.... Pour attiser ma curiosité et éveiller des peurs. Et des envies.
Elle n'est pas bien grande cette montagne, juste 1km de long et 400m de haut.
Le violoncelle |
Elle culmine à 2774 m par un pic, le Roc del Boc accessible en escalade par la face sud au joli nom de "violoncelle", à cause des courbes harmonieuses de la pierre. Vu de loin, le "violoncelle" est un mur de 30 m de haut.
Quoiqu'il en soit, cela suffit à décupler mes envies.. J'ai fait une première approche dans "la vallée suspendue" (clic)
Et j'ai eu LE coup de coeur. C'est une grande mâchoire qui mord le bleu du ciel ou effiloche la brume comme si elle était une soyeuse barbe à papa.
Mon but est d'aller marcher plus près du ciel, sur les crêtes que j'ai "épluchées" à l'aide du précieux site "Geoportail".
Et me revoici en ce lundi 7 septembre, en Land Rover pour gagner du temps : la piste est trop dure pour mon camion. Je l'ai faite une fois : pas à refaire.
Il fait froid, le givre a fait son apparition et j'ai l'onglée malgré les gants. Cependant je marche dans le silence cristallin des matins de gel, attentive au silence.
Vue prise au retour au soleil la photo écrase la pente |
Je sais où se trouve la seule voie d'accès : ce sera du hors sentier, la remontée d'un couloir d'éboulis d'un étroit torrent qui va me conduire aux crêtes.ça va grimper très fort et j'ai le choix entre les rocs, le sentier d'isards assez glissant et les rhododendrons plutôt traîtres car ils cachent des trous.
Avec une pente de 40° par moments.
J'aime ça c'est indéniable.
Un cocktail de tout cela et 1h 20 plus tard, me voici en haut, à 2600m. J'ai gravi 550m sur une longueur de 900m. J'ai juste rencontré une famille d'isards avec leurs petits, curieux et surpris: "Que fait cette humaine sur nos terres ?"
2600m: je ne vais guère prendre davantage de dénivelé, je vais naviguer en crêtes comme sur des vagues, avec quelques montées et descentes au gré de la crête toute en roche. Non pas celle blanche que j'ai cotoyée jusque là mais celle du Malaza : la couleur est annoncée!
Je vais devoir marcher là dessus ; ce sera une première je n'ai jamais fait cela. Cependant je me sens comme un poisson dans l'eau : j'adore la pierre.
Alors j'avance, bâtons dans le sac, casque sur la tête.
400m de vide de part et d'autre et je marche avec une aisance qui me stupéfie et une prudence que je cultive au maximum.
On ne se casse pas la figure en pleines vendanges !!!
J'ai l'impression d'être légère, légère sur le toit de ce monde, de danser, d'embrasser l'univers. C'est peut être tout simplement le bonheur. Mon bonheur est immense, "en bas " est si loin....
Je suis arrivée avec surprise à l'aplomb du Malaza : rien n'est douceur sur ce versant ouest qui broie du noir et volontiers de l'humain s'il ne prend garde.
J'ouvre un regard effaré presque avec répulsion : c'est tourmenté, comme un linge tordu par la poigne féroce d'une lavandière, flanqué de blocs énormes, creusé de sillons sans fond, dallé de parois verticales et striées, tout en roche sombre et en trous d'ombre. fascinant et inquiétant. O combien attirant ! Je reste saisie, je n'ai jamais vu ça. Ludo rirait bien, qui en a vu d'autres et de pires.
Je ressens quand même le vide: non celui de l'à pic, celui de la solitude.
Et pourtant des moments comme ça, je les veux pour moi seule., Comme toujours.
La face est est toute en douceur, moelleuse, très pentue aussi (pas ci dessous) elle ouvre sur la vallée de la Ribérole où j'ai marché avec Camille...souvenir émouvant....
Je pense à Camille tandis que je valse sur un endroit où il ne m'aurait jamais suivie.
Et j'avance . Avec aisance et prudence.
Je préfère éviter certains passages que je me sens très capable de franchir en roche mais je fais le choix de les éviter par cette esquisse de sentier tout aussi délicat car c'est un mélange de terre, herbe et rocs. Fort glissant.
Qu'il faut escalader ou désescalader , Je m'aide des mains. Je m'y sens bien moins à l'aise que sur les crêtes. Si je tombe ce ne sera pas dans les gouffres du Malaza.
Je suis toute attention, concentration et bonheur
Je sais que je n'arriverai pas au Roc del Boc, ma progression est trop lente et le retour ne sera guère plus rapide dans ce type de "promenade" sur les toits.
Je me penche sur le couloir qui arrive à la "brèche en U", c'est le couloir (je crois) de la CRS 58.
Un étroit boyau en ombre et lumière qui plonge, vertical vers le pied du Malaza, quelques 430m plus bas ; ce sera sûrement celui ci que je ferai en hiver avec mon guide. Pour les autres il y a beaucoup d'ascension en roche couverte ou non de glace.
Je contemple d'en haut mes futures festivités : le gouffre aura disparu, rempli de neige, de glace, d'ombre et de froid. 430 m à grimper en crampons et piolets , sur une distance de 520 m .
Pour l'heure, rien ne m'effraie. Au moment venu....ce sera une autre chanson....
Je n'arriverai pas au Roc del Boc, de toute façon j'ai vu suffisamment de ce que je voulais voir.
Le reste, je le verrai à la maison sur Youtube (films d'ascension) et Géoportail, pour nourrir mes rêves et surtout me dire que c'est très difficile, physique et technique, loin de ma portée, sauf ce que m'a promis Guillaume : " Je te ferai faire quelque chose de plus difficile au Malaza"un jour de janvier dernier.
La surprise sera totale.
En compagnie des vautours fauves.
Qui survolent mon repas, je ne serai pas le leur, j'espère.
Un petit repas frugal et c'est la descente dans le torrent : un miracle, je ne fais pas une chute.
Mon doigt cassé se réveille et gronde : tiens je le croyais guéri celui-là !
Arrivée dans la vallée je ne peux m'empêcher de monter jusqu'à l'étang pour admirer la sombre muraille. Vue d'en bas cette fois.
Sur lequel veille un cierge qui n'a rien à envier aux cactus mexicains , sauf peut être les épines...
Le trajet (partie) sur une image "Géoportail": dénivelé environ1000 m
distance: 9 km dont 2 km en crêtes.
Ah j'oubliais...190 km de route dont 10 de piste forestière ...
A Wladimir...courage....
Un cocktail de tout cela et 1h 20 plus tard, me voici en haut, à 2600m. J'ai gravi 550m sur une longueur de 900m. J'ai juste rencontré une famille d'isards avec leurs petits, curieux et surpris: "Que fait cette humaine sur nos terres ?"
Morphologie du trajet |
Arrivée aux crêtes du Serrat de las Esques |
Je vais devoir marcher là dessus ; ce sera une première je n'ai jamais fait cela. Cependant je me sens comme un poisson dans l'eau : j'adore la pierre.
Alors j'avance, bâtons dans le sac, casque sur la tête.
400m de vide de part et d'autre et je marche avec une aisance qui me stupéfie et une prudence que je cultive au maximum.
On ne se casse pas la figure en pleines vendanges !!!
J'ai l'impression d'être légère, légère sur le toit de ce monde, de danser, d'embrasser l'univers. C'est peut être tout simplement le bonheur. Mon bonheur est immense, "en bas " est si loin....
Je suis arrivée avec surprise à l'aplomb du Malaza : rien n'est douceur sur ce versant ouest qui broie du noir et volontiers de l'humain s'il ne prend garde.
Pentes du Malaza, face ouest |
J'ouvre un regard effaré presque avec répulsion : c'est tourmenté, comme un linge tordu par la poigne féroce d'une lavandière, flanqué de blocs énormes, creusé de sillons sans fond, dallé de parois verticales et striées, tout en roche sombre et en trous d'ombre. fascinant et inquiétant. O combien attirant ! Je reste saisie, je n'ai jamais vu ça. Ludo rirait bien, qui en a vu d'autres et de pires.
Je ressens quand même le vide: non celui de l'à pic, celui de la solitude.
Et pourtant des moments comme ça, je les veux pour moi seule., Comme toujours.
La face est est toute en douceur, moelleuse, très pentue aussi (pas ci dessous) elle ouvre sur la vallée de la Ribérole où j'ai marché avec Camille...souvenir émouvant....
Je pense à Camille tandis que je valse sur un endroit où il ne m'aurait jamais suivie.
Et j'avance . Avec aisance et prudence.
Je préfère éviter certains passages que je me sens très capable de franchir en roche mais je fais le choix de les éviter par cette esquisse de sentier tout aussi délicat car c'est un mélange de terre, herbe et rocs. Fort glissant.
Qu'il faut escalader ou désescalader , Je m'aide des mains. Je m'y sens bien moins à l'aise que sur les crêtes. Si je tombe ce ne sera pas dans les gouffres du Malaza.
Parcours "en sentier" face est |
Je suis toute attention, concentration et bonheur
Face Est du Malaza |
Je sais que je n'arriverai pas au Roc del Boc, ma progression est trop lente et le retour ne sera guère plus rapide dans ce type de "promenade" sur les toits.
Je me penche sur le couloir qui arrive à la "brèche en U", c'est le couloir (je crois) de la CRS 58.
La brèche en U vue face est |
Je contemple d'en haut mes futures festivités : le gouffre aura disparu, rempli de neige, de glace, d'ombre et de froid. 430 m à grimper en crampons et piolets , sur une distance de 520 m .
Pour l'heure, rien ne m'effraie. Au moment venu....ce sera une autre chanson....
Depuis la brèche en U plongée dans la vallée |
Dans le couloir, palette de minéraux |
Le reste, je le verrai à la maison sur Youtube (films d'ascension) et Géoportail, pour nourrir mes rêves et surtout me dire que c'est très difficile, physique et technique, loin de ma portée, sauf ce que m'a promis Guillaume : " Je te ferai faire quelque chose de plus difficile au Malaza"un jour de janvier dernier.
La surprise sera totale.
Demi tour avant le Roc del Boc |
Le Roc del Boc |
Je tire ma révérence pour le voyage de retour en crêtes.
Qui survolent mon repas, je ne serai pas le leur, j'espère.
Un petit repas frugal et c'est la descente dans le torrent : un miracle, je ne fais pas une chute.
Mon doigt cassé se réveille et gronde : tiens je le croyais guéri celui-là !
Arrivée dans la vallée je ne peux m'empêcher de monter jusqu'à l'étang pour admirer la sombre muraille. Vue d'en bas cette fois.
Contempler "mon rêve de Malaza".
Sur lequel veille un cierge qui n'a rien à envier aux cactus mexicains , sauf peut être les épines...
Le trajet (partie) sur une image "Géoportail": dénivelé environ1000 m
distance: 9 km dont 2 km en crêtes.
Variations sur Géoportail |
A Wladimir...courage....
les photos sont impressionnantes, la vue d'en haut, du gouffre, 'j'aime bien le nom du "violoncelle"
RépondreSupprimerbravo pour l expedition,
merci pour les petits messages,
bisous
Laurence, Opale et Sonye
J'ai eu une pensée pour toi en écrivant ce mot "violoncelle" et même quand je l'ai entendu pour la première fois devant cette montagne en août. J'ai trouvé que c'était poétique dans cet univers minéral; sans doute un musicien alpiniste l'a t'il baptisé ainsi ? Bisous
SupprimerBonjour Lison,
RépondreSupprimermerci pour ce très beau spectacle, car c'est vraiment un spectacle ; je préfère des textes et des photos à certaines émissions "télé" complétement trafiquées (je pourrais te raconter quelques anecdotes sur un certain Hulot lors de ses "exploits" à Tahiti).
Amitiés
coucou, je sais que certaines émissions sont truquées même les jeux télé auxquels ma mère croit avec naïveté !!! là dans mon blog c'est du direct presque mais ça n'a aucun intérêt médiatique. Disons que je crée mes propres archives sur un support imagé. Bisous d'automne débutant
SupprimerMa chère Lison!
RépondreSupprimerTu es un ange et je suis très touché ....tes gentils mots chez moi ...
Je ne t' oublie pas mais j' habite depuis deux semaines dans un chantier et avant deux semaines en France.
Notre nouvelle maison n' est pas prêt et j' ai pas internet, cuisine, escalier ou meubles seulement un lit et beaucoup de travail.
Ma vielle vie me mangue et tu aussi!!!!!!!
Je reviendra mais pas avant fin d' octobre ou novembre et je viens de lire touts tes billets!!!!!
J' espère tu vas bien et tes chats aussi!
Je t' embrasse très très fort et merci pour t' amitié!!!!!!
Je t'ai répondu directement sur ton blog: il y a des amitiés virtuelles qui comptent dans la vie, celle ci en est une. Je t'embrasse
SupprimerHello Lison :-) Je t'avais quittée un doigt de pied "en compote" et je te retrouve gravissant à nouveau les sommets (même si le doigt de pied en question se réveille de temps et temps ;-) ). J'ai l'impression que tu cherches de plus en plus à repousser tes limites. C'est l'appel des sommets, comme certains connaissent l'appel du large. Cela nous permet d'avoir de magnifiques photos et surtout un texte qui nous fait "vivre" l'aventure. Même si je ne peux pas ressentir cette immensité autour de toi, je l'imagine aisément. Et ça donne envie.
RépondreSupprimerBelle journée.
ps : je prolonge la pause du blog par manque de temps en ce moment. Merci de ta visite.
Oh e doigt de pied !!! tout un poème....Il veut du temps , moi pas, alors on entre en conflit. Mais j'ai le dernier mot !!! c'est l'appel des sommets...justement ce jour là je me disais -car j'ai de longues et fructueuses conversations avec moi même - "qu'est ce que je cherche ?". puisque c'est avéré je cherche toujours plus dur.. Me dépasser, me mesurer à de la peur, à une montagne forte, dévorer de l'adrénaline, rattraper tout ce que je n'ai pu faire dans ma vie et essayer avant qu'il ne soit trop tard : c'est cette dernière formule qui retient mon attention. Je voulais justement en faire un billet ....Bises de pleines vendanges...au ras du sol
SupprimerJe suis toujours ébahie par ta ténacité et cet amour de la montagne et de la marche qui te caractérise. Il n'y a pas si longtemps ton pied était en mauvaise posture mais rien ne t'arrête. En tout cas tes photos comme d'habitude sont superbes et éloquentes ainsi que tes propos. Sois en remerciée. Bisous
RépondreSupprimerPS. Je viens de répondre à ton commentaire dans ma tanière
Je viens de répondre à ton second commentaire dans ma tanière. Surtout ne t'inquiète pas. Bisous
SupprimerIntrépide que tu es ! Quand on lit ton récit, on ne peut pas oublier que tu n'as plus 20 ans, ce qui rend ton périple encore plus remarquable. Bravo pour l'approche, la prudence et la façon de nous le faire partager.
RépondreSupprimerToi qui me connais tu ne peux l'oublier, mon âge, et je le rappelle parce que si certains montagnards me lisent ils peuvent penser "qu'est ce qu'elle est tarte cette nana, c'est d'un banal ce qu'elle fait". Et oui c'est banal pour un montagnard . Pas pour moi...et c'est parce que je suis heureuse de réussir ces petits "exploits" que je les raconte. Je suis une enthousiaste.
SupprimerA visão lá de cima é linda, dá para se perder em todo aquele azul do céu e pode-se ver bem longe, o tempo firme colaborou bastante. Faz bastante tempo que eu não passeio por aqui, a vida um pouco mais corrida eu acho.
RépondreSupprimerBeijos
Adri
Sim Adri, a minha vida tambem corre muito, cada anho un bocadinho mais ...e uma deseperança...e so reformada !!! (dum oficio somente...antes tinha dois) Beijos
SupprimerTu es vraiment étonnante, Lison, rien ne t'arrête ! Quelle chance tu as d'être ainsi, intrépide ! Je t'envie, tiens ! (sourire)
RépondreSupprimerGros bisous.
C'est de naissance ma belle : tu liras ça dans un prochain billet: bisous
SupprimerJe viens de te consacrer un billet, Lison. Je t'admire par ton goût de l'aventure qui te caractérise tant et dont j'aimerais tant être pourvue... (sourire)
RépondreSupprimerGros bisous, et un bon week-end.
je l'ai lu : c'est super sympa mais je n'ai rien de particulier...sinon un petit grain de folie !!! Merci mille fois
Supprimergénial le cliché où on voit l'ombre sur la roche
RépondreSupprimerJ'ai ri en le faisant mais ça se voit pas : un grain de fantaisie !! merci
SupprimerCoucou Lison.
RépondreSupprimerJe traîne et je suis très en retard dans la lecture de tes billets.
Toujours de très beaux textes de belles photos et ton enthousiasme communicatif.
Il est hors de question que les vautours te mangent :-))))
Je t'embrasse Lison.
Douce et belle nuit.
Câlins à toute la Tribu du Sujet