Mon petit séjour de deux journées entières a été très riche; d'une histoire d'amitié d'abord, réunissant deux personnages férus du même lieu et dotés de la même curiosité. Eric est enfant du pays et a construit un magnifique site (clic) sur son village et environs, Saint Martin Lys, dernier village avant le Défilé de Pierrelys; Eric inspira beaucoup mes multiples "errances" de catalane venue de loin, dans ce secteur, bien souvent hors civilisation, et, après divers échanges épistolaires, nous avons décidé de faire connaissance.
Ce seront de riches moments de rencontre concentrés sur ces deux jours, sorties un peu folles, musclées, hasardeuses, mais lucratives : "on a trouvé des trésors"!
|
Un des trésors |
Je ne les conterai pas dans l'ordre; ici, les "héros de la farce" sont campés; mes jambes ont 16 ans de plus que les siennes, mon mental et ma tête sont contemporains, quant au grain de folie qui nous anime...je ne saurais dire...il va de l'un à l'autre. Mais les grains de folie s'aimantent, ce ne sera pas triste !
Cet après midi, Eric veut me montrer un site que je n'aurais jamais trouvé dans mes délires .
Pour ce faire, grâce à mon délire matinal, il va emprunter un accès qui lui est totalement inconnu, je vais donc lui offrir une séance de descente à la corde jusqu'aux eaux bouillonnantes de l' Aude, à l'entrée du Défilé, sous le pont du chemin de fer (1899).
|
Un beau jacuzzi |
Parce que j'ai exploré en solo le secteur le matin et que j'y ai fait une découverte. Ladite découverte visitée, nous voilà partis.
|
Le trajet initial de la voie, abandonné |
L'Aude coule entre la montagne et la route, ou plutôt, avant la route, les reliques du chemin de fer.
Nous allons faire un parcours à flanc de pente, ici tout coule, s'écroule, s'éboule, il faut beaucoup de ténacité pour rester planté dans le décor. D'où les cordes du départ.
L'Aude, sur sa rive droite, bordée d'arbres magnifiques dont certains furent plantés pour consolider les berges, est longée d'un sentier de pêcheurs (enfin une trace) mais on va traverser directement les anciennes cultures, vastes champs devenus bois, les vestiges humains sont des murs d'épierrage ou les murets d'un ancien chemin.
|
Enormes peupliers |
C'est ici que devait passer le trajet initial du chemin de fer. On trouvera juste au retour, une borne qu' Eric identifiera. Seul témoin de cette fin 19 eme.
|
Borne de la voie ferrée prévue ici |
L'avancée y est confortable et fraîche.
Ensuite le relief se durcit, on va monter, pensant trouver un chemin, la pente devient grande, les prairies ont disparu, c'est la montagnette et son relief qui se penchent sur le fleuve. Pourtant dûment cadastré le secteur. Falaises crénelées, déguelis de falaises sous forme d'éboulis, pentes boisées de chênes verts, effondrements de terrain et couloirs de ravins monstrueux. Nous allons traverser tout cela, sur 1 km, ce sera en alternance jusqu'au "Canal de la Vache". Un vrai parcours d'équilibristes, et il fait chaud !
|
Les anciens champs |
|
Vestiges |
|
Entre Aude et murailles |
|
Un ravin venu du ciel |
|
Passage acrobatique d'un ravin |
|
La jolie pente "savonneuse" |
|
Passage en falaise |
Le Canal de la Vache est un de ces étroits et monstrueux ravins jaillis de vers le ciel dirait on, coulant entre des murs de roche grise, roulant un flot de rocs. Une vache s'y perdit et se logea dans une grotte où les habitants allèrent la secourir. Il n'y a plus ni vaches ni moutons, seuls deux caprins, nous, veillés par vautours, voire aigles.
|
Le couloir de la vache |
Dans un angle de la falaise, Eric m'invite à entrer dans la grotte, une cavité assez grande pour servir d'abri. Même à une vache...folle ! Sous le regard de deux étonnants yeux bleus.
Je suis déjà émerveillée mais Eric me promet une autre grotte et là....le Graal ?
|
Quelque part là dedans |
Il faut varapper un peu et un petit orifice demande une position acrobatique; j'entre la première et ce sera de suite la féérie.
|
C'est étroit mais facile |
Un couloir conduit à l'étage supérieur, au-dessus d'un puits équipé spéléo, un terrain de jeux. On se contentera de gravir l'étage supérieur où une petite terrasse au soleil nous attend. Séance contemplation.
|
Balcon sur la vallée |
|
A l'étage |
Ensuite, revenus au sol, un boyau sombre nous tend son obscurité.
Je vais passer en tête, offrant à mon émerveillement environ 150 m de défilé rocheux orné de draperies, stalactites et stalagmites (fort saccagées), d'aiguilles, de couleurs, de textures, de gouttes d'eau tombant avec un son mat, de ruissellements figés dans le calcaire. Nos lampes éclairent des puits, des cheminées, des draperies, un sol sableux ou argileux humide (Eric y a connu des trous d'eau), je me sens comme dans la vitrine d'un joailler ! On regarde, on ne touche pas ! Je caresse les textures du bout des doigts. Nous commençons à prendre la couleur brune du sol, bien que ce ne soit pas encore de la reptation.
En images : (qui ne rendront pas l'atmosphère ouatée et les sons caverneux de nos voix).
|
Typique du relief souterrain calcaire |
|
Fossiles |
|
Il n'a pas choisi la ligne droite |
|
La main de Fatma ? |
|
Le fleuve bleu |
|
Qui se cache dans le boyau ? |
|
Colonnette et gouttelettes (au goût de terre) |
|
Un des trésors, couvert de diams |
|
Plafond bas |
|
Des petits trucs sur des étagères
|
Arrivée au bout, Eric m'invite à bifurquer dans une étroite galerie où je me glisse couchée. Une paire de stalagmites me barre vite la route pourtant une étrange cordelette file dans le boyau, solidement arrimée dans l'obscurité. J'essaie de la suivre mais je sens que je me coince, je n'ai pas l'art des spéléos qui s'étirent comme serpents. Eric tente de me rejoindre, il se coince davantage et c'est dans un grand rire que les deux sages font machine arrière !
|
Je vais passer ? Par la droite, oui |
|
Je suis passée (on voit la ficelle) |
|
Ouais, là je ne passe plus, "je me sens coincée" |
|
Là où je n'irai pas, mais un y a arrimé la ficelle |
Une fraîcheur, que j'évalue à 12 ou 14 degrés baigne le boyau que nous visitons à l'envi. C'est le frigo.
|
Il n'y a qu'à suivre l'éclairage ? Ou l'éclaireur ? Voie unique |
La sortie s'apparente à l'ouverture d'un four et nous décidons de rallier le bord d' Aude, comptant sur le chemin des pêcheurs pour un retour plus confortable.
|
Façon extérieur : et il s'amuse ! |
|
Façon intérieur |
On va longer un village détruit, le Gal, (le Graal c'est plus haut), dont il reste quelques murs, un méandre de l'Aude était passé là et de belles parcelles sont visibles.
A présent, direction le fleuve par son affluent de roches :
|
Le couloir de la vache |
|
Les murs du Gal |
|
Les champs du Gal |
|
Le cadastre du Gal (ancien cours de l' Aude) |
Le sentier de pêcheurs n'est guère entretenu mais il fait frais, le parcours est attrayant et reposant.
Si on se trempait dans l' Aude, on ferait la lessive de nos vêtements boueux ! Des monstres nous y attendent, brrr
|
Ici s'achève le périple fluvial |
Nous arriverons sans peine à nos cordes sagement allongées sur la pente, il n'y a plus qu'à...oh hisse !
Les deux compères ayant plus d'un tour (de corde ou pas) dans leur sac, vont, malgré l'heure avancée, s'offrir un autre périple aérien et vertigineux, mais chut....ce sera le prochain article !
En chiffres :
Distance parcourue : le trajet pour la grotte est 1 km,
Altitude maxi: 410 m
Contorsions ? non évaluées, mais nombreuses