dimanche 27 avril 2014

L'or de la montagne

Je ne vais pas raconter ma randonnée  grandiose; 
je le ferai -ou pas- plus tard.
Mais je ne peux pas ne pas vous offrir ce que la montagne
 m'a offert après la pluie de la nuit.
Et sans bouger de mon lit.
Du moins pour la première photo, car pour les autres je suis sortie dans l'air vif du petit matin, il n'était pas tout à fait 7 heures.

Espagne :Sierra del Cadi (entre Puigcerda et La Seu de Urgell)
Au sud de l' Andorre

Sans bouger de mon lit!!!


Un couloir de grimpe















Les jupes de la montagne




Les dents de la montagne


 Appareil Panasonic compact DMC TZ 30 (zoom x 67.5)



jeudi 24 avril 2014

Ansovell : 7 habitants

Je vous avais promis de vous présenter  Ansovell, petit village espagnol de 7 habitants
 où j'ai fait une escale hors du temps.

Cela me paraît incongru de vous en parler car j'étais hier à Barcelone (200 km de chez moi), 1,7 Millions d'habitants...pour la ville seule , 3  millions avec sa banlieue.
Ansovell


Ansovell, est un bout du monde dans la Sierra du Cadi, un terminus à 1350 m d' altitude, au terme d'une route très étroite, une de ces routes de montagne où chaque virage ouvre sur une découverte. 13 virages en épingle complètent cette rampe et on découvre au dernier moment le village face à son écrin de montagnes.


Sierra du Cadi

Presque tout le village est dans la rue, je ne sais pas encore qu'il ne compte que 7 habitants.

Et puis il n'arrive pas toujours des étrangers ici!
Garer mon fourgon demande plusieurs manoeuvres, il n'y a pas d'espace sur la minuscule place de l'église. mais je veux le décor !

Je commence par partir à la découverte  de mon hôtel, petite balade dans les ruelles escarpées bordées de solides maisons de pierre, agrémentées de passages couverts.

Au fil des ruelles

Passages couverts et somptueux décor

Fondations naturelles

Vu « du ciel », le village est resserré autour d'une petite église, tapi au milieu de prairies, et construit au pied de la muraille. 6OO m de dénivelé le séparent de la muraille, 1200 m le séparent du sommet tabulaire de la Sierra.
La montagne à Ansovell

Le village d' Ansovell et les montagnes d' Andorre

J'ai appris beaucoup de choses en discutant avec un couple d'habitants. Leur maison est en face « chez moi » et nous sympathisons.
Le village, autrefois plus peuplé, était un village agricole, vivant de l'élevage et d'une petite agriculture autarcique: il n'y a plus d'élevage, plus rien. Les deux tracteurs servent pour transporter le bois de chauffage.
Les habitants qui vivent là aujourd'hui sont en retraite, ou bien travaillent dans des villes espagnoles et passent week end et vacances en ces lieux isolés.

Une grange qui se meurt

Maisons rénovées

La vie d'autrefois : roue de chariot "chèvre" pour couper le bois
et abreuvoir

Un petit village qui dort et s'anime par intermittences, l'été, avec les randonnées en montagne.
Encore que ce secteur est assez déserté : trop ardu, trop difficile disent les topo guides.ça, je l'ai vu !
Justement parlons en de la montagne: j'y étais l'autre jour, là haut, au pied des falaises, au fameux bullidor de l'Orri.

Depuis mon lit..le décor

Le bullidor de l'Orri (la source)


                   Autrefois....
Le coeur du village battait grandement là haut, rien ne le montre aujourd'hui. J'apprends ainsi que les étés de grande sécheresse les enfants du village menaient les vaches dans ces altitudes. Cela faisait une belle grimpe quotidienne, pour ces petites jambes..
Un petit  ruisseau avait été creusé par les hommes et amenait l'eau du bullidor au village pour arroser tous les champs car le village n'avait pas beaucoup d'eau; une avalanche a tout emporté; de toute façon il n'y a plus de cultures.

Plus étonnant encore, j'apprends que toutes les tuiles des toits ont été fabriquées au bullidor, à 1950m d'altitude : la terre, là haut, est une glaise propice à la fabrication des tuiles et elles étaient moulées et cuites là haut avant que d'être redescendues à dos de bétail : 600 m de descente raide, la configuration du terrain ne permet pas autre chose. Quelle patience!
A les regarder, ces belles tuiles rousses, ne croirait on pas deviner l'empreinte des branchages sur lesquels elles étaient mises à sécher?


Quant aux chemins  perdus dans la broussaille, nommés « camis cardoners », c'était les chemins qui franchissaient la Sierra pour aller à Cardona chercher le sel de terre.
Je n'avais jamais entendu parler de cette petite ville proche de Barcelone où une étrange montagne de sel grandissait au fur et à mesure qu'on extrayait ce produit très prisé. Il ne m'en faut pas plus pour avoir envie d'y aller : promis je vous y emmène aussi.

Oui, un bien surprenant petit village, Ansovell. Qui a ses histoires simples, comme tous.

Lison est très préoccupée par tous les animaux du village, en surnombre par rapport aux habitants, certes ! Chats, chiens, volailles: elle est épuisée par une nuit de veille, au petit matin!

Au lit

Parlons en des animaux. Justement Antonieta, ma voisine, a une basse cour.
Derrière ce grand portail de bois qui ferme la cour se trouve la maison aux murs de pierre d'une épaisseur de 70 cm qui protègent des vents glacés, une cour remplie de bois pour les froids et longs hivers et de la volaille. Une cour où fleurit un cerisier et pleure une treille.

La maison d' Antonieta et son mari


Une dinde a couvé des oeufs de poule et veille jalousement sur ses petits; des enfants poules et coqs qu'elle surprotège. Tout le jour elle dresse sa tête au cou déplumé vers le ciel à la recherche du moindre danger, en l'occurrence des oiseaux de proie.




Mais elle est tellement obnubilée qu'Antonieta croit que c'est devenu une obsession et que même les hirondelles lui font peur! Quoiqu'il en soit elle va droit au torticolis....
Et tout le jour elle pousse en alternance des cris qui font sortir les petits du tas de bois où ils se cachent, et des cris qui les y font rentrer avec la même précipitation!


Entre temps, ils plongent en apnée dans une vieille marmite qu'Antonieta garnit de nourriture mais leur pire prédateur c'est Maître coq qui les en déloge sans ménagement.


Voilà la vie à Ansovell, que j'ai partagée l'espace d'une escale 
au pays où le temps s'est comme suspendu...





samedi 19 avril 2014

Au menu : vagabondages à la carte

Avec de l'eau pour boisson.

Je n'ai pas de GPS mais je possède une cartothèque bien fournie. je suis amoureuse des cartes depuis mon adolescence. Une carte, c'est un livre de lectures,  de géographie et beaucoup de rêve.
Une carte, ça se décode avec des symboles, ensuite le paysage se devine, s'imagine, se crée, et la  carte devient une invitation. On choisit d'aller ici, ou là, parce qu'il y a tel symbole, tel autre, telle couleur, telle route en lacets, ou un % de pente. Toutes les portes s'ouvrent vers un imaginaire.
Un GPS, c'est impersonnel, cela enlève le charme, la poésie, cela enferme. Je n'en dirai pas plus, je n'en ai pas. Pratique, sans nul doute pour certains.

Donc je vagabonde à la carte.
Ce samedi là, - 12 avril -  le but était l' Andorre. La vie en décide parfois autrement, avec ses aléas et ses imprévus.
Mais cette petite incursion en Andorre m'a montré des torrents fougueux, des murs de neige et des montagnes fondantes. Il ne m'en fallait pas plus pour me lancer sur la piste de l'eau.
Port d' Envalira  ( Andorre)  2409 m


La piste de l'eau, c'était en Espagne que je voulais la parcourir. Dans ma très chère Sierra du Cadi. En souvenir d'une excursion aux "Empedrats"(clic) où le bullidor de la Llet était tari.

La Sierra du Cadi, orientée est/ouest,  mesure une trentaine de km de long et est un véritable musée botanique et géologique, voire climatique. Elle culmine à plus de 2600m.
Sa face nord (ci-dessous) évoque les Montagnes Rocheuses canadiennes, abrupte, plissée, tranchée d'étroits couloirs et de falaises vertigineuses  en un à pic de 600 m; sa face sud est toute en douceur, en déclivité ondulante, est juste "ornée" de la Pedraforca aux pics jumeaux.

Sierra du cadi, vue aérienne (image internet)
Un bullidor, je le sais à présent, c'est un lieu où l'eau jaillit en bouillonnant, une source, une exsurgence pourrait on dire.
Là où je n'avais vu que des rocs moussus coule une impétueuse cascade née de la roche à grand fracas.
Un bouillonnement que je vais voir de plus près après une petite escalade sur sentier escarpé. Je ne suis pas au bout de mes surprises. L'eau claire et verte, glacée, jaillit du sol et se jette dans le vide.
Couleurs et rais de lumière

Le bullidor où l'eau jaillit de la roche

La " source" avant son grand saut dans le vide





Vers l'intérieur du boyau




Intérieur du boyau
Je poursuis mes investigations en voyant de très anciennes traces de rivière là où il n'y a que de la roche et j'arrive à un étroit boyau où je me glisse, la curiosité étant plus forte que la peur. C'est une ancienne exsurgence qui s'enfonce dans les entrailles du roc, mais je ne m'avance que sur quelques  mètres que j'éclaire au flash; une caverne avec un trou au plafond, également, une drôle d'odeur et un petit totem de terre cuite complètent le mystère. Je frissonne de peur et je rejoins l'air libre.








Le petit totem semble être une chouette...







Le bullidor de la Llet ( du lait) se montre dans son aspect le plus laiteux. J'admire, subjuguée. Impressionnante fuite en aval de ce couloir blanc où l'eau s'élève parfois dans les airs.


                   13 avril 2014                                                                               25 novembre 2013


extraordinaire bouillonnement laiteux




Bouillonnement laiteux
la cascade de la rivière


En amont,  la rivière paraît tellement paisible.
Je suis tout près de "ma" Pedraforca et je me laisse aller à goûter à la bière fabriquée ici, à l'eau de source de la Pedraforca. Pas vraiment amatrice de bière, je tiens quand même à essayer : fameuse.


A l'eau de source de Saldes (Pedraforca)


La Pedraforca, que j'ai gravie en novembre, superbe souvenir.

La Pedraforca   ( pierre fourchue)

Jumelles ? leurs dessins
sont jumeaux.
..





Nous sommes trois à la dessiner, 2 jeunes filles et moi : c'est amusant, tellement notre technique diffère. Chez elles c'est minutieux et identique! Même technique, on commence doucement par le sommet et ses détails.
 Chez moi, c'est à grands traits dans son ensemble d'abord, les détails viennent ensuite.


Avec de l'eau comme boisson? hum...

Mon repas du midi, au bord d'un canal, ne comporte pas que de l'eau...vous imaginez..
Ce n'est pas qu'une histoire d'eau mon séjour, même si elle est omniprésente !



Le Sègre






Plus tard, après un long périple (petites routes grandioses et villages isolés), qui me fait contourner la sierra,
et franchir le Sègre impétueux nourri par la fonte des neiges,  j'arrive face Nord du massif, celui là même qui m'attire et me fascine.

Arséguel et la Sierra


Dans mes vagabondages, c'est très souvent le feeling qui prime, ainsi sans l'avoir décidé à l'avance, je grimpe vers Ansovell, village minuscule (8 habitants ) au coeur de la sierra, à 1350 m d'altitude, en dessous des 2569m  de la Torreta de Cadi, un des points culminants.
Je vous ferai découvrir ce village dans mon prochain billet, j'ai eu le loisir de le découvrir à souhait.

Ansovell
le soir descend sur la sierra

Mon but, ici, est une approche de la Sierra en vue de randonnées futures.Je veux "m'attaquer" au monstre.






Sur une indication je me lance en ce 2nd jour à travers la forêt vers le pied de la Sierra et le bullidor de l'Orri.



Un parcours difficile et beau. Difficile car le sentier est peu tracé, mal cairné (un cairn est un tas de pierres destiné à marquer le chemin en l'absence de marquage). Par 2 fois je rebrousserai chemin pour étudier le terrain, la carte et ne pas me perdre dans la forêt. Je marquerai même mon passage de petits signes afin de retrouver mes traces: Petit Poucet des temps modernes . Je n'ai pas de GPS!
Voici quelques images de mon parcours, excepté les 3 isards que je n'ai pu photographier.

Monastère La Mare de Deu del Boscal
La muraille de la Sierra
Géologie


Là où naissent les eaux


La montée est extrêmement raide et, je le sais, en Espagne, point de sentiers en lacets: c'est tout droit !
Un silence ponctué du chant du coucou, pas âme qui vive, le parfum capiteux des pins, mais je me sens tellement bien! Et tellement seule !

Torrent de l'Orri
issu de la muraille ...ou presque

Enfin je perçois le bruit du torrent de l' Orri, et je suis son cours vers l'amont, jusqu'aux neiges (altitude 1950m) et le fameux bullidor, sorte de marmite liquide jaillissant de terre : étonnant !




L'Orri

















La surprenante source ou exsurgence de l' Orri
dans un étincelant bouillonnement.

El bullidor, disent-ils ici.

Et puis, surtout, surtout, il y a cette muraille au pied de laquelle je suis, les pieds dans la neige et la tête dans les rêves ; je suis heureuse d'y être seule, il y a des moments intenses qui ne se partagent pas.

Elle est ardue, enneigée, mais je sais qu'un jour prochain, ici ou ailleurs, je la franchirai.

J'ai appris sur ce site du "bullidor" des choses étonnantes que je vous conterai dans le billet qui suivra.




Alors, on se retrouve à Ansovell, pour une visite hors du temps et du monde, avec Lison ?