, tous ces détails sur ce petit hameau, j'adore la photo de la Roue, l'histoire de la fabrication des tuiles et cette adoption "inter espèces" trop craquante !
    Un gros merci pour cet instant d'évasion à vous lire, en sirotant un bon café ;)
    J'espère que Miss Lison à récupéré !
    Je vous souhaite un très bon week-end, bises du Sud où il pleut ...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et bien c'est sympa tout ça : vos commentaires et le petit café qui sert de décor à mon blog ! J'apprécie.
      Il a fait un vent très violent aujourd'hui, j'ai travaillé la vigne, je suis saoule de vent. Je vous embrasse, à très bientôt

      Supprimer
  5. Un billet fabuleux , une promenade découverte comme je les aime .Tu es une narratrice formidable qui sait faire passer ton enthousiasme , ton regard, tes partages. Je suis véritablement émerveillée.
    Comme j'aimerais le connaitre ce petit village.
    Tes photos sont magnifiques.
    J'espère que Lison a récupéré?
    Encore merci, douce soirée, bises Lison

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Que de compliments ! je vis intensément et j'aime partager c'est vrai : tant mieux, le message passe:-))
      Lison a ce jour là fait la grasse matinée dans le lit, c'est la 1ere fois que je pars en balade sans "faire le lit". On ne dérange pas le chat qui dort, n'est ce pas ? Bisous et bon w end

      Supprimer
  6. Un super reportage si joliment raconté et illustré.
    7 habitants, ça fait rêver...
    Ce qui serait amusant, c'est une poule qui couve des oeufs de dinde. :)

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je le suggèrerai à Antonieta; pour l'heure sa dinde était en mal de mêle...A très bientôt pour un ailleurs.

      Supprimer
  7. La maison d'Antonietta est magnifique... quel talent chez ces villageois à la vie difficile... Merci Lison de nous faire connaître ces merveilles si éloignées et si différentes de nos villes où l'inhumanité règne... La dinde vigilante est émouvante.. que de belles trouvailles tu partages avec nous.
    Je t'embrasse en te souhaitant un bon week-end

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Et bien, Fanfan, j'ai l'intention de plonger dans la vie urbaine car de cela, moi, j'en suis fort éloignée et je vous emmènerai le temps de 2 billets à Barcelone... Mais pour l'heure je prends encore la route via un autre petit village de la même sierra. Bon WE et gros bisous ensoleillés

      Supprimer
  8. Bonjour chère amie,

    La visite de ce charmant petit village m'a fait pensé à l'un de ceux que j'ai visité lorsque je me rends en Italie par le col de Tende. Tout le long de la route qui serpente dans la montagne sont perchés des petits villages presque fantômes... Ils sont adorables et ne demanderaient qu'à revivre...
    J'aime beaucoup toutes les photos que vous partagez avec nous. J'ai dégusté un bon bol de nature...
    Je vous souhaite une bonne fin de weekend.
    Gros bisous

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Cela rejoint le témoignage de Mireille (ci dessus) elle aussi parle de la même région que vous. Je reviens d'un WE montagne dans la même Sierra mais dans un autre village, plus peuplé (9 habitants) mais plus farouche et moins convivial car ils voient trop de touristes. Bonne soirée. A bientôt, bises du sud très venté

      Supprimer
  9. Bonjour chère Lison!
    Merci pour ce adorable billet d'un petit village très simple mais aussi très très beau.
    Un petit paradis je trouve!
    Et cette fonde avec les bébés trop mignonnes!!!!!
    C'est très difficile d'habiter ici avec notre vie moderne mais c' est un endroit pleine de la paix et simplicité!
    Merci chère Lison!
    Je te souhaite un bon dimanche et à très bientôt chez toi!
    Je t' embrasse fort!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Bien sûr qu'il faut être né là pour y vivre; même les jeunes s'en sont allés. La fille d' Antonieta est professeur de français en Andorre. Ici il n'y a rien; c'est bien pour des vacances, la montagne, l'été.
      Mais l'hiver....Je t'embrasse et à très bientôt

      Supprimer
  10. Ansovell: 7 habitants, mais quelques dizaines de maisons, comme j'ai vu dans tes photos. Je pense qu'il était génial si tu avait aussi le photos de ces 7 habitants.
    Bonne journée, Lison

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Marius, je n'ose jamais photographier les gens sauf les anonymes dans les villes. Bonne soirée à toi

      Supprimer

Votre commentaire: