Et ce le sera, sans exception.
Je longe le barrage de Cavallers : 70m de haut, 360 m de digue, 1,3 km de long (1.5 par le sentier), construit en 1960, il remplaça un étang naturel et engloutit une belle cascade.
Le barrage vu depuis le bout du lac Les falaises sont lieux d'escalade |
En ce matin froid, il frissonne, frileux.
Comme frissonnent les rares promeneurs dont je suis.
Oui, le ton est donné , ce sera rocheux, et je vais aimer.
La rivière descend de très loin, sauvage et belle, gonflée de cascades et va se noyer dans le barrage, la pauvre. S'enfouir après sa vie libre. La montagne est un vacarme de longues chevelures blanches.
Nous sommes dans un parc naturel et parmi les interdictions il en est une qui m'amuse : interdit aux voitures et motos : hum! Quelle drôle d'idée!
Le sentier est joliment pavé sur une très grande longueur jusqu'au premier étang "l'estany nègre", car il a servi au transport des matériaux pour le refuge.
cela facilite la marche et c'est beau |
La roche sera le plat du jour : en dalles, en aiguilles, en amas, en blocs, en murailles, en pics, en dalles lisses comme des dos d'hippopotames : je vous laisse admirer.
C'est la musique de la montagne, qui joue la Sonate au Clair de Lune...
Les Bésiberri |
Je marche, la tête dans la lune, à l'écoute de tout ce qui vit, brille et chante : l'air, l'eau, le vent, une belle partition.
Que fais je quand je marche ?
Certes, j'avance, d'un pas régulier, point trop lent ni trop rapide. Généralement des airs trottent dans ma tête, que je peux écouter pendant de longs moments assez silencieux pour me permettre de vivre la montagne.
Parfois, j'écris, dans ma tête, souvent, même, mes émotions et sensations.
Parfois je réfléchis sur un thème.
de plus en plus je me laisse porter en ne pensant à rien.
Les orgues de la Punta Alta |
Dos de granit |
Que je trimballais sur les sentiers et que j'essayais en vain de perdre, de noyer, de fracasser sur les rochers.
Il y a très longtemps qu'ils se sont finalement envolés et c'est très bien. Comme les cendres d'un défunt.
Parfois je fais une pause écriture et dessin, mais généralement arrivée au but, pas avant.
Mais surtout, je m'arrête très souvent, quelques secondes à peine pour ne pas briser le rythme et je scrute, j'observe, je fais le plein d'images et de beauté.
Comment ne pas faire halte devant un pareil décor ?
La lune est derrière moi et j'attends son coucher tout en marchant, c'est dire mes volte face !
Le spectacle en valait la peine, c'est juste là où se trouve le but de mon voyage ici : les pics Bésiberri et leurs + 3000m. Un rêve, un défi...
Elle les effleure, s'y pose, légère... |
Et s'y enfouit... Bésiberri Nord auréolé de mystère |
Ma bulle de lune auréole mes sommets de rêve...de quoi les rendre encore plus envoûtants.
Lui, ce pin noir , a poussé à l'horizontale : quelle drôle d'idée ! Quel accident lui arriva t'il ? Alors j'imagine, en marchant, son histoire.
Il encadre la Punta d'Harlé et le Pa de Sucre |
L'eau est la musique de la montagne: l'une s'éteint, une autre prend le relais. Quant aux parfums, ils sont rares: le froid ambiant les a éteints. Cependant les arbres emportés et déchiquetés par les avalanches embaument la résine sèche.
Passage à gué |
Que l'on traverse à pied sec ou en sautant agilement, cela vaut mieux.
Ce site est un lieu de villégiature très fréquenté: familles, enfants, en font leur balade estivale. Plus ou moins bien chaussés ou équipés. Des personnes peu habituées, à la limite de l'asphyxie, au teint blafard et grisâtre, s'écroulent, harassées après la longue montée, bien au dessus de leurs forces. Cela m'impressionne.
Estany Nègre (plus vert que noir!) à 2150 m |
Pics de Punta d'Harlé 2882 et Pa de Sucre 2864 Etang de Travessani |
Etang de Travessani 2250 m et les 3000 des Besiberri et de Punta Alta |
Oui, on revient toujours au roc, inévitablement, l'eau ne le fait jamais oublier car, en plus, il s'y reflète.
La roche, tellement présente qu'on ne voit même pas le refuge:
Finalement, ce n'aura été qu'un petit décrassage de la dure rando de la veille: mes jambes sont lourdes et mon pied droit me fait si mal, qu'encore une fois je ferai une bonne partie de la descente pieds nus.
Regard effaré des nombreux promeneurs sur mes chaussures autour du cou et mes pieds nus qui filent aussi vite que chaussés sur rocs et pelouse.
Cependant le granit facilite bien la chose. Et puis j'ai l'habitude...C'est cela ou ne pas pouvoir descendre.
C'est la honte qui me fait rechausser.
A bientôt....juste en face....
En chiffres : 550 m de dénivelé, trajet long mais somptueux.
On en mangerait, pas vrai ???
Agulles et Pic de Travessani 2755 m dominant l'étang |
Pics de Punta Alta 3014 m et Comalesbienes 2993 m L'étang où j'étais hier est derrière ces pics |
La roche, tellement présente qu'on ne voit même pas le refuge:
Refugi Ventosa i Calvell 2150 m |
Finalement, ce n'aura été qu'un petit décrassage de la dure rando de la veille: mes jambes sont lourdes et mon pied droit me fait si mal, qu'encore une fois je ferai une bonne partie de la descente pieds nus.
Regard effaré des nombreux promeneurs sur mes chaussures autour du cou et mes pieds nus qui filent aussi vite que chaussés sur rocs et pelouse.
Cependant le granit facilite bien la chose. Et puis j'ai l'habitude...C'est cela ou ne pas pouvoir descendre.
C'est la honte qui me fait rechausser.
A bientôt....juste en face....
En chiffres : 550 m de dénivelé, trajet long mais somptueux.
On en mangerait, pas vrai ???
Que de roches ! Merci pour ce magnifique reportage si joliment écrit ... Bravo Lison et bon WE à toi ! Biz
RépondreSupprimerMerci, Anne, c'est les mêmes roches granitiques qu'en Bretagne, mais plus haut ! Bisous
SupprimerOui on en mangerait...
RépondreSupprimerMerci pour ces beaux décors, et cette lune merveille, juste délicatement posée.
Pareil il en passe des choses dans ma tête, dans le silence, souvent des notes de musiques qui défilent.
Bisous
Le silence ou un certain décor et c'est la tête qui voyage, souvent ps en même temps que les jambes, c'est ce qui rend la vie riche. bisous
SupprimerMerci de nous faire partager ces magnifiques randonnées. Que je serais bien incapable de faire (le teint blafard, à la limite de l'asphyxie... c'est tout moi ;-) ). Tes photos sont splendides et tes descriptions sont si justes, et si bien écrites qu'on se croit presque à tes côtés... les jambes lourdes en moins.
RépondreSupprimerTu me fais rire...j'essaie de vous emmener avec moi, dans mes pérégrinations...J'y arrive? Super ! Bises
SupprimerEncore une fois, bravo, Lison, et merci pour ces récits et photos si passionnants ! :-)
RépondreSupprimerGros bisous.