samedi 31 octobre 2015

Les étangs de Bassiès en Ariège (09)

(En attendant Lison...si elle revient...il faut faire surface....)

J'ai découvert les étangs de Bassiès pour la première fois en janvier 2012. Découvert c'est beaucoup dire, je n'en ai pas vu grand chose en ce plein coeur d'hiver. Ou plutôt un paysage sublime qui avait gommé l'eau sous la glace et les champs de neige. C'était féerique. Je n'étais pas seule : après une nuit glacée par moins 7° dans mon camion, mon jeune compagnon de randonnée m'avait rejointe au matin. Nous avions fait une magnifique randonnée sous un soleil étincelant.
La montagne résonnait alors des terrifiants craquements de la glace; je n'y étais pas habituée!

L'Ariège
Situation des étangs en Ariège

15 janvier 2012


Exactement 4 mois plus tard, avec Marie, cette fois, nous avions longé les crêtes avec un but précis : m'apprendre à utiliser les crampons  et atteindre la Pique Rouge . En vain. Un mauvais temps soudain levé nous avait contraintes au demi tour. Mais on avait eu le temps de contempler du ciel ce somptueux paysage.

Un chapelet d'étangs  reliés par un lacis de ruisseaux : j'en remplissais tellement mes yeux que j'oubliais que j'étais en crête et que je  pouvais aller piquer une tête !
15 mai 2012 (au télé)
 Ce dimanche 24 octobre, au coeur de l'automne , je décide d'aller en solo voir le paysage dépouillé de son manteau blanc.
J'ai oublié ma carte mais ma mémoire visuelle associée à la simplicité du parcours devrait suffire.
Le temps est splendide, il fait tiède et l'automne est bien là avec ses "feux de la rampe", c'est le cas de le dire car, après 800m de marche presque à plat,  c'est une véritable rampe qui conduit de l'altitude 940 à 1440, en forêt par un très joli et étroit sentier, le GR 10. Une belle montée, raide mais équilibrée. Comme je les aime. 500m de dénivelé en 1.4 km de sentier en lacets.

Sentier "à plat" près de la rivière
En forêt, bordé de fougères





Sur ce chemin je vais rencontrer de beaux points de vue, dans les trouées du couvert végétal, des contrastes de couleurs et puis quelques fleurs, encore, quelques animaux : un lézard, des papillons, une guêpe, mes compagnons de voyage.








Cependant je vais aussi rencontrer quelque chose d'inattendu : une mauvaise odeur incommodante que je mettrai un long moment à identifier : l'odeur des buis ! Alors que j'ai toujours adoré le parfum des buis, que se passe t'il en ce moment pour qu'ils m'évoquent une soupe rance (à laquelle je n'ai jamais goûté par ailleurs !)?

 Je suis au bord de la suffocation mais en montagne pas question de cesser de respirer !!!

Le silence des bois et la mélodie de l'eau : torrent, cascade, ruisseau, toutes les déclinaisons possibles.
Un vrai enchantement ce parcours.





 Un temps fort, c'est la traversée de la somptueuse hêtraie incandescente.








Au sortir de la forêt, le paysage devient carrément rocheux, une muraille de granit aux teintes variant du gris au noir, parsemée de quelques conifères et barrée d'une grande cascade que j'avais eu le plaisir de voir figée et entièrement gelée, c'était en une autre saison .














De la roche partout, habillée encore de hêtres puis ce sera le grand désert minéral. Que j'aime .



Je contemple longuement ces paysages de rocs sur lesquels plane le silence qui n'est pas encore celui de l'hiver : c'est une journée d'une incomparable douceur où tout semble feutré pour laisser respirer la nature avant le long ensevelissement sous la neige.


Je franchis un joli petit pont de pierre, et je débouche sur la vallée quasi plate où s'épanouissent les lacs et le ruisseau de Bassiès, véritable fil conducteur. Bien entendu je n'ai encore rencontré personne. pourtant c'est un site magnifique...















Je viens du fond de cette vallée encore noyée d'ombre...J'ai déjà fait bien du chemin.






Et ma vue s'ouvre sur les étangs :

ils sont cinq  en enfilade, encore bleutés, sous cette lumière; viendra vite le temps où ils vireront au noir, j'ai bien choisi.


Certains ont compris comment bien en profiter.


Il en est un qui se nomme étang Mort et c'est celui qui a le plus de vie ce matin : un léger vent crée des rides de ciel et de montagne  ; une jolie composition faite de ciel, de roche, d'eau et d'herbe.


L'étang Majeur annonce la proximité du refuge qui sera mon terminus, à  1659 m d'altitude. La vallée fait alors un coude et remonte profondément vers un cirque dominé par la Pique Rouge de Bassiès, 2676 m . Très loin, inaccessible . Se mirant dans un chapelet d' étangs, les étangs des Lavants de l'Escale, au nom très surprenant.

Etang Majeur, crêtes  des 2000m , pics de Cabanatous et des Planes
On distingue le refuge  et ses toits bleus  au bout du lac.
Je profite de l'heure de la mi-journée, d'abord pour réaliser qu'on a changé d'heure, ensuite pour manger, écrire, voire bronzer ...
A propos d'écriture je n'arrête pas d'écrire, ce jour, en marchant, dans ma tête évidemment :-))
Ecrire sur des tas de sujets, dont mes chats; la journée est propice à l'expression dirait -on. Cela m'arrive très souvent mais pas aussi intensément.


Version automne



Version hiver :15 janvier 2012

Je savoure cette longue pause; ma carte me manque parce que j'aurais peut être continué ou grimpé sur les crêtes ? Je sais cependant le retour long et mon orteil est en colère. Oh celui là ! Quel grincheux !
Alors j'entreprends le demi tour, faisant au passage une récolte des dernières myrtilles un peu confites ; elles feront, me dis-je, une excellente liqueur. Quelques humains se profilent à l' horizon; normal, ils ont changé d'heure !

Le ciel est une véritable autoroute où grondent sans cesse les avions : un peu dommage de secouer sans ménagement ce beau silence.


 Je reprends le chemin à l'envers, paisiblement, il y a du bleu partout . Vif , pastel ou délavé, au sol ou au ciel, c'est simplement beau. Même la roche en emprunte quelques touches sur la palette.




Il y a , pour descendre, un autre sentier qui serpente au soleil, alors que celui de la montée est résolument dans l'ombre; un coup d'oeil sur la carte d'un rare randonneur et me voici profitant pour quelques encablures de l'été indien, fut il ariégeois.
Le sentier pavé  et le versant côté ombre du trajet du matin
 Plus tard, après une descente assez rapide ( et très douloureuse), je retrouve les sous bois nauséabonds , les tapis de feuilles mortes, les murettes de très anciennes parcelles dont sûrement peu se souviennent encore.

Et la rivière contre laquelle j'ai dormi, porte grande ouverte sur sa chanson et les parfums de la nuit.
Ce soir je dormirai contre une autre rivière, tout aussi chantante, à Aulus les Bains.


Je ferai cette nuit là un étrange rêve, prémonitoire, peut être ... Lison sortant du camion, sans harnais ni laisse, se retournant, me regardant de ses yeux immenses, paisible ... Je lui dis  "Et bien, Lison, où tu vas ?", étonamment paisible moi aussi. Je ne me réveillai pas, n'angoissai pas...Je ne devais pas revoir Lison, elle disparut ce jour là....

En chiffres : 
Dénivelé : 850m environ
Distance:  17 km


jeudi 29 octobre 2015

La douleur...



2012

" Elle est là, dès le réveil, elle vous regarde avec de grands yeux qui vous fixent, du visage à l' âme. Elle a ce regard vif, perçant, incisif, ou suppliant et résigné selon l'être qui vous manque. Elle a le regard de l'absent (e) braqué sur vous.
Elle est là dès l'aube, elle ne vous quittera plus jusqu'au soir, à l'heure de la délivrance d'un sommeil artificiel.
Elle se dilue dans les tâches du jour, celles auxquelles vous vous forcez ou que le quotidien vous impose. Les courses au supermarché sont une délivrance pour vous qui les haïssez. La présence de quelqu'un est difficile, on ne peut imposer la douleur, on veut la cacher. C'est elle qui vous jette hors du lit dans l'aube froide du petit matin et vous fait parcourir, frissonnante,  la maison, habillée d' un espoir insensé, vers tous les lieux où par un improbable miracle votre douleur pourrait rendre l'âme , remplacée par une joie démesurée : l'angle du canapé, le piano, une étagère du bureau, le toit de la voiture , puisque sur votre lit il n'y avait rien; ni sur la descente de lit d'ailleurs.
C'est elle qui vous fait fuir la maison qui vous insupporte et revenir vite au cas où...C'est elle qui anesthésie vos gestes et vos projets, elle encore qui vous fait courir la campagne de nuit comme de jour, appelant inlassablement le même prénom, avec la voix qui se casse au fil du temps. Et écouter un silence désespérément muet...."

Lison a disparu; ma compagne de plus de six années, que j'ai élevée au biberon, à qui j'ai fait faire ses premiers pas et une longue route jalonnée de pics, de lacs et de sentiers, de routes et de restaurants, de visites de villes ...et j'en passe. Elle avec qui nous avions des mots spéciaux, un langage qui n'appartenait qu'à nous, elle qui se repérait partout et connaissait la route dans ses détails.

1ere photo : mai 2009

"Oui j'ai la douleur "indécente" de la perte de mon chat. J'ai l'outrecuidance d'être en deuil d'un être vivant qui n'est pas un humain. Et j'ai l'impudence de le dire et de l'écrire.
Il est des douleurs et des deuils légitimes, je les porte en moi, également : mon père, des amis, des proches. Ceux que l'on peut nommer, ceux qui font écho chez qui vous lit ou vous entend. mon père me manque, il n'est pas un jour où je n'y ai pensé...Je continue à lui parler, dans les montagnes, en un  inlassable monologue; à Camille aussi.
Il est des deuils plus légitimes que d'autres : il est plus indécent de faire le deuil d'un vivant parfois que d'un mort. J'ai beaucoup réfléchi au deuil résultant d'un  divorce et à celui du veuvage.
Je suis en deuil de mon chat, tout simplement, un chat disparu dont je connais le début de l'histoire mais pas la fin. Ceux qui me manquent encore sont là, dans mon jardin, sous les feuillages, leur sépulture est fleurie et propre. Lison n'aura pas cette "chance"," (extraits de mon cahier de vie)

 Lison ne reviendra pas. Elle était trop intelligente, trop vive trop habituée à tout, le regard sans cesse sur le qui vive et le geste prompt du félin des bois pour se laisser prendre par de l'anodin. Une voiture l'aurait blessée à mort ? Les chats se cachent pour mourir. Syrah vous racontera son histoire. Je pense à un prédateur, renard ou oiseau de proie, de ces enlèvements ou de ces captures qui ne laissent ni indice ni trace.
Février 2014

Décembre 2014


En attendant, j'espère encore un peu, juste un tout petit peu...Syrah mourante était venue nous dire adieu au bout de six jours de recherches insensées. C'est une bien belle chatte aujourd'hui...
Parlons des autres; ils sont extraordinaires: ils m'entourent, se serrent contre moi, me  parlent, me regardent, lèchent mes bras ou mon visage, s'enfouissent contre moi sur la couette, suivent mes recherches, impuissants et malheureux. Je dors avec des pattes dans ma main. Ce n'est pas Lison qui leur manque, sauf à Mathurin; c'est ma sérénité.

Dernière photo : 18 octobre 2015
Quelques liens sur Lison: en 3 clics ci-dessous (clic sur le mot article)

article 1: l'étonnante vie de Lison
article 2: Lison la randonneuse
article 3: Lison la voyageuse


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mardi 27 octobre 2015

L' Ariège en feu !

Le Garbet à Ercé


Quand me prend la nostalgie de milliers de fleurs printanières, c'est en Ariège que je vais....

Quand me prend l'envie de torrents bouillonnants et de cascades impérieuses, c'est en Ariège que je vais...

Quand me prend le désir des flambées d'automne, éblouissantes et incandescentes, c'est en Ariège que je vais...

Quand la fatigue me terrasse et que j'ai besoin de repos, de silence, de calme, même sous la pluie, c'est en Ariège que je vais....

Descente du Col d' Agnes : vallée de l' Ars et Pic de Turguilla

L' Ariège ( 09 )




Vous l'avez compris, l' Ariège est mon département de coeur. Une histoire commencée voilà plus de trente ans. Je ne sais si la réciprocité existe....
Je vais vous conter "mon " Ariège sur des images d'automne que je suis allée chercher car l'automne me manquait trop.


Entre Port de l'Ers et Col d' Agnes à 1300 m

Descente à 18 %, entre Massat et Col du Portel

Chez moi aussi l'automne existe, évidemment, mais dans mon cadre de vie, il n'y a pas de beaux arbres, juste des chênes qui roussissent en décembre et des vignes qui n'ont pas de beaux automnes, déchiquetées à longueur d'année par la tramontane.

D'où l' Ariège et le piémont de ses montagnes...pour leur chanson d'automne.

J'ai découvert l'Ariège vers mes trente ans et lorsque j'ai sillonné la France en tous sens, j'ai vu que l' Ariège résumait à elle seule tous les départements de France, sauf en ce qui concerne les façades maritimes, bien sûr.
C'est l' Ariège qui me révéla la montagne , c'est chez Elle que je fondai les bases de ma nouvelle vie..

Au dessus d' Ercé : à Cominac

J'aime en Ariège, les montagnes, c'est sûr, et tous les paysages que cela sous tend : hauts sommets, lacs, forêts, sentiers. Et ces drôles de vallées d'une étonnante étroitesse. Rarement à fond plat.

Haut sommet : le Mont Vallier 2838 m

Le Vallier

Vallée à fond plat du Garbet près d' Ercé

Vallées en V vers Auzat

Vallée du Soulcem (après Auzat)

Mais le piémont de ces montagnes , en moyenne altitude, est quadrillé de routes toutes plus sinueuses et étroites les unes que les autres, avec de fortes déclivités, desservant ici un village, là un hameau ou une ferme. Dès qu'il y a une trouée dans les arbres, la majestueuse chaîne des Pyrénées brandit ses sommets comme des étendards.

Déclinaisons d'ors  et de rouille

De beaux torrents, devenus belles rivières descendent en sautillant vers la Garonne voisine.
J'aime arpenter les villes: à Foix j'ai "ma" librairie attitrée où je fais un petit plein, et aussi un bar loundge très feutré, L'ensemble dominé par le château..Impressionnant....Mirepoix m'enchante avec son aspect de bastide riante et animée. Ah ! les jours de marché !


Petite route à partir d' Ercé






Et puis il y a tant de choses à voir, les grottes préhistoriques riche patrimoine : Niaux, Mas d' Azil, Bedeilhac etc....
J'ai eu le bonheur de rencontrer l'éminent archéologue, spécialiste mondial de l' Art Rupestre en randonnée : Jean Clottes. Nous avons partagé de belles balades...

Aulus les Bains : un ancien hôtel du temps
de la splendeur de la station thermale (cholestérol)
La rivière souterraine de Labouiche : un étonnant fleuve souterrain où l'on se balade en barque , un chemin d'eau extraordinaire. Il y a tant de choses à voir en Ariège , ce pays d' Ours qui vit aussi de ses légendes; les montreurs d'ours d' antan sont encore dans les mémoires...

Chaîne des Pyrénées avec le Vallier

Pour l'heure en ce dimanche de fin octobre, me voilà avec mon petit camion en train de monter et descendre dans du fauve décliné sur tous les tons...Et loin des ours!










Suivez moi donc "Promenons nous dans le bois...Tant que le loup n'y est pas..." etc...

Et tant que l' Ours n'y est pas de préférence....


Juste un petit circuit, pour les connaisseurs entre Port de l'Hers, Col d' Agnès, Aulus les Bains, Massat, St Girons, Lavelanet etc....

Grange au toit typique : vallée du Garbet

















Piste forestière au dessus de Cominac





Au col d' Agnes 1570 m

Lorsque tombe le soir, dans les montagnes, une chevelure de brume coiffe les sommets, ajoutant une touche de tristesse et de mélancolie qui fait rêver au feu de bois, à la maison douillette, aux flambées d'automne, à la soupe épaisse.

Grange à Aulus




Mais dans mon petit camion, au bout du jour, cela ne me manque pas...














D'ailleurs il fait si doux que je peux encore m'offrir un repas dehors à la lampe entre la rivière et ma "maison" sur roues et une nuit porte ouverte sur le chant de la rivière et les parfums d'herbe et d'étable mêlés....

Soirée à Aulus face à la rivière et à la grange



Le Garbet, tout jeune




C'était juste une petite balade automnale , là bas, au sud de France, dans un petit département lové au coeur des Pyrénées....

Parure d'automne en bord de route


A bientôt sur d'autres chemins d' Ariège...au pays des lacs cette fois ...