jeudi 19 avril 2018

Le soleil, le vent et les rochers : Vingrau

Un repas de midi bien trop tôt avalé et je prends la route du sud au nord où le dessert m'attend : des rochers. Pas ceux de la célèbre marque : les miens sont gris, durs et calcaires.
Moins d'une heure après, je suis au pied de la Serra de Vingrau et de ses falaises d'escalade.


Même vue : mon trajet

 Non pour escalader mais pour (re) découvrir cette Serra de manière plus originale et plus musclée. J'ai repéré l'an passé un couloir de descente des grimpeurs que j'ai envie d'emprunter en sens inverse soit en montée.
C'est plus facile que la descente.
Vingrau a une succession de falaises d'escalade et les grimpeurs, une fois au sommet, ont deux possibilités de descente, en rappel avec une corde ou à pied par un couloir, logé entre les falaises. Il y en a plusieurs.
J'ai posé la voiture et pris un sac léger contenant quelques fruits secs, une bouteille d'eau citronnée, un casque et une corde au cas où...et mon short, c'est l'été revenu.
Un temps estival qui succède à une semaine de pluies et à des jours de grisaille et de froid.

J'ai envie de grimpe, de crêtes, de roches alors je me sers.

Départ du sentier
Tout de suite le sentier grimpe vers le cône de déjection, ce monticule de débris rocheux plus ou moins gros, plus ou moins glissants.  Tout cela dans une végétation griffue, odorante et fleurie : romarin, ajoncs, pins et autres genévriers pour ne citer qu'eux. Je garde le pantalon !

C'est de l'or et ça pique : ajoncs épineux





Les falaises grises, vraie muraille, s'entr'ouvrent pour loger le couloir: c'est du sérieux ! J'entre dans un monde à part. Ce n'est pas vertical, bien sûr mais cela affichera un 35° de moyenne, avec des passages à plus de 40°. J'ai grimpé du + 50° cela m'est familier. Et j'aime ça !



Il faut parfois se servir des mains, le calcaire d'ici est corrosif.  Je vais grimper 250 m de dénivelé sur 450 m de trajet quasi linéaire.
ça grimpe dur


Et ça me plait


La progression dans ce type de terrain est parfois difficile et toujours énergivore. On recule souvent  au lieu d'avancer, il faut éviter à tout prix les graviers qui roulent mais par contre, permettent de descendre en vitesse. J'opte pour les rocs plus ou moins grands, les murets souvent.

Le gravier qui glisse énormément
Alors je marche sur les rocs plus gros







Je m'accroche à certains rochers ou à certains arbustes. Derrière moi se dévoile un paysage magnifique, qui s'amenuise; mon kangoo aussi devient petit.

Dans la montée , le paysage dans mon dos
Cela réconforte, on ne se rend pas compte combien ça monte; c'est quand je serai en haut et que je verrai cet entonnoir ! Mes velléités de descente , alors que c'est un beau parcours tout aussi musclé en descente, vont s'effriter comme éboulis. Ce sera le sentier.

Vu de plus haut

Pause contemplative



Le damier des vignes au zoom
Il fait chaud, le couloir est bien abrité. Il débouche dans un cirque rocheux où se frayent des passages. Je vais en choisir un et bifurquer vers la droite pour me glisser entre des petites falaises puis sur les roches. J'exagère pour le fun, grimpant des petites falaises dont je pouvais me passer.


Un moment de joie

Sans danger aucun. Pas plus qu'en ses escaliers, on risque la chute. Juste être un peu plus prudent. Je sais l'être.
Et je parviens au cairn sommital d'où j'embrasse le paysage superbe.

Vingrau

La route de Tautavel
Je quitte mes pantalons pour le short et je vais danser sur les crêtes, hors sentier et au plus près du vide. Le vent n'est pas assez soutenu pour me pousser mais je surveille quand même.

Cairn en haut des crêtes

Cette fois je découvre le paysage côté est : la mer, le cordon littoral et les étangs
 Je croise une jeune fille avant de quitter le sentier, je ne verrai plus personne.
Ce qui me gêne c'est l'absence d'animaux, j'aurais bien aimé, tout en me méfiant de la vipère aussi friande que moi de ces lieux.
Je suis les crêtes au plus près, de rencontre en rencontre : les fleurs, la roche très tourmentée, crevassée, et le superbe Canigou enneigé, dans les lointains. Les abîmes, la petite vallée entre les falaises d'escalade, là au milieu, que j'ai parcourue.

Au fond le Canigou, noyé dans les lointains


Jardin de roche





















Romarin dans son vase de pierre




Vallée sèche (Correc dels collets) entre 2 rangées de falaises d'escalade
 (sur les faces nord non visibles)



Une étonnante (fausse) coquille St Jacques de quartz






J'arrive enfin au sommet, sommet modeste avec ses 561 m, mais témoin de la violence des éléments : cette tour a été pliée par le vent comme un bâton de guimauve.











Sous le sommet, je vais m'amuser un moment : descendre regarder le vide à partir d'une autre crête (car je repère ma prochaine incongruité), et remonter en roche, jouant à escalader.

Sur la proue de mon navire en plein ciel...euh dans mon dos le vide


Oh un petit 2 ou 3 mais je suis satisfaite : si à 68 ans je suis si à l'aise là dessus, avec 30 ans de moins je ferais du 6a et en solo en plus ! Je me moque de moi au passage, ça fait du bien l'autodérision. Les rêves aussi font du bien.

Facile et amusant

Je regagne en grimpe pour la 2nde fois le sommet et devant mon nez apparaît cette vue que je n'aurais jamais eue en marchant sur mes deux pieds !! Marcher sur les mains fait ouvrir l'oeil !

Arrivée au sommet , vu autrement ...Il y a le ciel, l'eau, le soleil et la roche
Et puis l'été, et le silence, et la quiétude
Beaucoup pour moi toute seule...

Alors, sagement, je prends le chemin du retour par le sentier puis la route comme une classique randonneuse .
Sentier dans la garrigue



Asphodèle

Face à moi, quel décor 

Vu d'en haut

La même vue d'en bas
Un autre couloir à grimper

Seules mes jambes griffées témoignent de mes facéties.










































Un peu plus tard, à Tautavel, je troquerai shorts contre pantalons et eau citronnée contre....




Sur le blog : 2 balades dans cette "Serra de Vingrau" en mai 2017, en un clic

1ere balade 

2 eme balade






4 commentaires:

  1. Il est difficile en regardant seulement la carte d'imaginer de tels reliefs. Pour moi ce qui était blanc était plat, mais non, pas que !! Merci de donner vie à ma carte par tes belles balades. Quand nous serons installés à Rodome, que nous aurons donc le temps, alors il faudra que je reprenne tes randonnées car je ne me souviens pas de tout ce qui m'a plu, pour aller visiter tout ce blanc ! lol Bisous Amédine

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    1. Visiter tout ce blanc...c'est joli comme image ! Et bien dans les Corbières, on est servis en blanc...et aussi en blancs, différents, e ceux qui se boivent et sont bien bons ! A bientôt !
      Bisous

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  2. Très belle grimpée avec de magnifiques photos, toujours !
    Bisous, câlins à tes Félins

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    1. D'autres grimpes m'y attendent : un bon terrain d'entraînement. Bises

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