lundi 28 décembre 2015

Le Grand Désert Blanc au Carlit

On l'appelle "le Désert du Carlit", il n'a jamais aussi bien porté son nom qu'en ce lendemain de Noël où, sous un temps estival (enfin presque), nous le parcourons sans rencontrer âme qui vive, fut elle animale. Rien que le grand silence des montagnes , ponctué par les étonnantes éructations des lacs gelés et le sifflement du vent venu des cimes écorcher davantage nos mains que nos oreilles.




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Revenons au début..Il est tout juste un peu plus de 8 heures quand , après 100 km de route, nous nous préparons à marcher sur les 5 km d'asphalte plus verglacée qu'enneigée qui conduisent aux Bouillouses. L'hiver, la route est fermée. Au lieu dit "Pla des Avellans".





 Au bout de quelques kilomètres la montagne dévoile son lever de soleil entre les sapins comme elle nous a dévoilé, peu avant, son coucher de pleine lune.

Nous marchons sur une couche mince de neige gelée et glissante : normalement une épaisse couche devrait tout recouvrir.




Après la grisaille persistante des entrées maritimes en plaine ces derniers temps, c'est régénérant pour le moral de voir un ciel uniformément bleu.







5 km plus tard, c'est le grand lac des Bouillouses qui cette année n'a pas gelé : très mauvais signe.
La montagne a des atours du mois de mai.

lac des Bouillouses et Péric dénudés
A partir du lac de barrage, nous quittons le monde humain pour la forêt, le sentier et le Désert.
Le "Désert du Carlit" se situe entre 2140 et 2350 m d'altitude; c'est une succession de 13 lacs d'origine glaciaire , séparés les uns des autres par des moraines . Pas très profonds . De 10 à 20 m.
On en a une vue grandiose depuis le sommet.

20 septembre 2015
Notre destination du jour est le dernier : le Sobirans, 2350 m.


D'avant en arrière : Sobirans, Trebens, Castella

Cette sorte d'altiplano où pousse de ci de là un rare conifère a des allures désertiques. Paradis des pêcheurs, seuls les premiers lacs sont celui des promeneurs et des familles car assez proches du barrage des Bouillouses auquel on accède par la route. Pour trouver le calme il faut monter vers les derniers lacs au terme de quelques "rampes" légèrement escarpées. Qui mettent en jambes pour l'asencion du pic.



Etang du Viver

Le tableau étant dressé, la randonnée du jour ne réservera d'autre surprise qu'un paysage insuffisamment enneigé mais suffisamment beau pour le savourer. Le manque d'enneigement nous a permis de rallier le dernier lac car on a marché sans difficultés sur ce sol ferme quoique glissant et inégal.

Nous allons longer 9 des 13 lacs : ils sont tous gelés, leur surface brille comme du verre; je me contente de marcher le long des rives sur la glace car elle n'est pas assez luisante pour la chute. Et puis je n'ai nulle envie du bain forcé ou de la plongée en apnée . De sous la glace montent d'inquiétantes éructations comme si le Monstre du Carlit nous accompagnait de lac en lac. Ce n'est pas la glace qui craque; c'est juste de grosses bulles d'air et d'eau qui naviguent .

Etang Sec

Le temps est magnifique, sous un ciel d'un bleu intense qui réveille le moral faute de réveiller les couleurs car la couleur est absente. Hormis le blanc pouvant devenir bleuté il y a la roche brune et les pelouses roussies. C'est assez monochrome. Monotone.

Les couleurs de la montagne
version hiver absent

J'aime la montagne au dégel ou dans son premier enneigement car on en voit tous les reliefs, les failles, les plissés, enfin sa charpente. C'est là qu'elle est la plus majestueuse.


Un ciel bleu marine, un soleil ardent, le tee shirt est de rigueur mais au repas de midi, au bord du Sobirans (2350 m) un vent glacé venu des sommets semble s'enrouler à nous comme une étole de givre et nous contraint à l'habillage et au déguerpissage rapide! Pourtant c'était un cadre magnifique avec ce Carlit en toile de fond sur lequel pas un humain ne se profilait. Je supposais que le lendemain serait plus animé car un 26 décembre il faut quand même avoir un bon reste de forces vives pour y grimper. En alpinisme . Je ne me trompai pas ..Le 27, Ludo aurait pu m'envoyer un petit coucou de là haut , accompagné de celui de Camille qu'il est allé réveiller!

Terminus : 2350 m étang Sobirans


Le Pic Carlit 

Nous amorçons le retour , en tenue hiver, avec bonnets et gants, mais l'été va encore nous rattraper.
Et je vais faire LA rencontre avec un petit coup de coeur auquel je donne rendez vous pour l'été 2016 : le Pic Castella (2421 m) sorte de cône rouge et noir, très rocheux qui domine l'étang éponyme du haut des ses 100m . Celui là m'a attirée comme un aimant allez donc savoir pourquoi? Enfin je sais : sa roche et sa couleur, sa prestance.

Etang et Pic Castella


Etang et Pic Castella



Il est très tôt dans l'après midi, notre restaurant a fermé ses portes au bout d'un quart d'heure nous obligeant à la fuite donc on se dirige vers la sortie à grand pas, en descendant quelques amusantes pentes gelées.

Au loin, où que porte le regard, les montagnes sont juste saupoudrées de neige : Canigou, Cambre d' Ase, Puigmal.

Etang des Dougnes

Il est à  peine un peu plus de 14 h lorsque nous regagnons les Bouillouses sur lesquelles veillent les Péric en train de muer tout comme le Pic de la Cometa d' Espagne (mes récentes excursions)


Les Péric: 2810m & 2690 m

La Cometa d' Espagne: 2763 m
 Quant à moi j'ai rendez vous ! Au petit refuge de Christophe et Johanna , avec la succulente tarte à la framboise ...ou aux myrtilles...? L'embarras du choix ...Ah...les deux ? Non soyons stoïques ce sera framboise cette fois....Je lécherais le plat si j'osais....






Sous les moqueries de mon compagnon de rando qui, plus stoïque, a renoncé mais aimerait bien que je regrette un peu les grammes absorbés . Parce que lui a renoncé ! Que nenni ! 5 km de marche sur route et 100 km de voyage nous attendent !

Je prends donc des forces...
En chiffres

Dénivelé 635 m
Temps de marche 5h 45
Distance 21 km dont 10 sur route enneigée



jeudi 17 décembre 2015

La chasse au Bidens

J'ai troqué en ce jour estival de décembre ma tenue de paysanne, ou bien celle de randonneuse pour la tenue de marin partant à la chasse. Oui, cela paraît incongru . Et ça l'est.



Aller à la chasse au Bidens c'est porter une tenue imperméable au possible, voire un capuchon, une tenue où rien n'accroche, ou alors la nudité presque totale puisque ça n'accroche pas à la peau. Mais enfin la nudité pour aller dans les terres....
Bon voilà , pour commencer par la fin, les effets du Bidens sur vêtements et chaussures.


Evidemment, sur les pelages des animaux ou dans les cheveux, c'est pareil.
A noter que ces graines crochues ne se détachent que si on les tire une à une avec les doigts. Souvent il ne reste plus qu'à jeter les vêtements. C'est bien moins épuisant. Oui mais alors il faut renouveler la garde robe et c'est onéreux; cruel dilemme à cause du Bidens.

La fleur et ses akènes à deux dents


On ne peut pourtant  pas travailler en ciré avec la chaleur !
Parce que le Bidens c'est ça, cette année : une plante invasive qui se faisait ignorer et oublier depuis son apparition modeste voilà 20 ans et qui cette année se fourre partout.

Dans les vignes au pied des ceps


Dans les champs ou terres incultes (ici à mon jardin)
Et aussi le long des routes, dans les fossés, bref partout où le vent se calme un peu pour déposer les graines. On pourrait, juste en regardant leur implantation, suivre le chemin et la force du vent.
Le Bidens, (deux dents)  décrit à la fin du 19 eme siècle provient d'Amérique du Sud : Argentine, Vénézuela, Colombie.
Cette plante se plait dans les régions tropicales ou tempérées chaudes (Afrique, Asie, Polynésie, Amérique) et le réchauffement pourrait être à l'origine de son développement dans le sud de la France. Soyez patients lectrices et lecteurs, bientôt vous en aurez aussi ..-)
Il en existe plus de 300 variétés, toutes hérissées de ces graines crochues (à 2 dents ou plus) nommées akènes; par chance nous n'en voyons ici qu'une seule variété. Pour le moment :-))
La plante se développe au début de l'été et arrive à maturité en fin d'automne.
C'est un végétal ligneux pouvant atteindre 2 m de hauteur; la majorité des plants a environ 80 cm de haut. Avec une forte densité au mètre carré.

Au pied des ceps de vigne, bien à l'abri

Mon jardin potager ayant été infesté à mon insu car il est à l'abri du vent, je suis partie à la chasse ainsi vêtue.
Avec pour toute arme un sécateur et un récipient que je remplis avant d'en brûler le contenu. Arracher le pied est inutile car on le secoue et les graines tombent. Je suis aussi armée d' une grande dose de patience.







J'ai ôté de mon jardin des quantités effarantes.
Voici en images quelques aspects de la plante que je me suis plu à observer.
La tige en cette saison (spécimen de grande taille)



Section de la tige et ramifications opposées




Une partie de la plante

Etapes de la maturation
la fleur est jaune



Rameau encore estival

Une fleur sèche

Je me suis prêtée à un petit jeu sur la capot blanc de ma voiture. J'ai pris un pied moyen, de 80 cm environ, la norme la plus banale.
Et j'ai compté 350 fleurs . Comme chaque fleur a environ 27 graines, cela donne la coquette somme de plus de 9000 graines par pied !!! Cette plante a de l'avenir et nous, du souci à nous faire ...
Quant à nos vêtements....aïe....

Alors, gentiment, patiemment j'ai égrené mon jardin, sachant que des centaines de milliers de graines sont sur le sol et j'ai préparé la terre pour 2016 . En laissant une jolie surface lisse ensemencée  de découragement.

Avant








Après































Pendant

NB : Si certaines variétés de Bidens ont des vertus médicinales reconnues, espérons seulement qu'à celui-ci les chercheurs trouveront des vertus aphrodisiaques...et notre avenir serait assuré...mieux qu'avec le vin.









lundi 14 décembre 2015

Le jardin au bout de l' impasse

Il se situe dans un petit village dont je tairai le nom, un petit village qui a vue sur notre élégant massif du Canigou. Je tairai le nom des habitants de ce jardin, et les photos seront celles d'un ailleurs. Pour préserver cette intimité et cette sérénité. Par pudeur, par respect.






C'est mon inlassable quête de Lison qui m'a conduite dans ce jardin au bout de l'impasse. Une longue et étroite impasse du vieux village, fermée par un portail coloré. Pas de sonnette. Le portail n'est pas fermé à clef, je le pousse et j'entre. 


Un grand chat beige à poils longs et yeux très bleus vient m'accueillir. Il n'y a personne. Les arbres du jardin pleurent leurs dernières feuilles d'or et quelques fleurs, dont des roses, lancent leurs derniers feux colorés. Sur les meubles de jardin, des chats immobiles me regardent avancer. Tout est calme et serein.
J'ai un peu honte de troubler cette sérénité dans laquelle je me suis imposée en intruse et je repars sur la pointe des pieds...








Je quitte le jardin et me retrouve dans l'impasse.
Puis je me ravise et je repousse le portail coloré.












Cette fois c'est un gros chat gris et tigré, à poils longs et au regard amène qui m'invite à le suivre en haut de l'escalier.

Son Humaine justement est sur la terrasse, un balai à la main, et m'accueille, un peu surprise mais quand je me présente, elle sait. Elle a eu mon affiche et m'a aidée à chercher Lison.




La Dame de céans est un peu plus âgée que moi et vit avec ses dix chats. Enfin c'est comme cela qu'on dit mais après quelques paroles échangées elle me conduit en la maison de ses chats où elle vit.

La maison est grande, spacieuse et lumineuse, meublée de bois blond et chaleureux et agrémentée de tapis. D'une impeccable propreté malgré les dix félins dont certains sont en leur endroit de prédilection, qui sur un fauteuil, qui sur une chaise, étonnés, sur leurs gardes, circonspects ou amènes. Tous ont une histoire, un passé où coule le mot "abandon" et un présent nommé "amour". Ils sont heureux et Elle aussi. "Ils m'ont sauvée" me dit elle car elle aussi a une histoire...qu'elle me conte brièvement.









Comme pour moi, ses chats ont la douceur du cachemire et la force de l'amour. On parle un grand moment, on se comprend. Elle me fait pénétrer par ses mots dans l'intimité où elle vit avec ses chats, celle que tout un chacun ne comprend pas. Elle me présente ses petits protégés. Tiens cette petite noire, aveugle, dont les yeux pleurent et qu'elle a recueilli bébé, envers et contre tous, contre le vétérinaire qui voulait l'euthanasier. "J'ai voulu la garder justement parce qu'elle était fragile"... et cette minette grimpe aux arbres et connait le jardin et la maison par coeur. Tout ça parce qu'elle a trouvé sur sa route "un coeur gros comme ça...".

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Et moi, j'écoute cette Dame, je me reconnais, je nous reconnais et déjà je n'ai plus envie de quitter cette maison, ce jardin au bout de l'impasse.
Déjà j'ai envie de revenir, de pousser le portail coloré, d'entrer dans le jardin où pleurent les derniers pétales, comme ça, juste parce qu'on s'y sent bien. Préservé et serein..



samedi 12 décembre 2015

Soirée d'automne et postures félines

Ce soir est un soir d'automne un peu gris et triste. Le feu ronfle dans la cheminée, j'ai attendu avec impatience la chute du jour pour oublier la grisaille et allumer les lampes. Un bon civet de sanglier mijote sur la plaque de cuisson, la maison sent bon. La musique emplit les pièces; j'ai rarement le temps de rester à la maison. Le temps ou l'envie, moi qui ai épousé une bonne fois pour toutes le grand air. Mais j'aime bien les longues soirées de ces journées aux portes de l'hiver, je les savoure, elles sont reposantes pour la paysanne que je suis.


Le jardin finit de pleurer ses dernières feuilles et de faner ses dernières fleurs. Il va entrer dans le long sommeil d'hiver, comme les vignes où s'activent les tailleurs dont je suis.
La maison n'est pas vide, les cinq chats sont bien là, qui près de moi au bureau, qui auprès du feu. Ils sont où je suis, de toute façon; silencieux et attentifs. De bons petits compagnons. La quiétude rend encore plus pesante l'absence de Lison. Il faudra s'y habituer, hélas...Lison que je cherche toujours, que j'espère encore sans conviction. Lison qui est un manque..






Quelques postures félines , en ma maison ou dehors, postures de chats pachas
 ou de chats pas à moi.

Arsène , le chat à l'oreille cassée et à l'oeil abimé





Trop sauvage, je ne peux le soigner

Mathurin séance endormissement


et séance étirements



Blanche sur son canapé préféré ou sur ses cuisses attitrées...les miennes !







Blizzard sur ses cuisses préférées ....les miennes !






Farine dans son jardin familier

ou près de la cheminée




Mathurin encore,  sur moi bien vautré


Et Blizzard, qui aime tenir ma main et s'enrouler autour de mon bras la nuit .




Syrah fait toujours les gros yeux...même quand elle n'est pas outrée !




On conclura par ce facétieux d' Icare, le chat toupet , version chat couché




et version chat perché !



Pas belle la vie ? La vie de mes félins bien sûr....
La mienne aussi d'ailleurs, qui est très douce auprès d'eux.