17 mars 2013 |
Un ensemble fort surprenant.
Il s'agit de la vallée du fleuve Ter, en Catalogne espagnole, ou Vallée de Camprodon, du nom du bourg le plus important situé tout près de là.
Plusieurs fois ma route a frôlé ce La Roca, ma route de randonnées hivernales ou non, jusqu'à ce que je me décide, le 1er jour de l'an 2015 à aller voir de plus près ce que j'avais plusieurs fois photographié avec une avide curiosité.
Octobre 2013, dans un joli écrin de verdure dorée
Ce petit village, car c'en est un , s'étale derrière cette roche, au grand soleil, exposé au sud, comme une aïeule sur un banc, lissant les plis de sa robe autour d'elle et profitant de la chaleur du midi.
A la soulane, côté sud |
Au fond la roche supportant autrefois le château |
Une grande place dallée, un petit parking, un restaurant, des gîtes, La Roca affirme sa vocation touristique qui remplace la vocation paysanne, laquelle se substitua à une vocation défensive et militaire.
Une succession de destinées qui racontent son histoire.
A 1040 m d'altitude, le village a une existence très ancienne, pour preuve son église datée du milieu du 12 ème siècle et son château dont l'existence est avérée à cette époque également.
L'église de la Mare de Deu, remaniée plusieurs fois est située sous la roche et on a découvert au niveau de sa toiture les vestiges d'un ancien chemin de ronde.
Par le trou de la serrure, l'appareil photo insinue son regard indiscret ....
Un long et étroit escalier fermé d' un cadenas conduit, je crois, au cimetière .
Plus tard je saurai, mais peu m'importe vraiment l'histoire...
Je saurai que en 1244, le seigneur du château exempte les habitants d'impôts pour éviter le dépeuplement , car tous les villages des environs, écrasés de droits féodaux se vident de leurs habitants.
Je saurai, en lisant l'histoire, la succession de sièges, de changements de seigneurs, mais peu m'importe
Je lirai aussi qu'au 14 eme siècle, ce lieu si petit était considéré comme la meilleure défense des environs. Il est vrai que perché sur un ilôt rocheux en plein centre de la vallée, c'est une étonnante position stratégique.
Et que son voisin le château de Camprodon, à la même époque complétait ce féroce ensemble défensif.
Inévitablement, comme tous les châteaux de système défensif, au cours des siècles il perdra de sa superbe.
On ne va pas épiloguer là dessus. C'est le cours de l'histoire.
Jusqu'au jour où, en 1843, un commerçant de la ville de Vic l'achète . Il change de destinée, pas pour longtemps.
En 1854, l'état procède à l' expropriation et la Seigneurie disparaît totalement.
Plus curieuse de géologie que d'histoire, je me pencherai plutôt sur cette curiosité géologique qui en fit inévitablement un site militaire unique : un éperon rocheux en plein milieu d'une vallée et si haut ! Je ne trouverai aucune explication à ce curieux phénomène; ce n'est pas de la roche volcanique bien qu'il y ait dans cette région de Garrotxa un parc volcanique. Ce n'est apparemment pas un chaos de moraines, non, juste une roche dure non érodée. Du calcaire. Qui demeura piton fier et majestueux.
Petit cependant.
En parcourant les rues, du château non plus on ne trouve pas trace sinon quelques pans de muraille pour l'oeil averti qui ne fut pas le mien. Ne connaissant pas l'histoire à ce moment là, je ne vis rien.
Oui, je vis des petites rues et des ruelles escaliers montant au sommet du piton rocheux gris et nu, sous lequel dorment des maisons comme des lézards au soleil.
Lequel piton offre une imprenable vue sur la vallée.
Au confluent de deux vallées |
Ancien four ? |
Les outils agricoles d'autrefois |
Je vis des ruelles désertes...c'était un 1er janvier...
Je marchai dans ces ruelles escaliers juste accompagnée par des aboiements. On eut dit un village fantôme.
Quelques objets en fer, fichés dans les murs parlaient seuls à qui écoutait leur murmure :
l'"esquixe calces" (le déchire pantalons) n'a pas besoin d'explication: c'est un des éléments clés des villages catalans du sud au nord !
Une ou autre poignée de porte, des anneaux où l'on attachait chevaux et mulets, paysage familier s'il en est, de nos villages.
Voyez vous, juste un discret village. Hors du monde vous disais je....
Immergé dans les lointains bleutés de son décor
Dans l'or du soir qui tombe |
Alors le temps qui coule goutte à goutte s'égrène inlassablement depuis la nuit des temps.
On peut même l'entendre couler ce temps qui fuit, presque endormi.
Additif...c'est où ?