vendredi 27 mars 2015

Dernière neige..pour le moment

Le Massif du Canigou (2784 m) est l'âme de tout roussillonnais natif ou d'adoption.

Sans lui, on ne peut respirer.
Les rares jours où la météo nous le vole, on se sent comme orphelins.

Ce matin, il était époustouflant de blancheur.
La neige était toute fraîche et le vent mauvais ne l'avait pas encore déshabillé.
Alors je vous l'offre comme l'a découvert mon regard émerveillé..




















Chaque jour est le premier matin du monde lorsqu'on voit cela...


Où est ce ? Ah oui bien sûr...
A Tresserre mon petit village du grand sud de France.

En bas là bas...



mardi 24 mars 2015

Absence et chagrin

Je suis absente...Mon ordinateur a grillé et j'utilise en attendant le nouveau PC un mini ordi moins pratique. Mes photos ne sont pas disponibles...mais ce n'est pas grave...
même pas visiter facilement vos blogs...pardonnez moi...


Le chagrin c'est cette chatte "Princesse" que je suis allée sauver en montagne.
Et que ma petite Pascale a adoptée.
Et bien hier soir Princesse a terminé sa vie heureuse sous les roues d'une voiture pressée.
Du chagrin pour tous...

Avant


Pendant...

Il n' y aura pas d'après...



vendredi 13 mars 2015

"Le lundi au soleil..." à 2883 m d'altitude


Pic des Bastiments ou du Gegant 2883 m

Le lundi au soleil c'est une chance qui me fut donnée.
Il y avait bien le ciel, le soleil et même la mer, qui brillait dans la baie de Rosas, 
entrevue depuis les crêtes.
Il y avait surtout la neige, la glace ..et personne.
Seul le grand vent c'était invité sur les cimes, il aurait pu être le Torb mais ce dernier était déjà passé, balayant tout sur son passage. Il ne restait là haut que des landes de pelouse dénudée, une glace dans laquelle mes crampons mordaient et ce vacarme, ces hurlements du vent, qui rendaient tout autre bruit imperceptible.
Mais nous n'en sommes pas encore là...

Je partis de la station de ski de Vallter 2000 en crampons, le piolet dans le sac cette fois, avec une petite idée qui dansait derrière mon regard et que ma séance d'alpinisme rendait possible.
mon "couloir" du jour
Gravir un de ces murs de neige qui me fascinaient tant autrefois. Il en est plusieurs , celui - ci porte des traces rassurantes et je m'engage. Les bâtons sont vite rangés dans le sac, c'est très raide, le piolet entre en action et mord allègrement.
Ma séance d'alpinisme (clic) vieille de juste 2 mois porte ses fruits.

du mordant
















Cela grimpe fort, un second piolet me permettrait davantage de vitesse.

La station et ses équipements s'amenuise vite: il y a peu de skieurs, c'est lundi.




Personne ne partage avec moi cette blanche pente assez ardue, mais je me sens bien.

La pente


Lorsque je débouche sur la crête, après avoir retrouvé une pente plus suave, la suavité s'enfuit d'un coup !
Un vent terrible m'attend, m'accueille, me secoue furieusement et c'est sur un équilibre instable que je salue le versant français.
J'émerge


Versant qui porte les stigmates du torb avec ces langues de terre dénudée. Il ne devait pas faire bon ici ces derniers jours.


Côté France

Il ne fait guère meilleur : le vent hurle à mes oreilles bien cadenassées; je n'ai pas froid bien que le ressenti soit de moins 8 moins 10°, que la vitesse dépasse les 100 km/h, et que je manque à chaque pas m'envoler. Je marche parfois en crabe pour offrir le moins de prise au vent, mes bâtons battent l'air, incapables de se poser au sol et je marche seule dans ce grand désert hurlant..Les Hauts de Hurlevent.
Mes yeux se posent sur la grande croix là haut, celle du sommet, si loin encore...Quel long chemin vers cette croix.


Col de la Gegante, Esquena d' Ase (dos de l'anesse), 2600m....2700m...et plus encore...
Les photos sont quasi impossibles à prendre, perte d'équilibre garantie.
Au jugé et en vitesse je saisis:
Les bleus d' Espagne, au loin...


Les deux Gra de Fajol un peu dénudés aussi...


Sur la crête, arrivent, en même temps que moi deux skieurs catalans. l'un d'entre eux s'envole comme un papillon , emporté par le vent, vers les vallées françaises.
L'autre hésite un peu avant de plonger versant espagnol. Je reste seule, ce qui n'est pas pour me déplaire.


Il s'envole...













Derniers mètres ...Je me mesure aux éléments , à la pente, mais surtout à moi même : ma résistance, mon endurance, mon bonheur. Eternel défi que je m'impose, je m'interroge souvent en marchant sur ce que je cherche dans tout cela ...




Aller plus haut, plus loin, gravir plus dur...pourquoi ? je ne sais pas..

 Etrange chemin ..


Tout en haut..2883 m

















Côté France : 



Côté grand large...La chaîne des Pyrénées



Côté Espagne : la vallée du Freser






Et moi dans tout ça ? Gifflée, bousculée, maltraitée par ce vent fou, je me régale.
Je profite  d'un abri au soleil, pour écrire dans mon  cahier recouvert d'une pluie de glace fine que le vent, encore lui ! m'amène en cadeau.
Il n'y a personne.
Enfin je me lance dans la descente, très raide, je vole sur mes crampons, le vent ne me rattrapera pas, je suis sous abri.


Je croise quelques skieurs éreintés qui s'évertuent. Un salut amical et je file.
Il s'évertue à grimper
Eux aussi.
Et moi je descends, face à un décor de rêve

Enfin, après une ultime pente de glace hors sentiers battus, juste pour le fun, je retrouve la piste de ski.
J'ai parcouru tout ce trajet ci-dessus, en crêtes, en pic et pentes, sur 900 m de dénivelé. Je suis bien!
L'effort et le périple furent rudes, certes, mais quel bonheur !


"Mon Bastiments" émerge de la piste, caressé par des skieurs.


Quand je rejoins mon camion, il est tout juste 13 h 36, le vent balaie la station 
mais tout doux...enfin c'est relatif...


Graphisme sur la piste


Vous savez quoi ? 
Devinez ce qui m'attend à Setcases, 13 km plus en aval.



Vous voulez l'adresse ? C'est "Al Mouli", l'accueil et la cuisine sont bons.
Et l'agneau : "el xai"...mmmmm...un agneau local dont on ne peut se passer quand on l'a rencontré...


Allez y de ma part...





dimanche 8 mars 2015

"El torb", le vent de la mort

"El torb" est un mot catalan désignant un phénomène météo très fréquent dans nos Pyrénées; il existe aussi ailleurs, dans les Alpes par exemple.
Je ne connais pas le nom français.

Le torb sur les cimes du Canigou
Le torb peut survenir à l'improviste dans une très belle journée, (photo ci-dessus), et vous expédier dans l'autre monde en un rien de temps. Congelés.

C'est un vent venu du nord qui balaye violemment les cimes, et soulève la neige, allant jusqu'à "deshabiller" la montagne. Avec un froid de moins 8 sur les cimes, le ressenti est de moins 36 avec un vent de 120 km / h, un blizzard vous enveloppe, cachant tout le paysage, vous fait perdre tous repères, vous statufie et vous entraîne vers une mort rapide si vous n'arrivez pas à en sortir. Ainsi  9 personnes ont trouvé la mort ensemble( au Balandrau, en décembre 2000), à Nuria ce sont 5 randonneurs , le 6 eme ayant gardé la vie en s'enfouissant dans la neige.

Poussière de torb




Photo prise depuis la plaine soit à 30 km en ligne droite


Car sur les cimes les vents vont de 100 à 140 km / h aisément....Cependant ils peuvent atteindre 200 km / h comme à la Molina en 1998, à seulement 2300m d'altitude.




Les corps sont retrouvés sous d'épaisses couches de neige et de glace, comme lors d'avalanches, car le torb déplace beaucoup de neige.








Parfois, ce sont des tourbillons type tornade qui se dessinent.




Quoiqu'il en soit, je m'apprête à partir sur les cimes...mais je ne risque rien, il ne reste plus de neige à déplacer, la Tramontane a tout balayé...Alors à bientôt !!!
Cependant,  je ne vais pas au Canigou.


Massif du Canigou depuis mon village



mercredi 4 mars 2015

Les couleurs de Montserrat, la montagne grise

De bien étranges couleurs pour qui y prête attention...au long des sentiers et aussi, sur les murailles rocheuses, juste par endroits...Comme c'est étrange....Je les ai captées.



Elles sont lumineuses non ?

C'est pourtant cela, à l'origine: le poudingue, gris , terne, qui fait toute la roche de Montserrat



Ancien fond marin, soulevé par des forces énormes, fait de galets de rivières 
soudés entre eux par les sédiments.



Le bonheur pour escalader car extrêmement dur et compact.




Absolument toute la montagne est faite de cela, dans le moindre recoin, la moindre faille.


Mais les pas répétés des marcheurs ou des grimpeurs a poli les galets et leur a redonné leur lustre originel.
Qui guide le randonneur :  il suffit de suivre les traces...pratique en grimpe.

Voilà vous savez tout !
Monochrome ou polychrome, telle est Montserrat avec sa Vierge noire
et sa montagne grise.


mardi 3 mars 2015

Montserrat hors des sentiers battus



Elle m'est apparue au détour d'un virage et toute l'émotion du monde l'accompagnait




Elle, la Sierra de Montserrat...A 240 km de chez moi.

En décembre dernier j'avais convié mes lecteurs dans le monde étonnant de la Montagne de Montserrat près de Barcelone. Monde mystique, monde magique.
1er reportage : clic 
2nd reportage : clic



Cette fois, j'ai décidé de pénétrer au coeur de ce monde mystérieux, en quittant
 les sentiers battus.



 On m'a dit que ce n'était pas facile , qu'on ne pouvait s'y perdre en respectant le balisage et qu'on louvoyait entre les pitons rocheux en s'aidant parfois de cordes; il ne m'en fallait pas plus pour attiser ma curiosité.
Je pars en reconnaissance à l'unique  petit refuge de la Sierra , je profite de l'ardeur d'un jour aux relents d'été et nantie de précieux conseils j'arpente le sentier très battu au milieu des fleurs naissantes.
Il y a de bien étranges choses qui se passent sur les parois : des araignées alpinistes (ou l'inverse) et des chèvres funambules au regard intense.


Et de bien étranges lueurs célestes ...
Demain sera un autre jour...me disais je avec impatience. En marchant dans un sentier de buis, chênes, arbouses, lauriers tin, salsepareille, genévriers, et autres buissons parfumés.
Et demain c'est aujourd'hui, drôle de relief fantomatique quelque peu angoissant.

Allons soyons courageuse !


Noyés de brume






















Je vais là dedans et je prie la vierge de Montserrat se m'ouvrir les portes du ciel...bleu.
3 randonneurs de rencontre en ce monde désert m'accompagnent pour mon bonheur.
Les sous bois sont denses, feutrés, silencieux, un rien sinistres.


Couloir 

Premier obstacle, une paroi assez raide à grimper en s'aidant d'une corde : je passe la première.C'est facile.
Comme un seul homme, ils n'essaient même pas...et je reste seule.

Tant pis : je grimpe . Soit sur de la roche humide et glissante, soit au pied des murailles dans d'étroits couloirs de terre et de racines. Facile.
Sur la roche les pas des randonneurs au fil du temps, ont laissé des empreintes polies et luisantes qu'il suffit de suivre : une voie lactée.

Et puis arrive l'obstacle imprévu, définitif.
Un étroit et vertical couloir à descendre en roche ; je ne sais pas faire!
Assise, immobile dans le silence intense, je réfléchis, j'attends....
Et je me résous au demi tour.




Quand je rencontre un homme et sa fillette, bardés de cordes : je lui dis en catalan mon souci, il me répond simplement "viens " !

C'est ainsi que Albert va me faire connaître une belle aventure : celle de traverser ce champ nommé Agullas (les Aiguilles) en sécurité et bonheur .

Laïa, sa fille de 8 ans est en sortie initiation; et bien Albert va en initier 2. D'âges on ne peut plus dissemblables.
L'obstacle impossible se franchit d'une manière pour Laïa, d'une autre pour moi sous l'oeil vigilant et les conseils du guide.


L'étroitesse du parcours !!!
Et l'on poursuit.Le sentier est en sous bois de chênes verts longilignes et filiformes, privés de lumière.
Des arbres qui servent d'appui, d'ancrage, de freins, de moteurs, par leur tronc, leur racines et même leurs moignons (las sabinas), toujours bienvenus pour s'y agripper.










Parfois les passages (ci-contre) sont si étroits que seule la fillette parvient à s'y glisser : nous c'est une jambe de part et d'autre.

Par chance il y a toujours une racine ou un tronc pour s'y suspendre...


Albert est très fier de Laïa (Eulalia) qui en redemande, et du plus compliqué. !

Moi, aussi, mentalement et en silence.
Je m'"éclate" c'est un cadeau de la Vierge de Montserrat, cette rencontre !


Quand le paysage s'ouvre c'est une enchantement!

On se glisse là au milieu






Les formes sont suggestives : phalliques ou résolument féminines, toutes portent un nom...même celle qui se nomme " sans nom" !

Parfois nous faisons un détour pour caresser la face nord, abrupte, plongeant droit sur la "plaine " et d'autres aiguilles où jouent des hommes araignées.




Les "Frares Encantats" (les frères au sens religieux, ensorcelés) ouvrent un autre dédale, plus difficile paraît il.
Ce sera pour une autre fois, mais pas seule.



Et l'on continue notre chemin obstiné dans ce labyrinthe : se perdre ? non, les marques sont éloquentes.
Mais seule , j'eusse cent fois renoncé : quel désert ! Personne ne s'y aventure. Et pourtant me dit Albert, il y a des chemins bien plus difficiles. Qu'est ce qu'ils me tenteraient...bien accompagnée...
Un étroit passage.
Tout a une fin: le Portell Estret (le col étroit) est là: Albert choisit de foncer dans la face nord ; nous dévalons "un canal" (un couloir) étroit et très raide vers le pied de cette solide mâchoire dans laquelle nous n'avons cessé d'évoluer. Et qui ne nous a pas dévorés...






Comme des orgues, des personnages enlacés....que sais je ?


Le sentier suit le pied de la montagne, terre rouge et buis odorants; l'été c'est la fournaise ici.

Nos chemins vont se séparer : je veux aller contempler une fenêtre ouverte sur le monde.
Gaudi s'en inspira paraît il dans son architecture.

 C'est le surprenant ensemble formé par la "cadireta" (la petite chaise accessible seulement en escalade) et la "roca foradada" (la roche percée) où conduit un sentier très glissant et escarpé.

Une fenêtre ouverte vers le monde et les courants d'air : où un farfelu en aile volante passa un jour de grande folie.
D'un côté




De l'autre

Une ouverture à ras du sol invite eu voyage, en rampant et de l'autre côté, une vire surplombe le monde, face aux montagnes enneigées : Canigou, Bastiments, Puigmal, Sierra du Cadi, Aneto et j'en passe, une longue dentelle blanche que les nuages estompent, délaient dans l'air bleuté.
Une vire du bout du monde où personne ne s'aventure sauf....
Mais oui : il y a une grotte, un boyau étroit à l'entrée duquel un tableau naïf invite en anglais à ..."ouvrir son coeur " : comment ne pas le faire ?





Je reste là, à réfléchir, écrire, longtemps.
Puis je descends, croisant et doublant des marées humaines, juste pour regarder cette étonnante "cadireta"
Où se reposa jadis le Diable, ce Diable qui, poursuivi par la Vierge,fendit la roche pour s'échapper !


"Où des Diables en pierre décrochent les nuages " : Brel "Le plat pays"


Un diable dans lequel je préfère voir la tête d'un de mes chats...non ?






Albert moltas gracies per aquest viatge ...me encantaria fer altre amb tu y la Laïa, cap a dintre dels  Frares Encantas...pode ser...amb sort ... Adeu !