samedi 26 octobre 2019

Balade audoise pour deux chats

Elle nous a dit: "on va passer le week end entre chats"; on a entendu les mots "camion, dodo, Mathu, Nina" on avait tout compris et on attendait avec impatience parce qu'on aime ça.
Nina : "Moi j'aime mieux quand Mathu n'est pas là, il prend toute la place!"
Moi: "Enfin le camion est assez grand quand même"
Nina : "Oui mais il est gros!"
Mathu : "Tu dis quoi ?? Gros moi ?"
Bon...faut faire diversion..et vite...



Embarqués affaires, repas, chats et sacs à chats, et nous voilà partis. D'autorité Mathu colonise cuisses et genoux, c'est vrai, il est gros ma foi! Il ne les quittera quasi plus sur les 200 km du périple.
Des petites routes sous la grisaille, un week end pourri est annoncé.
J'ai décliné tous mes projets à cause de conjonctures négatives sur les axes routiers et surtout la météo ! Donc petites routes: je traverse le 66 du sud au nord et nous voilà dans l'Aude grise. Gris ciel, gris calcaire, mais avec mes chats la vie n'est pas grise.
Nina boude, elle boudera tout le séjour, je l'ignore encore.
Quéribus haut perché, Peyrepertuse tout autant, quelques coups d'oeil sont jetés la sentence féline tombe : "Toujours les mêmes !!" Ben oui, on ne les reconstruit pas tous les jours non plus...



Quéribus

Duilhac et Peyrepertuse
Moi : "Bon les chats, je vais faire un tour dans le Verdouble, vous m'attendez".
Nina : "Un verre double ? ça va pas nous simplifier la vie!"
Mathu : " Mais non c'est de l'eau ce Verre Double"
Et me voilà partie à l'assaut de petites gorges du Verdouble, poétiques et pittoresques à souhait. Courte balade ici contée. (clic)

Gorges du Verdouble à Duilhac

"Miaouhhh ! Ah déjà là ? "
Le jour décline et on part à l'aventure, je connais les routes et j'ai oublié la carte.
Nous tournons autour de la forteresse mi bâtie mi naturelle de Peyrepertuse : Duilhac et Rouffiac sont beaux au pied du château.

De Rouffiac je prends une petite route qui serpente sur 9 km dans un épais maquis que le soleil doré du soir ne traverse même pas. Une ou autre clairière est close par deux rangées de fil électrifié qui protègent une vendange tardive plus bleue que le ciel d'été...

Vignes sous Peyrepertuse

Arbouses et maquis
 Nina et Mathu : " Petite ? Tu crois ça toi ? Et si on tombe en panne là ??"
Moi : "Taisez-vous oiseaux de mauvais augure, on partira à pied, vous avez vos sacs" ( En sourdine, je me dis...comment je ferais , c'est le coin le plus paumé de l'Aude).
Mais on en sort indemnes et on se pose au village suivant parce que le soir tombe vite et la pluie peut être aussi. Montgaillard, un joli village perché sur la colline, je reste hors des murs entre cimetière (c'est calme) et cave coop désaffectée (encore plus calme). De belles mines de cuivre, barytine et argent dorment aussi de leur ultime sommeil, non loin d'ici. Je les connais.



Mathu : "Elle va où ?"
Nina : "Rendre visite aux voisins..."
Le cimetière est tout petit, sacrément ratissé et impeccable, pas une trace de pas; une double rangée de vénérables cyprès le partage en deux, Dieu qu'il est joli !

Cimetière de Montgaillard
























Soirée entre chats, eux et moi. Ronrons, repas, bavardages, silence obstiné de Nina, démonstrations de joie de Mathurin, tout sauf de l'ennui, rien que du bonheur, des ces bonheurs ridicules de simplicité et d'authenticité. Il fait doux, pas de chauffage, la lampe, une bougie, même pas envie de monter au village .

Scènes de la vie chat-l'heureuse

Je me couche tôt, un bon livre, une nuit sombre, Mathu contre moi, Nina qui s'autopunit sur le siège avant.
Un matin plus loin, tout a changé : le vent, descendu en rafales du Mont Tauch bien coiffé, a secoué et en ce matin gris, il pleut. Mathu a squatté sous la couette et Nina se couche sur moi, je lis, grasse matinée, tout le monde est content.

Matin pluvieux

Un peu de couleur dans la grisaille par dessus le Mont Tauch


Grass mat'
Mathurin : "Pourquoi tu fais pas ça à la maison?"
Nina : "Dis tu m'emmèneras toute seule avec toi ?" 
Pour marquer sa réprobation elle gifle Mathurin qui ne dit rien.



Je reprends la route, une journée sans prétention mais qui offre encore quelque trouvailles.
Voici Dernacueillette, sa belle cascade est bien sèche à présent, dommage, mais j'aimerais la voir en crue, elle doit impressionner avec bruit! J'avais grimpé tout en haut à travers bois, elle se descend en rappel.
Le site de la cascade de Dernacueillette
Au gré du vent et des averses, au gré des éclaircies et du hasard qui me guide, on traverse des villages qui ont pour nom Massac, Lanet ou Vignevieille, Mouthoumet, St Pancrasse (oui avec 2 s) ou Montjoi, Termes, Félines et Villerouge, on longe des rivières aussi sinueuses que les routes qui les suivent, on rencontre des trous d'ombre, des avens, des grottes, on devine des torrents  et leurs gorges enfouies, à flanc de collines, sous l'inextricable chevelure d'arbres sombres.
En images, notre périple :

Sortie des gorges de l'Orbieu et les falaises aux vautours


Montjoi


Gorges de l'Orbieu et le typique maquis audois

On émerge, une fois n'est pas coutume sur un plateau battu du vent et de l'averse, sous un ciel tourmenté comme un poème, où l'on va se poser un instant. Deux chats attentifs, silencieux et moi. Avec un chat, on n'est jamais seul, deux doublent la mise. La pluie martèle le toit, les ronrons emplissent l'habitacle, on est bien.
Je récolte un câlin par ci, un bisou par là,  et quelques remarques.

Eux : qu'est ce que tu lis ? 
Moi : un panneau intéressant sur les oiseaux qui nichent ici; écoutez donc: "...."
Mathu : "Tu veux dire qu'ils sont plus gros que moi ?"
Nina : " Tu dis qu'on viendra dormir ici un soir pour voir tout ça ?"
Moi : "Et oui...c'est à Montjoi, dans les falaises calcaires des gorges de l'Orbieu"
Eux : "Grrr Si maintenant elle s'intéresse à ces monstres d'oiseaux..."
Nina : "Moi j'aime mieux les oiseaux de notre terrasse, tout petits et tous mignons; dis ils reviendront ?"
Je m'évertue à chercher ces drôles d'oiseaux pesant jusqu'à 12 kg mais les falaises demeurent muettes.C'est sûr je reviendrai.

T'as vu ça toi ?
ça quoi ?
Mais regarde !!

Ben oui !On vit là, nous


Ils vivent dans le coin

Automne dans les bois, printemps en bord de route, l'Aude a perdu la tête
Eh ! Mais c'est mes lasagnes !!

15 gradins pour un jardin

Il pleut 

Le Mont Tauch "emmaussadi" 

La journée s'étire au rythme lent des courtes vitesses et des routes désertes. Pas une voiture, pas un humain, les villages sont éteints, le ciel assommant de grisaille, il faut avoir un caractère spécial pour aimer ça et...j'aime...un tel dimanche!

Mathu : "Je ne regarde pas, c'est trop étroit !!"

Un dimanche à ne rien faire, pas marcher, pas visiter, laisser couler le temps comme un long et sinueux sablier, savourer les grains qui filent doucement en compagnie de deux chats étrangement silencieux, qui, de temps en temps se dressent sur le tableau de bord, contemplent le décor et se recouchent, comme rassurés. Comme satisfaits.
D'ailleurs leur poil est soyeux, le poil du chat heureux, ce poil qu'ils n'ont que lorsqu'on voyage.



L'autoroute nous accueille, lisse et rapide, pour un ultime tronçon avant la maison.






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