mercredi 27 novembre 2024

Conflent : Py, sur les traces du crash du vol G-APYC du 3 juin 1967

 Cet article n'est pas du voyeurisme, c'est juste un hommage rendu à ces victimes dont nous avons essayé de retrouver la trajectoire finale dans un paysage si paisible... Je me suis appuyée sur ma connaissance du terrain et sur des souvenirs de lecture. Ensuite un internaute m'a envoyé un document clé que j'avais lu, mais pas retrouvé. Merci à lui.

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3 juin 1967, il y a 57 ans, (j'ai 17 ans), il est à peine un peu plus de 21 h ( 22 h en Temps Universel) en cette claire soirée presque estivale lorsque les habitants de Py entendent un grand bruit et voient une boule de feu dévaler de la montagne. C'est un avion qui vient de s'écraser après avoir heurté un gros rocher avec son aile, en dispersant de nombreux morceaux depuis les hauteurs jusqu'à la rivière du Bareu.

Ils ne savent pas qu'il s'agit d'un Douglas - C54 Skymaster, immatriculé G-APYC, avec 88 personnes à bord. Celui-ci précisément : 


A cette époque, les forêts ne recouvraient pas encore la montagne, les parcelles cultivées en terrasses étaient nombreuses et non enfouies sous le couvert végétal comme aujourd'hui. 


Années 60

Aujourd'hui


Les habitants vont se précipiter et assister à des images d'apocalypse qui hantent encore leur mémoire, il n'y a aucun survivant sur les 88 personnes (83 passagers et 5 membres d'équipage), les corps sont déchiquetés, on ne fera pas davantage d'évocation en ces lignes.

Le jour où en randonnant je me suis trouvée nez à nez avec un conséquent débris, un élément des 4 moteurs, j'ai été saisie, d'autant que depuis un moment, je sentais un sournois mal être en moi, je percevais le lieu comme pesant et oppressant. Alors je me souvins de l'histoire et je poursuivis mon chemin en faisant un réel effort. Je n'étais pas sur un chemin de randonnée, tant s'en fallait, juste sur un ancien sentier désaffecté. Je ne pensais jamais revenir ici.

Et pourtant. Mes amis Josy et Claude sont intéressés par cette histoire. Claude a baigné dans le milieu de l'aviation, je vais donc leur offrir la balade de l'avion perdu.

Il fait encore beau en ce matin de fin novembre, la montagne, grandement dépouillée de son feuillage, reste encore parée de flammes : hêtres, bouleaux, chênes et érables, taches de feu dans le gris ambiant des arbres nus. Au travers desquels il est aisé de lire le décor. Cela nous sera utile.

Nous quittons Py, un peu de gelée blanche luit sur le sol mouillé de la rive de la Rotja.

1ere partie du trajet : en rouge

Nous abandonnons le sentier balisé qui conduit à la Collada de Botifarra (beau parcours) et empruntons le val du Bareu, sombre, froid, bordé de terrasses, engoncé entre deux pentes resserrées , le lieu dit "Cireros" (cerisiers). C'est vert et gris, mousses et rocs. Rapidement on va rencontrer 4 débris dont une partie de 2 moteurs.

Au bord du sentier de Ciréros


L'avion a heurté la montagne quelques 200 m de dénivelé plus haut. 
Claude, en connaisseur,  examine avec attention les moteurs, et m'explique, car la mécanique, fut elle de moteurs d'avion, ça m'intéresse. Et oui...


Mon angoisse n'existe plus, on est trois à présent. Mais la violence de la catastrophe, évoquée par tous ces débris présents et à venir, ne me lâche pas, ni l'angoisse des ces 88 personnes, si elles ont eu le temps de...
Nous quittons la vallée, je sais qu'il y a encore quelques débris le long du Bareu, mais je veux amener mes amis sur le lieu du crash, en remontant les quelques rares vestiges que j'ai pu entrevoir.

C'est ainsi que nous remontons le Bareu jusqu'à ses gorges que je connais aussi, brèves et quasi infranchissables; un canal y nait, un autre y meurt, au gré des déclivités. Le Bareu naît à 2000 m et se jette dans la Rotja en aval de Py. D'anciennes cultures bordent ses rives jusqu'à grande altitude. 

Photo Claude Calvet


Nous le quittons, il faut connaître le secteur pour trouver le mince fil qu'est le sentier qui monte sur Soteilles, un site sur une crête arrondie entre Val de Rotja et Val de Bareu.


Le sentier ralliant Soteilles (Ph C Calvet)


Claude
























 D'anciennes terrasses habillant la crête et plongeant dans les vallées sont impressionnantes. Je sais que quelques débris de l'avion y gisent mais je ne parviens pas à les trouver malgré mon acharnement. 







Verso (Ph C C)

Recto



















Alors nous continuons vers le Serrat de las Lenyas, lieu du crash. La montée sera agréable, en forêt évidemment et sur un sentier plus ou moins emprunté; un ancien balisage jaune, quelques points bleus ou multicolores de chasseurs et on monte entre les deux vallées, en crête. Les arbres dénudés permettent quelques jolis points de vue; on croise quelques cortals et un site d'ancienne forge à bras, reconnaissable à ses scories. 

2nde partie du trajet




Cortal à l'écart du sentier


Vallée de la Rotja


au zoom

Le temps est doux, ensoleillé, la balade est un régal. Un vent léger vient à notre rencontre dans une pluie de feuilles blondes et on débouche sur la lande longue et en pente du Serrat de las Lenyas (colline des bois).
1479 m Serrat de las Llenyas, Py dans la vallée.
Vues vers l'aval

Là tout change, un vent d'une rare violence nous assaille, venu du sud, très éprouvant. On n'ira pas plus haut, après la visite de quelques ruines face au sud, Roxane a mal à une patte, le demi tour s'impose. Le trajet de retour en plein vent serait trop éreintant.

Grand cortal face au sud et à la vallée










Des "parents " inquiets ? 
Et un chien cabotin






















 

C'est ici que l'histoire de l'avion nous rejoint :
Ce 3 juin 1967, un avion anglais décolle de Manston, proche de Douvres, sud d'Angleterre à 17h 36, et le vol charter doit atterrir à Perpignan, avec survol de Chateaudun, Nevers, Clermont Ferrand, possibilité de détournement sur Carcassonne ou Marseille, et atterrissage normal prévu à Perpignan. Tout se déroule bien, la météo est bonne.
Le vol commence à infléchir sa trajectoire au niveau de Mende (Lozère) et quitte insidieusement le plan de vol, toujours en direction sud ouest; c'est ainsi qu'il se trouve au niveau de Prades (au lieu de Perpignan), où certains habitants sont surpris.
Tout ceci figure dans le plan détaillé en annexe en fin de récit, (Journal officiel de décembre 1968),  dans le rapport d'accident.
Il a bien sûr amorcé sa descente, il est alors à 3 minutes du lieu d'impact, la vitesse étant à plus de 200 Km/h. Il passe ensuite sur Sahorre en basse altitude ce qui effraie quelques témoins, qui appellent la gendarmerie de Prades, il allume ses projecteurs au niveau de Py et l'erreur ne fait plus de doute. 

L'avion a survolé Py et viré


Alors le pilote va tenter l'impossible, en virant à gauche; il remonte ainsi la vallée de la Rotja, 

La vallée de la Rotja, à gauche 


Vallée de la Rotja ph C Calvet


vire encore à gauche en ayant remis les gaz pour prendre de l'altitude et revenir en sens inverse mais cela ne suffit pas, il heurte à 290 km/h la montagne au Serrat de las Lenyas, sur le rocher de la Dent de Lion, 1160 m, (les coordonnées exactes sont données par le JO en annexe), et l'impensable se produit.

Ici, il avait déjà heurté et commençait sa
descente vers le lieu du crash final
Serrat de las Llenyas vers l'amont

 L'aile se brise et se détache, l'avion poursuit sa course folle descendante de quelques secondes, à 300 km /h, survole Soteilles où s'éparpillent des débris, plonge dans une pente à 45 ° où il va semer train d'atterrissage, porte de fuselage, éjectant ainsi des objets de service aux passagers, bouilloire, jus de fruits, bières,  et autres objets  et s'écrase sur la rive droite du Bareu, après 220 m de dénivelé négatif et 450 m linéaires.
Schéma : image Journal Officiel

Profil : image Journal Officiel 


Les habitants de Py sont en sidération,  ces quelques secondes leur ont permis de comprendre qu'un accident aurait lieu, ils entendent un choc énorme, une boule de feu monte de la vallée du Bareu, surmontée d'un nuage noir et ils courent vers le lieu d'impact: pour ce faire il faut descendre vers La Fargue, remonter le chemin de Botifarra et bifurquer sur le ravin du Bareu par Cireros; ils ne peuvent approcher du brasier, la suite sera des images d'horreur dont la mémoire collective est encore emplie.
Le Journal Officiel de l'enquête relate quelques témoignages.

Le Bareu

La rive où s'est écrasé l'avion
























Déchiquetés, quelques restes humains ont été projetés à 175 m de l'impact. Les passagers étaient tous attachés. Les restes du pilote ont pu être étudiés et la conclusion est une intoxication au monoxyde de carbone dans le poste de pilotage, ayant provoqué une altération qui a conduit à l'erreur humaine, erreur de navigation, d'ailleurs le poste de pilotage a cessé d'émettre sur Perpignan quelques instants avant l'impact. L'enregistreur de vol a été retrouvé et a permis le décryptage de l'accident de façon précise.
Le monoxyde de carbone était en quantité importante dans le corps du pilote; aujourd'hui, cette hypothèse de la cause de l'accident fait encore polémique.

Revenons à nous, en ce jour de 24 novembre 2024.
 Nous virons de bord également  et reprenons le chemin du retour par où nous sommes arrivés, pour être à l'abri du vent parce que nous n'avons pas d'autre chemin hormis la remontée du Serrat de las Llenyes.


3 eme partie du trajet, retour. Dans les cercles, zones 
de débris



Végétation actuelle des terrasses

Je me souviens avoir vu un petit débris à Soteilles sur le sentier : il n'y est plus, peut être quelqu'un l'a emporté ? Je m'écarte du sentier et quelques débris déchiquetés gisent au sol. Nous les observons sans les déplacer, ils ont droit à leur sépulture.

Débris divers à Sotelles

Sur la crête proche de Soteilles, nous décidons d'aller à la recherche de ce débris que j'avais vu, en 2023.. Ai-je rêvé ? Ma mémoire défaille t'elle ? 
Soteilles  bascule en face nord de manière assez douce d'abord, avec de larges terrasses et deux bâtiments ruinés,  puis fonce dans la grande pente à 45° en terrasses plus serrées mais le relief est si escarpé que pour voir les suivantes, il faut à chaque fois descendre. On rencontre des ruines de bâti assez spectaculaires.

1er cortal

2 eme cortal



Le 2eme cortal



Une idée de la pente qui plonge vers le Bareu, en terrasses jadis cultivées


 Et enfin je les vois, les débris : un éparpillement de grosses pièces que nous allons voir, à la fois par curiosité et à la fois comme un pèlerinage aux victimes, avec beaucoup d'émotion et de respect. Le ressenti des 88 personnes me hante, mais ont ils eu le temps de réaliser ? 
C'est angoissant, émouvant, j'ai le besoin de toucher ces pièces avec délicatesse, je reconnais que seule, je n'aurais jamais pu. Les explications techniques de Claude dédramatisent un peu la chose et mes infimes notions mécaniques ouvrant sur la curiosité me font considérer tel tuyau, tel boulonnage de façon à évincer le côté émotionnel.

Parties très rivetées


Moteurs


Tuyaiterie d'hydraulique semble t'il


Tubulures, rivetage , et même un interrupteur



Ensuite nous amorçons le retour hors des lieux de l'accident, nous en parlons encore un moment et peu à peu la magie des paysages, des couleurs, des ruines se remet à habiller notre sortie. 

4 eme partie du trajet, le retour



Automne sur le sentier

Cortal de l' Endorneu

Le secteur aujourd'hui a repris sa vie, la végétation ses droits, les cultures ne sont qu'un souvenir, et les multiples accidents d'avions des années 60 en secteur Canigou ne sont qu'archives, les progrès sont passés par là.


Josy et Roxane



Cortal de l'Endorneu et Agulles en face

Pour nous, une journée qui fut émouvante et belle tout à la fois.
Un pèlerinage, disais-je...


Py, nous voilà de retour !

Document 1 : le Journal Officiel de décembre 1968, relatant de façon détaillée l'accident (clic)

Document 2 : lire ci-dessous les commentaires / témoignages d'un jeune habitant de Py relatant le traumatisme de cette vision

Le trajet enregistré par Claude Calvet. 9.1 km




samedi 23 novembre 2024

Conflent : Py, la balade d'initiation.

 Il est vrai que dans le secteur, j'ai parcouru des km à profusion, en toutes saisons et pas tous en sentier balisé. D'ailleurs des sentiers balisés il y en a si peu. Pour les autres, le territoire est vaste, grandiose et recèle des vestiges "à chaque coin de rue", soit au milieu de nulle part, à des heures de marche, il faut oser s'aventurer. Et l'aventure ça me connaît.



En ce dimanche je ne pars pas à l'aventure mais j'emmène deux amis à la découverte et pour découvrir "la substantifique moelle" de cette nature, il est un chemin que je recommande car il comporte un échantillonnage parfait de ce que fut le secteur il y a très longtemps et ce qu'est son charme actuel.

C'est une simple boucle de 10 km que l'on va faire dans le sens des aiguilles d'une montre, tranquillement, on va prendre notre temps, on est là pour visiter.

Claude et Josy vont en prendre plein les yeux et faire une moisson de photos, Roxane va doubler la distance, au moins, normal elle a le double de pattes que chacun de nous...euh, je dis n'importe quoi là !

Le double de pattes ? Pas toujours

Et moi, je vais raconter et essayer de leur donner envie de revenir plus haut, plus loin, moins classique.

Allez, c'est parti !

On descend sur la Rotja (rivière ) qui vient de tout là haut et bondit de rochers en cascades, auréolée d'écume. La baignade, on peut la rêver, pas la tenter. Premier "spectacle" les énormes murs d'énormes rochers. La construction nous pose questions. On essaie de les résoudre.

Le pont sur la Rotja

Les câbles d'ancien transport du bois zèbrent le ciel, rouillés et muets.

Archives mai 2019

Tout de suite ce sont de merveilleux chemins pavés, qui montent, virent et fascinent. Je sais que dans cette montagne c'est un élément important : voies de pénétration, d'exploitation agricole et forestière au fil des âges et même ayant servi à l'exode espagnol pendant la guerre civile de 1936, le chemin de la Retirada.









Les Agulles

Les ors de l'automne  sur les arbres et sur les vêtements


On croise le premier étage des canaux de Py, dont un premier canal que j'ai suivi, plutôt cassé, cabossé mais grandiose. Juste après le pont de la Rotja.

Il y a aussi l'ancienne carrière de marbre blanc, un marbre saccharoïde très pur et pourtant peu exploité, bien qu'il le fut déjà au Moyen Age,  pour des raisons de transport, trop loin du grand axe de la vallée de la Têt. Ici le chemin est pavé de blanc et sous le gris terne des falaises se cache le blanc étincelant.


La carrière de marbre blanc (Archives 2019)
Le blanc est caché sous le gris










Passé tout cela, on suit le chemin pavé et le regard erre à travers des arbres semi dénudés mais dont certains sont parés de flammes. Et que voit on ? Les Agulles, un relief escarpé de roches dont certaines sont pointues comme des aiguilles, sur la rive en face, soit rive gauche. Py se dessine dans notre dos, strié de dentelles. 

Ce chemin pavé se loge parfois dans une ancienne falaise tranchée par les bâtisseurs. On rencontre le 2nd canal, celui que j'ai suivi en son entier, un entier parfois en pointillés car fort dégradé, voire disparu et que j'ai conté ici .(clic) . Je n'y amènerai personne, du moins vers l'amont. Par contre vers l'aval, c'est superbe. Alors je le raconte à mes amis.

A présent, c'est au tour des anciennes habitations de s'offrir à nous : elles nous attendent sagement au bord du chemin, mais si on est un peu curieux, on peut grimper et aller les visiter, ces jolis cortals du passé et ces petites maisons qui avaient alors des toits de paille. Des fils de fer pendouillent des toits béants, une grosse pierre leste ces filins, c'était leur poids qui maintenait la paille sur le toit. Certains ont eu plus tard une vraie toiture de tuiles ou de lauzes, voire...de tôle ondulée.

Ruine sentinelle au bord du chemin

Des abords de Cantapoc jusqu'aux Salètes, on visitera du bâti. De façon sporadique ou groupée, mais comme les arbres sont dénudés, une ou autre ruine à l'écart nous montrera sa façade et son toit béant.


Un magnifique cortal partagé en deux


Vu de profil 


Fenêtre

Porte 







Souvent, dans ces montagnes, une "porte fenêtre" donnait sur la pente derrière la bâtisse : cela permettait d'engranger foin et récoltes facilement à l'étage.

L'accès au "fenil"
Maison bâtie sur un immense rocher

Les terrasses et leurs murettes sont un instant de fascination : leur taille, leurs étages jusqu'à la rivière tout en bas, ou leurs murs solides en contrehaut font du paysage un amphithéâtre de gradins envahis d'arbres.

Je sais aussi que des câbles sont disséminés dans ces pentes, ils remontaient le bois coupé jusqu'au chemin : quel rude labeur au vu de l'escarpement.

Par moments on voit ou on entend mugir la Rotja; les cris des travailleurs ont depuis longtemps déserté la montagne. La dentelle des branches nues permet une jolie approche du paysage, jusqu'aux lointains tout en haut. Mes amis se régalent et moi tout autant de leur présenter tout cela comme si cela fut chez moi. Et comme si je le voyais pour la première fois. Le temps est magnifique, grand bleu, douceur automnale, on ne pouvait espérer mieux

Nous poursuivons le chemin vers les Salètes où un "vaste complexe d'habitat " soit 5 ruines nous attend, logé en un coin près de la surface cultivable soit une série de belles terrasses descendant vers la rivière.
                                                                                        


Justement voici l'habitat des Salètes : habitat temporaire je suppose car autrefois l'enneigement était intense dans ces montagnes, et les avalanches aussi.

Le décor des parcelles des Salètes






La plus vaste demeure.



Miracle d'équilibre !









La rivière de la Salette est bien glacée dans son trou d'ombre que ne frôle pas le moindre rayon de soleil, elle va rejoindre la Rotja pour s'y noyer, une passerelle permet une traversée confortable.

Rivière la Salètes


On y va justement à La Rotja, je montre à Claude et Josy où se trouvent d'anciens chemins aujourd'hui disparus mais que j'ai parcourus, je sais les canaux qui puisaient leur eau dans la Salètes, je sais les cortals qui dorent leurs ruines au soleil, mais je ne sais pas tout. Je me rends compte en esquissant tout cela que j'en ai fait du chemin là bas . C'est impressionnant. La mémoire renaît au fil des pas.

Nous passons dans des coins d'ombre et d'humidité glacée où des jeunes cèpes ornent le sentier : incroyable petite récolte.

Aux abords de la Rotja, le paysage blondit, sur l'autre rive ensoleillée. J'évoque ici ma remontée de la Rotja, une ruine, un petit canal, une montée ardue dans une pente où ne vont que les chasseurs, tout ce qui fit de cette balade un moment d'exception.


Prairies du bord de la Rotja



Erable


Dentelles de pierre

La montagne ici est un vrai livre de contes. Dont je feuillette quelques pages au gré de mes déambulations .

Nous allons vers la passerelle de la Rotja au gré des prairies qui s'étagent en cette rive droite que nous allons quitter. Derrière les arbres nus des falaises de pierre impressionnent le regard.

La passerelle n'est pas branlante mais glissante, et ouvre sur d'autres prairies : il y a de l'habitat adossé aux rocs, la place dévolue aux prairies était primordiale. Je découvre un canal que je n'avais jamais vu, nous nous aventurons un peu mais il est démoli, encombré et, pour une efficacité optimale, les bâtisseurs étaient allés chercher loin la prise d'eau; voyage impossible sans défricher.

La demeure longée par le canal


Et la cabane pastorale

Ici nous abordons le retour : il aura son charme malgré l'absence de curiosités particulières : pas de terrasses, pas de murettes ni de "maisons". Mais depuis cette balade, je sais un site que la vue aérienne a rendu bavard, je sens que ma visite y  est proche. Sur cette rive gauche, des arbres denses, un sentier étroit, des falaises, des couloirs fonçant vers la rivière, c'est escarpé, humide, exposé en face nord, mais flamboyant : les chênes sont tout feu tout flamme et les trouées vers la rive opposée grandioses.

Vallée de la rivière Saletes


Tout feu

Tout flamme




Contemplation
Action


Les gardiens du chemin



Les lointains de la rive opposée


Nous attendrons longuement de retrouver le soleil pour nous restaurer. 

Le soleil passera derrière les crêtes alors que nous terminons la pause sur ce belvédère magistral d'où nous "lisons" la rive d'en face jusqu'au sommet où tournoient les vautours : on sait ce qu'ils y attendent!

                                                                                         




Vallée de la Rotja


Ce retour nous rapprochant du village quelques ruines nous saluent au passage avec leurs murs cyclopéens, le chemin du Mal Sola n'a qu'une croix jaune à nous montrer et moi qui sais le décor au bout de ce chemin, je pense que Claude et Josy ne refuseront pas une prochaine invitation. 

Curieux chemin bâti sur le vide


Au lieu de descendre directement sur Py, je les conduis dans la pente sévère qui ramène à la Rotja. En bas la rivière est splendide, elle s'enfouit dans une petite gorge, entre cascades, vasques et toboggans. 


L'un 

L'autre


Et les trois



Encore et toujours une ruine de maison

Canal suspendu

Si on suit le GPS le parcours est trompeur : en effet la passerelle a été déplacée vers l'aval, à deux reprises et le passage nouveau qui m'était inconnu est amusant, moins pour les personnes aux pieds peu sûrs. 
La Rotja


La passerelle du temps passé (détruite)



Version 2019



                                                                                             
 
Version actuelle


Aucune des trois passerelles n'est au même endroit !
Nous revoilà en rive droite et on entre dans un magnifique paysage de longues terrasses longeant la rivière, étoilées de bâtiments, et prolongées d'un superbe chemin pavé, taillé dans le roc, je dirais presque le point d'orgue de cette somptueuse rando qui est une exceptionnelle page de géographie sur Py. Oh il en est d'autres de pages car c'est un des plus fascinants sites du Conflent. Quand je pense que j'ai mis si longtemps à m'y aventurer! Pourquoi ? Parce qu'une intuition me disait "si tu y mets les pieds tu ne sauras plus t'en détacher" ! Et c'est bien vrai...











C'était une maison grise adossée au grand rocher




Oh quel chemin ...





Il n'y a plus qu'à regagner Py





En bas là bas (ph C Calvet)



En chiffres : balade de 10 km, petit dénivelé et temps de marche selon les temps de visite ou flânerie.