Il paraît que l'étang de Lanoux était le plus grand des Pyrénées.
Je dis "il paraît" car il est, depuis 1960 un barrage. Et non plus un lac.
Le Lanoux est situé aux confins des Pyrénées Orientales, au pied du Pic Carlit, non loin de l' Ariège
et de l' Andorre.
Pyrénées Orientales |
Situation du Lanoux |
J' y suis allée plusieurs fois et si la balade est longue, plus de 12 km aller / retour, elle est facile car elle a un tout petit dénivelé, 400m, elle suit les courbes de niveau et surtout , à flanc de vallée, elle est très belle.
Et accessible au plus grand nombre.
Du Lanoux, s'ouvrent des sentiers de hauts sommets, à plus de 2800m (Coma d' Or, Pedros, Grave) et une rando mythique au sommet du Carlit, 2921 m le "toit" des Pyrénées Orientales
Ces photos extraites de mes archives montrent ce lac vu des sommets, il est lui même à 2213 m.
Ce dimanche de juin, Camille et moi allons à sa rencontre par "le chemin des ingénieurs", sous la pluie battante. Une bien belle balade m'attend.
Un peu d'histoire et d'histoires:
A l'origine, El Lanos était un grand lac séparé en deux sous la surface de l'eau (à -24 m )par un éperon rocheux. Il a été étudié par deux éminents personnages, l' Abbé Ludovic Gaurier (1875-1931) chargé de mission au Ministère des Travaux Publics et son prédécesseur Emile Belloc spécialiste des lacs pyrénéens, en vue de la construction d'un barrage.
Emile Belloc officia dans les années 1895; au Lanoux il étudia la flore lacustre , il découvrit une sorte d'éponge végétale, il étudia les minéraux, la faune et avec un appareil inventé par ses soins il ne put cartographier le lac trop agité. Il parcourut le lac en tous sens en bateau. ce savant était aussi un excellent violoniste mais souhaitait que son talent restât caché !
Il fit une étude qui amena le début des travaux en 1914, interrompus pour cause de guerre et repris entre 1957 et 1960. Les eaux ont aussi une histoire originale.
Le Lanoux donne naissance au Carol, affluent du Sègre, fleuve espagnol : donc ce barrage français allait alimenter l' Espagne ? Une galerie traverse la montagne, détourne les eaux vers la France, en Ariège, au détriment des eaux du Sègre. Un contrat fut alors conclu entre France et Espagne et chaque année, la France "doit" un certain volume de m3 à l' Espagne et fait donc un lâcher des eaux en conséquence via le Carol vers le Sègre : tout simple, non ?
Il y a aussi une autre histoire, très poétique et complexe, celle des "Encantades", des fées lacustres...accompagnez moi au lac, vous les verrez peut être...moi, non. Je n'y suis pas arrivée.
Camille sous pluie |
Moi, hors pluie |
Le sentier des ingénieurs fut celui que ces derniers et les ouvriers utilisèrent pour la construction du barrage; il est très bucolique sur ses 6 km de long, peu pentu, aménagé et suit la rive gauche du Carol.
Nous y trouverons beaucoup de fleurs et d'eau, c'est de saison.
cabane presque lacustre |
veilleurs de jour |
Rhododendrons dans tous leurs états |
Chemin de roc |
Chemin faisant, dans l'eau, le roc ou la terre, nous grimpons au milieu des fleurs.
Chemin...chemins
Chemin de pierre |
Chemin d'eau |
La rive droite n'a rien à nous envier : là bas, ça dégringole encore plus, juste barré par le trait fin du sentier du retour.
Et la montagne veille sur nous, grandiose, altière, aguichante. dentée, crochue, attirante.
Serait ce le royaume des fées, ces "encantades " que tout le monde espère...?
Enfin se profile un vestige du passé : la cabane des ingénieurs? Je ne sais ce qu'est cette ruine
Seule une inscription me paraît digne d'intérêt.
Je ne suis pas fâchée après cette longue route de voir se profiler le barrage et ses 42,5 m de hauteur
Le Pic Carlit, notre dôme, coiffé de brume culmine à 2921m.
Un puits de lumière bleue...s'y seraient réfugiées les "encantadas"? |
A moins qu'elles ne dansent à ras du sol revêtues de bleu ?
Mais ce sont des gentianes, voyons!
Face à ces bouquets de gentiane acaule, à l'abri de la digue et des vents glacés, nous prenons notre repas
Puis je fausserai compagnie à Camille pour la descente car notre rythme , malheureusement, diffère trop...et m'épuise.
Alors je file comme le vent...
Rive gauche : le sentier des ingénieurs (gauche sur la photo) |
Cette galerie qui ouvre un oeil tout noir vers le centre de la terre émet un puissant mugissement: elle est là pour rappeler que l'eau a une étrange vie souterraine , qu'elle file vers l'Ariège, venue du barrage, vers son devoir électrique .
Trou d'ombre mystérieux et inquiétant; fascinant...
Et je file toujours vers "en bas".
Rive droite, mon chemin de retour (mon préféré) |
Orchidées |
"Moi, je te retrouve au milieu de tes fleurs, pour toi la vie a toutes les couleurs" chantait Julio Iglesias, autrefois...
Je pourrais dire cela au ruisseau qui dévale de la montagne.
Et au lac de Fontvive aussi...
Et puis partout sur le sentier...
Plus tard...dans la soirée nous restons trois bivouaqueurs : Camille, moi et un pêcheur de rencontre: une courte soirée conviviale autour d'un repas, faute du feu de camp.
Trois ? pardon...Quatre...Et Lison !
Sur mon 2nd blog, quelques notes en fête (clic)