Le Causse Méjean est celui où je me suis posée pour la nuit, le plus haut de tous les Causses puisqu'il atteint l'altitude de 1247 m. Lorsque je m'éveille, à la mi nuit, un petit bruit sur mon toit m'intrigue. Je regarde à l'extérieur, mais le ciel est laiteux et je ne vois rien; j'ouvre la porte, braque la lampe et...je repose sur un blanc tapis de neige. C'est du grésil qui court sur le toit. Stupéfaction et angoisse, que vais-je devenir haut perchée et loin de tout ? Peu après la pluie s'installe et je me rendors, demain sera un autre jour.
Demain m'y voici; la neige a disparu, le ciel est blême et de minuscules flocons tourbillonnent; le froid est incisif mais ne me décourage en rien et à 9 h 30 je quitte la tiédeur de ma "maison" pour un froid glacial, j'ai la tenue grand froid, pas encore la tenue "yéti" quand même.
Et dire que je voulais venir passer Noël ici : je l'ai eu mon Noël, avec la neige en cadeau.....
Direction :
l'enceinte protohistorique de la Rode que j'ai découverte par hasard sur internet à mon retour de celle de Caunes Minervois, Aude.
J'ai pour tout viatique un morceau de carte, un descriptif du site et une photo aérienne. La boussole m'accompagne au cas où la brume rôderait sur La Rode. Il n'y a aucun balisage, aucun sentier, je dois me débrouiller. C'est marrant, ici même, un 16 novembre 2008, dans un matin glacial, couvert de givre, je partais arpenter le Causse et je découvre sur la photo d'alors, que l'enceinte est bien visible.
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16 novembre 2008, l'enceinte couronne la colline |
En ce 10 novembre 2019 glacé, je pars à l'aventure vers l'an 600 avant JC.
Je suis tellement motivée que rien ne me stoppera : le froid, la neige, la pluie, seule la brume y arriverait.
Plus loin, même la chasse au sanglier qui se déroule sur la colline ne m'arrêtera ! Je suis prête à accepter quelques chevrotines, mais les chasseurs ont du flair et s'éloignent avant que de me voir.
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Hures..et mon camion |
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Chemin de Causse |
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Au zoom, le clocher de Hures (qui ne sonne pas) |
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Paysage du Causse |
Je vais suivre un certain temps le chemin puis je lui fausse compagnie et c'est à travers champs, clôtures puis steppes que je vais aborder la colline. J'hésite entre deux collines, la vue aérienne confortera mon choix. Je m'élève doucement à travers une lande sèche, épineuse, glacée sous le vent, encombrée de rochers et parfaitement stérile.
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Tout en haut , l'enceinte |
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Comité d'accueil |
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Au loin les Cévennes glaciales |
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Toujours gelée ! |
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Travaillé par la main de l'homme ? Ou pas
(parties horizontales) |
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100 m x 150 m plus d'un hectare |
Et j'arrive à l'enceinte protohistorique, 1103 m d'altitude, battue des vents comme elle l'était voilà 2700 ans. Je contemple ce qu'il reste de l'édifice.
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Le mur de l'enceinte |
Ma fiche en main, j'imagine...
J'imagine des hauts murs de 4 m faits de deux murs parallèles , construits avec de grosses pierres montées en "pierres sèches" et entre les deux, l'espace est comblé de cailloux, ce qui le rendait large mais pas forcément solide.
D'ailleurs tout est effondré faisant un cordon de faible hauteur et grande largeur.
Les archéologues ont dégagé un pan de ces murs grossièrement édifiés, photo ci-dessous.
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Fragment de parement exhumé |
Tout autour de la haute muraille courait un fossé dont on devine la structure grâce à ce bourrelet de terre:
Et d'ici, proche de la porte principale, je vais entamer un tour complet de murailles.
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La porte principale (sud ouest) |
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Structure de la muraille |
Ce tour de muraille me permet de voir à 360° l'horizon, les forêts au nord (une source est en contrebas de la colline), les monts enneigés, les cultures et pâtures, un paysage qui n'a guère changé.
Mais en ces temps anciens, une vie existait dans cet enclos fermé : à l'intérieur de la muraille, des petites habitations étaient accolées au mur, les archéologues en ont dégagé, voici ce qu'ils ont trouvé .
Des maisons d'habitation de forme rectangulaire étaient établies à même le rocher et s'appuyaient contre la muraille, côté intérieur. Des sondages ont permis de découvrir une structure d'habitats avec un foyer constitué d'une surface d'argile damée, de la céramique, des reliefs de repas, dont une quantité impressionnante de restes de cheval. Le mobilier qui y a été recueilli est caractéristique de la fin du Premier Age du Fer et de l'époque de la Tène. L'occupation du site serait continue du VIe au 1er siècle avant JC, mais s'est probablement prolongée durant la période gallo-romaine car une monnaie romaine du III ème siècle y a été découverte (signalée par Martel).
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Les maisons étaient adossées à la murette, bien plus haute jadis |
Evidemment je n'ai rien vu ni trouvé et je me dirige à présent vers l'espace libre, quelque peu redécoré par quelques poètes. Toutefois je découvre des vestiges de murettes, peut être des enclos à animaux car intra muros l'espace central était dévolu au bétail. Quelques arbustes vivent là, décorés comme des arbres de noël par mousses et lichens.
Inutile de préciser que je suis le seul humain du coin , d'ailleurs le site est peu visité paraît-il.
Quelques images :
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Drôle de roc, sculpture naturelle |
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Décoré comme un sapin de Noël |
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Base de murette ancienne ? |
Je passe beaucoup de temps en ce site, c'est magique, je recrée à l'envi l'existence qui s'y déroulait, je vois...j'entends...
Même si je n'entends que le vent et que je ne vois qu'un horizon glacé et un ciel déchiré de bleu.
Mais c'est beau....
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Déco moderne |
A présent je quitte le site, direction le cimetière, groupe de tumuli disséminés au bas de la colline.
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Les tumuli, inhumation des défunts (Village de Drigas au zoom) |
Je reprends le chemin du retour , saluant au passage un ancien site de cultures et murettes bien abritées, un aven très mystérieux et profond (Aven de la Crouzette) sur lequel je me penche avec effroi. Bien qu'il soit clôturé....je....chut ! "Et ne chute pas surtout" me dis-je en examinant cette béance, ces plantes exubérantes. Je n'y voyagerai pas par procuration, internet ne m'offre rien.
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Béance de l'aven |
Et un étonnant rocher bien planté (naturellement ?), un bon 4 m de haut sinon plus (je sers d'échelle)
A présent je file bon train vers mon camion, à travers Causses, clôtures et champs, un parfait tout droit qui ne manquera certes pas de piquant !
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Du cynorhodon |
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Hures, vue générale du minuscule village ...et mon camion Densité de la commune, 2,9 hab / km 2, une des plus faibles de France. |
Quand je dis que j'aime les déserts !!
Mais...je n'en suis pas restée là !
J'avais repéré sur ce même Causse une autre enceinte près de st Pierre des Tripiers mais c'est excentré et ne me tente plus, d'autant qu'elle n'a pas de beaux restes.Ma mémoire se souvient alors d'une lecture: il existe un site près de St Côme, perché comme il se doit, en pas très bon état mais encore lisible. Je suis tout près, allons voir.
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St Côme et Le Tourel (à sa gauche) |
St Côme se dresse frileusement au rare soleil sur une hauteur. Un peu plus haut une colline m'attire et c'est parti pour 100 m de grimpe tout droit, un chemin de quads et puis plus rien, j'arrive au pied d'une muraille, voici
Le Tourel (ou Le Tourelle); là aussi je vais faire le tour mais l'enceinte est moins bien conservée que sa proche voisine; toutefois une partie domine un à pic et la vue porte très loin; cela s'apparente à un site défensif, ce qu'il n'est pas mais du moins on pouvait surveiller !
Je fais le tour, ne traverse pas l'intérieur, encombre de moults arbres et rocs, le sommet de la colline étant proéminent. Cependant je ferai une trouvaille : une boule de grès, matériau importé sans aucun doute, de la taille d'un ballon, devait servir de meule manuelle pour moudre du grain.
Je laisse ma trouvaille et je reprends le chemin du retour, pas grand chose à voir assurément, mais heureuse d'avoir vu. Ah cette meule....
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La grande muraille, sur le côté bien conservé |
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Comité d'accueil ici aussi |
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St Côme |
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Autrement |
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Une meule de grés (je suppose) |
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N'oublions pas le froid sur les monts de Lozère... |
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Le site vu du ciel |
Quant à celle de
Mont Buisson, St Pierre des Tripiers, l'aurais-je seulement trouvée ? Elle paraît si peu visible...
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Un jour, peut être... |