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Quand Didier (que j'ai rencontré il y a un an en montant au Mulleres , 3014 m) m'a proposé les sommets du Cirque de Troumouse, j'ai pensé à un grain de folie (la sienne) puis les mois ont passé et le silence s'est installé. Voilà qu'un jour il m'envoie un extrait de youtube, un "truc vertical" à grimper, le Pic de Serre Mourène, mais je n'ai pas cru une seconde que c'était une invitation. Pourtant, que ça m'a plu et que "je le sentais..."! Prétentieuse me suis je dit...
"De toutes les matières, c'est la roche qu'elle préfère.(...) C' est la plus heureuse des prétentieuses" Parodie de "C'est la ouate" de C Loebb Sommet du Pic Heid, 3022 m |
En grande partie le trajet du jour, 17 km moitié en l'air En bleu parcours nocturne |
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Voilà comment en cette noire fin de nuit je me réveille sous une brève averse et un ciel sans étoiles, c'est sûr on n'ira pas ! Mais Didier arrive, c'est le 8 août, il est 4 heures et il me dit "on verra, on y va".
A la lueur des frontales et dans un silence religieux, on doit traverser le cirque aux pieds de la Vierge sauf qu'on n'y voit rien, Didier ne se repère pas, moi encore moins qui ne connais pas et on marche. Des sentes de brebis, un relief boursouflé dans lequel on serpente, des dizaines d'yeux verts immobiles qui brillent (les brebis) , un noir d'encre, un sentier qu'on finit par trouver et....on est à l'opposé de notre destination. Pas grave car je me régale. Donc sous le jour naissant, on contournera hors sentier dans les éboulis la moitié du cirque pour gagner le point de départ : la montée au col de la Sède. Tant pis pour la grass' mat' loupée !
Perplexe devant la météo (vers le Vignemale) |
Montée au col de la Sède par le "dédale mange mollets" |
Montée au Col de la Sède; une rude grimpette |
Le jour bleu puis gris puis doré s'est levé, les nuages menaçants se dissolvent et là c'est sûr : c'est parti !!
On en a vu de toutes les couleurs |
Dans nos sacs, baudrier et corde, pas de casque. Didier toujours confiant m'a dit "Je suis sûr que tu fais tout sans corde mais on la prend quand même". Sage précaution . Didier est un montagnard expérimenté et j'ai entière confiance, il connaît parfaitement les lieux. Que ça grimpe !!
Col de la Sède, 2651 m, le panorama est superbe: au SW, le cirque et à l'opposé , NE, tout le secteur des Aguilous , un symbole pour moi qui ai passé toute ma jeunesse aux Agouillous, en 66..à 100m d'altitude !
Oui d'inimaginables palettes de couleurs |
Du col de la Sède :la vallée de Aguilous, côté nord |
Du col de la Sède au Pas de Gerbats, c'est une crête douce et arrondie, incongrue dans ce paysage altier et fier; elle courbe l'échine et sa pelouse est douce, ah on n'en trouvera pas souvent comme elle !
Une crête débonnaire ce sera la seule et unique |
Un jeune couple équipé en escalade est là, nous le dépassons et ne le reverrons plus, il fera demi tour. Le Pas de Gerbats est un peu (et plus que ça) compliqué mais je le passe sans crainte, malgré le vide bien présent et le passage en roche. Didier est un peu inquiet mais je ne garderai de ce passage aucun souvenir de la moindre difficulté. Je le dois à la confiance que j'ai en lui, je le répète ce sera mon meilleur moteur tout au long du jour.
Un passage clé : le Pas de Gerbat appelé jadis "le Mauvais Pas de Gerbat" ou descente verticale dans le vide. Pour moi Pas de Souci ! |
Toujours en limite calcaire (trop lisse) , un des nombreux toboggans du parcours, la chute ? C'est 500 m mini de glisse |
Cette limite est un vrai jardin; dans le schiste qui se délite, mille fleurs ont trouvé domicile, dans la roche aussi. Des couleurs somptueuses étoilées par l'averse.
On ne manquera pas de fleurs toute la journée, malgré le noir décor |
Au dessus de nous une muraille noire, celle du Gerbats, 2904 m, en dessous de vastes toboggans pâles et lissés par les glaciers , une chute et rien ne nous freine, ce sera à mon avis un des passages les plus dangereux du parcours. Un sentier le parcourt et le terrain est plissé, nous ferons ainsi 1 km. Fascinant ! Je remplis mes yeux de ces couleurs et lumières, mais je suis d'une prudence extrême, mon corps doit s'habituer à ce terrain là. Et au vide.
Pour mieux comprendre |
Et pourtant, c'est riant !!
Je dirais même cela a du piquant !
Voire du mordant!
Pour preuve, ces roches se sont entre dévorées sous la pression, fer, schiste et calcaire, quel ménage à trois !
Cirque de Barroude, lacs à 2300 m, un refuge entre les deux |
Les deux protagonistes du jour le plus jeune |
Perché au dessus de la muraille de Barroude et l'arête facile à parcourir |
La muraille verticale de Barroude : dalle calcaire de 600 m |
Fugace on aura vu le Mont Perdu, quelques secondes, dommage....il s'est perdu pour tout le reste du jour.
Photo ce jour |
Alors qu'on aurait du avoir ce permanent décor ...quel dommage ...
Photo Didier 2018, le massif du Mont Perdu, depuis le même lieu |
Ici commencent les festivités d'arêtes !Un petit col (2923 m), en dessous du Pic Blanc nous offre les vues les plus vertigineuses et on file vers le Pic Heid, 3022 m, le premier 3000 du jour. Au bout d'un sentier, sans arêtes, de la chair sombre et caillouteuse mais un boulevard encore. Avec ses 3022 m, il dépasse mes sommets 2018. Séquence émotion, encore. Frangé de brume que le vent léger repousse, je ne verrai rien de l'autre côté, soit les étangs.
Chemin à parcourir direction le Pic de Troumouse, 2nd 3000 Nous ne cessons d'évoluer à + 3000 |
A nos pieds le Cirque de Troumouse tout de vert vêtu (alt moyenne 2000 / 2100) |
Sans s'attarder, on va parcourir, direction Pic de Troumouse, 800 m d'arête (à vol d'oiseau, plus sur le terrrain) à plus de 3000, tourmentée, faite de creux et de bosses, d'évitements indispensables ou de désescalade et escalade pour le fun, le choix des arêtes fines est au menu en option gratuite mais périlleuse. Pour ma part je suis comme un poisson dans l'eau, Didier aussi que je ne suis pas scrupuleusement, il a de longues jambes. Séquence vertigineuse et passionnante, "je m'éclate". C'est le domaine du schiste, roux et noir, roche "pourrie" par excellence qui se brise sous nos pieds et doigts, habillé du vert des lichens, semé encore de quelques jardins roses sur mousses vertes, des grands vautours qui nous survolent attendant le menu, ils me reluquent je suis la plus généreuse en viande ! Je plaisante mais mon grand souci du jour est justement de ne pas donner de souci à Didier. Je suis néophyte et si je redouble de prudence, c'est justement pour faire de cette journée une perle rare; je n'ai pas droit à la moindre erreur, je le sais et j'y veillerai jusqu'au retour, une concentration de tous instants. Didier reste un accompagnant vigilant et attentif, me guidant parfois pour un pas de III, nous formons un tandem efficace et complice. Dire que nous ne nous connaissons pas, ou presque ! S'il y a des évidences dans la vie, cette aptitude à marcher ensemble là haut sur les cailloux noirs en est une.
En images vertigineuses:
Un personnage donne l'échelle au décor |
Et quel décor !! Côté Cirque de Troumouse De l'autre, c'est la ouate |
On se faufile là dedans ou au-dessus (Si ma mère savait ça... Aïe) |
Une quinzaine attendent |
On vient de là bas, très loin |
Genteleman, il me dit : "Toi d'abord!" pour le pic |
Et de deux ! Pic de Troumouse, 3085 m |
Mais que vois-je ?? Quelle est cette redoutable dent grise, si proche et si "effrayante" ? Voilà ce pour quoi je suis venue : le Pic de Serre Mourene. 3095 m. Instant de grande solitude...je n'y arriverai jamais! Didier se lance alors dans un numéro de délire vocal qui, au lieu de me convaincre, m'angoisse encore plus : il en fait trop et il rit, en plus.
A suivre.....
Je suis passée par plusieurs étapes, dans la lecture de cette première partie, de ce magnifique périple, la première l'envie, puis un moment d'étourdissement vertigineux et toujours et encore de l'admiration pour ces objectifs que tu te donnes, je le fais également mais pas à ce niveau, ton ami est aussi plaisant que toi, et a vraiment le physique d'un alpiniste. Bravo à vous deux Bises Chris
RépondreSupprimerSans lui c'est sûr j'aurais jamais tenté; ou alors avec un guide; ou alors avec d'autres alpinistes; je veux dire jamais seule. Même en l'ayant fait (car le plus dur reste à faire dans la 2nde partie)je ne le referais pas seule. Mais cela restera une des grandes expériences de ma vie. Bien encadrée tu le ferais je pense, avec peut être la corde aux endroits sensibles. Les 2 séances d'escalade avec guide que j'avais faites il y a 4 ans m'ont aidée. Mais que je me suis régalée !! Tu verraz la suite
SupprimerLa suite, La suite.......
RépondreSupprimerça va "viendre" mais d'abord, grimper à l' Alt del Griu, 2800 et quelques...Andorre, on peut pas être tout à la fois à la plume et au "grimping"
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