Une petite altitude, 1565 m. Mais que de surprises et d'excès !
J'avais jadis entendu parler de l'Aigoual au quotidien, par le biais de la météo. Et oui ! Le présentateur annonçait toujours des températures extrêmes, des éléments surprenants, on se demandait s'il parlait bien de "chez nous" car l' Aigoual est à moins de 200 km de chez moi à vol d'oiseau. Et ce qu'il annonçait était proprement stupéfiant.
Alors un jour d'été je décidai d'aller voir...Et je vis.
C'était en 2007 et avec mon petit camion j'escaladai les Cévennes majestueuses, sauvages, boisées de chênes et châtaigniers. Puis de hêtres.
Paysage et vallée cévenols |
Majestueuses Cévennes |
J'arrivai sur ce sommet qui n'en est pas un et sur lequel veille un Observatoire construit durement entre 1887 et 1894 sur le style forteresse.
Arrivée à l' Aigoual |
Et aussi
Jours de pluie :170 par an
Hauteur annuelle de pluie : 2 mètres par an
Record de pluie: 607 mmm en 24 h, octobre 1963
et pire : 4 mètres dans l'année 1913
Et dire que à 100 km de là les Saintes Maries de la Mer sont le lieu le moins arrosé de France !!
Regardez l'arbre ! |
Jours de gel :144 par an
Jours de chaleur : zéro (au delà de 25°)
Chutes de neige : 66 jours
Sol enneigé : 118 jours par an
Un record : 10.4 m en hiver 1956
Voilà ce que par chance j'ignorai en ce soir du 7 août 2007...
quand je me posai là pour une nuit
qui allait être glaciale.
Ma chambre cette nuit là |
Ce mercredi 8 août 2007, au "sommet" tout plat de l'Aigoual, je notai dans mon cahier : " S'il est dans la vie des moments précieux comme des gouttes d'eau dans le désert, l' Aigoual en est un . Une arrivée tardive, après l'averse qui exacerbe le parfum des hêtraies dans le soir naissant, et la brume qui s'effiloche sur le promontoire où se dresse la sentinelle crénelée de l'Observatoire, a quelque chose de fantomatique. La tempête fait rage, le froid est vif : voilà un soir d'août qui a des relents de novembre. Mon camion, dos au vent n'a pas une étanchéité parfaite : il tangue comme un navire et le vent dans les arbres rabougris a des sonorités de vagues échevelées sur les récifs noirs des falaises de la Côte Cantabrique. Ce n'est pas la tempête à Ouessant dont nous rêvions jadis, c'est peut être la Patagonie où un homme m'avait transportée en rêve et où je n'irai jamais ni avec lui ni sans lui..."
notes de voyage de deux étudiants bâlois14 :
Au 15eme siècle :
« Enfin, à midi nous arrivâmes au sommet, occupé par un immense pâturage (…) De ce point, peu éloigné de Mende, la vue s'étend au loin sur toutes les Sévennes, auxquelles nos monts du Valais sont seuls comparables, et jusqu'aux montagnes de l'Auvergne (…) Nous ne pouvions nous lasser d'admirer le panorama, favorisés par un temps magnifique qui permettait de découvrir au fond des vallées plusieurs hameaux ne paraissant pas plus gros, à cette distance, qu'une cabane de paysan. »
le 15 :
« Les vues les plus belles et les plus étendues que j'ai contemplées sur le Gesler, sur le Jura, même sur le Rigi, et dans diverses régions de la Suisse, restent loin derrière la richesse et la majesté de celle que nous avions ici (…) Les bornes de notre horizon s'étendaient à l'est et à l'ouest, au-delà des frontières de la France, au sud elles se perdaient dans la Méditerranée. »
En ce qui me concernait en ce jour d'août 2007, j'ajoutai : " je suis allée me promener ce matin dans la brume épaisse et le vent violent enfoncée jusqu'à la cime des cheveux dans mon grand coupe vent, mes mains logées dans ...des chaussettes. Faut dire que 90 km/h de vent et 5° ne font pas de ce matin un matin d'août classique . Pourtant l' Aigoual m'a fait un cadeau: un lever de soleil unique en son genre. Sublime et fugace. Derrière les tours crénelées de l' Observatoire . Un air de ces châteaux d' Ecosse sévères et durs dans une lumière qui chante comme un air d'opéra. Un matin à me faire oublier tout ce qui est factice et sonne creux, dans la vie d'en bas, tout là bas..."
La hêtraie fantomatique |
Je ne vous parlerai pas de ma randonnée ensuite dans les forêts, ni de ma visite au passionnant observatoire, j'y reviendrai dans un prochain billet, une prochaine balade en 2016.
Mais juste un peu plus bas, ce jour là, c'était l'été...qui laissait chanter ses couleurs....
Je suis curieuse, vous le savez : alors j'allai voir à quoi ça ressemblait en novembre .
C'était le dimanche 8 novembre 2009
La route était déserte et luisait sous la neige.
La route d'accès, proche de la station de ski : et oui ! |
J'allai voir...Et je vis ! Les mêmes choses mais transportées en Sibérie. J'étais là à la journée, en voiture et en solo, avec Lison, toute jeune.
J'écrivis brièvement : " Tout était baigné dans une ouate parsemée de neige , cinglée de grésil. Les arbres, les ramures, les piquets, les clôtures et les herbes étaient frangés de glace. Un vent glacé balayait tout sur son passage et exaspérait Lison, folle de froid malgré ma veste. C'était superbe, j'eusse dormi là haut ..."
Sur le plateau noyé de blizzard |
Fantôme ..ou le Diable ? pétrifié |
Il n'y avait que moi |
A travers la clôture hérissée de glace comme un cadre givré |
Un peu plus bas, c'était l'automne qui laissait chanter ses couleurs ....
Cévennes |
Additif : pour les amoureux des Cévennes (clic)