Les deux conjugués m'ont conduite à l'arche du petit Dru. J'avais fait la tentative de lui rendre visite et j'avais échoué, c'était le 6 mai dernier (le récit en un clic). Je comptais sur mon opiniâtreté, c'est gagné.
J'avais mûrement réfléchi et conclu que puisqu'une chaîne m'avait stoppée par le bas et bien, j'aborderais le chemin par le haut.
Je partis assez tôt le matin pour éviter l'intense chaleur estivale de ces garrigues et de ces rochers calcaires surchauffés par le soleil.
Cependant, l'histoire, se situant face nord, devait demeurer clémente un bon moment.
A 8 h, je démarrai du parking d'escalade. Il n'y avait personne encore.
Dans mon sac l'inévitable casque, la corde au cas où...(ça peut servir dans un pas difficile pour descendre) et 1.5 l de boisson. C'est l'été !!
Et surtout, fruit de mon obstination, une grande motivation.
La balade allait être courte, j'avais un but sans fioritures et, pour la montée, sans surprises. Enfin la surprise, c'est son originalité, s'invite toujours dans l'attendu.
La montée en sentier est sévère et plaisante dans l'ombre fraîche et odorante. Les plantes s'éveillent.
Dans mon dos, la combe plantée de vignes s'éveille aussi au grand soleil d'été. Tout est silence ce matin.
Dans cette ligne de crêtes continue, la route pourtant passe dans une saignée naturelle |
Je quitte le sentier et bifurque vers un couloir , une saignée dans la paroi rocheuse.
Au pied des falaises |
Balisage naturel : la roche me dit "ce n'est pas un chemin de randonnée, on ne passe pas !" |
Je vais là haut mais on passe: un peu de varappe, et du sentier |
A l'entrée du couloir, sentinelle de pierre |
Je l'escalade un peu pour le plaisir |
Falaises, Tautavel, son vignoble, et Canigou en fond |
Jardins suspendus |
Je suis enserrée de verticales murailles avec lesquelles le Canigou joue à cache cache. Un décor qui m'enchante à chacune de mes excursions là bas.
Vue vers le bas (on ne dirait pas ) |
Vue vers le haut |
Je me plais à un peu de voltige, qui m'élève au dessus du couloir et me permet de savourer le paysage désert à l'exception des agriculteurs qui soufrent leurs vignes dans un blond nuage de poussière.
Les portes végétales du ciel |
Soufrage de la vigne (zoom) |
Le couloir s'ouvre sur les crêtes, le soleil, la grande lumière de l'été, les étangs et la mer.
Arrivée sur les crêtes, je cherche des yeux le couloir prochain, celui qui doit me conduire à l'arche, quand , soudain, je la vois : elle avait échappé à mon regard au cours de mes précédentes balades, sans doute car je n'avais pas longé la crête. Très discrète, elle ouvre tout près son oeil sur les collines, alors que vue d'en bas, elle l'ouvre sur le ciel.
Ouverture modeste sur la vallée d'où je viens |
Comme un enfant qui s'émerveille, ce dont je suis encore capable à mon âge, je vais à sa rencontre.
Me voici presque à sa porte, je n'irai pas plus loin car elle ouvre sur un vide impressionnant et vertical de plusieurs dizaines de mètres.
Je suis devant l'ouverture |
L'ouverture de l'arche (côté sud) et, en fond, le plateau entre Vingrau et Tuchan |
Bien sûr je pourrais remonter et j'aurais rempli ma mission; aller à l'arche. Mais il y a quand même cette fichue chaîne que je n'ai pas réussi à grimper donc je vais essayer de la descendre!
Je m'élance dans le couloir, véritable entonnoir très très pentu, sans difficulté aucune sinon la glissade mais j'use du frein moteur que sont les rochers. Vue du sentier, l'arche est fort impressionnante, enfin c'est son décor qui l'est. Jugez donc de cet à pic vertical, cette tenture grise et froide qui conduit à cet oeil impassible.
Côté nord, elle est plus impressionnante |
Le sentier, coincé entre deux murailles est étroit et aboutit à un goulet rocheux de plusieurs mètres de haut dont une partie est équipée de la chaîne qu'il faut redescendre dans la posture peu élégante, la seule qui sied à ce genre de sport. Je laisse filer mon sac au bout de la corde, il va m'attendre en bas, les bâtons le suivent et prennent leur envol jusqu'au pied du mur. Le sac, si je ne peux descendre, pourra remonter tout seul, la corde est attachée à ma taille.
Le goulet rocheux de descente |
Je l'empoigne et descends sans problème à reculons, à la force des bras, essayant de trouver une ou autre prise pour les pieds, mais ce seront les bras qui vont travailler, au vu des courbatures du lendemain!
Pas élégant mais y a pas le choix ! |
Il me reste un pan de mur à descendre sans surprise, et me revoilà dans les éboulis du pied de la muraille.
je viens de là haut et je me suis "éclatée" |
Je récupère mes affaires éparpillées et à travers les buissons je rejoins les environs du cabanon, petit refuge dans lequel il y a paraît il, "des araignées comme ça" selon Nico qui y joint geste d'ampleur et mine dégoûtée pourtant ils n'est pas "marseillais". Mais bon, nulle envie d'aller vérifier !
Le casot |
Par contre je me repais du spectacle de cette arche et du Petit Dru qu'un pilote amusé par mon amusement va surligner (drôle de coïncidence) pour mon regard enchanté : il prend la tangente vers l'est .
Comme il est tôt pour rentrer, je grimpe sur la crête en face et vais me jucher sur un rocher (il n'y a que l'embarras du choix) afin de profiter d'un magnifique paysage et d'un bain de soleil en tenue d'été.
Un petit casse croûte, une séance de dessin et d'écriture, la vie est belle...
Mes trajets vus de la petite crête |
Depuis la petite crête altitude 462 m |
Mini désert |
Je n'ai plus qu'à redescendre et suivre le sentier en bas L'éperon rocheux au milieu ? Photo ci-dessous |
L'éperon rocheux et le Canigou |
Car dans mes projets, d'autres arches en plein ciel m'attendent, du côté de Maury cette fois .
Un peu plus loin, à Vingrau, sous la tonnelle de "Lou barral", voilà ce qui m'attend !
Filets de rougets etc.... |