Dans cette belle vallée du Tarn, où la rivière coule entre d'étroites et hautes murailles calcaires, il y a un certain nombre de randonnées "aériennes" qui donnent lieu à de belles découvertes géographiques ou géologiques ainsi qu'à quelques acrobaties . Cette rivière de 380 km, née au Mont Lozère et affluent de la Garonne, doit son nom à des racines latines ou ligures signifiant falaises, ce qui n'est pas une usurpation ici !
J'affectionne particulièrement ce site lozérien où le Tarn coule dans des gorges. C'est vers la fin de ces dernières que je vais. La rivière entre dans une longue ligne droite mais cela n'ôte rien à la hauteur des parois : plus de 400 m.
Vallée du Tarn : à gauche, les falaises ensoleillées (photo prise l'après midi), mon lieu de rando Rive gauche du Tarn |
Il y a de la glace dans les flaques, il fait moins 3 quand je quitte le hameau (La Bourgarie alt 860 m), où j'ai dormi bien au chaud dans mon camion (moins 1°).
Le hameau dort : de toute façon il est presque vide d'habitants.
Un sentier commence par descendre et s'enfonce sous les roches sommitales, dans une forêt quasi verticale qui s'étage jusqu'à la rivière, 440 m plus bas.
Départ matinal, le sentier Martel et mes visiteurs |
Je me dois d'être prudente, j'ai une lampe et une corde, au cas où. La lampe pour une éventuelle grotte!
Le relief est fait de plusieurs étages de falaises calcaires pâles ou ocres, de style dolomies, falaises lisses aux formes arrondies, creusées d'orifices où nichent les vautours; elles sont parfois striées de noir, ce sont des chemins d'eau; après ces pluies, on la voit ruisseler.
J'évolue face à l'ouest donc dans l'ombre et immédiatement un vol de vautours vient contempler l'intruse colorée de rose. Ils sont en zone protégée et ne craignent pas l'humain, tout au long de ma rando je les aurai pour uniques compagnons, ce qui me vaudra de belles séances contemplation et faussera le temps de marche affiché au départ, mais je suis là pour ça : marcher et contempler.
L'air est froid, je suis très peu vêtue, la marche réchauffe mon corps habitué.
Les corniches de la rive droite |
Le décor sur mon sentier |
Dans tous leurs états |
Je repère leurs nids et les débusque au zoom.
La Sablière (hameau) en bas Aucune route n'y va |
Le sentier Martel, assez en courbe de niveau oscille autour de 800 m et n'a pas de sévères déclivités. Mais il offre des belvédères aussi rares que remarquables. Je trouve le trajet long, par rapport à la rando en montagne tout est différent et les perceptions faussées. Connaissant la vallée et la route, j'ai mes repères tout au fond. Le hameau de la Sablière coupé du monde puisque accessible uniquement par wagonnet transbordeur, le village troglodyte de St Marcellin et cette maison isolée en bord de route que des ouvriers rénovent. Tout ça je l'ai parcouru hier soir, en bas, et observé avec minutie.
Relief ruiniforme hérissé de vautours |
Un temps fort est la rencontre avec une arche remarquable, Baousse del Biel (la bosse du vieux) qui ouvre sa fenêtre sur le Tarn, ses rives, ses eaux, sa route et...me fait rêver...Ah les arches et moi...
Le Tarn affiche des couleurs inimitables, m'envoie sa musique, c'est le seul "bruit" ici. Silence parfait quand il se tait. Si je ne suis pas envoûtée par le point de vue, je suis enchantée par l'atmosphère et la solitude.
L'arche de la Baousse del Biel |
Vue du Tarn dans l'arche |
J'hésite un instant à l'embranchement pour le hameau de Volcégur sur le plateau mais ne mélangeons pas tout. Et je fonce parce que j'ai lu quelque chose que je ne vois point venir : est ce sur le trajet délaissé, celui du bas ?
Quand soudain....je scrute, lis le panneau, ai un pincement d'angoisse, enfourne mes bâtons dans le sac et me lance ! A Dieu va !!Selon l'expression.
Le sentier Martel est arrivé aux échelles. Soit il continue soit il crochète à droite vers le Belvédère de Cinglegros (le Grand Cirque) crochetons donc !! Il s'agit du Pas des Trois fondus, le plus dangereux passage de tout le circuit. En effet, on descend confiant sauf que certains barreaux n'ont pas le même écartement et qu'un pas de crochets est plus long que mes "pattes", aïe le déséquilibre imprévu. Et ça glisse "sec".
A droite le belvédère de Cinglegros Pour y accéder faut descendre au col et remonter, le tout par des échelles |
Détails : en jaune une des échelles en gros plan photo de droite |
La descente musclée s'effectue par quelques crochets de grandes enjambées et 52 barreaux d'échelle jusqu'à un petit col où ça repart dans l'autre sens : 150 marches d'échelle, des marches de pierre et un passage fort étroit avant que d'arriver au sommet du belvédère où je dis "waouhhh!!" sans autre voix.
Le pas des Trois Fondus |
Un peu des 150 marches |
Vers l'amont, le Tarn, son cours rectiligne et ses falaises, vers l'aval, rien de nouveau et à mes pieds, la courbe du Tarn qui évite ce promontoire. En face, d'autres falaises au pied desquelles dort le village troglodyte abandonné de St Marcellin, un joyau!
En images, depuis le belvédère
Vers l'amont (Les Vignes) avec l'ombre du belvédère |
Vers l'aval (Le Rozier) |
En face :village troglodyte de St Marcellin |
Détails |
Eglise, cimetière, prieuré |
Le Tarn rapide et le hameau de La Sablière |
Hameau de la Sablière, juste en dessous de moi (zoom) |
Il fait froid, je me couvre et déjeune en regardant les curieux du coin venus renifler l'ambiance, je veux dire les vautours. Pas facile de s'arracher du site.
Pourtant je redescends de mon nid d'aigle..euh de vautours et entame la boucle prévue par un couloir boisé "raidos" d'où jaillit un "Bonjour!!!"qui m'arrache un cri. L'unique alter égo du jour, un jeune randonneur à qui je donnerai l'envie du belvédère.
Le sentier du retour me dit-il est "encombré de végétation, magnifique et au pied des falaises". Le descriptif me suffit de toute façon on ne se perd pas ici. Je longe donc les falaises immenses, vertigineuses, par ce sentier Gaupillat. De éboulis montrent que...des fois...au cas où... et une grotte semi murée n'explique rien car à quoi pouvait elle servir ? Sinon à un ermite...
Quelques hêtres dans ces bois |
Descente en couloir |
Le relief particulier des corniches |
Dans la grotte aménagée |
Vue imprenable sur la vallée depuis le "trottoir" de la grotte |
Un instant une sourde rumeur provient du coeur de la muraille verticale mais je connais le phénomène, rencontré au Verdon : c'est l'écho amplifié du Tarn qui semble faire une cascade intra muros.
Dans mon dos, 400 m de vide |
Je m'émerveille de ce ennième vautour |
Sur son dos je ne vois rien de l'arche mais quel paysage ! Et quel ressenti....
La Baousse del Biel |
Sur le toit de l'arche en tenue d'été (il fait 6°) |
Dans l'étonnant et vaste pin rampant sur l'arche |
Le coeur du pin |
La vue depuis le toit de l'arche |
Descente au Pas de l'Arc |
La fontaine du Bout du Monde |
La Bourgarie, détail |
14 h 47, je pose mes bâtons au camion. Et je bois un bon café à l'eau du Bout du Monde, car je vais au Bout de la France. Tout à l'heure, j'ai le temps, je veux rouler de nuit pour profiter de mon séjour.
Un peu plus loin, je prends mon repas face au décor magnifiquement ensoleillé, irai faire une visite escarpée au château de Blanquefort, 11 eme Siècle avant que de prendre la route, 275 km de route de nuit m'attendent.
Souvenir....
Une balade aérienne non loin d'ici, Pâques 2018, dans les corniches de la Jonte, en un clic
En chiffres
Distance 10 km
Temps d'absence : 6 h
Dénivelé cumulé estimé 400 m (peut être même pas)
Route 275 km
En rouge l'aller, en bleu le retour |
Encore une magnifique rando pleine de découvertes et de surprises ...
RépondreSupprimerTu connais ? Ehhh il n'y a pas d'intrus à cette saison...donc tenue de combat facilement possible. Bon je ris! Fais pas chaud, ombre assurée à la journée
Supprimerinutile que je te dise que j'adore, la route qui longe le Tarn est l'une de mes préférées, ton circuit est merveilleux, musclé mais merveilleux. Je ne pourrais m'empêcher de penser a toi si j'y retourne, mais je pense déjà souvent à toi. Bises mon aventurière Chris
RépondreSupprimerEt si tu y retournes fais le ! Avec les échelles sinon il perd toute son originalité. Bises à toi ma courageuse travailleuse
SupprimerBonjour Lison. Toujours très intéressant et de belles photos. Je me rend compte que lors de mes vacances en France, je passais quelques jours avec Jean-Pierre et son épouse Françoise (amis d'enfance) dans son hôtel de la Muze et du Rozier... mais sans aller visiter ces endroits que tu nous présentes. Il est vrai que je ne suis pas un escaladeur et ma compagne encore moins. As-tu vu le petit hameau situé au bas d'une falaise près du bord du Tarn et nommé Castelbouc. Je l'ai en photo dans mon article "Les Gorges du Tarn"... http://www.tehoanotenunaa.com/2014/07/les-gorges-du-tarn.html
RépondreSupprimerAmitiés
Oui, je le connais aussi, enfin je n'y suis pas allée à ce hameau depuis très longtemps il est en amont de Ste Enimie est accessible par une route et a du être bien rénové depuis. Il en est un autre Hauterives lui aussi isolé comme La Sablière. St Chély a eu sa route et son pont dont les habitants ne voulaient pas, au début du 20 eme je crois. Cette vallée est captivante; Pugnadoires, du "bon côté" est intéressant, un peu troglodyte et un sentier permet de gagner le Causse de Sauveterrre, je l'ai pris en 2012 mais je ne tenais pas de blog alors, je le referai pour le blog. Cette vallée est une mine d'or à éviter l'été. Je t'embrasse, je pars me percher à nouveau mais près de chez moi cette fois !
SupprimerJ’ai redécouvert les gorges du Tarn, ton reportage est magnifique. Des falaises impressionnantes avec une arche que tu as osé escalader, des vautours splendides, des hameaux hors du temps, des habitations troglodytes, tout ce que j’aime. Le paysage de Saint Marcelin m’a fait penser à Brice Canyon, un vrai dépaysement. Merci pour ce récit et pour ces photos qui m’interpellent, j’adore.
RépondreSupprimerJ’ai réussi à me réinscrire à ton blog.
ah j'avais oublié de répondre à ton commentaire qui me plaisait beaucoup. Vous aurez peut être le plaisir au printemps de redécouvrir ces sites avec votre van tout neuf qui va vous donner une sacré liberté !!D'ailleurs au printemps je le referai aussi, enfin un autre sentier car le printemps y est enchanteur . pensez aussi aux 4000 marches de l' Aigoual
SupprimerJ
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