samedi 15 février 2020

La Serra de Bufadors (trous souffleurs) Catalunya


Ou "Montagne de Souffleurs" de bufar (catalan) = souffler
Connue aussi sous "Els bufadors de Bevi"

Quand je ne fais pas de "la montagne sportive" je cherche de la rando originale. Comment ai-je découvert celle-ci ? Je me le demande...
De toute façon j'ai besoin d'itinéraires nouveaux .
Après ma rando au Matagalls, l'étape à Santa Maria de Besora, s'impose.Un petit village que j'aime et où je passe la nuit Je ne peux aller aux Bufadors voisins sans rendre visite au château, 160 m au dessus. C'est de là que j'aurai cette belle vue de la Serra dels Bufadors sur fond de Pyrénées enneigées. Et un aperçu de l'ensemble du site.

1 er plan Serre de Bufadors, sur fond Pyrénées
face sud de la Serre

Face nord de la même Serre de Bufadors


A présent, après 4 km de petite route je me gare et je pars pour les Bufadors. Mais qui sont donc ces "souffleurs" qui ont donné leur nom à cette petite montagne ? Un phénomène géologique pas si rare en zone sismique.
Un jour, il y a très longtemps, en me promenant dans une forêt du côté d'Olot (Site volcanique proche) j'avais rencontré sur le sentier un orifice qui crachait de l'air froid. Une autre fois, plus récemment, non loin du cours souterrain de la Garonne,  à 2000 m d'altitude, une cavité sous roche m'avait envoyé de l'air glacé venu des entrailles du sol, qui sait ? D'un cours d'eau souterrain ?
Donc cette Serra de Bufadors cache dans son antre des cavités soufflant de l'air froid avec puissance. C'est tout ce que je sais alors.

L'approche du site se fait par un chemin d'exploitation longeant des prairies sur 2.5 km. J'ai pris quelques notes sur mon carnet de route et mon altimètre fait le reste. Le chemin est monotone, à ma gauche des vaches et des prés, à ma droite des murailles boisées et des fossiles marins. Je marche ...dans un désert humain....Mais il fait un temps magnifique.




Fossile








Voici enfin le vrai point de départ : je quitte la piste et prends un sentier qui se glisse dans l'ombre des sous bois. Ai-je fait une erreur ? Il n'y a plus de signalisation et je dois à un cairn de trouver une bifurcation escaladant un talus glaiseux .



J'entre alors peu après dans le Royaume des bufadors. De grands rochers m'entourent et la température tombe d'un coup de 6 °. Mais cela ne doit rien à l'air froid, juste à l'humidité ambiante. Je me trouve dans un chaos rocheux et des murailles entre lesquelles le sentier circule et partout au pied des gros rochers se devinent des cavités qui ne soufflent rien et pour cause! Il ne fait pas assez chaud dehors.


                                                                                     
Un des orifices souffleurs

Premier contact : c'est sinistre et glacé

Aujourd'hui, je ne vois rien, je n'entends rien, je ressens juste cette humidité glacée et un mélange d'exaltation et d'inquiétude.
Pourtant les Canoles du Larzac m'ont habituée, ça y ressemble un peu et elles sont plus angoissantes.
Mais il y avait le soleil, au dessus .
Ici, rien qu'un antre sinistre. Oui c'est sinistre et envoûtant à la fois.

                                                                                           
Je me glisse dans ce couloir
Et je franchis la porte étroite

























Explication:
Cette zone sismique, qui fut d'ailleurs affectée par un séisme en 1428 est un ensemble géologique de marnes et de grès. de l'éocène supérieur. La formation des Pyrénées créa une inclinaison et une rupture des strates, avec apparition de failles dues à la rupture des grès. Les marnes favorisèrent le glissement des rocher de grès d'où un amas de blocs emplis de cavités. 




Image empruntée à un blog





16 trous souffleurs
7 avens
2 grottes


Ces cavités (dont certaines furent explorées par les spéléos) font un réseau souterrain, à l'instar des reliefs karstiques, empli d'air qui circule. Un air à température constante, 14 °, qui, l'été, sort avec force dans une ambiance surchauffée (clim garantie) dans les parties basses du site, mais, l'hiver, cet air étant parfois bien plus chaud que l'air extérieur, sur les parties élevées du site il provoque en jaillissant un phénomène ponctuel de givre.
Des spéléologues ont visité un réseau, profond de 56 m, long de 400 m et ouvrant par 6 cavités  sur le site, c'est dire...Quel lacis !


Le paysage :
C'est un large couloir de quelques mètres, au sol bosselé, offrant côté sud une très haute muraille lisse et côté nord de hauts rochers couverts de végétation, mousses et fougères.

Derrière la porte étroite...








Fougère sur tapis de végétaux inconnus


C'est sinistre !!

C'est magique...

Un hêtre a poussé en oblique pour chercher la lumière : impressionnante force de vie

Un lierre a grimpé sur la paroi de au moins 20 m : quel diamètre de tronc !!

4 des 16 trous souffleurs

Des arbres encombrent le fond du couloir, longs, minces, cherchant la lumière et couverts de mousses et rideaux de lichens. il règne un silence sépulcral et un froid glacial. Je me glisse dans un minuscule couloir pour accéder à cette petite vallée sans eau où ne coula jamais une rivière, en témoigne le fond tout bosselé. Un épais tapis de feuilles recouvre tout et si je m'éloigne du sentier je fais attention de ne pas tomber dans un trou! Je tâte le terrain.



Je regrette de n'avoir pas suivi un passage barré d'une croix, que cachait-il?
Au vu du schéma ci-dessus, je m'aperçois qu'il cachait...l'essentiel, donc JE N AI RIEN VU !!

Et ce petit mur de roche qui conduisait à un aven signalé à l'encre rouge sur le mur, pourquoi n'ai je pas cherché à le gravir ? Je crois que le lieu m'imposait sa puissance. Mais je reviendrai un jour d'été. Ou même, avant....
Je me sens bien, je n'ai pas peur, juste une sorte de respect pour cette Nature aux innombrables surprises. Déception est un mot qui n'y existe pas.




Le site se poursuit sur un peu plus d' 1 km, il est linéaire, il n'y a pas de bifurcations.
Je découvre un tapis végétal de plantes inconnues mais le microclimat qui règne ici favorise la pousse de végétaux qui croissent à des altitudes beaucoup plus élevées : ancolie, lis martagon ou renoncule que je rencontre en montagne bien au delà de 1800 m.




Roche mouillée ou sèche

2 orifices souffleurs

 Je reviendrai en été, encore une bonne raison !
A mon grand regret le sentier s'élève soudain vers la crête mais ce sera un autre type de parcours : aérien , ouvert sur les lointains, très chaud soudain et très beau aussi.

En bas, le chemin aller

En crêtes

Et il fait chaud 

Versant nord bien boisé, buis, chênes






C'est un très fin sentier qui suit la crête , avec quelques belles vues, sinon il court dans les bois, avec un à pic important de part et d'autre mais caché par la végétation on ignore son aspect vertigineux.


Crête ou arête fine 

Ouverture de l'arête sur le sud, altitude 947 m


Face nord : château de Llaers


En face le château de Sta Maria de Besora

Panorama vers l'est

Passage escarpé versant sud
Tantôt face nord, tantôt face sud, il court sur plus de 1km et me ramène doucement à mon point de départ. Je n'ai rencontré qu'un VTTiste : désert assuré...Mais c'est lundi et, depuis,  un puissant goût de revenez y me colle aux basques.Oh je n'attendrai pas l'été...

(Additif 12 mai..et bien je risque d'attendre longtemps...le Covid 19 a tout chamboulé...)

Quelques chiffres :
Altitude moyenne, entre 850 et 1006 m
Point culminant: Turó Gran 1006 m
Distance parcourue, 5.3 km

Situation:




6 commentaires:

  1. Merci beaucoup: c'est très intéressant, bienfait et de belles fotos !!! Bravo
    Lilly

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  2. en ce qui me concerne,Je ne sais pas si l'angoisse ne prendrait pas l'avantage sur la curiosité, je pense que le lieu est à éviter à la nuit tombante outre l'aspect dangereux, cet endroit est idéal pour un film fantastique, frissons assurés. Dommage mon réseau a refusé l'agrandissement des photos, j'aurais aimé lire les explications de ce phénomène Merci Amédine. Bises Chris

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    1. Certes je ne m'y verrai pas de nuit !! Déjà le jour, sans soleil c'est sinistre mais bon c'est original et ça , j'adore ! Les explications je les ai mises en bleu, traduction d'un blog catalan, enfin en condensé. Bises

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  3. Je ne connaissais pas ce phénomène, ça me donne envie d’aller voir ce lieu un peu inquiétant mais attirant. De belles photos et de belles roches, merci pour tes explications, je ne comprenais pas pourquoi les trous étaient souffleurs, j’ai bien retenu et compris la leçon. Bon prof Amédine et en plus tu m’as permis de m’évader....

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    1. Je comprends la fin de ton message...je referai bientôt ce voyage il a un goût d'inachevé. Bises et...j'aime expliquer...déformation professionnelle

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