dimanche 5 février 2017

Le sentier littoral : 2 ème

Aujourd'hui le temps est résolument breton, sans la pluie, certes,  mais qu'importe, la Bretagne n'est elle pas  belle sous la pluie? Alors pourquoi pas notre sentier littoral du sud de France?


Je n'hésite guère et vais poursuivre mon parcours de de la semaine passée. Ce sera un peu moins joli pour la photo, mon pays a mis sa jupe grise.

Je pars de Paulilles mais j'évite le site, je veux marcher. Je suis en mode découverte donc mise en appétit. J'ai visité Paulilles un jour lointain. avec mes élèves,  Paulilles est aujourd'hui un site protégé, un site Natura 2000. En 1870 fut construite ici une usine de dynamite Nobel. Fermée en 1991 puis vendue au Conservatoire du Littoral en 1998. Sur ce parc de 17 hectares, près de 70 bâtiments furent détruits, 9 furent réhabilités et en 2008 ouvrait un nouveau site comprenant un musée et des vestiges du patrimoine industriel ainsi qu'un atelier de réparation de barques catalanes.
Le site est beau, à visiter absolument.

Du temps de la dynamité

Le musée
Ma balade commence vraiment à la plage du Fourat qui a conservé un caractère authentique en toute discrétion. Cela sent bon la peinture fraîche...





Les maisons du Fourat

C'est ici que commence vraiment le sentier et si le somptueux paysage du Cap Béar est dans mon dos,  je me retourne souvent pour le contempler.





Cap Béar
  Le paysage rocheux est déchiqueté, noir, ce qui ne correspond guère au nom de côte Vermeille. Curieuse comme je suis, je m'élance sur tous les éperons rocheux et je vais à la rencontre de la moindre crique. Même minuscule;  je découvre des grottes dans lesquelles, j'imagine, douaniers et contrebandiers devaient jouer au chat et à la souris! Je dérange des mouettes qui se passeraient bien de ma visite sur leur perchoir !


 La roche est plissée, tourmentée, tordue comme par la poigne d'une monstrueuse lavandière, corrodée par le sel et les embruns; il y a bien plus de noir que de vermeil !
le schiste tourmenté
Avec ce temps maussade le petit côté sinistre prend le dessus mais je me sens bien, c'est désert, silencieux, même la mer est discrète.

La mer. Mon regard se perd au loin, pas le moindre bateau, dommage. J'aime bien voir glisser les voiles. Il me faudra attendre bien plus tard pour rencontrer celle ci sur une mer étale.


Je marche dans un maquis de cistes, kermès, ajoncs et romarins qui mêlent leurs couleurs délicates, le soleil absent leur donne un air glacé.

Redoute militaire
en ruines

Haut perchées,  les dents de la mer






Pour accéder à ce site tourmenté, j'ai dévalé un sentier accidenté mais pas dangereux pour qui allie, comme moi, un pied montagnard et un pied marin.

Impraticable pour qui a le vertige.

J'avance jusqu'à l'extrémité, aujourd'hui les embruns n'ont pas envie de jouer ! Et se taisent ou murmurent de discrets conciliabules.

Oui j'ai trouvé mes plages de grande solitude...Comme en montagne!
 Pourtant je ne sais pas encore qu'une étrange aventure va m'arriver !
Sur cette longue grève qui m'attire comme un aimant.
Vue prise au retour

Un petit sentier y conduit, à l'écart encore une fois du sentier littoral et je descends la bonne hauteur qui me conduit à cette plage faite de  deux parties: je sais que je devrai passer dans l'eau pour contourner un éperon rocheux. La vague est discrète et la température douce.



De jolies vagues se brisent en zigzags sur les galets roulés, c'est attirant. En été ce doit l'être bien davantage.



Me voilà en bas, la première partie du site est un socle rocheux, entaillé, jonché de débris, je me dis même qu'aussi bien je pourrais y trouver un cadavre ! Belle perspective ...Cela sent pourtant le varech, le parfum de la mer.


Arrive le moment où je dois me déchausser pour franchir le passage inondé et contourner le rocher. Souliers autour du cou, pantalons retroussés, j'avance et je vois...un cadavre. D'animal. J'identifie un sanglier assez gros une bonne trentaine de kg sinon plus lorsque je vois son échine secouée de tremblements et une plaie sanglante à sa patte arrière. Je suis submergée par la pité et par la peur.
Pourtant j'avance, l'animal ne me voit pas, je suis silencieuse et j'entre dans l'eau. A peine ai je fait trois pas que j'entends l'animal se mettre en mouvement, alors, terrifiée, je prends mes jambes à mon cou, je me trempe jusqu'aux fesses et je file à toute vitesse, nu pieds sur les galets que je ne sens même pas. J'imagine la bête à mes trousses, prête à charger et la grève se finit en roches déchiquetées.



 Enfin je me tourne et ne vois rien. Je m'arrête, le coeur battant et les jambes molles, je chausse mes souliers et n'ai d'autre solution, sur cette plage sans issue que de filer par la falaise !
Elle est haute mais je la devine facile à grimper, même si les roches se détachent et restent dans les mains. Qu'importe ! Je n'ai aucune crainte et je file comme le vent vers mon sentier littoral perché tout en haut.



Mon chemin de roche






Sinon? Il ne me restait qu'à appeler les secours...














Arrivée en haut je contemple le théâtre des opérations  mais ma balade est entachée par l'intolérable idée de la souffrance de cet animal. Je tenterai en vain de trouver une solution, je rencontrerai même un jeune homme qui
tentera d'aller là bas avec son arc et des flèches puis renoncera . Je saisis quand même l'aspect comique du tandem que nous devons faire avec cet arc et ces flèches dérisoires !
La plage, vue d'en haut, ma grimpe jusqu'au sentier et le Cap Béar au loin
Version beau temps : archives novembre 2012

Pour l'heure je continue mon chemin vers Banyuls, je n'ai plus très envie d'aller fureter dans les criques, d'ailleurs cela ne s'y prête plus. Le paysage devient plus sauvage, le sentier est très haut, c'est grandiose, tout simplement. Banyuls sur Mer se devine, s'approche.

Rocher dit le Sphinx

Sur le gros rocher en mer




Le sentier qui court dans un maquis buissonnant, ravagé par les incendies, courait autrefois dans les vignes; non pas qu'il ait changé de place, mais la vigne a disparu, laissant des squelettes de murettes qui permettent de lire le paysage d'autrefois.

Ce devait être très beau. Le vignoble est le cru Banyuls et Collioure, un vignoble et des vins prestigieux, aux belles robes soutenues, dorées par le soleil et sublimées par le vent marin.
Des vignobles qui subliment aussi le paysage.




 Je n'aborderai pas au rivage de Banyuls, je m'y aventurai la semaine passée, sous un beau soleil
Et ce sera l'objet de mon prochain voyage sur le sentier.

Le Sphinx de Banyuls

Pour l'heure, toujours hantée par le sanglier, je reprends le chemin à l'envers.
Je le verrai hélas ou plutôt tant mieux, rendre son dernier soupir du haut de la falaise.
Il a tenté de suivre mon chemin, a contourné lui aussi le rocher dans l'eau, je le vois s'échiner à remonter sur la grève, puis, à bout de forces, rendre l'âme, ce qu'attendait la mer pour emporter doucement vers le large le corps sans vie. Je regarde longtemps ce triste spectacle, le coeur serré et pourtant soulagée.
Mais comment est il arrivé au bas de cette falaise ? Une bonne chute sans nul doute.

Le sanglier au premier plan : assez gros quand même



La plage de la mort et le Cap d' Ullastrell




Les premières gouttes de pluie tombent sur le maquis réveillant d'un coup les parfums, le ciel s'assombrit et je file bon train tandis que  Banyuls s'éloigne dans le soir qui tombe.





C'est la fin d'une randonnée au goût amer, à la sauce aigre douce.

Banyuls sur mer et le Cap de  Castell de Vello (ou de l'Abeille)



Décidément mes parcours sur le sentier littoral sont entachés de péripéties animales : la semaine passée, deux chiens tout près de moi s'empoignaient à mort, au grand dam de leurs maîtres qui ne parvenaient pas à les séparer.
 La prochaine fois, peut être rencontrerai-je le calamar géant des grandes profondeurs ?



Plage de Paulilles dans le soir qui tombe








12 commentaires:

  1. Superbe description d'un paysage que je connais bien... (hors mis le fait que tu ne vois que du noir sur les schistes de la côte Vermeille ( qui a dû acquérir ce nom de la couleur de ses vins rouges).. Par contre je suis amoureux de toutes les nuances de cette pierre précieuse qu'est le schiste ...allant du jaune au bleu et cette palette de dégradés de gris avec des reflets argentés que lui donnent (m'a t'on dit la presence d'amiante ). .
    Pour le reste rien à dire ...TOUT EST BON CHEZ ELLE Y A RIEN À JETER..!!
    Triste la fin de cet animal sauvage...
    Mais la présence d'un archer dans le coin ne doit pas être étrangère à la tragédie. . (C'est la "mode"en ce moment là chasse du sanglier à l'arc )...
    MERCI DE M'AVOIR FAIT PARCOURIR CES CRIQUES OÙ JE NE PUIS PLUS ME RENDRE..!!
    BISOUS!!!������

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    1. Et bien voilà un joli portrait que tu fais aussi de ton coin de paradis! Oui je partage avec toi le goût pour les schistes marins travaillés, dentelés, frangés, tranchants, feuilletés, colorés etc, etc...Ah la côte Vermeille...belle explication! Non le jeune archer n'y était pour rien; mais comme je cherchais désespérément un sauveteur (pour l'achever) j'ai fait cette rencontre incongrue. La distance et le relief l'ont fait capituler. Alors, je te dis "au prochain épisode" en ton pays vu par mes yeux. Bisous aussi, je pars en pays d'ours

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  2. De belles images, c'est plaisant de te suivre aussi au bord de la mer.
    Triste histoire pour le sanglier, mais il est difficile de venir en aide à un animal de ce gabarit.

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  3. Quelle histoire avec ce sanglier ! J'espère que ce n'est pas la laie qui cet été venait se rafraîchir avec ses rejetons à la plage de Cerbère ? J'ai marché avec toi dans ce coin merveilleux que j'ai autant aimé pour les balades que l'on peut y faire que pour ses petites anses où la nuit j'allais tremper ma canne à pêche avec mon beau-père....Le Sphinx m'a également rappelé une de mes plus grosses prises que j'ai faite en chasse sous-marine : un loup de 8,6 kg ! Eh oui, j'étais un assassin de poissons à l'époque mais alors qu'est-ce qu'il était bon ce loup que nous avons fait au four et farci ! C'était l'hiver, il avait neigé dans la nuit et la mer était démontée...mais j'avais 40 ans ! Alors merci pour le récit et tous ces bons moments qui sont revenus à ma mémoire en regardant tes photos si belles...

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  4. Amédine comme Tout Le Monde ici Je suis Triste pour Le Pauvre Sanglier La Nature est dure Espérons que Votre Prochaine Balade sera plus heureuse oui :) Calinous aux Minous Bisous à Vous Pensées pour Lison :)

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  5. CC ... Une magnifique balade entachée par la rencontre avec ce pauvre sanglier ... qui avait dû tomber du haut de la falaise ... quelle tristesse :(
    Que de péripéties ... et de merveilleux paysages !!!
    Douce soirée, Bisous et Câlins à tes Félins

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  6. Comme c'est bien raconté !
    Même avec la grisaille la côte et magnifique, on ne s'en lasse pas.
    Merci Amedine.

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  7. beau récit sur ce site magnifique. Encore !....

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  8. Ceci est un copier coller pour remercier mes amis de blog ! Je vais beaucoup mieux mais encore fragile et et fatiguée ...Bientôt je passerai chez vous ... Pour ceux qui m'écrivent sans lien direct face leur pseudo sur leur blog , pouvez-vous le faire ! Je pourrai ainsi venir plus facilememt, sans recherches ! MERCI Bisous

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  9. C'est vrai que l'on peut faire d'étranges rencontres en balade, et celle-ci n'est pas banale. Pauvre sanglier...
    Je trouve que le schiste tourmenté ressemble à un grosse bête préhistorique à la peau de crocodile. :-)
    Encore une jolie balade malgré tout. Merci Amédine. Bisous.

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  10. Malgré le temps gris il y a de bien jolies photos qui donnent envie d'aller découvrir ce sentier côtier. D'ailleurs ne faut-il pas mieux avoir un temps comme cela pour éviter la foule ?

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    1. effectivement, la foule ne se presse pas sous la grisaille. mais finalement je trouve que ce sentier a aussi du charme par mauvais temps

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