vendredi 27 février 2015

Tempête à la Massane

L'été dernier j'avais été confrontée à une tempête du Sud, au Cambre d' Ase (clic), à près de 2700m d'altitude.
Ici, plus bas, dans le massif des Albères, à moins de 1000m d'altitude, ce sera 
tempête du Nord, encore plus violente.
C'est une aube maussade qui nous voit partir ce matin là....Pour le Massif des Albères culminant à 1257 m


la tour de la Massane, au dessus de Sorède
793 m

La tramontane est un vent du nord froid et violent pouvant atteindre plus de 150 km /h (près de 200 parfois ) en bord de mer ou en montagne, ce jour il doit avoisiner les 130Km /H, ce n'est pas du gâteau.



Nous sommes courageux et partons quand même, certes il n'y aura pas foule mais quelques courageux, oui.
Pendant un moment nous suivons la Massane, torrent pouvant devenir impétueux, voire féroce.


La rivière  La Massane









Ensuite le sentier démarre dans la suberaie et grimpe fort, vif, plaisant.



Un très vieux chêne liège

Le sentier monte tout le temps en sous bois, d'abord dans une très vieille suberaie (chênes liège), ensuite dans une végétation de chênes verts et bruyères , où nous sommes abrités du vent que l'on entend mugir comme des chutes d'eau ou de grands rouleaux de l'océan.


Sous le couvert des "alzinas" (chênes verts)


Passé un petit col où Françoise déploie la "bandera catalane", drapeau catalan indépendantiste, nous cheminons dans un sentier beaucoup moins ardu qui ouvre parfois sur des vues à couper le souffle : la plaine du Roussillon, le port artificiel d' Argelès, l'embouchure (Bocal = bouche) du Tech et évidemment, le clou du spectacle, Collioure et les vignobles du Cru Collioure ou du Cru Banyuls, en terrasses et courbes de niveau, vignoble qui, hélas, a beaucoup régressé au fil des ans.







La Méditerranée et la plaine du Roussillon


Sur la mer danse l'ombre des nuages et frisent les vagues poussées par la tramontane. Frisson garanti, en bas.
Port Argelès

Collioure et le vignoble

L'embouchure du Tech (el bocal)

Collioure (quel télé !) distance 5.6 km, altitude 650 m



Vignoble en terrasses



Sous le couvert végétal, le sentier

Nous grimpons sans périr de chaleur, ni de soif ! Sous le couvert végétal
Le temps est aigre et peu plaisant. Plus nous montons et plus la probabilité de tous nos projets se réduit.. Le Pic de Sailfort, les Couloumates, les crêtes, le chemin de l'eau et son tunnel sont en train de tomber à l'eau emportés par la "Tram".
Les crêtes sont vêtues d'une parure de givre surgi des tréfonds de cette nuit et quelques billes craquantes étoilent notre parcours.


Au sortir de la forêt, c'est comme une grande gifle, des coups de boutoir qui au mieux font reculer, au pire flanquent au sol (ce qui m'adviendra).


Courageux nous parvenons au pied de la tour ,793 m : impression d'être à la proue d'un grand navire fendant l'océan déchaîné. Froid intense; décuplée par le vent, la température négative nous expédie dans un petit coin de toundra.
On se dissimule comme on peut en un précaire abri sous rocs, au pâle soleil, pour déboucher une bonne bouteille et savourer quelques charcuteries , mais c'est décidé, le repas sera remballé et achevé plus tard devant le feu de bois de ma cheminée, en bas, là bas, en plaine....Où c'est pas mieux, en plaine...mais on est au chaud !

Les 3 courageux du 22 février 2015


Mais parlons un peu de la tour :

Madeloc et la Massane, deux voisines

Son existence est mentionnée en 1293 sous le nom de Torre de Perabona (la bonne pierre).
Elle fait partie d'un réseau de tours de surveillance et à signaux mentionné déjà par Tite Live, permettant de communiquer entre la mer (Collioure, résidence d'été des Rois de Majorque) et la Cerdagne, aux confins montagneux du département.
Construite sous Jacques 1er d' Aragon, elle eut au cours des siècles un rôle de surveillance tantôt sous le roi espagnol, tantôt sous le roi français puisque c'est une zone frontalière.
Tour de surveillance, tour de guet, tour à signaux, elle fonctionna (place d'armes) jusqu'en fin du 18 eme puis tomba en ruines.
1982 / 1992, une association la restaure, montant tous les matériaux à dos de mulets.


Alpinisme de restauration !
Les tours à signaux du département 66


















L'architecture des tours : 








Souvent cylindriques, sur une base conique, elles étaient hautes de 10 à 15 m, nanties d'un escalier intérieur en colimaçon autour duquel s'ordonnaient des meurtrières. Au sommet, une plate forme portait une cage de fer dans laquelle brûlait le feu qui envoyait des signaux codifiés.
Un toit les coiffait.

Tour de la Massane ci -contre.







                        Voilà comment un jour de tempête ouvrit sur une page d'histoire....

lundi 23 février 2015

Elle est devenue Princesse

Souvenez vous de ce chat abandonné, cette Cendrillon du Cambre d' Ase(clic) au regard triste...



Regardez là...Certes elle m'a fui mais ce qui compte c'est Elle, pas moi.
Elle est devenue Princesse...alors....


vendredi 20 février 2015

"Cà la Francisqueta" (chez la Petite Françoise)

C'est du Catalan, donc je vous conduis en Catalogne (sud évidemment).
On l'appelle aussi "la Cantina".
C'est à un curieux voyage que je vous convie : lecteurs d'ici, allez y, au moins une fois....mais réveillez vous tôt ! Quittez la France vers 11h30 du matin sinon vous ferez comme les 13 chats du coin,
 vous attendrez devant la porte.
Et quand on voit des chats devant un restau, c'est comme quand on y voit des camions ou des motos, l'adresse est bonne.
Où C'est ? A Llers à côté de Figueras, juste à la sortie 3 de l'autoroute, Figueras Nord.

Prenez donc la route de Llers, entrez dans le village, montez la rue pricipale et à l'angle de la place, suivez le panneau "Cà la Francisqueta", un virage sec à droite, un autre aussi sec à gauche, roulez un peu et vous verrez...rien ! C'est trop discret pour être vu mais....un vaste parking de terre plein de voitures (et de chats) vous indiquera le terminus. Alors seulement vous verrez cela 

Une maison ordinaire de village , une porte ordinaire et cette inscription:

 

Vous entrerez directement dans une salle au plafond voûté typiquement catalane, peinte en vert , décorée de nombreux tableaux sur les murs fluo.
Un effort a été fait dans la déco, les toiles cirées ont disparu, une nappe de papier habille les tables et les verres ont un pied
Les tables sont sont le plus souvent accolées car seule une quarantaine de personnes peut prendre place. On était 35 avant hier.
Le bruit est intense, ça parle fort car c'est convivial, bon enfant, et très prisé des français.

Je vais vous laisser découvrir ce qu'on mange et on boit pour 10 euros...oui 10 euros.

La salle à manger rectangulaire donne l'impression d'être l'entrée de la maison; à la suite une petite cuisine et un escalier qui monte à l'étage ou aux étages.
Car cette maison d'apparence ordinaire a un passé : conté dans cette coupure de presse au mur.

 

L'histoire de Francisqueta :
Francisqueta a ouvert en 1951 une Fonda c'est à dire une auberge qu'elle tenait avec son mari. Une cuisine simple, familiale. Le point de départ est original, elle a du héberger à l'improviste 3 jours durant, une troupe de musiciens, alors qu'elle était simplement serveuse dans un restaurant de Figueras .Les voisins l'ont aidée pour la vaisselle et le linge... Dans les familles traditionnelles, les filles étaient initiées à la cuisine par les femmes de la maison. Donc Francisqueta a pu remplir sa mission, y a pris goût et a créé cette auberge avec chambres. S'y succédèrent les employés de la route en construction, les soldats du camp militaire proche et Francisqueta avait à coeur de nourrir (et de materner) ces jeunes gens. La réputation de la maison se fit et perdura.
Plus tard sa fille l'aida car la clientèle était si nombreuse qu'elle devait faire 2 services.
Les produits étaient locaux et de saison : ainsi parfois elles allaient le matin chercher les escargots qui seraient servis à table!
Une cuisine riche,abondante, simple et variée comme actuellement.

J'ai connu ce restaurant par une amie et j'avais été séduite par l'ambiance, la vaisselle dépareillée, le côté rustique qui vous renvoie 50 ans ou plus en arrière.

Ce jour,  à table ,  nous sommes trois.
L'entrée : 2 tranches de jambon pour chacun en plus de la salade



Avec l'aïoli maison

Une bonne corbeille de pain
 Et une bouteille de rouge.
Dans la salle ça parle fort et français. Pour le moment.


Salvador Dali et des tableaux















Le premier plat servi, déjà je vois se profiler une grande soupière fumante à la cuisine
assiettes creuses dépareillées : pour la soupe











 2nd plat : l'escudella , une soupe garnie de viande et d'un morceau de hachis assaisonné.
 Parce qu'aujourd'hui il fait froid et le vent du nord souffle fort.



A peine le temps de terminer, la suite est annoncée...et je croyais que c'était fini. mais non !

Heureusement je me suis à peine resservie.









3 ème plat : un grand plat de macaronis à la tomate, garnis de viande de poulet effilée façon rillettes, c'est chaud, ça tient au corps.


Robe soutenue pour le rosé










Le vin s'achève ? pas de problème, une seconde bouteille fait aussitôt apparition sur la table. Du rosé, à ma demande. Un beau et bon rosé à la robe soutenue.


La salle s'est remplie, le bruit est assourdissant, on parle entre voisins. C'est original.

 

 Et le 4ème plat  arrive, odorant et doré  : une grillade variée avec frites






 On  n'a pas eu à choisir, bien qu'il y ait une carte, je présume qu'elle est réservée au dimanche




5 ème plat : le dessert
Ce jour c'est "Pa d'ous" soit le flan maison, aux oeufs et à l'ancienne!

 Je ne vous cache pas que nous ne sommes ni à court de protéines ni de calories....

Cependant, il reste encore une institution incontournable et "à l'ancienne" le café, servi dans des verres comme dans les demeures paysannes de chez nous.


 Arrosé comme il se doit ..on appelle cela en Espagne "un carajillo"; ici, je ne sais pas...



Bon c'est pas tout...faut reprendre la route...et digérer.
En tout cas pas l'addition ! Loin d'être indigeste, elle plafonne à 10 euros par personne ,
 tout compris.

Vous voulez les horaires ? Ils sont affichés, les voici



"Nous ouvrons quand nous arrivons
nous fermons quand nous partons
Si tu viens et que nous ne sommes pas là....
c'est que nous n'y sommes pas au même moment "

C'est l'évidence...bien joliment dit....

mardi 17 février 2015

Balade volcanique

L'Espagne - plus précisément la Catalogne- possède un superbe parc volcanique de 15 000 hectares .
Ce n'est qu'à 100 km de chez moi et ce dimanche maussade m'éloignant encore des montagnes neigeuses m'invite au pays des volcans.


Dont Castellfollit de la Roca (clic) est une des 11 communes.

Ce préambule posé, filons vite, les volcans m'attendent.
Titre de mon album 1996


Un précédent "voyage", voilà 20 ans m'a laissé des souvenirs délavés et colorés à la fois



C'était la page de mon album de jadis : octobre 1996

Le Parc est classé depuis 1982, il compte une quarantaine de volcans de type strombolien, 20 coulées de lave , le tout recouvert de chênes et de hêtres. Le paysage est de faible altitude, dominé par des crêtes de montagnes tourmentées.
La plus récente des éruptions a eu lieu voilà 11000 ans....une broutille...au Croscat


1/2 h de marche
Chat du volcan




Le volcan le plus typique est le Croscat au nom croustillant qui réveille ma gourmandise. Mais rien à croquer.
Même si les minuscules lapilli crissent sous mes pas dans le sentier qui parcourt sa base, au milieu des chênes verts.

Le parc est interdit à la circulation, les petites routes étant réservées aux paysans riverains. Pour nous, c'est 300 euros d'amende mini. De beaux parcours VTT sont aménagés mais pour eux aussi c'est très réglementé.
Cela ne m'étonne même pas que deux chattes viennent m'accueillir au parking.


Le Volcan Croscat , vu du ciel a un cratère en fer à cheval et une belle coulée de lave ensevelis dans la végétation.
Image Web
Cependant sa particularité c'est cette vaste entaille (160 m de hauteur) qui n'est autre qu'une exploitation minière close depuis 20 ans mais qui a le désavantage d'avoir massacré le volcan et l'avantage de nous en révéler la structure.
Le site a été protégé au maximum pour préservation.
En images:
L'exploitation minière
Ancienne tour de garde au sommet à 786 m


En mes souvenirs délavés les teintes sont plus vives mais en confrontant mes images de 20 ans, 
c'est bien faux.





Une bombe volcanique


Les couleurs et les graphismes sont impressionnants ; merveilleusement beaux.
Je m'arrache difficilement au site.
D'autres volcans sont à voir, mais je remettrai ma visite à des jours ensoleillés de printemps, en cette saison et ce jour grisâtre c'est un peu tristounet.

Tel l'étonnant volcan de Mieres au fond duquel, tranquille, vit une ferme...Le Mas Ombravella.
image web
Ou le volcan de Santa Margarida occupé par un ermitage
image web
Dans le parc classé, il existe des sites plus que préservés, donc 2 classements. Un petit dépliant au prix de 1 euro permet d'orienter ses visites. De façon fort appréciable, car dans cette végétation épaisse, se repérer est impossible.



extrait

Le Parc a une autre curiosité à ne pas découvrir à cette saison, par manque de charme : la hêtraie ou Fagèda d'en Jorda.
Cette vaste forêt de hêtres a poussé sur une coulée de lave ce qui est considéré comme un phénomène exceptionnel.
Je marche longtemps dans d'étonnants sentiers parfois abrupts parfois en sous bois, le tout dans des blocs de lave qui s'écartent parfois pour laisser place à des terrains cultivés où sont ancrées de solides fermes (masias)
Sentiers...déserts

Une masia (ferme)

Je préfère puiser dans mes images de 1996 pour vous inviter dans la fagèda ; les hêtres en automne ....dans cette forêt ce qui m'avait le plus impressionnée ne fut pas le phénomène botanique mais ces gros bouillons de lave immobilisés et refroidis en grosse boules ; entre ces bulles monstrueuses des bouches d'ombre créent des orifices et dans le silence des sous bois on peut les entendre souffler....
Ph argentique 1996


D'autres sites , les coulées de lave, chaotiques, tourmentées émaillent la nature. Recouvertes de végétation on ne les voit pas sauf près du Fluvia, à San Joan de las Fonts
Extrait de mon album 1996


20 ans de moins



San Joan de las Fonts

Rives du Fluvia













Pour conclure ce voyage de plusieurs milliers d'années dont les images oscillent sur deux dizaines d'années , je vous conduis aux portes de LA ville d'ici : Olot
Olot dont je vous parlerai dans un prochain billet ainsi que de Santa Pau, un des villages de la Zone Volcanique.
Olot construite au pied de trois volcans dont le Montsacopa




A bientôt donc, intra muros...de lave..cette fois.