Ici, plus bas, dans le massif des Albères, à moins de 1000m d'altitude, ce sera
tempête du Nord, encore plus violente.
C'est une aube maussade qui nous voit partir ce matin là....Pour le Massif des Albères culminant à 1257 m
la tour de la Massane, au dessus de Sorède 793 m |
La tramontane est un vent du nord froid et violent pouvant atteindre plus de 150 km /h (près de 200 parfois ) en bord de mer ou en montagne, ce jour il doit avoisiner les 130Km /H, ce n'est pas du gâteau.
Pendant un moment nous suivons la Massane, torrent pouvant devenir impétueux, voire féroce.
Ensuite le sentier démarre dans la suberaie et grimpe fort, vif, plaisant.
Un très vieux chêne liège |
Le sentier monte tout le temps en sous bois, d'abord dans une très vieille suberaie (chênes liège), ensuite dans une végétation de chênes verts et bruyères , où nous sommes abrités du vent que l'on entend mugir comme des chutes d'eau ou de grands rouleaux de l'océan.
Sous le couvert des "alzinas" (chênes verts) |
Passé un petit col où Françoise déploie la "bandera catalane", drapeau catalan indépendantiste, nous cheminons dans un sentier beaucoup moins ardu qui ouvre parfois sur des vues à couper le souffle : la plaine du Roussillon, le port artificiel d' Argelès, l'embouchure (Bocal = bouche) du Tech et évidemment, le clou du spectacle, Collioure et les vignobles du Cru Collioure ou du Cru Banyuls, en terrasses et courbes de niveau, vignoble qui, hélas, a beaucoup régressé au fil des ans.
La Méditerranée et la plaine du Roussillon |
Sur la mer danse l'ombre des nuages et frisent les vagues poussées par la tramontane. Frisson garanti, en bas.
Port Argelès |
Collioure et le vignoble |
L'embouchure du Tech (el bocal) |
Collioure (quel télé !) distance 5.6 km, altitude 650 m |
Vignoble en terrasses |
Nous grimpons sans périr de chaleur, ni de soif ! Sous le couvert végétal
Le temps est aigre et peu plaisant. Plus nous montons et plus la probabilité de tous nos projets se réduit.. Le Pic de Sailfort, les Couloumates, les crêtes, le chemin de l'eau et son tunnel sont en train de tomber à l'eau emportés par la "Tram".
Les crêtes sont vêtues d'une parure de givre surgi des tréfonds de cette nuit et quelques billes craquantes étoilent notre parcours.
Au sortir de la forêt, c'est comme une grande gifle, des coups de boutoir qui au mieux font reculer, au pire flanquent au sol (ce qui m'adviendra).
Courageux nous parvenons au pied de la tour ,793 m : impression d'être à la proue d'un grand navire fendant l'océan déchaîné. Froid intense; décuplée par le vent, la température négative nous expédie dans un petit coin de toundra.
On se dissimule comme on peut en un précaire abri sous rocs, au pâle soleil, pour déboucher une bonne bouteille et savourer quelques charcuteries , mais c'est décidé, le repas sera remballé et achevé plus tard devant le feu de bois de ma cheminée, en bas, là bas, en plaine....Où c'est pas mieux, en plaine...mais on est au chaud !
Les 3 courageux du 22 février 2015 |
Mais parlons un peu de la tour :
Son existence est mentionnée en 1293 sous le nom de Torre de Perabona (la bonne pierre).
Elle fait partie d'un réseau de tours de surveillance et à signaux mentionné déjà par Tite Live, permettant de communiquer entre la mer (Collioure, résidence d'été des Rois de Majorque) et la Cerdagne, aux confins montagneux du département.
Construite sous Jacques 1er d' Aragon, elle eut au cours des siècles un rôle de surveillance tantôt sous le roi espagnol, tantôt sous le roi français puisque c'est une zone frontalière.
Tour de surveillance, tour de guet, tour à signaux, elle fonctionna (place d'armes) jusqu'en fin du 18 eme puis tomba en ruines.
1982 / 1992, une association la restaure, montant tous les matériaux à dos de mulets.
Alpinisme de restauration ! |
Les tours à signaux du département 66 |
L'architecture des tours :
Souvent cylindriques, sur une base conique, elles étaient hautes de 10 à 15 m, nanties d'un escalier intérieur en colimaçon autour duquel s'ordonnaient des meurtrières. Au sommet, une plate forme portait une cage de fer dans laquelle brûlait le feu qui envoyait des signaux codifiés.
Un toit les coiffait.
Tour de la Massane ci -contre.
Voilà comment un jour de tempête ouvrit sur une page d'histoire....