mardi 4 janvier 2022

Maury -66- Voies verte et bleue pour l'arche perdue.


Nicole est une femme en qui je me reconnais beaucoup. Nos âges correspondent et on a chacune nos chemins de résilience qui ont fait de nous des femmes ayant envie de découvrir, de dévorer la vie, de profiter de notre santé et de nos aptitudes physiques, ce qui, hélas, n’est pas donné à tout le monde. Le sachant et sachant comment tout peut s’arrêter brutalement nous ne sommes pas avares de nos potentialités. C’est une femme que j’admire. Elle vit dans un de ces petits villages au cœur des Corbières, dans ce site même que j’ai tant exploré, de falaises en arêtes, de ravins en arches.

Perdue et perchée, l'arche

Logée quelque part dans ce chaos

L’arche, justement. Cette « arche perdue » comme nous l’appelons, immense, évoquant un visage grimaçant, un œil dans la muraille. Ma fascination est plus récente que la sienne qui date de l’enfance. J’ai cherché la voie et un jour je l’ai trouvée. Nicole aussi la cherchait et l’a trouvée mais elle n’a pas osé s’enhardir à grimper vers ce ciel. De plus elle avait un petit défi à relever puisque on lui avait fermement affirmé qu’il n’y avait pas d’accès à l’arche.


Avant d'y aller, faut plonger, en sous bois

Je lui offre donc de l’y conduire, j’ai déjà fait avec elle un bout d’arête sous un vent violent, je sais qu’elle a le pied sûr. L’envie fait le reste.

Nous voilà donc en un après midi de temps estival, sans vent, ciel uniformément bleu dans ce décor de garrigues et de murailles calcaires semblables à des forteresses.


Le décor : Serre et vallée de Maury, village de Maury. Pour nous, c'est ombre de la face nord

Nous laissons le kangoo se dorer au soleil de cet hivernal été et nous partons légèrement équipées dans un sentier bien tracé face nord. C’est humide et glissant, mais le sentier depuis ma venue a été revisité et sa coupe rafraîchie rend la progression confortable. Une ou autre murette témoigne peut être d’une ancienne culture dans ce sol ingrat à souhait. Rien ne freinait les anciens, les vignes montaient presque à l’assaut des falaises.

Le trajet est court, il descend plus qu’il ne monte en sous bois épais puisqu’il cherche la base des falaises. L’arche a disparu aussitôt entrevue, mais je connais son emplacement donc nous n’avons pas à chercher, de toute façon le sentier s’arrête à un pierrier qu’il nous faut remonter brièvement. 


Montée sportive

                                                                                                      



Oui ça va grimper et rouler



Alors on arrive à une première barre rocheuse, peu élevée mais très glissante. Un passage en diagonale nous ouvre l’étage au dessus, qui va être très sportif ! C’est un classique éboulis de montagne désagrégée, fait de rocs de toutes tailles, on a l’embarras du choix pour la vitesse de glissade ! Pour quelqu’un qui n’a pas pratiqué ce genre de terrain je comprends que cela peut inquiéter, je donne donc à Nicole quelques rudiments de technique au fur et à mesure qu’on s’élève. La descente est plus aléatoire dans ce décor là. De rocs en végétaux, on assure notre montée vers le bleu du ciel, seuls les genévriers nous narguent, pas question de s’y agripper ! Je reconnais que bien que j’aie déjà fait ce trajet, je suis toujours aussi fascinée par cette approche, on entre dans le cœur de la montagne. Une première fois on est concentré sur le chemin, la glissade, l’axe à suivre, mais une seconde fois, on aborde le site avec un autre bonheur. C’était au printemps, je fondais de chaleur et en ce 30 décembre estival, c’est pareil.

Dubitative ?

Je laisse Nicole aborder la partie finale, elle  a tant rêvé, il faut se heurter seule au choc de l’arrivée. Car on ne la voit qu’au dernier moment et c’est un véritable choc visuel et émotionnel. Je la laisse savourer, en prenant des photos de loin. Enfin je la rejoins, juchée sur un rocher dont je m’apercevrai ensuite qu’il a la forme d’un cœur. C’est une arche cathédrale au plafond en ogive singulièrement haut, une douzaine de mètres. Largement ouvert mais ne permettant qu’un point de vue rétréci puisque encombré d’arbres. Ce qui renforce encore cette sensation d’édifice sacré. 


Dernière longueur


Le paysage environnant et la déclivité
Style Nicole



Style perso

On va s’y attarder, il se mérite et il nous accueille avec un petit courant d’air froid dont il faut se méfier. Le bonheur de Nicole est palpable .



Sous son arche perchée




La clé de voûte


Le coeur de l'arche bat pour nous !



Au coeur de l'arche


Puis on redescend. Ce ne sera pas difficile, plutôt ludique, certes ça glisse mais là encore les végétaux bienveillants nous aident. S’il y a quelques cairns sur le trajet, nous balisons les endroits stratégiques car je pense que Nicole osera revenir seule, elle en nourrit déjà le projet.

Je l’invite à d’autres projets où je vais lui enseigner comme à Christelle la roche, l’arête et …la corde ! Elle a la chance de vivre dans ce pays qui est si cher à son cœur.

Descente attentive


Revenues au kangoo qui n’a pas pris une once de bronzage sinon celui offert par les flaques boueuses de la piste, nous partons vers une autre découverte, un dolmen. Car ce pays de forteresses de pierres a aussi un passé préhistorique fortement marqué et ce dolmen qui fut fortement pillé, à demi enseveli dégage lui aussi une forte présence. Inventorié par les archéologues il permet de bien le reconnaître car les affres du temps sont passés sur lui et ont un peu compromis sa physionomie.

Là haut se loge l'arche, on voit juste le haut de sa coupole
Paysage d'ici : vignes, taillis et calcaires


Logé dans un site grandiose et sauvage, il faut vraiment le connaître pour le rencontrer. Voilà un après midi riche en découvertes et en complicité qui s’achève. Une belle façon de terminer une année qui ouvre sur de médiocres perspectives, encore. 


Le dolmen

Mais on mordra à belles dents la vie, n’est ce pas ? 


6 commentaires:

  1. Bravo les filles un beau tandem ❤️
    De beaux projets en perspective.

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    1. Dont tu feras partie, de ces projets, tu le vaux bien !

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  2. Bravo les filles pour votre ascension . Vous deviez être aux anges .
    Simone

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  3. Tu m'as fait l'immense plaisir, le magnifique cadeau de m'amener au coeur de cette montagne qui me fascine depuis l'enfance; de la fenêtre de ma chambre je voyais "ce visage" qui barrait l'horizon et je me racontais des histoires....C'est vrai nous avons des points communs mais je suis moins hardie, moins dégourdie que toi et tu me présentes d'une façon un peu trop belle. Et oui nous allons mordre la vie à belles dents !!

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    1. Nicole c'est exactement le ressenti que j'ai de toi et je reste modeste encore. Tu es aussi hardie que moi puisque tu commences un peu plus tard et ça promet, tu as fait et feras un parcours de Compostelle, seule, ce que je n'oserais pas, et surtout ne te déprécie pas ce serait dommage que tu passes à côté de toi même ! Un voyage seule, une rando seule, c'est faire connaissance avec soi . "N'a pas voyagé qui n'a pas fait au moins une fois le tour de lui même" . Confucius

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