C'était le 12 avril de cette année 2013 et j'ai eu envie de grimper au
Gra de Fajol, 2706 m, sommet des Pyrénées Catalanes qui m'avait attirée un jour de belle randonnée et de grand vent.
Voir ici.
Les Gra de Fajol sont deux: le grand et le petit.
200m de dénivelé les séparent et le Grand semble donner la main au Petit; surtout vu d'en haut...mais on verra cela tout à l'heure.
D'en bas, ils sont plutôt élégants .
J'ai la
chance de pouvoir dormir sur place, dans mon bivouac à moteur.
La veille au soir, ce n'était pas gagné. Comme la fois précédente, c'était tempête, cette fois du Sud, avec une pluie fine et cinglante, un vrai soir d'automne au bord de l' Atlantique! Ici! A 2000m !
Mais en ce matin froid, le calme est revenu et un lever de soleil rose bonheur éclaire tous les sommets.
Alors, en piste!
Elégamment chaussée, avec du mordant, veux-je dire, je démarre pour une longue grimpe en solitaire; c'est vendredi, la station est fermée et la solitude garantie.
Ils ont l'air tout petits, vus d'ici; l'autre jour, c'était à droite, ce jour, ce sera à gauche: pas de jaloux!
La piste est fin prête pour le week end.
On dirait que je foule une mer de glace, dans un étincelant paysage que nul bruit ne vient troubler: il n'y a PERSONNE.
Quel bonheur: la montagne toute pour moi !
Les choses sérieuses ont déjà commencé: le grand col glacé franchi, voilà une pente raide que j'attaque en dévers, un peu stressée, il est vrai. Je suis attentive à mes pas, surtout ne pas glisser car plus je m'élève, plus le tobbogan est haut.
Les crêtes sont bouleversées, des plaques encore gelées, heureusement, rêvent de dévaler quelques centaines de mètres : non merci, ce sera sans moi!
Enfin, j'y suis et j'y reste un moment, il ne fait pas si chaud que cela en a l'air, 5 ° au soleil, mais la montée donne chaud; je contemple, je dessine et je me restaure.
Le grand Gra de Fajol donne la main au petit. Ce bras tendu entre eux, c'est une corniche étroite, tourmentée, rocheuse, nommée le Pas de l'Isard. Il y a quelques randonneurs qui semblent flotter entre deux mondes. Les autres grimpent au Bastiments, plus tentant avec ses 2883 m.
Moi, je suis seule et c'est le bonheur.
Griserie de l'altitude, de la beauté environnante, de la rudesse de la grimpe.
Mais, au fait, il faut redescendre. Je saurai faire?
De toute façon, pas le choix!
Et je m'envole, sur mes dents d'acier, je dévale 200m d'à pic comme si j'avais des ailes: Quel bonheur!
Enfin, revenue sur le plancher non des vaches (pas encore) mais des skieurs, je le contemple...
N'est ce pas qu'il est beau?