mardi 11 mai 2021

C'est un tout petit jardin

  C'est un tout petit jardin clos d'une cinquantaine de mètres carrés, dans la périphérie du vieux village, le petit jardin extraordinaire d'une maison ordinaire. Mon jardin.

Un jardin luxuriant






Il a une longue vie derrière lui, faite de plusieurs vies.

Dans sa première vie, il y a juste cent ans, il  était en plan incliné et un mois par an, il recevait une vie trépidante, bruyante, harassante.  C'était au temps des vendanges. Des chariots lourdement chargés de raisins noirs reculaient au rythme de chevaux las, suants et soufflants, remontant en marche arrière la pente qui allait se terminer avec le déchargement de la précieuse cargaison dans les foudres en bois de la cave au dessous. C'était juste après l'an 1917. La cave de mon arrière grand père. Mon grand père était alors un jeune homme au front de la Grande Guerre, je ne le connus jamais. Ma grand mère lui survécut plus de quarante années.


1978










Puis la cave tomba dans le silence et l'oubli, les herbes folles envahirent le jardin, un figuier et des lilas sommeillaient et quelques poules caquetaient dans le poulailler. Enfin tout cessa.

Des décennies plus tard, l'arrière petite fille, moi,  construisit sa maison sur la cave, le jardin trouva une planéité oubliée et une vie inconnue, un joli potager généreux vit le jour, cerné de quelques fleurs, le figuier fut coupé et les lilas continuèrent à fleurir et à signer l'arrivée du printemps.


1978




1979


Le potager fut remplacé par un jardin d'agrément, allées pavées des cailloux de la garrigue, fleurs en un joyeux désordre coloré, un carré de pelouse, c'est ainsi que vit toujours le jardinet, le climat de plus en plus violent a chassé les fleurs peu à peu, mais il n'est pas un coin du jardin qui n'offre sa luxuriance policée. Et colorée, simplement le vert domine. 


Archives papier 1998

J'ai créé mes allées, longue et passionnante tâche, cailloux choisis un à un. Initiée par mon père, ce fut un délassement à nul autre pareil; rien n'a bougé depuis.

1998

Restait à enlever les guides



1998, l'arrondi de l'ouverture du portail

Le figuier, culotté, a décidé de repousser, une seconde vie lui fut accordée. A condition qu'il fit des fruits, parce que, paresseux, il se contentait de sa stérilité. Ordre lui fut donné et il fructifia. Comme le second lilas qui ne faisait rien mais fleurit sous la simple menace de la tronçonneuse. Ah, le psychisme des arbres, ici on connait ça.

Le figuier est mécontent d'héberger
un rosier pièce de musée

La vie solo a remplacé la vie à deux, mais la VIE ne s'est pas enfuie.

Au temps de la splendeur, des étés insouciants, et de la convivialité entre amis, le jardin avait une belle vie

Au retour du boulot, entre amis

Au retour du travail, en solo






Roses trémières






Pauvrette, je l'ai presque sacrifiée, ça dévore tout!

Rare bouquet, j'aime trop les fleurs en liberté


Ce n'est pas le jardin d' Eden sauf...pour les chats et les oiseaux qui lui ont offert encore une nouvelle vie.

Dans ce petit jardin, sous les fleurs et la verdure, sommeillent onze chats, sous onze petits tertres couverts de plantes et de petits cailloux ramenés des montagnes. ce jardin où aimaient tant se tenir ces chats lorsqu'ils étaient pleins de vie.  Deux autres chats, l'un en bois, l'autre en céramique, cadeaux d'amies veillent sur les petites tombes. Et puis il y a les vivants qui se plaisent au premier chaud soleil du printemps à s'allonger dans le petit jardin, entre les tombes. Un chat moqueur, en tôle, donne la température, lecture indispensable avant que d'aller siester.


Petites tombes

Une des 11 plaques tombales




Mimétisme
Chat de bois




Mimétisme


Les hirondelles, aux beaux jours venus, survolent chats et jardins de leur ballet incessant, deux nids accueilleront leurs petits. Au soir venu, les martinets font leur ballet strident quand l'arrosage soulève les moucherons alanguis.


Ramené de Turquie en 1985, ce ricin vécut 15 ans, le gel le tua

Jusque là, rien que de très normal. Mais le jardin devient Eden Park sous l'influx des chats des voisins. ils sont cinq, ou six, à tour de rôle ou par groupe à venir profiter des bienfaits, au long de l'année. Des petites maisons douillettes accueillent leur indolence et leur insolence. Je les connais tous, méfiants, craintifs mais familiers, ils ont leurs habitudes, leurs heures et ...leurs têtes ! Mais jamais de combats ni de disputes, jamais de dégâts ni de familiarités, ils y vivent leur vie de chats heureux et cela ne me dérange pas, bien au contraire.

Youyou qui a choisi de vivre libre


Moustache vient bronzer

Tichef, craintif mais assidu

Inconnu d'un soir

Balzac, 2 maisons, 2 gamelles


Edmond, assidu depuis 7 ans

Un nouveau venu, pas inconnu ni commode !

Certains, plus hardis, franchissent la chatière, en rasant les murs et se glissent à l'étage, faire la razzia des croquettes de mes chats. Et filent en souplesse, le regard en coin, à mon arrivée, sachant pourtant qu'ici on ne risque rien.

Ils sont surveillés de près par de petites personnes menues et agitées, les oiseaux qui nichent dans l'immense cyprès, moineaux, étourneaux, chardonnerets, tout un monde discret et bien organisé se répartissant les étages de cet HLM improvisé. Alors je n'étête pas le trop haut cyprès, je préfère trembler à chaque tempête de vent, pour protéger la vie qui y est nichée.



Que l'on devient sot au fil du temps...que sera demain ?

Oui, j'ai fait aussi de mon jardin un sanctuaire : un rosier planté à la mort de mon père salue depuis 11 printemps l'arrivée des beaux jours. Venu de sa tombe, un très ancien rosier parfumé fleurit aux quatre coins du jardin.


Le rosier pour Daniel


Le rosier "pomponnettes"














A l'enivrant parfum d'antan


Avant de partir au paradis, bien trop tôt,
Nathalie m'a offert ce jasmin

Mon jardin est plein de coins secrets, on y trouve des qumkats, des citrons, du persil, des iris, du chèvrefeuille, des lauriers roses, des pivoines, du cyclamen, que sais je encore....

Mais il y a un détail d'importance : un ami de passage qui laisse un petit mot, un voisin ou une voisine qui dépose un petit cadeau, alors, en mon petit jardin, c'est toujours un peu Noël. Et c'est magique...

En attendant, le jardin entame une nouvelle saison, fait ses premiers pas vers un été 21, un peu maigre encore, mais bientôt, allées, terrasse, et même chats disparaîtront sous la verdure, sous la couleur..

Mai 2021





La treille 


Même si cette année on ose le noir !!







Je dédie cet article à Emilie qui fait de son jardin pas très loin du mien, un jardin d' Eden. 






4 commentaires:

  1. Une pause imposée me permet de lire ton si joli blog avant de me plonger dans l'aventure.
    Magnifique, reposant, accueillant il y aurait tant de qualificatifs pour ton coin de paradis. Bises

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    1. Tu le reverras au moment de sa magnificence et sans doute, siroterons nous une boisson fraîche à l'ombre de la vieille treille, moment de détente s'il en est. Bises

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  2. "Un jardin extraordinaire"
    Que de souvenirs ! Il est vivant et passionnant ton jardin, de belles fleurs apportent juste la touche de couleur qui convient. Les roses anciennes et la glycine doivent le parfumer discrètement. Tu sais lui parler et il te comprend aussi bien que les chats. C’est un petit paradis ton petit jardin d’Eden.

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    1. Mais oui, quoique tout petit, il n'en est que plus vivant car il est fouillis. Policé mais fouillis. Après le 15 août je lâche les rênes et je laisse les végétaux profiter de la fin de l'été. Et de la liberté bien méritée.Bisous

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