vendredi 18 novembre 2022

Conflent : Py (66). En piste pour la finale des cortals

 Prologue : 

C'est vieux...voilà un mois et l'automne flamboyait...

C'est déjà ancien, voilà un mois et je marchais bien...

L' accident n'était pas arrivé, j'étais sur mes deux pieds et j'en ai bien profité!

Je l'avais conté mais pas publié, d'autres histoires avaient pris le relais.

Voici donc le dernier volet des randos sur le site des cortals rive gauche de la Rotja: après El Mal Solà, Tavernalles, Clot d'en Vila, je termine par Descarregues. Depuis, j'ai déjà entamé la rive droite.

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Gardiens immobiles de ruines


  Samedi 15 octobre 2022.                                                           

En piste car j'ai abordé cette partie finale de la rencontre avec le site des cortals par le haut, par la piste venue du Col de Mantet. Il suffisait, après 3.2 km de piste, repérés sur la carte, de plonger dans une partie plus découverte du terrain, repérée sur la photo aérienne. Facile ! Sauf que le terrain est traitre, ou l'image, ou la perception qu'on en a, enfin, sur le terrain ce fut de la "bardissa", soit du fourré, du taillis, de la forêt, sans la moindre visibilité . Quelle histoire !

 Après 1 h 45 de route, il est 10 h lorsque je démarre du Col de Mantet, 1750 m . Il fait beau, la journée s'annonce étincelante, voire brûlante et j'ai oublié ma bouteille d'eau. Tant pis, on avisera . Je n'aime pas marcher sur une piste, tant pis on composera. Le silence est étourdissant, les seuls bruits de mon corps le peuplent. Je marche sous une avenue bleue, le ciel au dessus de ma tête en forêt. Un ou autre ruisseau fend le parcours et le silence, la soif sera donc absente.


Avinguda azul


la piste automnale

Altitude 1905, 2.5 km,  "le drapeau"; il a disparu, seul le nom reste et un point de vue étendu; familier et plus haut à la fois. Py, la vallée de la Rotja, le site de la colline de la Tira, le site des citernes du Mal Solà que j'ai arpentés, vus du ciel, très en dessous de moi. Les cortals sont invisibles car minuscules.

Depuis le drapeau (envolé) 1905 m

Py

Le Planal del Ferrador (1382 m) et le Mal Solà, les deux prairies


Vallées de la Rotja et du Bareu

J'attends les 3.2 km où je vais devoir bifurquer pour un tout droit en pente.


1927 m, j'y suis, un grand rocher découpé, des prairies, ça y est je plonge sur la gauche, il s'agit d'une piste désaffectée, elle est envahie par des petits bouleaux et des bouses. 

1947 m : terminus, le sentier est à trouver
je pars sur la gauche, il est sur la droite

Confiante je descends, je croise un bon ruisseau, je continue et arrive au terminus de la piste . Que faire ? Plonger dans cette forêt sinistre vers l'inconnu ? Non. Je ramasse quelques cèpes et je choisis de remonter. Un espace net et carrossable va me ramener  vers le drapeau, 60 m de tout droit bien dégagé et me revoilà sur la piste, retour au grand roc. 5.72 km déjà.

Correc del sola de Balaguer
Mais je le connais bien celui là !
Ici il vient de naître

Hêtre













Bon on va réfléchir : un portillon m'aide, je le pousse, je découvre une cabane (tiens donc, adossée au roc : la cabane de la Llobeta), et je découvre aussi une sente qui va devenir sentier, balisé de points rouges, il n'y a plus qu'à descendre. En évitant quelques vaches dont une mère léchant son nouveau né.


Obstacle cornu


 Et enfin, à 1809 m, un bel amas de granit, le roc de Tibole, domine le vide, le décor, c'est magique !


Le Roc de Tibole 1809 m (6.6 km)


Prairie de Tavernalles

Tavernalles


Roc de Tibole

 Un panorama qui me parle, un corral qui me dit "tu vois tu n'as pas eu le courage de monter mais il fallait quand même que tu viennes", une cabane toute proche demi ruinée. Un amas de genêts me sépare de vaches qui "cessent de respirer", moi aussi d'ailleurs...

Cabane du Roc de Tibole

Murs d'un corral à 1809 m


Il est une autre cabane que je ne verrai pas. Le sentier m'amène au point terminal de ma dernière venue, le Clot d' en Vila.


Clot d' en Vila 1729 m




 La source est là, il est 11 h 55, je mange et fabrique un gobelet avec mon sachet de compote. Je salue la vache qui ne m'a pas encore vue et je continue mon chemin, je suis sur site, j'ai déjà parcouru 7 km, je peux continuer à visiter. Et je ne vais pas m'en priver! 








Non elle ne me voit pas pendant le repas; là je file doux



Quelques vaches à éviter et me voilà au site suivant. Après la traversée du Correc del Sola Je connais à présent la morphologie, des rochers qui abritent des ruines, des ruines qui appellent à chercher la cabane. Classique et nouveau à chaque fois, les sites sont beaux : un ruisseau, des arbres blonds ou une source, des terrasses, ainsi il y aura 3 sites à visiter. Remonter droit dans la pente pour rejoindre la piste ? Certes mais si je loupe quelque chose...Assurément je vais louper ! deux cabanes mais il fallait les connaître pour les trouver, pas de regrets. 


Douces terrasses : 1680 m


Vues d'en haut



Des tapis de laine



Remonter dans la pente ? Pour retrouver la piste...euh...







Cabane pastorale


Cabane grotte




Couleur décor


Le ruisseau 1680 m

Une douche dans un ruisseau, il fait chaud. Vêtements sur le corps mouillé, c'est frais. 

Petit col

Je n'y vois que du feu



Encore un site: 1723 m

Cabane pastorale de la Descarga de Ceba

Et son toit végétal

Vue partielle du site



Pré de la Descarga de Jean du cantonnier. 1710 m

Roche à sel ? Naturelle ? 



Descarga du pré de Jean du Cantonnier

Le sentier continue : je sais où il va, il va rejoindre une piste inférieure à la piste principale. Les sous bois flamboient, de l'ocre, du feu, du fauve, des larmes de feuilles, des murmures de ruisseau, un désert vivant.  Un ou autre cèpe enfourné dans le sac et le sentier signe sa note finale : 4 km. Il meurt dans un superbe ruisseau, le Correc del Novallet,  bordé d'arbres en feu et je rencontre la piste qui meurt sur l'autre rive, dans un immense rocher. Je sais, à présent ce ne sera que de la piste sauf si un sentier me permet de la fuir. 1724 m et 9.9 km.

Fin du sentier

Début de la piste




La "vraie " piste est à 300m au dessus, 300 m dans des forêts escarpées, insondables, ce serait folie que d'essayer, même si un chemin semble y aller, je ne me mesure pas au chant des sirènes et bien m'en prendra!

La piste va être longue mais quel décor





 Alors je vais prendre le "mal" en patience et m'attendent 12.5 km de piste continue, ce sera long, très long, ce sera beau, très beau, ce sera usant, on tuera le temps, on fera le plein de couleurs, de panoramas entrevus, on verra monter et descendre des tourbillons de ouate, on réfléchira... ou pas, on alourdira le sac de cèpes , on écoutera même de la musique alors qu'on n'aime pas ça dans la nature, pour tuer le temps,  et on ne mourra pas de soif, on n'aura jamais autant bu qu'en ayant oublié la gourde !


Correc de Pomerola: cascadeur !

Et au gué



Au passage j'aurai quand même salué une ruine splendide qui ne me dira pas que fit ici cette géante demeure, de riche facture avec ses soues à cochons, ses fenêtres élégantes, le peu de terre tout autour, loin de tout avant la piste . Quel fut son usage qui détone ici, quel qu'il fut ? Y avait il une source? Etait ce lié au travail du bois ?  


Feu rouge sur la piste: on fonce !



Ruine sans nom. 1782 m





Plongée rude vers la vallée





Autre plongée : ancienne avalanche
Fin de la première piste(3.6 km)
1887 m et 12. 8 km

Je m'approcherai bien plus loin de la Rotja qui, insensiblement est montée à moi, je croiserai son eau vive proche du Refuge Da Silva et enfin je suivrai les 9 km du lisse ruban de la "piste interdite ", créée dans les années 80 pour la transhumance des chevaux via Espinavell, de l'autre côté de la frontière, ah il y en a des histoires qui volent sur ces chemins comme court ce soir le vent d'ouest, léger, tiède, presque, qui effeuille les arbres comme on feuillette les pages d'un livre.

                                                                                     
La Rotja
Refuge Da Silva



En avant pour 9 km !

Un petit tour de piste en images multicolores. Quelques jours plus tard, il n'y aurait plus rien eu.








Un parmi les autres


Site de les Descarregues


Canigou en fond
Vers la mer

Les yeux pleins de couleurs, les jambes pleines de kilomètres, le sac plein de cèpes (euh, pas tant), j'arrive au parking, encore fraîche , malgré les 21.8 km dont presque 17 de piste.

Ouf ! J'arrive...

Merci à Guy Vila qui penche sur mes pages ses souvenirs et aux recenseurs de cabanes, Claude Pideil et Gérard Rabat, pour d'autres pages. Ainsi que Michel Prats pour d'autres lieux et d'autres cabanes. Tous sont inspirants...


Py

En chiffres

Distance totale 21.8 km dont 16.64 de pistes et 5.10 de sentiers
Dénivelé positif cumulé : 525 m
Temps de marche: 6 h 03


Le trajet du jour - en tirets rouges : piste
                           - en pointillés, sentiers (de chasseurs parfois)

Du col de Mantet au refuge Da Silva en passant par les sites de'estives


Gros plan sur les sites du jour:









4 commentaires:

  1. Encore une belle balade, longue et usante mais si magnifiée par ces sublimes clichés ! Avec tous ces points de repère que tu t'es mémorisée, on te suit sans crainte de se perdre ! Quelques ruminantes ont signifié vie dans ces contrées montagneuses boisées et leur présence se révèle rassurante tout compte fait ! L'eau qui court de ci, de là, quel beau symbole de vie aussi ! Et ta prodigieuse faculté à conter.... le lecteur que je suis n'est jamais rassasié et en redemande encore et encore ! Chapeau bas, dame "Lison" ! P.D.S.

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    1. Attends que ma patte folle se réinitialise (euh....ce serait beau !) et je parcourrai les contrées pour te rassasier de récits, infatigable lecteur de mes infatigables errances. Je n'ai pas fini mes itiPynérances. Merci pour tes commentaires trop élogieux, je vais finir en ces montagnes à faire comme la grenouille qui voulant égaler un jour le boeuf, s'enfla si fort qu'elle creva. C'est que des bovins j'en ai en référence là bas.

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  2. Magnifique décor pour cette jolie aventure que j'aimerais pouvoir reproduire.
    (Jean du Cantonnier ? ça ne me parait pas très catalan. Une traduction ?)
    Des photos chaudes, les textes toujours précis. C'est pour cela que j'aime te lire.
    Bizz. GV

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    1. Ce "Jean du Cantonnier" m'a également surprise mais j'ai retranscrit intégralement ce qu'a écrit Claude Pideil. Ce Jean devait être fils du cantonnier, mais ce qui est étonnant c'est la transcription française. En tout cas des cabanes m'ont échappé, mais je ne cherchais pas non plus à les voir toutes. Il me faudrait l'ordinateur dans le sac et non le smartphone. En tout cas j'aurais regretté de n'avoir pas publié cet article ne fut ce que pour les couleurs. Elles reviendront en 2023 mais moi où serai-je ? ...Bises

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