jeudi 31 octobre 2019

Un automne en images : Haut Vallespir, 66

Pour une fois, je ne vais pas écrire. Je pourrais mais ce ne serait jamais aussi beau que ce que j'ai vu. Alors laissons le silence s'installer devant ces images comme il le fut en montagne.
Tout commence simplement à La Preste, petite station Thermale au dessus de Prats de Mollo. Là où se termine la route et commencent les sentiers.

J'ai été éblouie, subjuguée, je ne savais pas que je pouvais trouver cela en mon département, d'habitude je vais en Ariège... C'est tellement plus loin..Et tout aussi beau, jugez-en.
























Malheureusement j'ai loupé la photo, je suis dessus, mais j'adore cette élégante branche


















C'est tellement éphémère l'automne, surtout en montagne....(Altitude autour de 1600 m )
Route des Conques et du Fourquet,  La Preste


                                                                                                       30 octobre 2019



samedi 26 octobre 2019

Balade audoise pour deux chats

Elle nous a dit: "on va passer le week end entre chats"; on a entendu les mots "camion, dodo, Mathu, Nina" on avait tout compris et on attendait avec impatience parce qu'on aime ça.
Nina : "Moi j'aime mieux quand Mathu n'est pas là, il prend toute la place!"
Moi: "Enfin le camion est assez grand quand même"
Nina : "Oui mais il est gros!"
Mathu : "Tu dis quoi ?? Gros moi ?"
Bon...faut faire diversion..et vite...



Embarqués affaires, repas, chats et sacs à chats, et nous voilà partis. D'autorité Mathu colonise cuisses et genoux, c'est vrai, il est gros ma foi! Il ne les quittera quasi plus sur les 200 km du périple.
Des petites routes sous la grisaille, un week end pourri est annoncé.
J'ai décliné tous mes projets à cause de conjonctures négatives sur les axes routiers et surtout la météo ! Donc petites routes: je traverse le 66 du sud au nord et nous voilà dans l'Aude grise. Gris ciel, gris calcaire, mais avec mes chats la vie n'est pas grise.
Nina boude, elle boudera tout le séjour, je l'ignore encore.
Quéribus haut perché, Peyrepertuse tout autant, quelques coups d'oeil sont jetés la sentence féline tombe : "Toujours les mêmes !!" Ben oui, on ne les reconstruit pas tous les jours non plus...



Quéribus

Duilhac et Peyrepertuse
Moi : "Bon les chats, je vais faire un tour dans le Verdouble, vous m'attendez".
Nina : "Un verre double ? ça va pas nous simplifier la vie!"
Mathu : " Mais non c'est de l'eau ce Verre Double"
Et me voilà partie à l'assaut de petites gorges du Verdouble, poétiques et pittoresques à souhait. Courte balade ici contée. (clic)

Gorges du Verdouble à Duilhac

"Miaouhhh ! Ah déjà là ? "
Le jour décline et on part à l'aventure, je connais les routes et j'ai oublié la carte.
Nous tournons autour de la forteresse mi bâtie mi naturelle de Peyrepertuse : Duilhac et Rouffiac sont beaux au pied du château.

De Rouffiac je prends une petite route qui serpente sur 9 km dans un épais maquis que le soleil doré du soir ne traverse même pas. Une ou autre clairière est close par deux rangées de fil électrifié qui protègent une vendange tardive plus bleue que le ciel d'été...

Vignes sous Peyrepertuse

Arbouses et maquis
 Nina et Mathu : " Petite ? Tu crois ça toi ? Et si on tombe en panne là ??"
Moi : "Taisez-vous oiseaux de mauvais augure, on partira à pied, vous avez vos sacs" ( En sourdine, je me dis...comment je ferais , c'est le coin le plus paumé de l'Aude).
Mais on en sort indemnes et on se pose au village suivant parce que le soir tombe vite et la pluie peut être aussi. Montgaillard, un joli village perché sur la colline, je reste hors des murs entre cimetière (c'est calme) et cave coop désaffectée (encore plus calme). De belles mines de cuivre, barytine et argent dorment aussi de leur ultime sommeil, non loin d'ici. Je les connais.



Mathu : "Elle va où ?"
Nina : "Rendre visite aux voisins..."
Le cimetière est tout petit, sacrément ratissé et impeccable, pas une trace de pas; une double rangée de vénérables cyprès le partage en deux, Dieu qu'il est joli !

Cimetière de Montgaillard
























Soirée entre chats, eux et moi. Ronrons, repas, bavardages, silence obstiné de Nina, démonstrations de joie de Mathurin, tout sauf de l'ennui, rien que du bonheur, des ces bonheurs ridicules de simplicité et d'authenticité. Il fait doux, pas de chauffage, la lampe, une bougie, même pas envie de monter au village .

Scènes de la vie chat-l'heureuse

Je me couche tôt, un bon livre, une nuit sombre, Mathu contre moi, Nina qui s'autopunit sur le siège avant.
Un matin plus loin, tout a changé : le vent, descendu en rafales du Mont Tauch bien coiffé, a secoué et en ce matin gris, il pleut. Mathu a squatté sous la couette et Nina se couche sur moi, je lis, grasse matinée, tout le monde est content.

Matin pluvieux

Un peu de couleur dans la grisaille par dessus le Mont Tauch


Grass mat'
Mathurin : "Pourquoi tu fais pas ça à la maison?"
Nina : "Dis tu m'emmèneras toute seule avec toi ?" 
Pour marquer sa réprobation elle gifle Mathurin qui ne dit rien.



Je reprends la route, une journée sans prétention mais qui offre encore quelque trouvailles.
Voici Dernacueillette, sa belle cascade est bien sèche à présent, dommage, mais j'aimerais la voir en crue, elle doit impressionner avec bruit! J'avais grimpé tout en haut à travers bois, elle se descend en rappel.
Le site de la cascade de Dernacueillette
Au gré du vent et des averses, au gré des éclaircies et du hasard qui me guide, on traverse des villages qui ont pour nom Massac, Lanet ou Vignevieille, Mouthoumet, St Pancrasse (oui avec 2 s) ou Montjoi, Termes, Félines et Villerouge, on longe des rivières aussi sinueuses que les routes qui les suivent, on rencontre des trous d'ombre, des avens, des grottes, on devine des torrents  et leurs gorges enfouies, à flanc de collines, sous l'inextricable chevelure d'arbres sombres.
En images, notre périple :

Sortie des gorges de l'Orbieu et les falaises aux vautours


Montjoi


Gorges de l'Orbieu et le typique maquis audois

On émerge, une fois n'est pas coutume sur un plateau battu du vent et de l'averse, sous un ciel tourmenté comme un poème, où l'on va se poser un instant. Deux chats attentifs, silencieux et moi. Avec un chat, on n'est jamais seul, deux doublent la mise. La pluie martèle le toit, les ronrons emplissent l'habitacle, on est bien.
Je récolte un câlin par ci, un bisou par là,  et quelques remarques.

Eux : qu'est ce que tu lis ? 
Moi : un panneau intéressant sur les oiseaux qui nichent ici; écoutez donc: "...."
Mathu : "Tu veux dire qu'ils sont plus gros que moi ?"
Nina : " Tu dis qu'on viendra dormir ici un soir pour voir tout ça ?"
Moi : "Et oui...c'est à Montjoi, dans les falaises calcaires des gorges de l'Orbieu"
Eux : "Grrr Si maintenant elle s'intéresse à ces monstres d'oiseaux..."
Nina : "Moi j'aime mieux les oiseaux de notre terrasse, tout petits et tous mignons; dis ils reviendront ?"
Je m'évertue à chercher ces drôles d'oiseaux pesant jusqu'à 12 kg mais les falaises demeurent muettes.C'est sûr je reviendrai.

T'as vu ça toi ?
ça quoi ?
Mais regarde !!

Ben oui !On vit là, nous


Ils vivent dans le coin

Automne dans les bois, printemps en bord de route, l'Aude a perdu la tête
Eh ! Mais c'est mes lasagnes !!

15 gradins pour un jardin

Il pleut 

Le Mont Tauch "emmaussadi" 

La journée s'étire au rythme lent des courtes vitesses et des routes désertes. Pas une voiture, pas un humain, les villages sont éteints, le ciel assommant de grisaille, il faut avoir un caractère spécial pour aimer ça et...j'aime...un tel dimanche!

Mathu : "Je ne regarde pas, c'est trop étroit !!"

Un dimanche à ne rien faire, pas marcher, pas visiter, laisser couler le temps comme un long et sinueux sablier, savourer les grains qui filent doucement en compagnie de deux chats étrangement silencieux, qui, de temps en temps se dressent sur le tableau de bord, contemplent le décor et se recouchent, comme rassurés. Comme satisfaits.
D'ailleurs leur poil est soyeux, le poil du chat heureux, ce poil qu'ils n'ont que lorsqu'on voyage.



L'autoroute nous accueille, lisse et rapide, pour un ultime tronçon avant la maison.






dimanche 20 octobre 2019

Un petit bout de Verdouble

Le Verdouble est une rivière mi audoise mi catalane (66) dont le cours de 46 km se jette dans l'Agly, 81 km, fleuve mi audois mi catalan (66) qui se jette en Méditerranée.
Ce qui est curieux c'est que ces deux "personnages" liquides naissent presque au même endroit, (Camps sur Agly et Cubières sur Cinoble, 11) et prennent tout de suite des directions opposées. S'ennuyant sans doute l'un de l'autre, ils se rejoignent au bout de 46 km, à Estagel, 66, pour faire voyage commun vers la mer.
Chacun a un cours très marqué par le calcaire et c'est à la rencontre d'une portion de Verdouble à découvrir hors saison que je vais. Au pied du célèbre château de Peyrepertuse et de son village, Duilhac.
Avant d'arriver à Duilhac, une petite route mène en 1.5 km au Moulin de Ribaute, lieu hautement fréquenté l'été. C'était un des buts de ma balade ce week end. Le temps était médiocre et promettait de le rester et plus encore si affinités. Les affinités furent...
Un des visages du parcours

Un autre visage
Mais c'était encore sec lorsque j'arrivai là bas. Je garai mon camion et mes chats avec et je partis nantie de presque rien pour une très courte balade. Enserrée entre des falaises calcaires et surtout des montagnes couvertes d'un épais maquis, dans lesquelles on devine les strates calcaires qui délimitaient l'ancien cours, creusé au cours de millions d'années. Belle lecture géologique sur le site !







D'abord le panneau d'entrée expliquait qu'on passait la passerelle, longeait le moulin puis on continuait en rive gauche du Verdouble. Etais-je dyslexique ? Je ne vis pas de passerelle mais un canal à franchir d'un bond monumental, alors je filai rive droite nantie aussi d'un sentier. La suite fut très sympa. Faut dire que l'été la rivière est barrée, un lac se forme, réserve pour la défense contre les incendies et lieu de baignade. La passerelle doit être ôtée lorsque le barrage est vidé.



Je remonte la rivière dont le lit fait de dalles calcaires est large mais le fil de l'eau reste étroit. Le vaste moulin en ruine, est dépassé et j'arrive à "la cascade" c'est le nom du site.






Je découvre une douzaine de trous carrés creusés dans la roche, alignés , doubles parfois, avec des saignées aussi, c'était un très ancien barrage destiné à alimenter le moulin en eau, par son bief, lorsque l'eau était peu conséquente. Quel âge ont ces trous ? Comme le moulin, 16 eme, 500 ans assurément...C'est exceptionnel!





A partir de là je vais louvoyer entre sentier, (car il y en a un qui mène à Duilhac je présume), rochers, falaises et bord d'eau. Je peux le faire car j'ai le pas sûr, habitué à la montagne, mais avec un certain danger, mon dos est démonté depuis de longues semaines. Prudence et témérité font bon ménage et me conduisent à bon port soit une belle baignade dans l'eau très froide d'une des belles piscines naturelles.
En images 

Vers l'amont

Vers l'aval

Gardien du site




Ma piscine

Le parcours est court, il présente des roches polies par l'eau, véritables marbres, des marmites de géant en eau ou en altitude, qui racontent les successifs parcours dans ces calcaires du crétacé (moins 145 à moins 66 millions d'années) et aussi des passages impressionnants, à portée de main, comme polis par des millions de mains qui se seraient hasardées en ce site perché en haut de la cascade où je me risque sans danger. Alors pourquoi ce polissage ?

Marmite de géant "désaffectée" (en hauteur)

Marmite en usage


Roche polie par les mains

Le sentier entre les murettes









Le sentier, dans la terre ocre, bordé de murettes parlant aussi de cultures fort anciennes  est étroit, entre chênes verts, buis, buplèvres et romarins.  C'est simplement beau.












Je reviens sur mes pas, et cette fois je pars à la rencontre du moulin. A partir de l'antique barrage, on suit très bien le bief avant que d'arriver à la bâtisse qui fonctionna voici quelques siècles; son originalité vient du fait que ce moulin à blé, fonctionnant avec la force motrice de l'eau, appartenait à la population locale et non au Seigneur, lequel était donc privé des taxes habituelles. Fait assez rare pour être signalé. C'était au 16 eme siècle. Donc ce moulin a bravé ans et crues , sans doute maintes fois rénové et agrandi.

C'est ici que le Verdouble était barré au 16 eme siècle (et au delà)
pour alimenter le bief du moulin

Sentier/canal

Il reste une vaste bâtisse, un bief comblé, une chambre de la meule peut être comblée aussi car une petite arche ensablée émerge a peine du lit sablonneux du Verdouble et quelques vieilles meules empilées que l'on reconnaît venues de St Julien des Meulières (34) leur grain de "peau" est le même.
Leur facture en plusieurs morceaux assemblés et cerclés de fer également.



Intérieur 



Vue d'ensemble; on remarque en 1er plan la partie ensablée et la voûte du canal


Je m'attarde, je cherche une date sur le moulin et finalement je traverse la rivière pour rejoindre mes deux compagnons de route Nina et Mathurin alanguis aux rares rayons du soleil mourant.
Un joli parcours court, original, poétique voire enchanteur, quand on aime l'eau et ses atypiques parcours en calcaires. Une eau d'une rare transparence....


Une rare transparence...

Ils raconteront "leur" Aude
bientôt...