dimanche 31 août 2014

Le temps des vendanges



Et oui, le voici revenu, le temps des vendanges.
A me suivre dans toutes mes balades, on pourrait oublier que je travaille...aussi.
Et même beaucoup parfois.

Le résultat est visible en couleurs et en saveurs.
Je ne peux vous offrir que la couleur.
Pour la saveur du grain mûr ou acidulé dérobé à la grappe subrepticement , c'est une autre histoire à laquelle nombre de mes lecteurs n'ont pas accès.
Reste un joli verre de vin à déguster. Mais ce n'est pas pareil.

Donc une petite Balade en Grains avant la dégustation.

Les vendanges ont commencé, cette semaine passée. Avec ce parfum particulier de feuilles blessées et de grains écrasés.
Dans un décor comme ça.


Canigou

Albères




Cépage macabeu

Grenache noir et viognier


Vermentino ou Rolle

Grenache noir

Vermentino


Vermentino

Maturité inégale


Grenache noir

Autour des vignes, sur les talus, il y a plein de fleurs, de celles modestes qu'on ignore dédaigneusement et qui jettent au ciel leur bouquet de couleurs.



Cépage syrah



Derniers genêts d' Espagne





Les mûres sauvages



A bientôt...en vignes...



mardi 26 août 2014

Le rendez vous manqué

J'avais fixé rendez vous au Bésiberri, de préférence le Nord (ils sont 3) car je savais
 qu'il était le plus difficile.

Besiberri nord  3008 m auréolé

Moins haut que le Sud mais plus technique : de l'inutile ambition.
Celui du milieu ne me tentait pas, il n'atteint pas les 3000 (2995m) et je voulais atteindre un 3000.
On a le droit d'avoir de l'ambition, on a droit à l'erreur aussi...
Donc les voici (image internet) en vue aérienne.


La donne n'était pas la même : davantage d'enneigement cette année...vous verrez que cela changea beaucoup de choses.
En ce matin d'août ruisselant de lumière (samedi 16 août), bien préparée physiquement et mentalement je m'élance sur le sentier qui longe le barrage, je franchis la passerelle et je constate que tous les randonneurs suivent une autre route. Pourtant ma carte porte celle ci comme directe.
Ah je comprends vite : directe, elle ne peut l'être davantage. Elle suit le torrent et un torrent...ça fait un tout droit ! Donc, seule, extrêmement seule, inquiète même, je persévère.
Et ça grimpe, très vite dans le roc.
Je viens de tout en bas là bas ( ph de gauche) j'escalade un sentier très raide, souvent rocheux (ph de droite)

L'étang noir brille comme un miroir
L'eau et la pierre


 Et je monte vers le ciel

On devine le sentier
Toutefois mon regard scrute sans cesse vers l'aval : voir enfin des humains qui me diraient si je suis sur la bonne voie : ma carte dit "oui", l'isolement dit "peut être", l'inquiétude dit autre chose...L'eau ne dit rien, elle chante, insouciante de ma course, elle suit la sienne en bouillonnant.


Deux petits points mobiles grossissent, je ralentis fort et ils me rejoignent au lac de Malvesina (2500m)
Deux jeunes hommes qui montent au sommet et me découragent : oui, c'est dur, difficile, technique, il faut une corde (elle est enroulée sur leurs épaules). Je renonce donc mais pas à tout.
Je prends une autre route qu'eux : pas le nord ? Et bien ce sera le sud !
Un regard sans regret vers "mon" sommet acéré
(je ne me vois pas là dedans !)

Le pédalo du lac
Un regard vers "l'iceberg" du lac et je grimpe.
Facile à dire, facile à faire : j'aime cet élément nommé la pierre.
La pierre, elle est en grandes dalles granitiques, en gros blocs monumentaux pour certains, en petits cairns délicatement posés comme un bouquet sur un meuble, que je suis autant que possible.
Mais la pierre ne résonne pas des voix des humains : je suis la seule.
Et c'est immense, chaotique, impressionnant, magique.
Mélange d'exaltation, de peur, de prudence surtout, de curiosité et d'un féroce appétit : continuer.
C'est une sorte d'escalade aussi!
Ils ont le mérite d'être stables

J'adore grimper là dedans
Mais je n'ai guère l'occasion de le faire

Pour éviter les névés je dois contourner et passer haut en dévers.
J'aurai même un passage en corniche
 Face à moi, le cirque des Besiberris est assez impressionnant: j'entends les voix des 2 jeunes grimpeurs; difficiles à repérer dans cette caillasse. Deux points minuscules...

Ils sont quelque part là dedans, petits points perdus dans l'océan


Je laisse à ma droite ce cirque et je me prépare à entrer dans ce couloir rocheux où coule un ruisseau.


 Derrière moi se déroule un beau cirque enneigé qui conduit directement au lac.



Je ne prends presque pas le temps de regarder très loin en arrière où se découvrent tous les beaux lacs dont j'ai parlé dans un précédent billet. La vue est belle mais je suis trop concentrée sur mon parcours en rocs.

Au télé puissant...Etang Noir
Si je ne sais pas danser le rock, je vous assure que j'essaie de ne pas valser entre les rocs : il y a de belles crevasses, qui viendrait m'y chercher ?Je ne suis pas très rassurée, c'est peu dire... je suis curieuse de la suite du parcours. Aller plus haut....il y a longtemps que j'ai renoncé au 3000, je ne serai pas au rendez vous.

Je ne suis pas déçue en arrivant au bout de mon possible.
Au bout de mon possible, il y a une grand champ de neige d'où émergent des blocs; sous cette neige, il y  des blocs cachés, avec leurs tailles différentes, leur enchevêtrement, leurs crevasses : pleines ou vides ?
Je ne connais pas assez la montagne, je préfère arrêter.
Les contourner pourrait se faire...ou non ?
Ce qui me fera rebrousser chemin ce ne sera pas la force : je suis à 2850 m, j'ai l'énergie pour aller à 3000 et au delà.
Mais je ne suis pas sûre du terrain ni des lieux : qui est qui, là autour ? Besiberri del mitg ? du sud ?
Non, ce qui me fait renoncer c'est l'extrême solitude...tout bêtement...qui engendre la prudence....



Pas déçue car je me suis dépassée, j'ai affronté un élément, pour la première fois de ma vie, aussi énorme.
Et somme toute pas familier.


Besiberri del Mitg

Besiberri del mitg 2995 m (semble t'il)





Un dernier regard vers ces inconnus de pierre, anonymes, auxquels je donnerai un nom plus tard avec les vues aériennes.

Le Besiberri sud (3023 m) était encore loin vers le sud : accompagnée je l'eusse atteint.
Seule, on se sent vraiment toute petite, mais très très petite....










Et j'aborde en douceur la descente car mes jambes sont usées et le terrain c'est tout ce long chemin de rochers que j'ai grimpés.
Inutile de préciser que le terrain sera tout aussi désert .
Même les animaux sont absents.
Quant aux jolies fleurs des montagnes, ce n'est pas là qu'on les trouve !!!

J'entame la descente



Mon chemin de pierres, il me faudra attendre bien longtemps avant qu'il ne devienne "tout doux".


Estany Nègre (étang noir) et sa longue cascade
Un chemin tout "en douceur"...sur les dalles
 Et bien c'est juste l'envers de cela :


Au retour, il y a encore des mordus du rocher dans d'autres états; je les entends crier, sans les voir, minuscules araignées sur les parois d'escalade.

Falaises d'escalade


Tout au long du barrage de Cavallers.

En chiffres
Dénivelé : 1150 m
Temps de marche  aller / retour : 7 h 30
Parcours très pentu et très physique
Km total aller retour : 8 km dont 3 km en terrain "plat" (100m de déniv).
Les 1050 m de grimpe se font sur 2.5 km de montée ce qui indique un fort %

(ces détails pour les lecteurs randonneurs)




Un article sur mon second blog : portrait d'un village abandonné : Peranera (clic)

samedi 23 août 2014

La Vall de Boi

La Vall de Boi (prononcer Boy) ou El Valle de Bohi est la seule vallée que je n'avais pas décrite l'an passé, dans ce secteur.
Réparation sera faite en 2014 puisque ce fut mon unique lieu de villégiature.
L'an passé, je vous avais conduits dans les vallées des différentes "Nogueras" (clic) , la Noguera de Tor sera celle de 2014.
(En 2013, j'avais publié plusieurs articles sur ces vallées catalanes)
Barrage de Cavallers
Cette Noguera-là naît au coeur de ce barrage de 14 millions de m3, issu de ces blanches chevelures de cascades dont je n'ai pas fini de vous parler.


C'est une charmante et froide rivière, torrentueuse, bondissante, qui retrouve la Noguera Ribagorçana vers Pont de Suert.
Justement Pont de Suert (où j'achète les girolles) est le point de départ de la Vall de Boi: une vallée de 25 km à peine. On remonte la Noguera de Tor et on rencontre deux villages : Barruera et Caldas de Boi.
Les autres villages sont étagés rive droite ou gauche, point trop loin cependant.

La particularité de cette vallée est quadruple :
-elle ouvre sur de belles randonnées dont les 3000 m du Massif du Besiberri et environs, ainsi que les lacs.
- elle offre des eaux thermales à Caldes de Boi (56° maxi) qui soignent tout c'est à dire sont ludiques et relaxantes; il y a aussi une source exploitée depuis 1887, eau minérale non gazeuse. Le thermalisme mis à l'honneur dès 1732 était connu des Romains
-elle conduit à la plus haute station de ski Pyrénéenne espagnole, Boi/ Taüll (2020 m/ 2751m)
-et surtout, surtout, elle est classée au Patrimoine Mondial depuis l'an 2000 pour ses églises romanes exceptionnelles, soit une dizaine de facture identique .

La vallée étroite est resserrée entre deux chaînes montagneuses abruptes et loge là, étroitement, ses villages, perchés au bout de routes en lacets. La place pour se garer est exigüe et mon petit camion ne trouvera que rarement gîte.


Patiente et heureuse
Le papillon est anti mouches
Donc je me contente de regarder de loin ces églises, sauf celle de Boi au pied de laquelle je dors 11 heures.
Que Lison est patiente ! Et dormeuse....


Eglise de Boi : clocher et fresques intérieures (il en existe d'extérieures)
Vue de l'arrière



Un peu d'histoire

Les églises de la Vall de Boi ont été construites à une époque bien particulière. L'art Roman, issu de Lombardie avait déjà atteint certaines régions de Catalogne (Cuixa, Ripoll, Vic) au XI ème S et si la Vall de Boi avait été épargnée par moults épisodes sanglants, les Seigneurs d' Erill s'investirent dans les campagnes pour reprendre Barbastro et Saragosse et en retirèrent beaucoup d'argent.
Cependant ces richesses furent mises à profit pour embellir les villages de la vallée.
Les artisans lombards, venus au XI ème siècle étaient surnommés "tailleurs de pierres" ou "maîtres d'oeuvre".
Ils avaient laissé de belles réalisations et la Vall de Boi ne compte pas moins d'une dizaine d'églises de cette facture.

Un livret superbement fait qui raconte tout cela et mieux encore est édité pour un euro: je l'ai perdu, quel regret.
La plupart de ces églises s'ornent de fresques (ci-dessus) qui ne sont que des copies, car les originaux, décollés des murs reposent en un musée de Barcelone et des copies à l'identique les remplacent.
Ces églises se visitent, les clochers sont accessibles, au terme de pas moins de 75 marches .
Je n'ai pas tout vu, loin de là.
Erill la Vall
et son église
Face à la cloche, le village d' Erill la Vall et son église

Architecture des toits




L'église de Durro n'a pas de fresques mais de très beaux retables, datés.


Fragment de retable

Mécanisme et contrepoids des cloches

Dans le clocher se trouve le mécanisme
ancien des cloches et leurs contrepoids
en pierres
Il y a celles que j'ai vues de loin , celles que je n'ai pas vues, celles que j'ai vues de l'extérieur car à ce moment là on ne pouvait entrer...Toutes sont des joyaux.

Elles s'inscrivent dans un cadre qui est bien loin de leur nuire. Telle Taüll, monumentale et élégante.
Eglise de Taüll et physionomie de la vallée

Eglise de Barrueda

Barrueda
Que fait on dans cette vallée, hormis visiter des églises ?
Des véhicules amènent les visiteurs dans le "Parc national d' Aigüestortes i San Maurici", là où le tout un chacun n'a pas le droit d'aller avec son véhicule, on cherche des champignons, on marche sur des sentiers à thème ou non, on écoute le chant de l'eau et on vit à son rythme, on s'installe en terrasse de café et on "disfruta", terme espagnol signifiant "on profite..."
Ce que j'ai su faire aussi, sous les ombrages, en écoutant un petit orchestre maladroit.



Avant que de reprendre la route du barrage et des sommets qui m'attendent.
Vous savez quoi ? Quand Lison reverra son "barrage bien aimé", elle deviendra folle furieuse
 et me fera passer une nuit d'enfer : non, ça ne lui plait pas comme décor !