J'étais aux confins de mon département, là où les montagnes et les frontières s'ouvrent vers la France, l' Andorre ou l' Espagne. Au Col du Puymorens. Au parking de la Vignole, 1870m.
Avec pour but un cirque de montagnes aiguës au fond duquel sommeillaient des monstres de pierre et un petit lac discret.
Ce n'était pas mon but premier mais un petit accident , la veille, m'avait obligée à revoir mes projets. Rien de grave; une mèche de cheveux en moins, trois points de suture à la tête, une petite plaie à la jambe, il m'en fallait certes plus pour renoncer.
Je marchais d'un pas vif et serein dans un silence immense et en bordure d'un chaos rocheux tout aussi immense.
Le grand cirque de la Vinyole Le Pic de la Mine (à droite) 2683 m |
Peu à peu, l'eau vive avait été ensevelie et coulait silencieuse et invisible sous cette masse.
Une des forteresses naturelles |
Depuis des millions d'années des châteaux forts de pierre s'écroulaient dans ce vaste cirque.
Mer de rochers : navigation malaisée |
Je décidai d'ignorer les cairns, de me débarrasser des rocs et de gravir le versant au soleil où je devinais un autre sentier. L'affaire fut rondement menée, mais prudemment car je dus traverser de part en part tout le chaos; un accident suffisait! Et dans ce chaos, la vitesse n'est pas de mise!
Difficiles chemins de pierre |
Enfin je retrouvai l'herbe jaunie, et l'eau qui bondissait dans un sillage de glace.
En habits de lumière |
Peignes de glace |
Je finis par déboucher, au terme d'une petite montée un peu rude, comme je les aime, de celles qui vont tout droit hors des sentiers, sur "mon" petit lac, véritable joyau dans un écrin des plus arides: La Basse de la Vinyola, 2500 m.
2500 m |
Après cette aridité, j'avais cette sensation que doit ressentir le voyageur saharien à la vue d'une guelta. Enfin, toutes proportions gardées.))
Un petit lac à donner envie de s'y baigner, de le contempler, le peindre ou le dessiner, y noyer son regard et le suivre des yeux longtemps en grimpant. Toujours plus haut. Vers les crêtes.
Ce que je fis, hors sentier, avec enthousiasme.
Une grande partie de mon parcours: la traversée de cette vallée depuis les lointains (à gauche) |
En piste vers le ciel |
En arrivant sur les crêtes : blocs à contourner |
De l'autre côté : le cirque des Pedrons |
Prudente je le fus, doublement, et surtout je conditionnai mon mental :
ignorer cette insidieuse présence, ne pas regarder.
Sur la crête, monuments de pierres à contourner |
Je contournai avec prudence une muraille de pierre, petite forteresse rougeâtre et infranchissable (enfin pour moi) et j'atteignis le Pic de la Mine à la modeste altitude de 2683 m, un paradis au sommet.
Du plus loin que portait mon regard ce n'était que crêtes, cimes, pics dentelés, chaos rocheux où de petits lacs se baignaient avec mollesse. Qu'est ce que c'était beau !
Massif de la Maladetta |
Pas un humain, (je n'en rencontrai pas un seul dans mon périple), juste quelques rapaces, les sonnailles d'un invisible bétail, sous le bleu du ciel. Des lacs miniatures, colorés en vert ou en bleu.
Dans le cirque des Pedrons à 2350 m |
Dans le cirque de la Vignole à 2500m |
Je restai un moment au sommet, juste pour contempler, dessiner, identifier les pics, lire la carte et la boussole, m'amuser, en fait.
Au sommet du Pic de la Mine (2683 m) |
Contempler avant d'entreprendre la descente que je connaissais pour l'avoir déjà faite, longue et fastidieuse comme le sont souvent les descentes; juste une question de patience.
Alors pour passer le temps, on laisse vagabonder ses pensées tout en restant très prudent : rien de plus traître que la descente; on va plus vite, on glisse, les articulations sont douloureuses, jusqu'à l'arrivée on ne peut relâcher l'attention.
La montagne a perdu ses couleurs avec les premières gelées : ici, il n'y a plus d'arbres mais en regardant bien, les dernières petites merveilles semblent prêtes à se cacher sous terre et à y enfouir leurs dernières couleurs avant bien longtemps.
Regardez-les...
Perles de myrtilles |
Encore savoureuses |
Bientôt la montagne se vêtira de blanc, alors, en attendant le grand froid, elle allume tous ses feux
comme pour faire provision de chaleur.
Quant à moi, avant de reprendre ma route "vers en bas", je m'accorde un moment de détente sur cette terrasse qui hier, faillit m'être fatale...((
En chiffres:
Dénivelé 900 m environ
Distance 10 km
Et dire que j'avais pensé faire "une promenade de grand mère " !!!