"Un jour de printemps , voilà cinq mois , tu as choisi de mettre fin à ta vie. Tu avais pourtant une belle vie, solitaire, certes, mais tu l'étais depuis toujours et tu n'en souffrais pas; quelques amis de qualité et puis ta passion d'une vie, la montagne dans tous ses états: marches énormes, hiver comme été, botanique, géologie, climatologie. Une richesse. Tu as eu peur de cette faiblesse passagère qui t'a fait entrevoir un sombre avenir et tu as tiré ta révérence pour échapper à ce qui aurait pu être plus tard... Ou ne pas être...
Quand nous marchions en montagne tu me disais : " Quand je mourrai, je veux être incinéré et mes cendres répandues en montagne". Je ne voulais guère entendre ce discours venant de toi, solide comme un roc et inusable, mais je te l'avais promis. Sans même savoir où tu voulais aller dormir pour l'éternité.
Qui d'autre que moi pouvait aller te conduire dans ton dernier sommeil
vers d'inaccessibles sommets ?
Cet insigne honneur t'a été refusé : une mort violente, selon le Parquet ne peut s'accompagner d'incinération. Alors tu reposes sous terre , pas même dans un caveau. L'idée de la terre est sans doute plus séduisante pour toi que les casiers d'un tombeau.
Mais je me suis promis de t'amener quand même sur un sommet.
A ma façon.
D'une autre manière.
Le Pic Carlit : 2921 m, toit des Pyrénées Orientales |
J'attendais septembre pour t'emmener avec moi là haut, au plus près des étoiles, car le Carlit en septembre c'est exceptionnellement beau.
Alors j'ai fait le chemin avec dans mon bagage une photo de toi et un caillou tout blanc et tout poli, issu de la terre creusée pour t'ensevelir. Que j'avais dérobé en te rendant visite.
C'était une journée splendide en ce 20 septembre et j'ai fait le long chemin, assez fatigant il faut l'avouer, pour te conduire tout là haut.
Montée au Carlit altitude 2600 |
J'ai pensé à toi, peut être souriais tu de mon idée et me regardais tu de bien plus haut, peiner d'abord sous le vent froid de face, me traîner un peu dans la rude montée et puis trouver mon rythme, abolir fatigue et froid et m'envoler sur cette paroi rocheuse que j'aime tant. Avant d'arriver au but.
Séquence d'escalade qui décourage certains |
Et que j'adore |
Je voulais te déposer au pied d'une des 2 croix mais il y avait du monde et je voulais ce dernier Adieu en tête à tête si j'ose dire.
Alors je me suis éloignée, vers l'extrémité de l'éperon rocheux et j'ai déposé sous un rocher ton sourire pour l'éternité. avec ce caillou qui ne ressemble à aucun autre de là haut. Ensuite j'ai construit un petit tertre, personne n'ira te débusquer ni troubler ton sourire.
Dernier Adieu: photo France Priet |
De ton toit de ce monde, tu peux contempler tous ces sommets et tous ces lacs que tu es allé tutoyer dans ta vie de vivant : Le Canigou, les sommets andorrans, la Sierra du Cadi, le Madres, les Péric, la Serra de Maury, le Pedros, la vallée et le Pic d' Eyne et j'en passe, jusqu'au lointain Aneto : un panorama à 360 ° c'est un cadeau du ciel.
lacs des Bouillouses et Canigou au fond |
Côté Ariégeois et Etang de Lanoux (66) |
Personne ne m'a vue, un repli de terrain m'isolait. Ensuite je suis allée profiter du panorama, je suis restée longtemps j'avais tout mon temps.
Panorama depuis le Carlit : le Tossal Colomer (2668 m) à droite |
Au retour, il m'est venu une idée : aller au Tossal Colomer. Ce pic modeste et plat, à 2668 m, c'était ton Carlit à toi car on y va tout en douceur : pas de vertige, ni d'escalade. Je n'aurais jamais eu l'idée d'y aller mais mon pèlerinage eut été incomplet sans cela.
Au sommet du Tossal Colomer, en fond le Carlit |
Quel spectacle ! Je comprends que tu aimais ce Tossal qui fait face au Carlit, on peut en voir les éphémères habitants mais surtout, on a un extraordinaire belvédère sur les lacs et les Bouillouses...
Je t'ai parlé un peu car il n'y avait personne pour m'entendre soliloquer .
Etangs de Sobirans, Trebens, del Castellar (de gauche à droite) |
En haut du "mur" : vue sur les étangs Llat, Long, Comassa, Sec et Les Bouillouses |
Alors à ton tour tu m'as fait un cadeau. Je ne suis pas descendue directement car il y avait un impressionnant mur pour aller aux lacs et seule, je n'ai pas osé. J'ai donc fait demi tour et j'ai découvert avec surprise deux humains qui arrivaient : qu'allaient ils donc faire en ce lieu injustement boudé ? Cependant la surprise fut énorme lorsque l'un d'eux m'appela par mon prénom. Je découvris avec stupeur Ludo, mon jeune ami montagnard que tu ne connaissais pas mais dont je t'avais beaucoup parlé, ton presque voisin d'ailleurs.
Surprise et joie réciproques...Je pense que tu avais conduit sa route vers moi ...
Au sommet du Tossal Colomer : Ludo et Quentin |
La descente raide du "mur" |
Ludo dans le pierrier : descente du "mur" |
Quentin dans le pierrier |
Tapis de raisin d'ours |
Ludo savait quelle serait ma mission un jour au Carlit, il m'a donc demandé si tu étais là haut.
Le "mur" que nous avons descendu : 400m de haut en 700m de chemin |
Oui, Camille, tu as passé ta première nuit tout seul tout là haut et tu souris pour l'éternité à ce ciel piqueté de millions d'étoiles comme seuls les déserts et les sommets en sont habillés ; bientôt un grand linceul blanc te recouvrira pour longtemps ce qui au fond, ne te déplaira pas...Adieu, mon ami, Repose en Paix...."
En souvenir, clic ici ...
En chiffres :
Dénivelé 1000 m environ
Distance 16 Km
Très émouvant Amedine...pas d'autres mots...
RépondreSupprimerHubert.
Merci beaucoup Hubert, cela me touche....
SupprimerUn beau texte et un bel hommage ....très émouvant. .ton ami doit être heureux la haut belles photos ...
RépondreSupprimerMerci Annie, tu fais tes premiers pas dans les commentaires donc j'ai supprimé tous ceux qui se sont répétés, ne m'en veux pas. J'apprécie ta présence sur mon blog et je t'embrasse
SupprimerCe commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerCe commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
SupprimerCe commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
SupprimerCe commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerTerriblement touchant. Un très bel hommage. Et de superbes images...
RépondreSupprimerMerci Pastelle, d'autant que je ne suis pas venue encore chez toi, je comble mes retards en blogs.
SupprimerNe t'en fais pas pour ça, tu n'as pas de retard, je n'ai rien fait.
Supprimerah bon ??? N'arrête surtout pas tu fais de si belles photos ...
SupprimerQuelle émotion !! Ce que tu as fais Amedine, est très touchant.
RépondreSupprimerEt tes photos sont également un bel hommage. Je t'embrasse
et te souhaite une bonne semaine. ELZA
Ce que j'ai fait,, Elza et le site choisi, n'étaient rien d'autre qu'une évidence. Ensuite, le Carlit, c'est un de mes coups de' coeur chaque année en septembre; la 1ere fois c'était avec Lison chatte. je sais qu'en septembre 2016 si ma santé est bonne, j'y retournerai. Je t'embrasse, merci de ta douce visite
SupprimerCe commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimerFoi uma homenagem muito bonita, fiquei comovida.
RépondreSupprimerBeijos
Adri
Obrigadinha, Adri...Beijos para tu e amigos gatos
SupprimerJe pense que grâce à toi Camille repose plus sereinement.
RépondreSupprimerTrès bel hommage au "vieil ours".
Gros bisous Lison.
Il repose sûrement bien en paix le "vieil ours" que tous aimaient. Chose bizarre j'ai reçu des msg aujourd'hui de ses amis qui n'avaient pas lu le blog je suis sûre. Bisous
SupprimerLISON bonsoir et bien je pense à lui et à sa famille je n'ai pas de mots tu sais pour dire ce que je ressens après t'avoir lu mais j'ai adoré tes photos
RépondreSupprimerJe t'embrasse LISON
Bonsoir Lison. Oui, tu rends à Camille un très bel hommage, et je suis sûre qu'il était avec toi tout le long de cette si jolie randonnée et qu'il te souriait. Merci beaucoup pour ce billet très touchant. Je t'embrasse fort.
RépondreSupprimerLison tu as rendu à Camille le bel hommage qu'il méritait... une belle amitié pour cet ami qui partageait la même passion que toi. C'est très beau. Merci à toi pour ce tendre et émouvant partage. Bisous
RépondreSupprimerUn billet très émouvant , quelle belle marque d'amour que de conduire très haut son ami disparu.
RépondreSupprimerUn hommage superbe que tu partages avec gentillesse .
Belle soirée, bises Lison
Quel bel hommage ! Très touchant et émouvant, je penserai à Camille et à toi lorsque je reviendrai au Carlit. Bises.
RépondreSupprimerMerci Josy, je dois aller lui rendre à nouveau visite. Au cas où le Carlit ne lui aurait pas suffi, il repose au Puigmal aussi en compagnie de ma petite Lison. Bises
Supprimer