Rocatin = de Laroque des Albères. Pyrénées Orientales.
Me voici quittant momentanément Sorède et la vallée de la Massane; pas une grande infidélité, les communes sont voisines.
Les balades au dessus de Laroque ne m'attiraient pas, je trouvais le secteur familier car vu de chez moi, peu engageant. Sombre, austère, qu'ajouter ?
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Roc del Migdia |
J'avais fait une incursion avec deux amis, il y a 3 ans, à ce que je croyais être le roc du Midi (ou Migdia).
J'accepte d'y aller avec mes copains Josy et Claude, parce que nous cherchons une "balma" soit cavité sous roche protégée par un mur. "La Balma de Roca Corva". Aucune indication ne nous est donnée, il semble que cette destination soit tenue secrète. "Sous le Roc del Migdia"...mais sous, quand on voit les lieux, c'est très déconcertant.
Nous sommes partis de Laroque, avons emprunté en 4x4 une piste au sol un peu brutal sur près de 3 km, mon kangoo l'acceptera bien les fois suivantes, par chance.
Car j'y suis retournée à deux reprises.
Donc ce jour, avec Claude et Josy, je suis en mode découverte : le sentier est beau, au sein de suberaies jadis exploitées pour le liège, puis de chênes verts, avant d'atteindre l'étage de la hêtraie, très bas en ces Albères proches de la mer. Le sentier est un ancien chemin d'exploitation comme il en est tant ici, exploitation charbonnière et forestière, pastorale plus tard et de nos jours. Il est très emprunté par randonneurs, VTT et trailers. La Balma dels Moros à l'écart du sentier est un dolmen de grande taille décrit et dessiné par le précurseur de l'archéologie ici, Jaubert de Réart en 1836.
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Photos C Calvet |
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La grande dalle du dessus repose sur...rien |
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Pareil de l'autre côté |
Arrivés à un croisement essentiel nous nous dirigeons à gauche vers le Roc del Migdia et là je comprends que celui que j'ai gravi en 2021 n'était pas le Migdia. Je suis donc curieuse de voir "le vrai" et je ne suis pas déçue. Facile d'accès, dans un décor grandiose grâce à une brèche d'effondrement, il nous accueille sur une belle plate forme panoramique.
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La bèche et ses points de vue |
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Sommet du Roc de Migdia |
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Montée en roche |
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Descente en roches |
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La Massane et la mer |
Ensuite nous allons suivre la ligne de crêtes. Je m'use à chercher la Balma, en vain. Les descentes, sur la face est, sont horribles, vraies falaises boursouflées, un relief rebutant à souhait : "ils" se seraient installés là ? Ma logique indiquerait plutôt la façade ouest, ensoleillée.
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Un hêtre très très vieux |
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Gravé sur l'arbre : "les bourratchots" (soûlards) Ce qu'on ne sera pas |
Vaine recherche, on atterrit sur un rocher pour déjeuner et la boisson agréable que nous offrait Josy se fracasse sur l'impitoyable gneiss local. Mieux vaut en rire en savourant...de l'eau ! Roxane ne se prive pas des effluves adaptées à sa taille.
Ensuite, nous nous dirigeons vers mon "faux Migdia", que je nommerai "Le Roc de 13 h", d'ailleurs, à un quart d'heure près, on y était...et on grimpe un infâme éboulis longeant des falaises en forme de tourelles surmontant de redoutables dalles. Aucune trace de mur, pas de balme. On grimpe, on s'amuse un peu dans l'arche et on gagne le sommet ou presque. Quelques contorsions afférentes à l'âge, mais on se débrouille.
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A travers les arbres la longue roche menant au roc de 13 h |
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Ph C Calvet, la montée au sommet |
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Claude en grimpeur |
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L'arche ou la brèche : au choix |
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Veilleur sur mer |
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Vers le bas |
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Josy en grimpeuse |
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Le coeur ancien de Laroque des Albères |
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Claude et Roxane |
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Sommet du Pic de 13 heures |
Plus tard à la descente, on paressera sur un vaste roc plat, au soleil.
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El Canigó |
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Josy |
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Quelques jours plus tard, ne m'avouant pas vaincue je retourne sur les lieux, je cherche la Balme, avec une petite indication supplémentaire : elle est sur un roc face ouest de la montagne. Donc je vais explorer les rocs !! Je ne serai pas déçue par eux mais ma quête sera infructueuse, ou presque. Parvenue au Col de la Vaca Vella, dans la hêtraie, en crête, au pied d'une jolie muraille pâle, je devine une balma, petite, discrète, presque en bord de sentier. Elle ne peut échapper à aucun regard.
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Abri sous roche ou balma (environs coll de la Vaca Vella) |
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Hêtraie |
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Cette esplanade est soutenue par un ancien mur |
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Les rochers de là bas |
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Belvédère sur la plaine |
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Sur le roc : dans le secteur de nombreux rochers ont été arasés par le passé pour être poste de garde : celui-ci ? |
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Sous le roc |
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Ils émergent de la hêtraie en hiver |
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Un petit pont vers le ciel |
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Un doigt vers le ciel |
Ensuite j'emprunte un ancien sentier qui serpente entre rochers et charbonnières. Pas fréquenté et remarquablement beau, il va me conduire à quelques belles places charbonnières, à une forêt enchantée car, ce jour, le vent du sud domine, la grisaille sévit en écharpes de brumes et les rossignols peuplent la forêt. C'est un moment d'exception. Pourtant je suis gelée, je n'ai aucun pull, mais la beauté tient chaud...
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Place charbonnière |
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Des flammèches de brume |
Je parviens ainsi à une piste, à 1115 m d'altitude; je suis très proche du Pic Neulos (1257 m) mais je choisis de ne pas y aller car ma balade de l'après midi se terminerait à la nuit.
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Ligne de crête |
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1115 m et vue sur mer |
Je reviens donc tranquillement sur mes pas, en faisant un crochet vers les falaises tourmentées du Roc du Migdia, escarpées et muettes; une balma finit de se désagréger, je comprends que les multiples rocs des Albères furent potentiellement accueillants autrefois. Le soir gris s'installe, les rossignols murmurent, je file bon train. La plaine s'éveille à la nuit et scintille de tous ses feux alors que la montagne baigne ses pieds dans la Méditerranée, instant sublime.
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Me voici de retour, cette fois sous le grand ciel bleu et les oiseaux presque muets. Pas de vent, pas de bruit, le sentier est familier, 2 km de montée raide, jusqu'à une flèche orange. Je serai un peu plus avisée ce jour et je le trouverai cet ancien sentier de la Font dels Pruners (fontaine des pruniers). J'ai plus d'un tour dans mon sac : un indice supplémentaire et imparable pour la balma, un pull au cas où, et la curiosité plus vive que jamais. La Font dels Pruners est la naissance d'un ravin, un petit cirque en demi cercle dans un lieu qui fut sans doute cultivé, quelques murets, de grands hêtres, la fontaine que je localise au GPS bien sèche, le sentier finit là. Comme sur la carte.
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Sur mon chemin |
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Secteur Font dels Pruners |
Un petit droit dans la pente m'amène sur la piste désaffectée(d'exploitation forestière ancienne) et là, je scrute. J'avance et je scrute les falaises. La piste traverse une immense falaise, le regard est attiré sur le roc pointu à ma droite, mais un regard sur la gauche me montre un petit mur discret. Le sécateur taille quelques ronces et je longe la falaise, quasi lisse et verticale. Une bonne trentaine de mètres de hauteur !Tout au bout...la voilà ! La
Balma de la Roca Corba : l'abri sous roche de la roche courbe. Et pour être courbée, la roche l'est : j'avais pour tout viatique une photo du site et une carte d'un topo de rando. Merci le topo !
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Il n'y a plus qu'à gravir la pente ; en ce site naît le ravin |
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Sur la piste |
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Dans ce fouillis, premier indice : un mur |
Le site que je vais étudier de plus près est une longue et haute falaise orientée est / ouest, terminant en un éperon rocheux pointant vers le sol. En face sud, vers l'éperon se trouve la cavité, sous de vastes dalles impressionnantes, fermée par un mur de pierres. Au fond de la cavité un orifice est grossièrement colmaté par des rocs.
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Enfin la Balma de Roca Corba |
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Intérieur |
Sous l'éperon, à l'est, une surface plane avec un vrai roncier conduit à un autre abri sous roche. Point de mur, ici, mais je suppose que la cabane charbonnière en ruines attenante au site a su à qui emprunter les pierres de ses murs bas!
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Cabane charbonnière |
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La même |
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L'éperon de profil |
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Même chose |
Face nord, la falaise est bien moins élevée et offre plusieurs possibilités d'accès au sommet. Je cherche un départ peu accidentogène et dans un roncier je découvre un petit mur qui soutient une plate forme, ce n'est pas une cavité mais un terre plein, peut être un ancien enclos à animaux. Un berger y avait autrefois son quartier estival, m'a t'on écrit. Ce mur que je dégage au sécateur est joli et arrondi; de là, monter au sommet en louvoyant entre vire et cheminées, est un jeu d'enfant. Le grand chêne sommital m'accueille d'une bonne "baffe" sur le crâne et me voilà enfin perchée sur l'éperon.
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le petit mur que j'ai dégagé |
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Et c'est parti |
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puis la montée du couloir et l'accueil du grand chêne |
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L'éperon vu d'en haut |
Je me crois au bout mais je n'y suis pas car pour ce faire il eut fallu descendre une grosse marche et je n'en ai pas conscience. Je sais que j'en ai descendu une, était-ce l'ultime ? Il ne me restera qu'à revenir.
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Tout au bout |
Le site est grandiose, ouvrant sur la plaine, un coin de mer, le Pic Neulos et autres sommets, des vallées profondes, des forêts sans fin, des éperons rocheux dont je sais que bon nombre a une histoire rejoignant l' Histoire.
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Saint Génis des Fontaines |
Je savoure en donnant vie déjà à de futurs projets, modestes, certes mais où ma curiosité naturelle va s'épanouir : postes de garde, rochers arasés, rocs gravés, et aussi, sous la chevelure grise de la forêt, un patrimoine charbonnier monotone, classique et fantastique à la fois.
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Paysage local |
Oh que mon champ de recherches s'évase, s'élargit et s'enhardit, du haut de mon perchoir...
Je ne suis pas descendue que j'ai déjà envie de revenir !
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Quelques bulles vers le ciel |
Et cette fois Claude et Josy (et Roxane) s'y percheront, tout en haut, et si quelques bulles s'échappent, ce ne sera pas vers le sol ! Elle nous en a donné du mal, cette Balma.
(A suivre)
Photos de toutes beautés ! merci de tes beaux textes !
RépondreSupprimerMerci! Je vais essayer de les faire chanter ces Albères ou du moins conter, car elles en ont des choses à dire
SupprimerPour attiser ta curiosité sur ce secteur, mais côté Espagnol il y a un joli rocher dans la Hêtraie nommé certainement, et à bon escient el Roc de l'ataialador. la Talaia = en Catalan c'est un poste ou une tour de Guet et donc el Talaiador c'était le guetteur. mais si j'ai pu le voir dans mes divagations sur les Albères il ne semble plus y avoir de chemin actuel pour s'y rendre. Sinon bravo encore pour tes recherches tes découvertes et les commentaires de ton blog. Michel
RépondreSupprimerAh ce mot là je ne le connaissais pas et je me "pencherai" euh...j'essaierai de me "percher" plutôt sur le rocher. Pas de chemin ? Dans la hêtraie il est facile de circuler mais j'ai expérimenté le ratissage hors sentier de l'autre côté, c'est sportif...il m'en reste des choses à voir...Merci Michel; je retourne sur Saü ce week end, poursuivre mes balades au Puig de la Forca, il paraît qu'il y a une citerne carrelée en haut et je ne l'ai pas vue.
Supprimerbravo à toi pour cette nouvelle aventure et trouvaille, toujours avec acharnement on arrive à quelque chose, toujours un texte attirant ! Belles recherches !
RépondreSupprimerMerci Michel; le prochain te conduira tras los montes, je pars dimanche retrouver et poursuivre un parcours aérien à souhait, sur des traces vieilles de près de 1200 ans
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