Fut-il de pierre et de ciel bleu.
Cela se conquiert posément, lentement, en douceur.
Avec délicatesse.
Alors j'ai laissé le temps, pour ce faire.
Je l'ai rencontré au printemps, j'ai essayé de l'aborder en automne. Trop brusquement.
Il m'a dit "non, ce n'est pas la bonne manière".
Coeur de ciel |
Alors j'ai cherché comment aller le cueillir, un peu par ruse, par diplomatie, avec prudence.
Un pas d'escalade trop osé m'avait fait rebrousser chemin.
Du regard j'avais caressé la montagne à la recherche du passage qui m'y conduirait. Face sud, la seule accessible aux non oiseaux.
Ainsi en cet après midi ensoleillé, je pars à sa rencontre.
Pour y arriver je prends une petite piste, en conduisant d'un oeil, l'autre rivé sur la montagnette
Sur laquelle il veille.
Entre la piste et la montagnette, il y a le maquis épais, sombre, agressif. Il me faut donc le franchir en son point le plus étroit, son point de faiblesse.
Je gare la voiture et je pars, mais mon oeil exercé aux sentiers et montagnes aperçoit une trouée dans le maquis : un imperceptible sentier qui s'avère confortable et à son débouché sur le flanc de la montagnette, il est même cairné et, comble de luxe, marqué de traces de peinture. Un luxe pour chasseurs ?
La montée au travers du maquis puis de la roche |
J'aurai l'explication sur la crête : des voies d'escalade face nord doivent arriver là.
Sur la crête : la brutale face nord, percée de l'arche (balade du 30 juin) |
Me voici donc sur la crête à un petit col sans nom, rien n'a de nom en ce modeste décor.
Face à moi, le vide, brutal, d'où monte de l'air frais, la rumeur sourde de la grand route et où se profile un panorama grandiose malgré la faible altitude. 410 m. Il fait chaud, ce jour.
C'est avec ce grandiose décor sous le regard, 240 m plus bas, que je vais me promener. A regarder avec modération quand on marche tout en haut.
Un paysage magnifique |
Les vins de Maury |
Habituée aux cimes, j'ai devant moi une arête effilée et tourmentée, c'est du calcaire : un calcaire abrasif, pour les mains, mais qui au moins ne glisse pas, avec de nombreuses prises. Cela va rendre le parcours confortable.
Effilée parfois |
Le parcours ? Je vais plein ouest, sur une arête fine, exposée côté nord avec un grand vide où il ne ferait pas bon aller planer, et côté sud, un tout petit dénivelé qui permet de se déplacer sans poser ses pieds sur l'arête, si on veut. Je ne veux pas.
L'arête et ses habitants |
Mon choix reste l'arête, il n'y a que les buissons invasifs qui "me font poser pied à terre" et contourner.. Et encore : souvent je passe malgré eux.
Penchés au balcon, ils profitent du paysage |
Mon parcours facile au début devient un peu plus aérien, un peu plus exposé au vide mais a le mérite d'un sol stable et je marche avec aisance. Les mains se frottent davantage à la roche.
Un peu plus loin cela devient plus aérien, on dirait un parcours étudié pour des difficultés croissantes, une sorte d'école. Un "gendarme" à contourner côté nord, au dessus du vide puis une désescalade; je redouble de prudence, qui viendrait me chercher là, personne ne sait où je suis.
Je vais attaquer de la désescalade, qui pour mes courtes jambes reste un bon II sans plus.
Dans mon dos : contournement de gendarme et désescalade. (au retour ce sera même chemin , à l'envers) |
Tourmenté et pas tout jeune |
Il vit de quoi ? |
Chemin faisant je me rapproche du petit coeur invisible. Comme l'arête descend, il est assez facile de choisir le parcours, plus visible; mais je veux au plus près rester perchée.
Soudain, un vide me stoppe net : l'arête s'arrête. Je n'ai pas le choix que de trouver un passage dans ce gros bloc de roche. Je me souviens....vu d'en bas, cela m'avait paru infranchissable, ça l'est : donc je ne suis pas loin du petit coeur.
A droite le grand mur infranchissable (vu d'en bas au zoom) |
Même lieu vu du haut |
La grotte derrière le bouquet d'arbres |
Sans prévenir, le voilà : heureusement que je n'étais pas sur le fil de l'arête! Non c'était impraticable ici.
Alors j'ai passé mon chemin, tentée d'aller plus loin et de redescendre par un autre chemin.
J'ai continué mon chemin |
J'ai encore cherché une autre voie de descente dans ces dédales rocheux qui m'entouraient, comme s'ils eussent voulu m'absorber. Là encore impossible. Les pas n'étaient plus du II.
Pourtant elle est à portée de mains ma voiture Mais quel vide ! |
J'ai refait le chemin à l'envers, regrimpant dans ce dédale et finalement, le chemin de l'arête est tellement plus beau, au soleil déclinant qui dore tout ce qu'il touche.
Non ce ne fut pas pénitence.
Jardin suspendu |
Chemin à l'envers, sans regret, trop beau En face; la Serre de Maury que parcourt un sentier |
Pendant ce temps....
Sur les parois dorées par le couchant, un funambule s'amusait. Nous étions donc deux.
Encore une fois je suis admiratif par la fluidité du récit,la netteté de ces sensations ressenties et que l'on ressent aussi et la beauté de ces photos superbes. Je me répète sans doute, mais depuis longtemps toutes ces balades devraient faire l'objet d'un livre qui plaira à beaucoup de randonneurs voire de touristes sportifs désireux de découvrir notre région. Encore gracies pour cette nouvelle évasion ...en attendant la suite. ASP
RépondreSupprimerDétrompe toi cela n'intéresse personne, n'intéresserait personne. c'est trop peu...ou trop...ou pas assez...je ne fais pas partie de la norme et je suis en décalage : "trop jeune" pour ceux de mon âge, trop vieille pour tous les autres. J'ai rencontré en femme de 51 ans et en pire mon alter égo. On essaiera de faire des trucs ensemble; pour le moment elle se soigne en crapahutant en béquilles. Alors on écrira "el llibre de las nostras bojerias", cela aura du succès. Merci pour ton élogieux commentaire. mais franchement je ne vois pas beaucoup de monde visiter Maury ainsi. Les Maurynyatos ne le savent même pas..hihi
SupprimerC'est incroyable 400 mètres de dénivelé positif et pourtant tes photos donnent l'impression d'être prises vues du ciel, je suis toujours admirative que tu puisses faire tout ceci seule, je voudrais être miniature pour me glisser dans l'une de tes poches afin de me rendre compte si je suis capable de faire la même chose et si non j'aurai profité de toutes ces merveilles en ta compagnie. Merci pour ce récit christelle L.
RépondreSupprimerChristelle, en restant comme tu es et non miniature, je t'emmène, tu verras c'est facile parce que tu peux rester en dehors du vertige si ru veux. Bises
SupprimerJ'avais questionné les randonneurs de St Paul sur la possibilité d'aller découvrir ce petit coeur et il m'avait été dit que l'on arrivait "jusqu'à une plateforme" je m'y suis rendue mais je ne suis pas aussi intrépide que toi. Tu as réussi à le conquérir. Bravo! et encore merci pour le partage
RépondreSupprimerTu veux venir avec moi ?? et ensuite tu y conduis les randonneurs! J'ai vu lors de notre balade que tu as le pied sûr, alors....
SupprimerC’est vrai que tu en fais bien du chemin, toutes ces photos sont impressionnantes
RépondreSupprimerBisous
J'attends le beau temps, qui n'en finit pas de revenir, pour aller ma balader à nouveau sur ces rocs. bisous
Supprimerje viens avec toi voir ce petit coeur qui m'interpelle si tu penses que je le mérite (un coeur il faut le mériter!) et je t'amène au roc Vergès. J'ai aussi quelque chose que je te réserve si cela t'intéresse, comme je te sais très occupée je pensais le laisser chez ton frère. Si tu n'as rien à faire de la chose en question je la récupérerai toujours chez Michel
RépondreSupprimerAvec plaisir et dès que possible : météo favorable et coeur sur ciel bleu!! Surtout roche sèche. On va se régaler !! Je te fais signe; redonne moi ton tel en MP FB. Oui j'aurai à faire de la chose. Et moi j'ai ton gilet...noir
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