vendredi 27 juin 2014

Le chemin des ingénieurs

Il paraît que l'étang de Lanoux était le plus grand des Pyrénées.
Je  dis "il paraît" car il est, depuis 1960 un barrage. Et non plus un lac.
Le Lanoux est situé aux confins des Pyrénées Orientales, au pied du Pic Carlit, non loin de l' Ariège
 et de l' Andorre.

Pyrénées Orientales

Situation du Lanoux













J' y suis allée plusieurs fois  et si la balade est longue, plus de 12 km aller / retour, elle est facile car elle a un tout petit dénivelé, 400m, elle suit les courbes de niveau et surtout , à flanc de vallée, elle est très belle.
Et accessible au plus grand nombre.

Du Lanoux, s'ouvrent des sentiers de hauts sommets, à plus de 2800m (Coma d' Or, Pedros, Grave) et une rando mythique au sommet du Carlit, 2921 m le "toit" des Pyrénées Orientales




Ces photos extraites de mes archives montrent ce lac vu des sommets, il est lui même à 2213 m.

Ce dimanche de juin, Camille et moi allons à sa rencontre par "le chemin des ingénieurs", sous la pluie battante. Une bien belle balade m'attend.
Un peu d'histoire et d'histoires:
A l'origine, El  Lanos était un grand lac séparé en deux sous la surface de l'eau (à -24 m )par un éperon rocheux. Il a été étudié par deux éminents personnages, l' Abbé Ludovic Gaurier (1875-1931) chargé de mission au Ministère des Travaux Publics et son prédécesseur Emile Belloc spécialiste des lacs pyrénéens, en vue de la construction d'un barrage.
Emile Belloc officia dans les années 1895;  au Lanoux il étudia la flore lacustre , il découvrit une sorte d'éponge végétale, il étudia les minéraux, la faune et avec un appareil inventé par ses soins il ne put cartographier le lac trop agité. Il parcourut le lac en tous sens en bateau. ce savant était aussi un excellent violoniste mais souhaitait que son talent restât caché !

Ludovic Gaurier estima la capacité de barrage à 84 hectares, en fait il mesure 158 ha et 70 millions de m3 d'eau.
Il fit une étude qui amena le début des travaux en 1914, interrompus pour cause de guerre et repris entre 1957 et 1960. Les eaux ont aussi une histoire originale.
Le Lanoux donne naissance au Carol, affluent du Sègre, fleuve espagnol : donc ce barrage français allait alimenter l' Espagne ? Une galerie traverse la montagne, détourne les eaux vers la France, en Ariège, au détriment des eaux du Sègre. Un contrat fut alors conclu entre France et Espagne et chaque année, la France "doit" un certain volume de m3 à l' Espagne et fait donc un lâcher des eaux en conséquence via le Carol vers le Sègre : tout simple, non ?

Il y a aussi une autre histoire, très poétique et complexe, celle des "Encantades", des fées lacustres...accompagnez moi au lac, vous les verrez peut être...moi, non. Je n'y suis pas arrivée.



Camille sous pluie

Moi, hors pluie


Le sentier des ingénieurs fut celui que ces derniers et les ouvriers utilisèrent pour la construction du barrage; il est très bucolique sur ses 6 km de long, peu pentu, aménagé et suit la rive gauche du Carol.
Nous y trouverons beaucoup de fleurs et d'eau, c'est de saison.
cabane presque lacustre

veilleurs de jour


Rhododendrons dans tous leurs états


Chemin de roc
Chemin faisant, dans l'eau, le roc ou la terre, nous grimpons au milieu des fleurs.


Chemin...chemins


Chemin de pierre

Chemin d'eau



La rive droite n'a rien à nous envier : là bas, ça dégringole encore plus, juste barré par le trait fin du sentier du retour.

Et la montagne veille sur nous, grandiose, altière, aguichante. dentée, crochue, attirante.
Serait ce le royaume des fées, ces "encantades " que tout le monde espère...?



Enfin se profile un vestige du passé : la cabane des ingénieurs? Je ne sais ce qu'est cette ruine


Mais à peine plus loin, le bâtiment EDF, très beau, ouvre une partie de son domaine aux randonneurs. je suis toujours navrée par les obscénités étalées sur les murs.

Seule une inscription me paraît digne d'intérêt.

Je ne suis pas fâchée après cette longue route de voir se profiler le barrage et ses 42,5 m de hauteur



Le Pic Carlit, notre dôme, coiffé de brume culmine à 2921m.



Un puits de lumière bleue...s'y seraient réfugiées les "encantadas"?



A moins qu'elles ne dansent à ras du sol revêtues de bleu ?
Mais ce sont des gentianes, voyons!
Face à ces bouquets de gentiane acaule, à l'abri de la digue et des vents glacés, nous prenons notre repas

Puis je fausserai compagnie à Camille pour la descente car notre rythme , malheureusement, diffère trop...et m'épuise.


Alors je file comme le vent...

Rive gauche : le sentier des ingénieurs (gauche sur la photo)






Cette galerie qui ouvre un oeil tout noir vers le centre de la terre émet un puissant mugissement: elle est là pour rappeler que l'eau a une étrange vie souterraine , qu'elle file vers l'Ariège, venue du barrage, vers son devoir électrique .
Trou d'ombre mystérieux et inquiétant; fascinant...


Et je file toujours vers "en bas".



Rive droite, mon chemin de retour (mon préféré)
Orchidées



"Moi, je te retrouve au milieu de tes fleurs, pour toi la vie a toutes les couleurs" chantait Julio Iglesias, autrefois...
Je pourrais dire cela au ruisseau qui dévale de la montagne.



Et au lac de Fontvive aussi...

Et puis partout sur le sentier...

Plus tard...dans la soirée nous restons trois bivouaqueurs : Camille, moi et un pêcheur de rencontre: une courte soirée conviviale autour d'un repas, faute du feu de camp.


Trois ? pardon...Quatre...Et Lison !





Sur mon 2nd blog, quelques notes en fête (clic)




lundi 23 juin 2014

Mozart, les taureaux et moi...

Ce samedi 21 juin, c'est la fête de la musique.
C'est aussi l'été.





Alors j'ai décidé de fêter tout cela à la fois.
Comme je vais en montagne ce sera en solo, mais je veux quelque chose d'original.
Je ne serai pas déçue...

Me voici à Sansa, petit village qui a déjà fait l'objet d'un billet (clic).
En vue pour demain, le pic de Madres, 2464 m.

Dans mes bagages, il y a Mozart.
J'emprunte la piste de terre et, au son du Requiem, le troupeau s'immobilise devant mon fourgon.
Croyez que si je fanfaronne c'est parce que je ne suis pas à pied!
je suis plus sobre, enfin, discrète,  en montagne...


Mozart leur plait tellement que je couperai le moteur et longuement nous écouterons ensemble le Dies Irae et autres..
Mais ces dames ne sont pas seules...
Leurs beaux mâles les accompagnent...et aiment tout autant Mozart.
Le Requiem...aura au moins une fois dans leur vie  préparé leur abattage programmé....Triste certitude.






Enfin ils consentent à nous abandonner Mozart et moi et je reprends la piste 
déserte comme vous l'imaginez...

Me voilà donc au terminus, le Pla de l'Orri 1675m
D'ordinaire je ne couche jamais dans les lieux déserts mais fête de la musique oblige, je voulais pouvoir écouter la musique dans toute sa plénitude.

Donc un peu plus tard, dans la nuit qui tombe, je me plais en compagnie de la forêt, de la clairière, et de Mozart.
Lison ne doit pas aimer, elle a refusé de venir.
Un petit Riesling mis au frais dans le torrent va accompagner la 40 ème de Mozart.

Tandis que les notes s'envolent dans le soir venu, je joue avec la lumière dans mon verre de Riesling.





Des petits lumignons au parfum d'agrumes éclairent le soir naissant et le vin blanc d' Alsace .




















La lumière ajoute la fantaisie





Et même un sourire naît sur la face blonde du vin....

Pendant ce temps, la 40 ème s'étale dans la prairie, les forêts odorantes, s'enroule autour des rochers de granit, se baigne dans l'eau froide du ruisseau, vient me bercer sur mon rocher d'où je regarde descendre le bleu sombre de la nuit, et peut être même va murmurer au loin dans les oreilles du troupeau..
.


Puis le silence revient, la nuit est noire à présent, je regagne mon lit et je m'endors, porte ouverte sur les parfums des pins  et les lumières de millions d'étoiles dont la Grande Ourse qui ne me quitte pas des yeux pendant mon sommeil...De temps en temps je lui lance un coup d'oeil endormi,
mais cela ne la décourage pas. Elle veille sur mon sommeil.


Mon camion dans la nuit


Et moi qui n'aime pas dormir dans les lieux déserts, j'ai passé une des plus belles nuits de ma vie, empreinte d'une incroyable sérénité.
Est ce la faute à Mozart ?

Un petit matin lumineux me voit prête à la randonnée au Madres , il est 6 h la lune est là.



Mais qui vois-je ? Je rêve ?
Non, mon troupeau arrive au grand complet et vient me saluer...
Tiens donc, chercheraient ils Mozart ?


Messieurs dames je reviendrai...
C'est promis
Avec Cherubini, Rossini, ou Verdi ...


2 billets sur mon 2nd blog

Le bonheur (clic)                                             La vieillesse (clic)






Additif : Chantalou,(clic) une sympathique bloggueuse, séduite par Lison, Mozart et autres m'a publiée sur son blog qui est vraiment à découvrir; c'est une amoureuse des textes, entre autres.