Je choisis donc d'emmener Dominique, qui pourrait être mon petit fils au vu de l'âge, découvrir le canyon de Galamus. La montagne est trop peu sûre question météo.
Cette fois c'est un parcours découverte autrement musclé que celui que j'ai fait voilà 10 jours, que j'espère. Je lui présente d'abord le canyon vu d'en haut, depuis la route, ainsi quand nous serons en bas, il aura une idée, une vue d'ensemble. Qui donnera à la "promenade" un peu plus de peps.
Le canyon vu de la route La hauteur totale des falaises atteint 500m |
Nous traversons l'ermitage suspendu à son nid d'aigle : tant qu'à faire, allions le sportif au culturel. Il est supposé qu'à l'origine des temps l'homme préhistorique avait implanté son habitat dans les grottes du canyon: celle-ci s'y serait prêtée à merveille ! Vaste et fraîche, protégée, elle abrite actuellement St Antoine, le Christ et la Vierge. L'endroit est grandiose et empreint de majesté. Il n'y a pas dans le canyon une grotte rivalisant avec celle ci.
Grottes dans les falaises |
La grotte de St Antoine |
Grotte en haut des falaises |
Nous dévalons assez rapidement le "chemin interdit" ; cette fois il y a foule qui monte et si je m'attends à quelques réprimandes, je ne serai pas déçue. Les guides ne sont pas contents , on se fait discrets et petits mais c'est voie unique alors...
Unique, le parcours qui nous attend l'est.
Le chemin interdit à la descente Forte pente : 42 ° |
D'abord on va le remonter alors que tout le monde, sans exception, le descend. Pourquoi ? Allez savoir...c'est mon initiative mais je n'en connais pas le mobile.
Nous voilà en tenue : maillot, tee shirt par dessus, sans casque ni combis, l'appareil photo qui inaugure une tenue "grandes eaux" et nous voilà partis.
Endroit du décor |
Et envers: de l'autre côté du goulet |
Très vite nous arrivons au rocher qui m'a stoppée l'autre jour; mais cette fois je n'ai plus de pansement à la main et je suis en tenue de bain: quelques brasses et le passage est franchi.
Commence alors la merveille des merveilles...
Chemin d'eau |
Au jacuzzi |
Imaginez aussi les voix des groupes qui arrivent et le petit pincement au coeur à l'idée de se faire admonester ! Nantis de casques et de combis, ils suivent, petits et grands , jeunes et moins jeunes le guide sûr de lui qui leur fait franchir quelques goulets d'eau qu'il nous faudra bien remonter. Ils nous gratifient au passage de regards heureux qui contrastent avec le regard courroucé du guide : "C'est interdit ! Dangereux...vous n'êtes pas équipés....". Nous faisons silence et profil bas....
Quand le groupe a disparu dans quelques éclats de voix joyeuses, nous reprenons le chemin à l'envers. Jusqu'au suivant...
Premier franchissement |
Un premier passage délicat nous ralentit mais on le franchit par la voie des eaux; le second a été descendu par les canyonneurs en suivant la voie d'eau, pour nous ce sera un passage en escalade.
Franchissement : on descendra en toboggan ! |
2nd franchissement petite escalade |
Faire le chemin à l'envers dévoile le dessous du décor, l'ombre sombre des abris sous roche où se devinent des draperies de calcaire qu'on n'aurait jamais vues, les fonds transparents que la surface étale dévoile, nos remous étant derrière nous; et puis les poissons qui nagent avec nous : le retour sera moins plaisant assurément.
Sous les rochers : draperies |
Et puis il y a ce petit frisson d'adrénaline, jusqu'où pourra t'on aller? Nous restons attentifs à la manière dont nous aborderons le retour, le passage le plus adéquat à la descente: nous nous amusons avec nos deux générations d'écart de la même manière.
Deux visages pour un canyon |
Nous savons qu'il y a un passage difficile, nous avons évalué sa position depuis la route, nous savons qu'il y a un dénivelé de 8 m et que nous avons toutes les chances de ne pas passer.
Qu'importe ...
Nous y voilà : un gros bloc coincé, une grande vasque d'eau fraîche et un mur de roche infranchissable . Nous ne tenterons ni le Diable qui peut sommeiller dans une grotte, ni l'impossible qui peut nous attendre au tournant. C'est tellement beau vu d'en bas....On est comme ailleurs....
Alors nous entamons le demi tour à la nage: l' appareil survit bien abrité dans son étui.
Terminus pour nous passage infranchissable |
Voir le canyon sous ses deux faces, montante et descendante offre un atout majeur. Nous lisons deux parcours avec leur unicité à chacun . La roche, les grottes, les marmites de géant, les traces des crues bien au dessus de nos têtes, la végétation dans des postures inimaginables et même, ce dont une combi nous aurait privés, le courant chaud d'une source thermale jaillie des profondeurs de la terre jusque dans le lit de la rivière. Un ruban d'eau chaude qui s'enroule à nos jambes et que rien ne distingue à la vue, de son compère froid. Un cadeau qui nous est donné.
Au retour ce sont nos remous qui nous empêchent de voir le fond et rendent notre marche plus cahotante.
Au final ce sera deux heures dans l'eau en marchant ou nageant tranquillement, pour profiter au maximum, trois admonestations et des regards courroucés, près de 1.4 km d'eau aller retour, un monde hors du temps et de la vie...d'en haut...
Sac étanche pour Monsieur APN Décathlon, 6.99 euros |
De retour à la civilisation, nous ne pouvions pas ne pas terminer par un verre sous les ombrages du moulin de Cubières. Né en 1076 sur les bords de cette rivière Agly avant sa plongée dans les gorges, il est encore opérationnel, pour les touristes
Moulin de Cubières (Aude) An 1076 |
Le ciel est sombre, l'orage gronde et se répercute de falaise en falaise. Ce soir, quel que soit le temps, les sangliers iront boire à la fraîche aux portes du moulin. Quand les touristes auront déserté et qu'un aspect intemporel revêtira la vallée.