Le Correc de la Sanch ou Ravin du Sang est celui du Puig Sangli.
Le Ravin du Puig Sangli vu d'en haut |
Ainsi le Correc de la Sanch a eu ma visite. je le connaissais mais n'y étais pas retournée depuis vingt ans.
Ce ravin au nom évocateur de Ravin du Sang aurait de quoi faire frémir....Entre légende et réalité, plus près de la réalité toutefois, il était en cette fin 18 eme siècle, le théâtre de combats faisant rage entre Français et Espagnols, lors de cette bataille inscrite sur l'Arc de Triomphe: la Bataille du Boulou.
C'est comme tous les ravins d'ici un étroit chemin d'eau, qui ne coule que par fortes pluies, et qui serpente entre des falaises d'argile jaune, en recevant une kyrielle de petits ravins adjacents.
On se croirait même dans les canoles du Larzac !
L'ensemble se trouve dans une cuvette aux bords relevés de hautes falaises infranchissables et enseveli sous une épaisse et étouffante futaie de chênes verts et chênes liège qui habillent un sous bois touffu, inextricable et agressif. Autrement dit, hormis le ravin ou une sente de chasseurs il est impossible de circuler.
Sur la falaise |
Oasis de verdure, été comme hiver |
Ce ravin , je ne pourrai le remonter que sur 350 m c'est à dire même pas la moitié. Malgré le balisage des chasseurs, et la belle flèche orange, le ravin est obstrué par un arbre effondré, infranchissable.
Le demi tour s'impose, j'essaie d'escalader une falaise, mais je stoppe avant le haut, la redescente sans corde est trop périlleuse, le sol est comme tapissé de billes!
Ce n'est donc qu'un essai à transformer dès que possible : la prochaine fois j'irai plus haut par un sentier tracé dans le maquis, sur les hauteurs.
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La prochaine fois c'était hier. Cette fois j'ai pris une corde!
Je délaisse sur ma droite l'antre sombre et touffu du ravin et vais rejoindre le départ du sentier de chasseurs qui monte gaillardement dans le maquis, épais buissons "à hauteur d'homme" soit plus haut que moi. Quelques chênes émaillent ce parcours où je ne vois rien, que la fine ligne brune du chemin, c'est deux murs parallèles parfaitement piquants. Heureusement j'ai repris ma tenue de loqueteux !
Creusé par les ravinements, envahi de végétation : le sentier |
Au bout de 1 km, le sentier se termine et ouvre sur de vastes friches, anciennes vignes abandonnées. Des hectares couvraient ce plateau à 150 m d'altitude, vignes qui furent gagnées sur le maquis puis arrachées pour cause de crise viticole.
Anciennes vignes : friches |
Et tout au fond serpentent les ravins. |
Le vacarme pénible de la gravière parvient à moi, et un vent violent de sud souffle en tempête. Un coupe feu ancien part sur la droite, ce n'est pas mon chemin mais la curiosité m'entraîne . Des postes de chasse longent le tracé et soudain je me trouve au sommet d'une falaise dominant le splendide et mystérieux parcours des ruisseaux enfouis dans la forêt 30 m en dessous. Une corde fixe m'invite à plonger et de corde en corde je me retrouve juste à mon point d'arrivée de l'autre jour, au pied de cette falaise que j'avais tenté de gravir à mains nues en m'agrippant aux troncs d'arbres. Bien dissimulé ce sentier que j'avais pris pour un "corriol" de sangliers n'était autre que chemin de chasseurs !
Chemin avec cordes fixes pour la falaise L'ancien coupe feu |
Je sais donc que je ne peux pas continuer en bas et je remonte prestement à ces vignes abandonnées, la corde est aussi utile en montée qu'en descente, ce sol semble fait de billes !
Sitôt en haut je vais suivre une longue et monotone piste, en plein vent, plein bruit, pleine poussière sur plus de 1 km , jusqu'au Puig Sangli, 208 m. Autrefois le site était une colline; cette colline fut arrasée pour faire un vignoble mais si le sommet perdure sous forme de butte, car c'est un point géodésique, les vignes n'existent plus. La friche envahit tout.
La piste |
Démasclage du chêne liège Le liège mâle est ôté, c'est le liège femelle qui servira aux bouchons |
Citerne de piste DFCI |
Détail : l'artiste est mon vétérinaire Pascal Burq (une de ses nombreuses spécialités) |
Mise en valeur du site |
Les Albères, Le Boulou et la gravière |
Le Puig Sangli, côte 208 m |
Je poursuis à présent mon chemin dans un triple but . D'abord voir que sont ces étranges lignes géométriques vues du ciel. Je serai vite confortée dans mon hypothèse, ce sont des passages débroussaillés par des engins puissants mais dans quel but ? Déjà ensevelis sous la végétation ils ne mènent nulle part. Même le rôle de coupe feu ne semble pas valable.
Etrange paysage |
Second objectif rallier le mas en ruines que j'ai repéré en vue aérienne. M'y voilà, une solide et belle bâtisse en pierre d'ici, qui, avec ses deux piliers ressemble davantage à un cortal qu'à une habitation, d'ailleurs aucune trace de cloisons à l'intérieur ne subsiste. La toiture était en tuiles toutefois.
Ruine du mas ou cortal |
Ancien Mas Llauzy |
Chaîne d'angle en cailloux de garrigue |
Un des piliers |
Dernier but et pas des moindres, que je poursuis depuis le début du chemin, redescendre dans le correc. Peine perdue, chaque esquisse de sente se perd dans un enchevêtrement de buissons .
Le plus décevant ? Ma voiture est à 150 m en ligne droite et je vais refaire ...à l'envers....plus de 3 km de pistes et sentier, dans l'humidité du soir qui tombe. La gravière clôt ses portes, le soleil a refermé la sienne, demain sera un nouveau jour...de confinement.
Ma voiture est au virage : inaccessible ! |
Evidemment je ne rencontrai aucun humain....Si ce n'est mon ombre.
La gravière range ses engins, le vent fou continue sa courses vers le nord, le soleil illumine la fin de jour : demain il pleuvra. |
Pour ma part, d'autres portes se sont encore ouvertes, des ruines, des ravins, des nulle part et des partout qui se chevauchent à l'infini de collines, et ravins embroussaillés. Où mes pas se plaisent à se perdre.