Je suis partie ce samedi avec du soleil plein la tête, en vue d'un joli projet hors piste dans un lieu sauvage et, je pense, peu prisé. Du soleil comme s'il en pleuvait puisque sitôt installée au grand soleil au bord du Carol, pour un farniente bien désiré, ce sont de grosses nuées orageuses qui se sont déversées, précédant coups de tonnerre et pluie, auxquels je dois un moment enchanteur toutefois, que je conterai dans mon 2nd blog.
Bien arrosé par la pluie, mon projet devenait fragile, se dissolvait dans l'incertitude.
Au matin, l'incertitude demeurait : bien que serein, le ciel promettait plus de brumes que de soleil.
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6 h 44 Départ du parking, lever de soleil (et de brume) sur le Pic de Fontfrède |
Je partis donc à l'aventure raisonnée, soit en sentier. J'avais jusqu'à la cabane pour décider. 1 h 30 plus tard, décision prise, ce serait le sage
barrage du Lanoux, je ne risquais pas de me perdre. Il y a peu de dénivelé pour le Lanoux mais un très long trajet, 6.8 km. Nommé
"chemin des ingénieurs".
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En montant sur le "chemin des ingénieurs": jolie vue sur Fontfrède |
Je le fis en musardant, regardant les écharpes de brume s'enrouler de ci de là, et admirant le vrai jardin qu'est ce sentier. Et ces forteresses crénelées noyées de brume, dominant mon chemin; que c'était beau ! Le silence était impressionnant et l'air avait l'immobilité d'avant la pluie. L'odeur aussi.
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En montant au Lanoux |
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La brume est ma seule compagne de voyage |
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Elle enveloppe tout, autour de moi, et crée des fantômes de roche |
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Jardin mouillé |
Arrivée au Lanoux, je décidai de poursuivre vers
l'étang du Forat (le trou). Le sentier simplement cairné suivait un ruisseau bondissant et étrangement pavé .
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L'unique randonneur de la journée |
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La vallée cairnée qui conduit aux Forats Au fond le noir Carlit |
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Etrange lit de rivière |
Une noire montagne se dressait devant moi, fascinante et inconnue.
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Le Carlit et je ne le sais pas encore |
Quelle ne fut pas ma surprise de voir que ce noir couloir était sentier qu'une bande de jeunes était en train de grimper . Mais où vont-ils ? Je finis par comprendre que je suis au pied du
Carlit, face nord, que je vois pour la première fois. Surprenant quand on ne le connait que face sud.
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Carlit face nord : le toit du 66, 2921 m |
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et ses habitants 500 m plus haut |
Je me trouve dans un cirque glaciaire, entre Serra de las Ximeneas (cheminées) et Carlit, une cuvette cernée de monts déchiquetés, de couloirs sombres et de crêtes effilées. Là au fond coule une rivière, fondent doucement des névés et deux lacs paisibles regardent le ciel et les habitants du Carlit, tout là haut, à 500 m au dessus de leur eau.
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Castel Isard 2633 m et lac du Fourat |
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Le cirque glaciaire et ses champs de fleurs, |
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ou de neige, ou de rocs |
Qu'est ce que j'ai envie de grimper ce Carlit !! Mais je m'abstiens, je pars à la découverte. Les langues de brume persistent et viennent rôder dans les parages mais le ciel tâché de bleu m'encourage.
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Serra de las Ximeneas, sa face sud |
Tout est silence hormis les habitants du Carlit dont les voix courent en écho dans "mon trou". Un peu de carburant me remet en piste, il n'y a plus de sentier, je trace au feeling entre éboulis, blocs, herbes, névés glissants et pentes ardues vers ce que je crois être un col. Je n'étudie pas vraiment la carte, je grimpe au jugé et même je grimpe bien. J'arrive au pied des dalles qui sont le contrefort de l'arête partant du col et j'attaque avec bonheur la montée en roche, j'ai une forme olympique, j'adore les parois rocheuses et me voici en un rien de temps sur la crête. 23 minutes pour près de 200 m de dénivelé.
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le cirque glaciaire; je vais tracer ma route vers le col, à droite Au milieu Pic de Solana Carnicera |
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Montée au col dans les éboulis; en bas le petit lac (photo précédente) |
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Mon choix, en haut des éboulis, de la roche que je vais grimper. On peut accéder au col de façon plus facile |
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Escalade fleurie de rhododendrons |
La crête de la Serra de las Ximeneas: imaginez une arête de roche avec du vide de chaque côté, un paysage somptueux côté est et aride côté ouest , le miroir bleu de quelques lacs, des sommets acérés et hérissés de rocs comme des coussins d'épingles. Imaginez du noir et du rouille à perte de vue, et ce silence immense, ces langues de brume qui rôdent. Et moi ? Et bien je valse sur les rochers de la crête, m'aidant parfois des mains, je cherche la route à créer pour descendre. Je me régale, je suis dans mon élément. C'est raide, rocheux, mêlé à de l'herbe, quoique je choisisse ce sera sportif et amusant. J'ai une folle envie de grimper sur ce sommet à 2755 m qui est le point culminant de la Serra de les Ximeneas. Mais là aussi je joue la sagesse. Si j'ai une forme olympique, j'ai du trajet de descente, long car ardu et puis la route, si longue...
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Pic le plus élevé de la Serra 2755 m |
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Côté ouest : un des étangs de Coma d'Orlu façon Corse liquide vue du ciel |
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L'arète où je me promène : 2644 m |
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Vue vers l' Est et les étangs de Fourat; à gauche versant sud de la Serra de Ximeneas |
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Et danser sur les crêtes |
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Pas de danse sur "musique" de Solana Carnicera 2839 m |
Je m'attarde, c'est tellement beau. Je retrouve le trajet fait avec Marcel la semaine passée, je reconnais tous les lieux .
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Versant est, le Pic occidental de coll Roig , son col et le Pic oriental de Coll Roig noyés de brume Elle me suit à la trace ! Au centre le "mur" descendu avec Marcel (article précédent) |
J'entame la descente et pendant 20 minutes je vais louvoyer dans les rochers à la recherche du meilleur passage : au menu, rocs, pentes herbeuses, barres rocheuses énergétiques...euh, non pas celles ci, énergivores oui !
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Descente énergique et énergivore |
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Même chose plus bas : un aperçu du terrain |
Mais ma pêche d'enfer me poursuit en descente et en 20 minutes sportives et prudentes , j'avale les 160 m de dénivelé qui me conduisent dans
la Coma d' Orlu, ses névés et ses champs de rocs.
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La Coma d' Orlu; les lacs sont tout au fond |
Je néglige les lacs (pourtant mon vrai projet de rando) qui me feraient perdre du temps, la brume rôde encore du côté ouest . Et je trace ma route, au flair, évitant au maximum ce qui deviendrait usant pour mes genoux; j'ai des km au compteur et du terrain accidenté derrière et devant.
Je vais retrouver le vallon parcouru avec Marcel, je connais le chemin. Alors je bifurque pour aller voir
"la perte des eaux", ces eaux qui jaillissent de la montagne en longue chevelure blanche, se font absorber par la pente, puis rejaillissent dans le vallon et re disparaissent sous terre.
J'y suis , le filet d'eau s'amenuise et se perd en silence...je peux rentrer.
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Les lieux de mon trajet de retour: en courbe de niveau, puis en descente dans les éboulis et enfin en suivant le vallon de Coll Roig |
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Chevelure d'eau |
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La perte des eaux |
Je reviens à
la cabane de Coma Joan et là, comme aux 24 h du Mans, je fais un plein de carburant, un changement de pneus et un brin de décrassage de carrosserie dans l'eau glacée du ruisseau (celui qui s'était perdu) ;il me reste 3.8 Km , que je parcours en 1 heure...ça descend! Et c'est du sentier. Que je ne ferai pas seule : un couple de mon âge, fort sympathique auquel je servirai ensuite de taxi avant que de savourer ensemble dans leur camping car une bonne boisson fraîche du genre "avec modération..."
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Changement de pneus |
En résumé, une somptueuse et totalement improvisée balade qui a fini par rejoindre mon projet initial, mais en sens inverse, ouvrant sur de multiples perspectives d'avenir. Me restera t'il assez de temps ? L'avenir me le dira...
En chiffres :
Dénivelé cumulé 900 m
Distance : 17.5 km
Temps de marche : 7 h
Le trajet
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En rouge : trajet en sentier Flèches rouges : trajet retour commun avec aller En bleu hors sentier |
Un bien beau circuit, que nous avons fait en partie avec bivouac au lac fourat et le lendemain Carlit par la cheminée. Un régal ! Bravo pour tes belles photos et tes commentaires pétillants. Tu as la pêche Amédine ça fait plaisir. Bises, câlins à ta tribu. Lundi tu vas encore décrocher la lune...
RépondreSupprimerOUi je l'ai presque décrochée, en tout cas j'avais du soleil sur la tête et des étoiles plein les yeux, ce fut une extraordinaire balade en plein ciel; bisous
Supprimertres jolie paysage
RépondreSupprimerWL
Merci, je pense que tu connais ces lieux si tu es bien le WL que j'imagine et j'attends de tes nouvelles avec impatience
SupprimerJe n'avais pas pris le temps de vire-volté avec toi sur ces lieux enchanteurs. Cet endroit est vraiment perdu. Quelques précisions :
RépondreSupprimer- Il s'agit de la face Ouest et tu ne le connais que de la face Est (Bouillouses). La face Sud est visible depuis le Cambre d'Ase. La face Nord est celle qui regarde vers le Castell Isard.
La photo de la Corse liquide est une merveille. Quel coup d’œil.
La photo Envers/Endroit avec Lison est géniale !
23min pour 200m de dénivelé, tu grimpes comme un isard, bravo !!!
Merci, merci à tout y compris pour l'orientation, souvent je sors la boussole pour ce faire, là j'ai pêché !!! mais est ce un pêché de pêcher si près du ciel ?? hihi
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