Le Roc Campagna appartient à la commune de Fuilla, alors qu'on le situerait logiquement sur Villefranche. Il surplombe la route à 4 voies menant à Serdinya, mais aussi le site de Sant Père peu connu sinon des cartes IGN...et de quelques avertis.
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| Le ver de soleil, matin glacé |
Dans mon dernier article j'ai noté cette phrase : " Le chemin, soutenu par un mur, est superbe, il court dans une pente ingrate, puis se perd dans les taillis (j'irai l'explorer une autre fois)".
Avec moi ça traîne pas, j'y suis ce matin, juste une semaine après. Il fait moins quatre degrés.
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C'est là dedans que ça va se passer Roc Campagna en haut |
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J'ai mis mes pas dans ceux de la semaine dernière, remontée jusqu'au ravin de las Coves, remontée sur l'ancien chemin jusqu'au moment où on lui fausse compagnie pour rejoindre le chemin du Campagna.
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| Et le chemin vers son terminus "officiel" |
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| La grande cascade du ravin |
Moi je décide de poursuivre en sa compagnie, et cette compagnie est malaisée. Un chêne rabougri l'encombre, je le contourne, le tracé est délabré, et puis je stresse car je sais très bien qu'ici je suis hors civilisation.
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Pour monter au chemin d'en haut, c'est à gauche dans la roche, moi, c'est |
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| Le campeur sur le chemin : le chêne |
Même si l'autre, celui du Campagna, celui de ma belle sortie de samedi dernier est désert, il a le mérite d'exister; celui ci est oublié, rayé du monde. C'est troublant, envoûtant et stressant. Le chêne rabougri fait écran entre le monde et moi, rien ne laisse y deviner un chemin. Rapidement sa trace se perd. Il faut donc ouvrir les yeux et examiner attentivement le moindre vestige, notamment sa courbure qui induit le trajet. Donc, pour une fois, je vais travailler sur l'angle et l'arrondi de la courbe...et ça marche ! Par bribes, je retrouve quelques mètres et j'avance.
Chaque pas est incertain car le sol est abandonné à la nature, à son retour aux origines : ça glisse, ça roule, ça dévale, ça pique, je tiens mal mon équilibre.
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| La courbe est un indice |

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Il faut un oeil averti pour chercher le chemin Cela demande des retours en arrière, ici il n'y a rien que le décor |
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| Le chemin passait là |
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| Vestiges épars |
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| Tracé un peu plus évident |
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| Vestiges |
Un grand désert minéral qui plonge vers la route, 500 m en contrebas, d'éboulis en barres rocheuses puis en anciennes terrasses; j'ai parcouru le terrain la veille jusqu'à la côte 650 m, là je suis à plus de 800 m d'altitude; sous mes pieds il y a près de 200 m de mystère, faits de pierriers fins et roulants, de chênes verts clairsemées mais omniprésents. Univers pâle calcaire, vert soutenu, et bleu sombre de la vallée dans l'ombre. Les montagnes en face sont bleutées, et au dessus de moi, orangées, c'est beau, dénudé et sauvage. Le minéral calcaire est omniprésent, falaises, barres rocheuses, colonisées par les chênes.
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| Un des immenses éboulis descendant sur près de 400 m |
Et puis, plus rien. Le chemin se perd, ou bien je le perds. Cette fois la courbe ou la rectitude n'y font rien. Je suis précipitée dans un relief tellement rocheux, escarpé et dangereux que je renonce. Avant que de comprendre qu'il pouvait s'arrêter là.
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| Le chemin finit là , cela semble inextricable |
Car la raison de ce chemin est évidente. Les terrasses cultivées sont à 200 m en contrebas, ici il n'y a que d'énormes chênes verts faits de plusieurs troncs issus d'un même tronc qui fut coupé voilà...tellement de temps. De gros troncs qui furent fins rejets, arbrisseaux, avant que de devenir ces gros futs tourmentés issus d'un pied mère. Combien de temps, en ces terres arides, pour donner cela? On peut réaliser que ces arbres furent exploités voilà très très longtemps. Le site d'exploitation est magnifique. Mais il y a peu de terre, c'est de la roche.
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| Bouquet de chênes verts assez desséchés dans ce relief |
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| Les résultats de l'abattage |
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| Un des beaux chênes ayant repoussé |
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| Ce fut un tronc, ce sont les rejets |
Car la raison de ce chemin est évidente. Les terrasses cultivées sont à 200 m en contrebas, ici il n'y a que d'énormes chênes verts faits de plusieurs troncs issus d'un même tronc qui fut coupé voilà...tellement de temps. De gros troncs qui furent fins rejets, arbrisseaux, avant que de devenir ces gros futs tourmentés issus d'un pied mère. Combien de temps, en ces terres arides, pour donner cela? On peut réaliser que ces arbres furent exploités voilà très très longtemps. Le site d'exploitation est magnifique. Il y a une terrasse qui a sans doute servi à stocker les billots de bois, mais aucune trace de matériel en fer ayant pu servir à l'évacuation.
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| La plate forme entre chemin et arbres |
Le bois semble avoir été évacué par le biais des plans inclinés des éboulis. A la côte 650, la veille j'ai trouvé des fils de fer ayant servi à l'évacuation. Plusieurs, en parallèles; y avait il une plate forme de réception ? Peut être.
Ainsi mes randonnées sont aussi une gymnastique cérébrale !
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| Le Sieur Canigou ou Canigó |
Et tout le secteur fut une gigantesque exploitation de bois, dans des sites imprenables et des conditions époustouflantes.
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| Ce décor que j'aime tant |
Peut être les exploita t'on quand d'autres sites plus accessibles et plus denses furent décimés?
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| Forêts du secteur |
Je reviens sur mes pas, rassurée à présent, j'ai bien balisé mon retour et je déguste le paysage. Il fait un temps d'exception, chaud soleil et air glacé, un vrai mois de mai...en décembre. La magie de Noël ne porte pas la marque d'un chocolat de prestige. C'est ce paysage desséché, décharné, même, saupoudré de grands arbres disséminés, certains enracinés dans la rocaille. Un paysage figé, incandescent sous ce soleil estival. Un monde à part....que je quitte avec regrets, presque.
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| Je viens de quelque part là dedans |
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| Une idée des pentes et du relief |
De retour sur mes pas, je m'offre une escapade vers l'inconnu. Je gravis un petit sommet avec vue panoramique. Un sentier y a été tracé, nettoyé : et si je le suivais ? Il va me conduire à l'opposé de ce que j'imagine et ne fera pas dans la douceur. Des falaises plongent dans le ravin des Horts . Et bien le sentier plonge avec et ce sera une descente vertigineuse; c'est tout dire, le vertige viendra me chatouiller. Quelle descente, mais quel relief !
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| Descente vertigineuse dans ce décor |
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| Et son ballon suspendu (nid de frelons) |
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| Une grotte |
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| Plongée en falaises |
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| Il veille |
Le ravin fait un canyon, je reconnais les lieux, et, tranquillement, je vais partir à l'opposé de mon camion. Les terrasses de Marinyans, sa vaste ruine et son pressoir qui parlent de temps et de cultures disparus, la ferme de la Guardia, gardée par son troupeau d'autruches, oui, un monde nouveau est né ici.
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| Le mas de Marinyans |
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| Au temps de la vigne |
Au terme de près de 10 km, j'achève un très beau parcours, entre ciel et terre, entre monde d' hier et celui aujourd'hui. Et peut être déjà celui de demain...la révolte agricole gronde jusqu'aux portes de mon camion.
En chiffres
Distance : 10 km
Dénivelé cumulé : 500 m environ
Temps de marche : 3h30
Le trajet :
Les trajets du week end dans le secteur de Sant Père
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En jaune le chemin décrit dans l'article En blanc, de terrasse en terrasse En orange, le trajet le plus musclé, de falaise en falaise et j'y ai trouvé un chemin (parcours non terminé) |
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