Mais un drôle de pic, point trop haut, fort pointu, pyramidal avec des faces disparates au possible, toutes envoûtantes et toutes peu praticables.
La plus pratiquée étant la voie d'escalade pouvant atteindre 1000 m de hauteur. De force jusqu'à 8a (pour les connaisseurs).
La dent d'Orlu depuis la route du Col de Pailhères |
Je me contenterai ce jour du chemin de rando, déjà fort raide !
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9 heures 26 : j'arrive au sommet, 2222 m, altitude symbolique s'il en est.
J'ai mis 1 h 50 mn (hors arrêts) de marche pour "avaler" les 710 m de dénivelé, ce qui reste fort acceptable. Pourtant je ne marche pas vite ; cependant l' Ariège est championne pour la prise de dénivelé rapide, ce qui booste le moral.
Au sommet |
Tout a commencé par une nuit sereine, porte ouverte sur les étoiles, en un hameau de la vallée. Nina n'est pas du voyage,j'apprécie. La demoiselle a refusé. J'ai toute liberté.
La route forestière de 7 km au petit matin est un tunnel de verdure entaché de quelques arbres "grillés", les hêtres dévastés par la gelée noire. Soudain au milieu des frondaisons la Dent apparaît, le futur décor est annoncé.
La route forestière |
Gelée noire |
La route forestière et la Dent qui "flotte" dans les airs |
J'arrive à la "poêle à frire" curieux nom pour un parking qui y ressemble.
Je suis la première à partir, les grimpeurs se préparent ou dorment encore. Je les retrouverai bien plus haut.
Dans la forêt |
Une clairière et Elle est là |
Novembre 2016 : la Dent d'Orlu |
La forêt me happe instantanément, grandiose, silencieuse, somptueuse. Elle fait oublier la pente très raide que le sentier dévore, parce que les végétaux sont tellement immenses qu'on ne voit qu'eux... je marche, plutôt bien, en forme et très motivée. Depuis le temps que j'en ai envie...Cet hiver déjà....(clic)
la forêt version fleur bleue |
J'ai le piolet dans mon sac au cas où un névé intempestif...mauvais souvenirs...pourtant la dent a l'air saine et pas cariée de blanc.
Sur une de ses faces des névés sont encore dans l'ombre d'été mais ce n'est pas sur mon trajet.
Je monte sans relâche dans la forêt, accompagnée par les chant des oiseaux, seul "bruit" ambiant. Pas un humain, pas un animal, le ruisseau est déjà loin. Silence...
Le trajet se découpe en quatre parties, les deux premières étant en forêt, séparées par une jasse ou prairie. Deux parties identiques: sentier escarpé, racines apparentes, terre brune et douce, gros blocs sur les côtés et hêtres . Sauf qu'au final, les petits bouleaux prennent le relais. Alors le paysage s'ouvre, le sentier est en crête au dessus de la Coma Grande d'où monte le chant de la rivière alors que la Dent s'impose en toute majesté. Les festivités sont à découvert : un sentier tout droit s'y dessine, sans virages ni fioritures, je le connais, j'en garde un souvenir de fatigue . Mais il faisait si chaud ce jour de juillet 2010.
Dans toute sa majesté : la Dent |
Il ne fait pas froid aujourd'hui certes ! Les grimpeurs catalans et lozériens sont devant, ils m'ont doublée, 400 m de muraille les attendent avant l'ardeur du jour. Du 6 C m'annoncent ils . Du beau, donc...Je les envie.
Arrivée au Col de l'Egue, ce n'est pas du 6 qui m'attend mais une belle pente de 242 m de dénivelé pour 400m de trajet, un bon 30°, un presque couloir.
Le trajet suivant le sentier/ruisseau |
Ce qui rend difficile la montée de ce tronçon c'est sa morphologie . C'est un sentier tout droit qui suit le cours d'un ruisseau. L'eau a emporté la terre et les blocs rocheux sont souvent très escarpés, hauts, obligeant mes petites pattes à des efforts démesurés. Je préfère la bonne pente régulière même plus forte, voire en couloir, en herbe ou non, même glissante à ces efforts saccadés et éreintants. Le plaisir ? Se retourner, voir le paysage s'amenuiser, signe que les efforts ne sont pas vains. Je suis seule au monde ici, comme je le serai un grand moment au sommet,sitôt franchi un joli passage en roche fort à mon goût.
Parfois, le sentier en rocs complètement |
Juste avant le sommet |
J'émerge sur un toit étroit, coiffé d'un joli cairn mais surtout dominant de 1130 m la vallée d'Orlu tout en bas. Un vide brutal, vertigineux. Monte à moi le bruit d'une grande cascade échevelée, les cris des corbeaux qui s'élancent de la main, car Orlu a une main aussi, et rien d'autre de ce vaste panorama que je (re) découvre, l' Ariège avec sa densité de sommets est un tableau permanent . A présent c'est le vert intense qui domine, là bas, tout est vert et constellé de fleurs, j'avais adoré au début de ma vie de randonneuse voir naître le printemps fleuri d' Ariège.
En premier plan, la Main d' Orlu, en fond la vallée de l'Oriège, vers l'amont, direction En Beys |
Les montagnes sont encore abondamment enneigées, les hautes randos attendront.
Une de mes prochaines excursions : j'ai eu le coup de coeur |
La vallée de l'Oriège vers l'aval |
Image Web |
Image web : le gypaète barbu |
Deux chiens font leur apparition, aussi, l'un d'entre eux a droit à mon admiration car son maître, grand coureur des cimes, le soumet à un rude entraînement. L'homme toutefois m'époustoufle autant que le chien. Dire que je me bats toujours avec mon souffle ...et mes crampes dues au manque d'oxygénation de mes muscles...L'homme s'en ira de son pas de danseur et très vite sera un point minuscule tout en bas...J '"épluche" les sommets pour les reconnaître, ma science grandit en ce domaine !Un jeune homme vivant dans la vallée me présente les sommets et lieux voisins, je prépare déjà une future rando, j'ai un coup de coeur pour une vallée perchée. Plus tard avec moins de neige. Il n'est guère amusant de marcher dans cette bouillie en cette saison ,
J'entreprends la descente et je suis surprise de mon agilité dans ce ruisseau et ces blocs. Face à moi la ferme d'où j'ai photographié la Dent hier : envers et endroit du décor
D'en haut |
Et l'inverse |
Au col de l' Egue je m'offre un petit cadeau : bifurquer pour aller voir les grimpeurs . Je n'ai jamais vu cette falaise étonnante, comme sortie d'un étroit précipice et s'ouvrant en un immense éventail ou une demi douzaine de grimpeurs s'activent. De ce théâtre s'élèvent des voix en français, anglais et catalan. Une grosse pierre se détache à grand fracas, roulant dans le vacarme et son écho, flanquée d'autres plus petites, toutes une arme potentielle. Les grimpeurs se figent, la chance sera avec eux. Perchée sur mon col j'admire. La pente plonge vertigineuse dans un vide invisible de 1000 m, quasi vertical. Dans la vallée d'Orlu.
La plongée vertigineuse dans la vallée et la falaise d'escalade (en partie) |
La suite de la falaise qui grimpe jusqu'au sommet |
Sur les voies de 400 m |
Puis je prends le chemin du retour, il est plus de 11h, la chaleur est dense, les randonneurs grimpent avec lassitude, il est déjà trop tard.
Je dévale en trottinant le sentier virevoltant .
Ombre portée sur caillou |
Vieux tronc transformé |
Le bleu du ciel posé sur le sol en corolles |
A bientôt...en Ariège...sur mon 2nd blog
En chiffres
Distance Aller retour : 4.6 km environ
Dénivelé: 710 m