mardi 5 mars 2019

Les pics de Freser, 2835 m et d' Enfer 2869 m (Partie 1)

Préambule: Ces deux pics sont voisins de 500 m mais l'un se trouve sur la ligne frontière et l'autre  a la tête et les pieds en France, Pyrénées Orientales. Bien qu'il se nomme l'Enfer, on lui donne souvent le nom catalan d' Infern. Il dresse au dessus des montagnes environnantes son aileron pointu et sombre et offre une belle arête assez technique paraît-il, en l'abordant côté français.

Mon objectif du jour, 3 mars 2019, est le Pic de Freser. Pas davantage.

Le pic de Freser...un peu à sec cette année

J'ai dormi à la station de ski de Vallter, secouée -et moi aussi - comme il se doit, par un vent violent qui m'oblige à déménager ma chambre à l'abri des bâtiments. Si le vent se calme au petit matin, c'est gagné. Sinon....rando en mode prunier, secoué. Au petit matin c'est calme , température positive malgré les 2150 m et à 7 h 55, je démarre, crampons aux pieds et 2 piolets dans le sac car...j'ai une idée.
Oh mais, très vite, je vais lentement, quelle fatigue dans mes jambes !...Aïe, je n'irai pas loin, je suis fatiguée. Je mets du temps sur cette piste de ski qui commence à s'éveiller tandis que je quitte veste et pull...et bien...ya veremos...on verra...Le paysage est magnifique, la mer s'éveille, caressée d'or...

Petit matin doré sur la mer
On ne se rend pas compte...Très vite je suis au pied du mur. Il y a des années que je regarde ces murs de neige et que j'emprunte sagement le classique Col de la Marrana : déterminée, je m'équipe, range les bâtons et file droit au mur, piolets traction en main.

Le mur de neige

Les piolets traction

Pente 35 / 40°

Un exercice. Le "mur" est haut de 130 m pour une pente de 35 ° à 40°, même pas un couloir. Il se monterait en position debout mais je m'amuse, je m'entraîne, on va dire, et je le grimpe à la force des bras, en piolets traction, il n'y a pas un Ludo pour me faire la trace. J'ai décidé de m'amuser, aujourd'hui. Et c'est réussi ! Et je savoure le paysage !








Au loin, les ballons de la région d'Olot


 Arrivée en haut, 2616 m, c'est décidé, je continue vers le Freser. Une petite idée voit le jour...et l'Enfer, après tout, pourquoi pas ?

 Massif du Canigou, 2784 m, tout aussi déplumé

Il n'y a pas foule, ici, deux randonneurs pour le Bastiments et un autre, un peu perdu avec sa carte. tandis que Montserrat flotte au loin, magique...Pour moi, c'est Pic de Freser.


Face à moi, la vallée du Freser est quelque peu déplumée




Même lieu le 23 février 2014...


 Un doute surgit : comment y aller ? Je connais le chemin, je l'avais emprunté autrefois, quand j'étais novice, une immense pente de neige que j'avais traversée, en février 2014,  sans trop de précautions, crampons aux pieds mais sans piolet : ce n'était pas de la témérité mais de l'inconscience, un très long dévers de plus de 1 km où le roulé boulé m'eut expédiée au mieux au paradis, au pire en enfer.
Aujourd'hui c'est à pied sec, une immense pente d'éboulis nue et aride, déserte et merveilleuse de solitude. Qu'est ce que je la savoure, en cet instant !Deux grands névés me forcent à cramponner, mes copains isards sont en bas, pas envie de les rejoindre.

Els cabirols ou isards


3 mars 2019

23 février 2014 : je suivais ces empreintes de pas

Aujourd'hui, en écrivant ces lignes il me revient ce texte écrit là haut, (clic) sur le silence des montagnes.
J'ai repris mon cahier d'alors, c'était en février 2014, le 23, la couche de neige était énorme et assise sur un roc, je dessinais...J'aime bien revoir mes dessins d'alors. Une petite Lison m'attendait, roulée en boule dans le camion...Nostalgie...

Ce jour, c'est une longue traversée d'éboulis (1.3 km) où se plaisent mes pas, dans un grand désert minéral et humain, qui conduit au col de Coma Mitjana, 2705 m, entre Freser et Bastiments.
La neige est la grande absente du jour; le ciel, un peu voilé, reste serein et il fait doux. Un temps de mai/juin. Un drôle d'hiver...

Le chemin parcouru à travers ces éboulis


Sol rocailleux

10 h 41, me voici au Col de Coma Mitjana, balayé par un vent glacé : la porte est ouverte, vite, tenue d'hiver ! je ne ferai que ça tout le jour : m'habiller, cramponner, et le contraire !

Alt 2705 m, 11h 21
Et j'entame la montée. Les crampons ne sont  pas nécessaires: il y a 130 m de dénivelé; vers le sud c'est une pente d'éboulis, soutenue  et régulière; au nord, un à pic surligné de neige et plongeant sur une grande cuvette circulaire, celle de Coma Mijana où se devine un étang gelé et bleuté. Un lieu à découvrir en été! la montée se fait par un sentier bien marqué puisque dénudé ou par les arêtes, je louvoie entre les deux, trop contente de retrouver du caillou !
Dans la montée me rejoignent deux hommes dont je suis des yeux le parcours depuis le col de la Marrana : ce sont Ramon et son fils Carles, deux catalans; on sympathise et on monte ensemble.
J'ai mis les crampons au col mais je les ôte vite, inutiles.

Quelques images :

Début de la montée, court passage en neige, j'ai les crampons

La crête

Le pic d'Enfer, dans les festons de l'arête

Dentelles en crête, face au nord


J'y suis !! 11 h 36

Avec Carles et Ramon (en bleu)

Depuis le sommet





Carles et Ramon poursuivent leur route vers l'Enfer. Quant à moi, toute pleine forme retrouvée, cela ne fait pas l'ombre d'un doute : j'y vais aussi...Il est si proche !!

Le chemin pour l'Enfer

                                                                                                             A suivre...en 2ème partie...


Pour l'heure :
Distance : 4.42 km
Dénivelé: 685 m
Temps de marche : 3 h 40 (ralenti par éboulis et mur de grimpe)


5 commentaires:

  1. Superbe comme toujours, je file voir la suite !

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    1. La suite est à écrire encore ! demain ou après demain; je vais essayer demain.

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  2. La montagne comme je l’aime, de belles crêtes, des roches, une vue splendide et dégagée ! Trop beau ! Et en plus la neige, le top. Bravo !

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  3. La montagne comme je l’aime, de belles crêtes, des roches affûtées, une vue splendide et dégagée, la neige en plus !
    Le top ! Bravo pour ce beau reportage. Tu es la reine des neiges.

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    1. je sais que tu aimes il ne te reste plus qu'à te lancer mais tu ne peux être partout, ça je le comprends aussi; ce que tu fais, j'adorerais (ski) mais là rien à faire !! Nulle, même pas essayé, je suis paralysée avec ces trucs aux pieds

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