Ce devait être juste une balade sans prétention, un petit bout de chemin sur les traces du passé et voilà que j'étais projetée dans le futur ou du moins, ce qui pourrait bien le devenir dans les années à venir.
La Juva 4 |
Un petit bout de route sous un ciel mitigé, et dès la cinquantaine de km parcourus, le décor était annoncé. Un vrai décor de Mars, normal, via la Lune ! Mais je ne le savais pas.
On ne nous dit pas tout...
Un vent du nord point trop glacé, des bourrasques, un arc en ciel parfois doublé qui se loge partout, le gros malin.
Ici il est au bout de ma route.
Arc en ciel au bout de la route |
Là il est sur le décor de mes pérégrinations.
Le décor de ma rando, pentes du Mont Tauch |
Parlons en des pérégrinations.
Au Grau de Padern où je laisse le kangoo, je marche d'abord face au vent pour pêcher le sentier. Face au vent ? Euh...pour l'heure je recule, plutôt, tant il est violent.
Le malin joue les ponts suspendus au dessus du vrai pont, juste avant que je ne lui tourne le dos.
Le Grau de Padern |
Un pont au sol un pont au ciel |
Et me voilà partie pour un moment très particulier.
Je suis sur Terre et je grimpe quatre marches pour accéder au sentier dit "Cathare" qui n'est rien d'autre que l'ancien chemin, avant la route, de Padern à Tuchan. Juste dans la falaise.
Départ du sentier |
Le Grau de Padern au zoom : le Verdouble |
Un chemin large assez pour que deux mules bâtées se croisent, c'était la règle élémentaire alors, assez ardu pour que des murs le soutiennent, assez solide pour qu'il perdurât au fil des siècles.
le sentier dans la garrigue et la ruine de la bergerie |
Même chose en sens inverse |
Rien à dire sinon que le printemps de la garrigue s'y éveille, que des ruines de bergeries y dorment et que je marche seule. Et que le temps n'étant pas beau, je suis condamnée à la solitude.
Ciste cotonneux |
Emplacement de l'ancienne route : assez large |
Au dessus de ma tête les falaises s'éloignent et en fait pareillement le Verdouble (rivière) et ses ruines d'usine électrique, au dessous de moi. Les restes des murettes, chemins et cultures d'autrefois se devinent dans le maquis. A peine marquées dans la végétation.
Dans le maquis anciens chemins d'exploitation et murettes |
Alors un paysage dénudé, calciné, ravagé, où s'essaie de percer une végétation rescapée toute neuve s'étend devant moi, à côté de moi, en hauteur, longueur, profondeur, à perte de vue donc.
Côté Terre |
Côté Lune |
Chemin de feu |
Débris de l'ancienne ligne électrique désaffectée |
Autrefois des cultures en terrasses s'étageaient ici jusque haut, mais il ne reste aucune trace des cultures, ce n'est pas le feu qui les tua , juste le temps.
Les murs se dressent intacts, comme les moignons calcinés. Rien ne masque le regard. Rien ne bride l'imaginaire.
Murette le long du chemin |
Murettes dans les pentes |
Détail |
L'imaginaire me plait et je vois, j'entends...les cultivateurs et leurs pioches, les paysans constructeurs ou réparateurs de murettes, les chevaux , ânes et mulets en semi liberté, les femmes vêtues de noir de pieds en cap, les hommes, pantalon de coutil, chemise de flanelle et "faixa" (ceinture de flanelle ceinte autour de la taille), les outils rustiques et robustes, la pioche évidemment seule adaptée à ce sol pierreux et à ces bras de travailleurs. Oui je les vois se redresser et boire à la cruche de terre puis recourber leur dos et leurs mains griffues vers ce sol ingrat et nourricier.
Cela occupe mon temps, balaye le vent et l'averse ...
Chemin faisant, chemin entre murettes, j'arrive aux premières traces de vie : les vignes, même brûlées ,ne sont plus loin. Un "casot" en ruine m'attend flanqué de sa grosse marmite bonne pour la pâtée des cochons et de la vieille Juva 4 morte pour la seconde fois.
Un peu plus loin, la R 16 jetée dans le ravin explique que c'était plus récent, parce que le chemin de Tuchan est encore en service, les vignes noircies mais vivantes en témoignent.
C'est déjà l'antichambre de la Terre.
Et la Lune me manque. Alors je rebrousse chemin et m'attaque en un tout droit vaguement cairné sur sa face non cachée. Je grimpe dans la terre rougeâtre couverte de cailloux jusqu'aux confins de falaises que je pourrais grimper sans problème, si...si j'en avais envie, ce que je n'ai pas et si le vacarme du vent en haut se taisait un peu.
La végétation renaît |
Et là haut hurle le vent |
Alors je redescends, louvoyant à l'envi entre les murettes de plus en plus marquées et larges, entre les moignons et la végétation qui renaît, je redescends au chemin pour un voyage à l'envers, de la Lune à la Terre où m'attend mon vaisseau spécial..
Très vieux genévrier cade et tout en bas mon vaisseau spécial |
Une superbe série photographique pour une belle balade encore..
RépondreSupprimerMerci chère Pastelle de t'intéresser à mes divagations luno/terrestres. Je t'embrasse
SupprimerJolie histoire bien raconter
RépondreSupprimerAvec de belles photos
Merci à toi de partager mon voyage
SupprimerMême dans ce lieu où la terre est ingrate la nature renaît après un incendie et laisse des paysages lunaires magnifiques. Ces montagnes calcaires sont très belles et très sauvages ça doit être un plaisir d'y randonner. Nous avons traversé cet endroit en voiture récemment et nous nous sommes promis d'y retourner à pied. Tes récits très intéressants nous y incitent aussi.
RépondreSupprimerC'est toujours vivifiant de voir les herbes envahir un paysage calciné ou l'asphalte abandonnée : quelle force de vie dans ces brins verts. Allez y cela ne pourra que vous séduire
SupprimerCC... Encore un bien belle balade, joliment contée avec de magnifiques photos !!!
RépondreSupprimerDouce soirée, Bisous, Câlinous @ tes Félins
merci à toi tous les félins se portent bien peut être parce qu'ils ne partagent pas mes pérégrinations, va t'on savoir...
SupprimerMerci Amédine de Nous faire Rêver encore :) Vous savez il Y a au début d Un Chemin entre Padern & Tuchan Une Vieille Plaque datée du 4 Octobre 1944 Mon Père Adoré avait Vingt Ans Ce Jour Là :) Calinous aux Minous Bisous à Vous Pensées pour Lison :)
RépondreSupprimerClaudie décidément nos routes et chemins se rencontrent...je n'aurai de cesse que de retourner voir cette plaque... Bisous
SupprimerCoucou Amédine,
RépondreSupprimerJe ne t'oublie pas, je suis seulement très occupée +++++
Dès que je le peux je te ferai un beau mail. Quand ? ... Bientôt. C'est quoi bientôt ? ... Je ne le sais pas ...
Cela peut durer longtemps comme ça !
Toujours en ballade et à nous ramener de belles photos pour nous faire rêver.
Gros bisous - Chantaloup
Je ne t'oublie pas . Occupée, je peux comprendre depuis que j'ai pris ma 2nde retraite j'ai encore moins de temps...cela me fait rire et enrager mais la nature a horreur du vide n'est ce pas? alors je remplis avec boulimie. Je t'embrasse, chacune sait que l'autre ne l'oublie pas c'est le plus important
SupprimerAvant même que tu racontes les paysans à la besogne .je les voyais dans ces terrasses au dessus de ces murs piochant ..ils en avaient du courage j'ai tellement vu mon grand-père dans sa vigne en pentes, courbé pioché arraché les mauvaises herbes , sué et rentré heureux de sa besogne ...merci pour cette balade bises
RépondreSupprimerQuand on a des racines paysannes on voit et entend tout ça, qui échappe , et c'est normal, aux autres. Bisous
SupprimerC'est impressionnant toute cette végétation calcinée, et c'est vrai que cela donne un aspect lunaire au paysage.
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