mercredi 17 février 2016

Séquence souvenirs...Le Désert des Monegros

1975 : j'avais un quart de siècle, Le dictateur Franco venait de trépasser et nous faisions nos premiers pas en Espagne,  Le premier de nos pas car nous allions par la suite, pendant des années, sillonner de fond en comble ce pays voisin,que l'on se mit à aimer viscéralement et  dont nous parlions la langue .

En 2  CV d'abord . La première fois que je vis le Désert des Monegros je fus attirée comme un aimant par ces paysages arides, nus, blancs, écrasés de chaleur et de lumière, qu'on longeait vers Saragosse, à quelques 400km de chez nous. En Aragon, entre Saragosse et Huesca.




Au fil des ans, on y fit quelques incursions sans jamais approfondir la rapide traversée, pressés que nous étions de rallier la côte Cantabrique, la Galice ou le Portugal. Depuis la voiture je saisissais au passage quelques furtives images. Attirée autant par le site que par le nom.




Los Monegros...cela évoquait des moines en robe de bure, perdus dans ces immensités écrasées de lumière..je coiffais ce nom d'un imaginaire que j'habillais au fil des kilomètres au gré du vent de la course et de l'inspiration.


Années 80, notre premier véhicule aménagé

 Les Monegros  : une vaste étendue plate, à perte de vue, quasi monochrome, dénudée, sans arbres, sans ombre, sans eau. Où l'on cultive de maigres céréales et où les masures et les villages souvent bâtis en torchis se délitent dans leur vie éphémère.
De gros chardons sombres et agressifs habillaient le paysage . Des troupeaux de moutons se confondant avec le sol paissaient sur la steppe maigre et rase.

Village de Penalba

Los Monegros : los Montes Negros, les montagnes noires ! Jadis couverte de forêts de pins et sapins, cette région, déforestée par la suite, était bel et bien noire.



L'habitat agricole posé à ras du sol

Les Monegros a une intéressante histoire géologique liée à la formation des Pyrénées, à la Mediterranée et aux autres monts du sud et de l' est qui en firent une cuvette, où se mêlent désert, salines, sols pauvres, roches de toutes sortes et 3 fleuves dont l' Ebre qui fournit l'irrigation .



En un contraste digne des oasis marocaines.


Le temps a passé, d'autres pays nous ont appelés dans toute l'Europe, puis le Maroc, la Turquie .

Plus tard...

 Dans ma nouvelle vie, l'appel de la montagne a supplanté les voyages au long cours et pourtant, un jour alors que je revenais seule de la côte basque espagnole, sur ma longue route , j'ai fait une brève escale dans ...les Monegros, toujours aussi fascinants...
Une brève escale car je marchais avec des cannes, souffrant terriblement d'une hernie discale .
Je pris un de ces chemins blancs qui s'envolent vers l'infini, suivie d'un nuage de poussière, et je me trouvai rapidement au milieu de nulle part, alors que autoroute et autovia longent de leur flot pressé ce lieu où le temps semble arrêté.


2 Décembre 2006
Rien n'avait changé , ou presque, juste la couleur, car c'était l'hiver et les maigres céréales faisaient leur entrée dans la vie, en vert, envers et contre l'aridité qui les attendait.




Mon camion était une goutte d'eau perdue dans cette immensité et je me sentais bien , malgré les douleurs, bien car au milieu de nulle part, dans un silence qui me fit écrire dans mon cahier : "le Grand Silence est de rigueur, celui là seul qui peut régner sur ces immensités. C'est comme le Causse en plus pauvre, en plus nu, en moins plat".


Mon véhicule minuscule dans le désert

Je continuai à pied et j'arrivai à une immense bâtisse en ruine, ruinée par le temps, la vie, ou l' Histoire, celle de la guerre civile qui fit rage ici aussi.

Dans cette solitude absolue et cet immense silence , c'était impressionnant, envoûtant; quelques ossements éparpillés sur le sol me donnèrent un petit frisson glacé mais fort heureusement c'était un squelette animal!
Pouvant à peine marcher comment aurais je pu courir ? Je plaisante bien sûr...je n'avais pas l'ombre d'une inquiétude..Subjuguée par la beauté de ces ruines. Où j'aurais bien laissé couler le temps si ma route n'était pas aussi longue.






Alors , assise  sur une murette de pierre, dans mon cahier, j'écrivis :

 "Quand j’évoque ce nom de Monegros, je n’y vois aucune particularité géographique ou autre justifiant de ce nom. J’y vois quatre cavaliers hirsutes, barbus, roulant des yeux énormes, lancés au grand galop dans la poussière grise, levant un poing rageur et hurlant à tous vents. Des géants terribles et terrifiants, dans le vacarme de leurs hurlements et des sabots de leurs chevaux  qui arrivent, passent et s’enfuient, avalés par un tourbillon de poussière grise. Ils sont sûrement passés… car le silence seul m’accueille pour cette longue promenade qu’enfin je peux m’offrir alors que 
tant de fois j’en ai rêvé : somptueux cadeau de ma liberté !"

Aujourd'hui je sais...je sais que j'irai un jour, bientôt peut être car ce désert continue de m'attirer . Je sais que je n'en ai rien vu, et qu'il y a tant de choses à y voir. Et tant de chemins à y parcourir. Mon vélo sera du voyage!



13 commentaires:

  1. Très beau et fascinant merci encore pour ce voyage encore un de plus ,,,,

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    1. tant mieux si ça te plait, pourtant ce sont de très modestes voyages il y a juste une âme

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  2. Des paysages grandioses ... à perte de vue, seule !!!
    Belle balade, merci ...
    Bisous, douce soirée, caresses à tes Félins

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    1. Merci et mes félins t'envoient de puissants ronrons affectueux

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  3. Passionnant ! Tout en lisant le texte, je pensais à des romans ou des films : Voyage au bout de la nuit, plusieurs westerns dont j’ai oublié les titres (Le cavalier du désert), bien sur Pour qui sonne le glas, évidemment Le désert des tartares. Merci pour ce voyage sur cette planète inconnue…

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    1. Wahh quel commentaire ! quand j'ai découvert l'espagne sèche "tierras de secano" ce fut un choc ; et ces terres me font toujours, 40 ans après, ce même choc. terres de drame, de violence, de souffrance... Quand je me rends dans les verdoyantes Pyrénées espagnoles, je fais toujours un crochet par quelques tierras de secano..

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  4. Bien sympa ces vieilles photos au look inimitable... Et de superbes vues...

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    1. Ah oui, c'était l'argentique et en plus les N&B je les développais moi même.

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  5. Parece um pouco assustador, vazio... talvez isso o torne tão atraente!
    Beijos
    Adri

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  6. bonjour

    une erreur pour le commentaire precedent, javais tout frappe mais pas du tout dans le coup pour repondre,donc excusez moi pour ce commentaire.
    ce matin , ja i ouvert l ordi et frappe "balade fourgon monegros 2017",je suis alle visite votre blog et:
    tout ce qui a ete ecrit dit pense vecu,les impressions ,les balades,le rattachement a la triste histoire du pays etc etc ,tout cela nous aurions pu l ecrire nous cela etait trop identique.
    depuis 1982 d abord en voiture,en fourgon ensuite,notre attirance etait vreserve a la terre l interieur de la peninsule,les villages,les gens avec qui nous pouvions parler et meme surtout rien dire car a la sortie des evenements seuls les regards de compations etaient suffisants.
    nous avons bourlinguer a travers l Espagne mieux que dans notre France....
    belchite nous a beaucoup emue,un peu notre ouradour,mais plus vrais,le monastere de la rueda ,il y avait encore la grande barque de 30m de long a l interieur de l eglise,,le refuge des pescatore,l ermitage san miguel ou les salines et san benito,combien de lieu ou nous nous sommes arrete des douches en pleine nature en économisant l eau ,un leve de soleil a san capracio et un coucher a farlette,que du bonheur,mais il faut distiler les beaux endroits et les evoquer q uavec delicatesse et avec ceux qui le méritent.
    apres les choses de la vie se compliquent ou changent mais le pire ou le meilleur sans doute c est que nous allons dans la mesure du possible chaques annees vers monegros bardenas ou les lacs,etc,c st notre passage meme quand nous decsndons plus bas.
    heureux aussi que notre virus de la bourlingue ait ete passe a nos deux enfants et c est bien...
    l on ma dit un jour je vais passer un mois en loc a benirom,sur la cote vers Barcelone je crois ,j ai dis nous allons un mois en aragon ,apres des echanges de films et photos,les gens nous ont dis ,"vous n avez pas trouves de campings super ,c est normal a la periode ou vous etes alles.....
    et voila.
    nous irons si tou va bien cette annee encore nous l espérons vers le 15 mai aux meme endroits, j ai besoin de faire une sieste a san benito ou entre farlette et lecinena...c est l image..
    felicitation encore pour ces images,merci
    je ne connais pas le moyen que vous ayez notre mail ,nous aurions pu envoyer des images.
    bonne chance dans la vie bonne sante d abord a vous et ceux qui vous entourent et vous aiment,c est encore bon pour donner ces vœux.

    andre et renee
    sions de ctrd

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  7. ca y est j ai trouve le moyen de vous passer mon mail message ici
    andre

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    1. mon mail à moi : amedine.mas@orange.fr
      et aussi 2 articles sur les MOnegros que j'ai visités cet été
      http://balades-lison.blogspot.fr/2016/11/deux-visages-pour-un-desert-los.html
      http://balades-lison.blogspot.fr/2016/11/les-ruines-des-monegros.html

      ou alors vous allez et ce sera plus simple sur les archives novembre 2016

      Par contre votre adresse mail je ne l'ai pas

      Pour le moment je vous donne ça rapidement puis je répondrai à tous vos commentaires.

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