2ème partie :
Le chemin du "Mal Solà" soit du "Mauvais versant au soleil". Un regard sur la carte me dit "c'est un chemin en pointillés, il ne va pas loin".
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Quand on suit un sentier balisé ça signifie " pas par là !" Et bien j'y vais! |
Il est tracé, entretenu sommairement par les chasseurs sans doute, un peu envahi par les herbes, fougères et autres végétaux, il me conquiert d'entrée.
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Le départ du chemin |
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Sous les arbres, habillé d'herbe |
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A découvert dans les genêts |
Tantôt étayé par des murs quasi invisibles, tantôt bordé d'une rangée de pierres plates, il trace sa route, silencieux et discret. Il domine un paysage grandiose ou s'enfouit sous le couvert végétal, il longe des falaises immenses et s'insinue entre des gros blocs blanchâtres, tel un gros serpent repu.
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Dans les murailles du Mal Solà |
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En calade |
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Emmuré |
Nulle vie, nul bruit, nulle trace humaine si ce n'est un vieux fragment de cuir percé. La chaleur y est immense, ma soif intense, je rationne.
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Contre un vaste rocher |
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Au pied d'une immense falaise |
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Ouvrant sur les lointains Canigounencs |
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dans un pierrier |
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Dans sa splendeur |
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dans les hauteurs |
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Dans les à pics |
Très vite je vais rencontrer quelques passages de ruisseaux secs, d'autres frais et humides, tous étagés de murettes, on les cultivait, ces plis de montagne.
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Et en forêt, petit pont sur un ruisseau sans eau. |
Je nomme ce serpent de pierre qui dévore sous bois et éboulis "le chemin de la curiosité". Et il est une curiosité en lui même ! Bâti parfois à flanc de précipices, on ne peut qu'admirer le travail des bâtisseurs. Un petit air du chemin des Moreries à Nyer. Voilà, au bout de 2 km une curiosité : adossés à un gros piton rocheux, ils sont deux vestiges de corrals aux murs épais de 1 m.
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Cortal adossé à un gros rocher |
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Mur intérieur (1 m de large, les murs) |
Dans le second, une cabane pastorale, la cabane de Mazères de Camaut, adossée à la roche est unique à deux titres; d'abord elle est incluse dans l'enclos à bestiaux, ensuite le mur du fond est lissé comme façonné par l'homme.
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Sur l'autre face du rocher |
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La cabane dans le corral |
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Le corral et sa cabane adossés au roc |
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Le fond surprenant de la cabane |
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Tapie et aux abris |
Dix minutes plus tard, j'arrive à un site qui n'est pas sans m'évoquer "les Moreries" de Nyer. Voilà trois belles ruines. La première en vue est de belle facture et bien conservée, la seconde, en contrebas du chemin, est précédée d'un tas de tuiles brisées. L'autre étonnamment bâtie contre un rocher qui a valu au maître de céans une belle économie de cailloux et de travail, contient en son intérieur un câble tressé qui pourrait évoquer le travail du bois.
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Le 1er cortal (un cortal a un toit) |
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Intérieur |
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Le même sous un autre angle |
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Le second |
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Même chose |
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Le 3 eme adossé à un rocher imposant, vue prise à l'intérieur |
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A l'intérieur |
Au centre de ces trois emplacements, une cabane, la Cabane de Baix de Balaguer de Camaut exigüe contient un reste de pelle.
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La cabane presque ruinée |
Comme si la vie ne s'était pas tout à fait absentée. Il est d'autres bâtiments dans le secteur que je n'ai pas vus, que j'ai cherchés du regard et que le cadastre ainsi que le site Wikipedra ont confirmé. Depuis un moment j'entends gronder un torrent, je suppose que c'est le ruisseau "bleu" croisé en bas à 1186 m soit 326 m plus bas. Le Rec del Solà de Balaguer. Il me captive: j'ai chaud et soif, je vais, une fois passé un superbe petit pont témoin d'une activité importante (le bois ?) , faire le plein d'eau et prendre une douche : oui, une vraie douche !
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Un vrai petit pont |
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Vu depuis le ruisseau |
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Rec del Solà de Balaguer |
Ainsi, remise à neuf, je décide de m'arrêter, le chemin continue bien au delà de ses pointillés. Mais c'est sans compter avec mon drôle d'instinct, que j'écoute encore une fois et ce ne sera pas en vain. La hêtraie est superbe, des champignons, dont un cèpe, commencent à pousser. Pas le temps de chercher, déjà deux bâtiments ruinés se dessinent et une petite cabane en bon état, la Cabane du Pati de Buzy, les accompagne; altitude 1538 m; le chemin continue mais je stoppe là, je sens que le Col de Mantet se profile à grands pas, c'est la rando prévue demain, ne marchons pas sur mes propres plates bandes! Arrivée à la maison je m'apercevrai que je n'étais qu'à 310 m du site que je devais aborder le lendemain, hors sentier !
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Finalement je vais continuer ! |
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La petite cabane |
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Le 1er corral ; le 2nd trop délabré n'a pas été photographié |
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Trouvailles |
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Le bouleau boulu |
Cette fois le demi tour est consommé, je redescends d'un bon pas par le même sentier, la lumière a changé, le paysage est superbe.
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Quel panorama ! |
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Printemps ? Automne ? |
Un retour gratifie toujours le marcheur d'un nombre de nouveautés. A flanc d'une haute falaise un beau mur m'invite mais je ne trouverai pas le chemin.
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Haut perché dans les falaises, je ne trouverai pas l'accès Il doit être oublié mais je le trouverai |
Ainsi j'ai envie d'escalader un gros rocher pour aller saluer le bouleau équilibriste mais, percluse de douleurs, je crains l'envol. Un curieux gardien me regarde mi courroucé mi amusé, il n'a vraiment pas envie de voler à mon secours.
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Le bouleau équilibriste |
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Ile de Pâques en Conflent |
Presque au bout du sentier, dans les broussailles une sorte de plan incliné attire mon regard : serait ce le chemin qui conduit au fameux mur ? Il semblerait, à postériori, que oui. Arrivée aux Agulles, je me refuse à la descente directe sur Py, j'ai encore faim de km et ainsi je vais faire une jolie descente sur la Rotja par une boucle de 2.5 km qui me fera rencontrer des vestiges, on est près du village, cabanes, cortals en ruine, deux canaux soutenus par des murs cyclopéens, des prairies, me voici aux "Voltes", j'ai terminé ma boucle et Py se rapproche à grandes enjambées, le soleil est là et les couleurs sont à présent hissées.
En quelques images...
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De drôles de champignons avant la passerelle |
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Cortal Calvet |
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L'art d'utiliser le rocher : intérieur du cortal |
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La cabane au fond du jardin |
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Vestiges d'un labeur : le bois |
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Vestiges d'une fête : la meule de foin d'antan |
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Fenaison à Py autrefois |
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La pétillante Rotja |
Au terme de 19.5 km je peux dire que j'ai "mangé à ma faim". Tout en n'ayant quasi rien absorbé, comme toujours en randonnée.
Mais je vais me rattraper !
La vallée d'où je viens (gauche) et ...le cèpe était vrai puisque je raconte l'histoire !
Et, finalement, bien riche des km avalés, je vais redescendre à la maison, la rando du lendemain sera reportée, je dois reprendre des forces. Car un sérieux travail m'y attend cette fois.
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Remerciements à Michel Prats qui m'a donné en lien le site Wikipedra catalane (clic), recensant les cabanes et, sur ce secteur, hommage au travail de Gérard Rabat et Claude Pideil. Site que j'utiliserai pour ma prochaine sortie sur le terrain. Wikipedra recense les cabanes de Catalogne de part et d'autre de la frontière. Michel Prats est aussi un "recenseur" de cabanes. Travail titanesque s'il en est .
Additif : si quelqu'un veut consulter wikipedra, qui paraît compliqué de prime abord, voir le mode d'emploi en réponse au 1er commentaire
En chiffres : les deux balades en une (partie 1 + partie 2)
Distance totale : 19.5 km
Dénivelé positif cumulé : 800 m
Temps de marche : 6 h 07 donc 3.2 km/h de moyenne
Carte : partie 2 du circuit du jour
Une ancienne sortie sur Py (clic): sur le versant rive gauche de Py, printemps 2020
Encore un récit captivant. C'est la montagne de mon coeur, celui de ma grand mère qui y a vécu (donc travaillé) avec la sienne, de ma mère qui y passait ses vacances d'ado (en travaillant et en jouant aussi) et moi qui dans ma jeunesse a entendu parler toujours, en bien, de Cantapoc, Saletes, Mantet, pla Guillem, Roca Blanca.... les lieux habituels del Gall i de la Galle, mes ancêtres. J'ai connu la Galle plusieurs années, à la fin de sa vie, chez ma grand-mère. Elle ne voyait plus, entendait assez haut mais avait l'esprit clair malgré ses cent printemps.
RépondreSupprimerJ'ai essayé de consulter Wikipedra, je n'ai pas su m'y orienter. Tu parles de Claude Pideill et Gérard Rabat. Je connais Gérard, Claude a sans doute un rapport avec le maire de mon enfance M.Pideill (je ne connais plus le prénom, Louis ?). J'aurais bien aimé retrouver le chemin du cortal de la Galle. J'y retourne bientôt
Merci Amedine
Bon alors je t'explique comment fonctionne Wikipédra, j'ai cherché un peu et vite trouvé. 1)Tu cliques et tu tombes sur une carte pleine de points colorés; 2) tu agrandis avec la molette et tu bascules en haut là où est écrit "cartographie" sur topographique au lieu de orthophoto. 3) ce sera donc la carte qui va s'afficher et là, avec la molette tu agrandis et cherches le village. 4) tu agrandis tant que tu veux pour l'échelle de la carte, chaque point jaune est une cabane, tu cliques sur le point et tu obtiens la fiche descriptive avec images à l'appui. Les noms des cabanes sont marqués par contre avec le cadastre napoléonien à ta disposition aussi sur internet, tu as les noms de 1824 . Là sur le napoléonien, tu as les noms des cortals. Dis moi comment se nommait "la galle". Je vais essayer de te le trouver.
SupprimerIl fait parfois bon de s'aventurer sur des sentiers battus (à l'époque) mais peu usités de nos jours ! Encore de superbes photos et un récit ô combien vivant et captivant ! A quand un bouquin (romancé ou pas) signé A.M ? :):) P.D.S.
RépondreSupprimerPour le bouquin qui m'a été demandé par de nombreux lecteurs au début de mes publications, pas romancé, juste un recueil de mes articles, je n'ai pas le temps, c'est trop long. Quant à romancer, alors là je suis la nullité incarnée. Mais oui ! Lison AM
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