mardi 28 avril 2015

Voyage


C'est un petit voyage sans prétention, un billet sans intérêt sinon juste un clin d'oeil à Camille .
Dont j'avais dressé un portrait sans concession  (clic) en août dernier
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Je dédie ce voyage à Camille, mon sauvage alter égo qui a fait le choix de son dernier voyage.
Photo France Priet

C'est une petite route au milieu de nulle part, qu'on aurait pu faire ensemble vers les montagnes que nous aimions avec nos deux véhicules, vers un bivouac fait de rires autour de la petite table de camping , devant un verre de muscat. Et des victuailles." Et un melon tout rond qui, cette fois, n'aurait pas filé droit dans la rivière". je te l'avais promis, Camille, tu ne m'as pas attendue...

Le destin en a décidé autrement, alors je parcours cette trouvaille longue de 30 km toute seule, avec Lison, et la pensée de Camille.
Santa Maria de Besora



Après une nuit à Santa Maria de Besora, entre Vic et Ripoll, tôt réveillée par le coucou, et une bonne grimpette aux ruines du château local, je file "cap amunt" en amont dans la vallée. La route s'achève à Vidrà mais un panneau touristique m'indique un ruban jaune qui continue, continue dans des zones marron foncé dans les montagnes les forêts et le désert humain. Renseignements pris "elle est goudronnée mais très étroite"...rien ne me décourage .






Alors je roule. le paysage est bucolique, hêtraies trouées de pâtures parsemées de masias (fermes) et résonnant des sonnailles du bétail. Avec le parfum de l'herbe et le chant de l'eau.
Parlons en de l'eau ! les rivières coulent et sautent sur un socle de pierre lisse, en grandes dalles blondes continues . Un ruban. Le socle est rocheux juste recouvert de peu de terre arable.
Que l'eau emporte.  En courant.










Collfred

Collfred



Je roule lentement, me repaissant du paysage, des vertes forêts aux bourgeons naissants. La circulation est quasi nulle et les croisements aléatoires. Peu m'importe.










Cette route n'a pas d'identité : aucune borne, aucun numéro, aucune initiale.
Des virages, des lacets, des fleurs, des forêts et parfois de belles ouvertures vers des rares fermes ou des vallées cernées de pitons volcaniques.








Camille ne m'accompagnera plus sur ces chemins d'aventure et ma pensée ne le quitte pas; c'est un dernier hommage que je lui rends. Il ne sera plus là pour m'expliquer les plantes et les fleurs, lui l'érudit botaniste.
Il ne sera plus là pour partager rires, plaisanteries, souvenirs ou inquiétudes pour l'avenir.





Désormais, en montagne, je regarderai les plantes sans les comprendre, les nuages sans les lire et je ne fabriquerai plus de liqueur à base de végétaux dont il connaissait le secret. Ou je n'observerai plus ces plantes qui soignent. Il ne me montrera plus ce qui est exceptionnel, rare ou banalement commun. Camille me laisse orpheline de connaissance.
Je ne râlerai plus après ce vieux garçon plein de manies, de travers et de gentillesse autant que d'égoïsme.




Perdue dans mes pensées et ma tristesse je me penche vers cette route qui, ce jour, revêt l'aspect d'un symbole.
Des questions sur la mort : celle qu'on choisit, de façon délibérée, pour échapper non à la maladie mais au vieillissement, au déclin des forces. A la solitude. A un avenir effrayant et incertain. Une mort dont on se sent coupable, un peu, beaucoup. Une mort dont on se dit ..."Après tout pourquoi pas ? Qui a raison ?"...Je parcours 30 km en buvant le paysage et mon chagrin.
J'espère, je sais qu'au bout de la route viendra l'apaisement ...Je marche dans ma tête, je décortique, questions sans réponses...non dits...actes manqués...regrets...J'aurais pu, j'aurais du....peut être...

Camille me manquera quand même. Il a  été un homme brillant et digne, il est mort digne.
Seul comme il a vécu. Artisan de son destin comme il l'a toujours été

Fleurs de thym à gauche


La route défile son ruban minuscule et tourmenté, aussi tourmenté que moi; tout un symbole...
Les ruisseaux que je rencontre bondissent de cascade en cascade sur leur dalles blondes.
Je les suis pensivement, les pieds dans l'eau.







Quelques fermes s'accrochent sur leurs terrasses au milieu des pâtures.











Heureux, les motards enroulent les courbes à leur guidon et les cyclistes grimaçants de douleur franchissent des côtes cimentées tant elles sont escarpées .



Côte cimentée
 ça et là un chemin creux bordé de buis s'enfonce vers l'infini, un appel du large qui plait à Lison.
Elle y court au bout de sa laisse, attentive aux bruits des sous bois...Grattant dans l'humus à pleines griffes.



C'est le printemps !!!

J'ai le coeur en hiver.




Les hêtraies, après le col à plus de 1200m, ont cédé, côté est, le pas aux chênes rouvres exploités pour leur bois; c'est plus aride, moins vert comme paysage.


Sierra volcanique del Puigsacalm 1515 m


La route, toujours aussi minuscule attaque rondement la descente : très forte la descente, avec lacets, virages et de plus en plus de fermes . Enfin sans crier gare, elle débouche dans la large plaine de terres volcaniques des environs d' Olot : La Vall d' En Bas.



Plus exactement , longeant un ruisseau elle parvient à une grande masia et là : stupéfaction !




Elle se termine avec le franchissement de ce grand portail très ancien , resté là symboliquement; j'imagine que cette route sans identité fut longtemps un chemin de terre privé reliant à travers les montagnes les deux vallées du Ter et du Fluvia mais gardant , malgré une apparente modernité, son caractère originel...


Vers l'aval

Je n'ose pas imaginer me trouver devant un portail cadenassé....
Mais le demi tour et la route à l'envers ne m'eussent en rien dérangée..
C'est vraiment tellement beau



D'où je viens
 Voilà, Camille, ma route s'achève mais  elle poursuit vers la vie et le monde.....


 La tienne commence vers un ailleurs dont je ne saurai rien...
Adieu l'ami : bon chemin.....vers les nuages 
que tu connais si bien.





lundi 27 avril 2015

Regards sur La Boqueria (Barcelone 2 ème)

Regards sur.....


Le plus grand marché de la ville ...et d'ailleurs : 6000 mètres carrés...


Au 12 ème siècle, il existait dans Barcelone un marché tout au long d'une rue et il se nommait "Rambla".
En l'an 1217, ce marché s'exila près de la porte de la Boqueria,il était destiné à la vente de la viande.
En l'an 1470, le marché aux cochons se tient en ce même lieu Un marché officiel existait déjà mais celui qui se tenait à la Boqueria est considéré comme une extension du marché officiel.

Toutefois le marché de la Boqueria prendra le pas sur l'autre et sera officialisé comme celui de la viande et du poisson.






Un vrai marché sera construit au 19 ème siècle (1840/1846), inauguré en 1853 : celui-ci; la belle verrière est ajoutée en 1914.

C'est le plus grand marché d' Europe avec ses 6000m2 ouvert tous les jours - sauf dimanche - jusqu'à 20 h 30.

Cependant vu son succès, la ville de Barcelone vient de prendre un arrêté visant à limiter les groupes de touristes : pas plus de 15 personnes à la fois, les vendredi et samedi,  jusqu'à 15h.
Ceci à cause de la trop grande fréquentation touristique qui empêche les clients de faire leur marché.
Car La Boqueria c'est 45 000 visiteurs par jour !!!

Vous entrez avec moi ? Vous suivez mon regard ?

J'ai bien dit le mien et pas  tous ces regards braqués sur l'au delà....


Regard flamboyant














Mon regard se porte sur les jeux de lumière, de couleurs, de brillances , comme sur l'ensemble de cette vaste bâtisse que l'on pourrait oublier  tant les yeux sont attirés partout. C'est un ensemble coloré, vivant, étincelant, odorant et bruyant.

Un marché qui ne tombe pas dans la banalité. Un peu excédés les commerçants! Je me fais chasser comme une mouche en essayant une photo qui me sera refusée. Faut dire...45 000 visiteurs par jour....

Les grands gagnants au jeu de la couleur sont les fruits et légumes et leurs dérivés : salades et jus de fruits , un ingrédient qui fait fureur.



La mode est aux jus naturels  soit simples soit en duo (1 euro)

Salades de fruits jolies

Exotisme

Classicisme et esthétisme


Plus en demi teintes le charcuteries et leurs dérivés  en barquettes pour satisfaire une faim.
Tout donne faim ici, même le poisson car il y a toujours l'espace tapas ou plat cuisiné qui invite à l'achat. Et à la dégustation perpétuelle au long du jour; arrosée évidemment.





Barquettes de charcuteries et de fromage

Cru ou cuit

Satisfaire sa gourmandise c'est peser 2 kg de plus à la sortie : comment ai je fait pour me contenter d'un jus de goyave ??? Même le menu fretin grillé que j'eusse dévoré....
Je crois que prise par la faim de voir et de photographier j'ai oublié le reste.






Plus monochromes, les fruits secs et autres denrées


Le mimétisme s'invite parfois au détour d'une allée : morilles et tripes.



Quant aux épices, un marché n'en serait plus un sans eux; on les sent de loin c'est comme un appel .



La viande ne me fascine pas alors que c'est ce que je mange avec le plus de joie.
                           Mais le poisson !

Ah j'y eusse passé la journée à contempler ces regards ..















Dont je vous ferai grâce des détails....





Le poisson : je me noie dans les couleurs mais surtout la brillance, les reflets, chaque écaille est un miroir du marché...






Bonjour Tristesse

"Tronche en biais..."


Ligotés, les couteaux voudraient s'enfuir
Oursins




 Partout , chez les crustacés ça bouge, ça crisse, ça griffe l'air, ça gratte la glace, un vrai supplice qui me remue...

L'inhumanité de l'estomac humain s'étale muette et non résignée en ce lieu.

Et pourtant, un jour, dans mon assiette, j'oublierai ce que j'ai vu...
 Allez perdons nous encore dans les allées bruyantes et surpeuplées et n'oublions pas au passage l'architecture : elle seule vaut le détour.




 Et s'il vous reste une petite faim, à la sortie, devinez qui vous tend les bras ? Des restaurants pardi !









Si vous allez à Barcelone, "jetez y un oeil"...et même deux...


Les yeux noyés...


Vous ne regretterez pas le détour.....