mercredi 29 octobre 2025

Octobre bleu ou altitude zéro : épisode 2

 Et il avait raison, le bienveillant Monsieur : c'est un lever de soleil magnifique sur le Bassin d' Arcachon qui avait fait le plein d'eau de mer au matin. J'ai passé la nuit aux Herbes, au ras de l'eau, et oui, c'est le nom.

Pas vraiment évocateur de grand bleu.

J'ai donc, sans presque sortir de mon lit, profité du spectacle.



Ensuite, le proche village ostréicole des Herbes s'imposait. C'est un fouillis de cabanes en bois, devenues maisons, peintes de couleurs anarchiques, séparées par des sentiers tortueux - et non des ruelles - de sable et de fleurs, ou bruisse une vie discrète. Des ouvertures sur les eaux bleues du Bassin, une plage minuscule, des pilotis désaffectés et puis les hangars ostréicoles, les bateaux qui accostent, les terrasses poétiques muées en salons de dégustation, une pseudo anarchie mais qui est très structurée . La vie besogneuse. Un charme fou, je me suis crue au Portugal des années 80.









Les ruelles débouchent sur le bleu du Bassin




Côté plage et Bassin d' Arcachon avec les pilotis

                                                                                                                    

Mon guide



Rue du Chien qui Dort : c'est le nom, faut pas compter sur lui


Façade marine du village ostréicole des Herbes


Salon de dégustation


Même chose


No coment


Un parmi les invités audacieux

Bien sûr mes vagabondages, non suivis par les touristes, m'ont assuré une grande joie, en toute discrétion. Et ensuite un grand plaisir gustatif, avec mes copains les moineaux.

Plus tard je poursuis ma route, qui doit me conduire à l'estuaire. Mais je prends mon temps, je vais à Carcans.

Carcans est une plage immense, surmontée d'une dune et le village se terre derrière tout ce sable. C'est à se demander si certaines maisons n'ont pas été englouties !

Côté "terre"

Côté mer


Un vaste parking me permettra de passer la nuit abritée par la dune. Evidemment la plage m'attire en cet après midi, et la baignade aussi.

Le carcan ne sera pas pour moi, je l'ai déjà vécu en me retrouvant nez à nez avec des barrières qui interdisent le bleu à tout ce qui est haut. C'est pénible.

Le carcan, c'est le sable qui le vit : la longue dune est remontée au tracto pelle pour éviter l'érosion et le sable recouvert de brande apportée par d'énormes tracteurs et remorques. La brande c'est les buissons qui tapissent la forêt de pins. Coupés et répandus sur le sable, ils ont pour but de retenir le sable. On plante aussi des oyats, la lutte humaine est drastique. Même les sapins de Noël sont récoltés et tapissent les dunes. J'imagine la découverte des archéologues dans 4000 ans....avec tous ces sapins fossilisés, victimes de l'extinction des feux de la fête. On n'y est pas encore.


La dune et la brande prête à l'emploi




La dune et son cordon de brande pour la fixer


Couverture de brande



Plantation d'oyats

Je suis à Carcans, et la plage s'orne d'un ruisseau venu de je ne sais où, salé cependant, un petit fleuve frétillant qui va rejoindre la mer.

Le fleuve de la plage


Les Sirènes du Soir

C'est l'heure du Bonheur pour les surfeurs.


En attendant l'heure rouge ou mauve, flamboyante en tout cas.


La photo classique


Il a une queue de comète ce soir

Le lendemain,  j'ai le plaisir de faire la route interdite plusieurs mois de l'année, quand le secteur voit rouge, la Route des Phares, entre Etang d' Hourtin dont je ne verrai rien et l'océan dont je ne verrai...rien, même pas un phare. Mais quelle jolie route étroite et déserte !

La route des phares





J'arrive ainsi à une plage sans nom, ou presque, sans maisons, sans barrières (sauf aux parkings), nommée le Pin Sec. Tout est vide, quelques baraques en planches, bien closes, m'accueillent dans un espace en terre battue, désert, derrière la dune, un paysage de western, dans lequel surgit un véhicule officiel qui colle à mes basques, duquel jaillit, tel Lucky Luke, une femme en uniforme, quasi menaçante. La menace est bien réelle : dans ce paysage nu et désolé, j'ai franchi (et sans le voir, tant l'interdit devient familier) le panneau "interdit" du petit parking et si je ne me prends ni une prune ni une amende, encore moins un pruneau, j'ai bien de la chance ! Entre femmes faut parfois faire profil bas.  Au final elle se révèle charmante mais en ces pays d'incivilités fréquentes....Je file me garer sous ses ordres, en lieu sûr (côté amende) et je grimpe sur la dune où je suis accueillie par un autre uniforme, orange, cette fois, avec interdiction d'aller à gauche : c'est le 21 eme siècle en toute sa splendeur, essais de drones monumentaux. Alors je me glisse vers le non interdit, période 2nde Guerre Mondiale et mur de l'Atlantique, presque accueillant en ce Pin Sec !


La plage et ses bunkers, le Mur de l'Atlantique


Bunker


Je ne ferai pas long feu ici, et pourtant les couleurs s'étalent en tous sens.

Moi, dans tout ce bleu, je commence à voir rouge ! 

On se calme...cette fois c'est direction l'estuaire. La pointe de Graves, l'extrémité de la Gironde.



Passé l'intermède "musclé", la sérénité est au menu : les belles maisons de Soulac /Mer sont témoins d'une belle époque, où les bordelais venaient aux bains. Je fais un créneau serré entre deux voitures; au retour un conducteur inspecte sa voiture  pour voir si... et je plaisante un peu, le prenant la main dans le sac et l'oeil rivé au pare chocs. J'ai fait une petite moisson au marché avant d'aller déjeuner face à la mer, enfin le bleu refait surface pendant que j'extirpe mes huîtres de leur cachette. Seule face à la mer d'un bleu grave.


Bâtiment administratif




La ville est emplie de ces belles demeures


Ma maison à Soulac



De la fenêtre de ma cuisine : deux heureux, lui et moi

Et maintenant allons voir les eaux de mer se mêler aux eaux de terre, les épousailles des fleuves et de la mer, à la Pointe de Graves. La tenue des mariés ne laisse aucun doute sur leur identité. Quant aux marées elle remontent jusqu'à Bordeaux, 100 km en aval.

En face, Royan (17). Eaux mêlées



En vert, l'eau fluviale



Il se produit, lors des grandes marées un phénomène nommé le mascaret, qui affecte la Dordogne et la Garonne, bien en deçà de Bordeaux, sur plus de 120 km. C'est une vague déferlante remontant le cours des fleuves  à une vitesse pouvant atteindre 30 km/h. Je l'ai ratée de quelques jours.


Image internet : le mascaret sur la Gironde

 

Une palette de couleurs émotionnelles  que ce secteur, tandis que le merveilleux Phare de Cordouan, que j'ai visité en 2008, élève ses 68 m sur le grand large.


Le Phare de Cordouan



                                                Fin du 2nd épisode.............................................à suivre.................... 


Le Phare de Cordouan 

Construit de 1584 à 1611, toujours en service.

A été précédé dès le 11 eme S par des signaux lumineux et des sons de cloches par les moines vivant sur le plateau de Cordouan. Quand on connait le site, ce devaient être des Moines aquatiques !

Hauteur 68 m

Distance de la pointe de Graves, 8.6 km

Visitable en saison.

Surnommé "le Versailles de la mer"

Monument Historique depuis 1862

Classé au Patrimoine Mondial en 2021











1 commentaire:

  1. belles images accompagnées d'un texte qui nous fait vivre dans l'ambiance des bords de mer et des restes d'huitres !! Je n'y suis jamais allé mais c'est tout comme !

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