Ou bien ici, plus loin, sur la
piste étroite qui conduit au parking de montagne, refuge du Laurenti ?
Quoiqu’il en soit, j’ai mon bivouac
à moteur qui m’emmène au plus près du bonheur…
Les uns, les autres.. |
Et moi |
Une nuit avec un ciel rempli d’étoiles comme
une rivière de diamants, et c’est la randonnée avec un ami retrouvé.
Le sentier démarre à 1616 m
d’altitude et il emprunte un ancien cours d’eau : rochers comblés de terre
mais parcours accidenté en sous bois, frais, agréable, avec cette fois, le
vacarme assourdissant de cette eau blanche qui cascade. Il y a eu beaucoup de
neige cet hiver dans les Pyrénées.
Le sentier s’ouvre vers 1800m et voici « l’arbre de mes 85
ans ».
J’ai fait un jour une promesse à ce beau sapin tout blanc de
vieillesse : revenir le voir le jour de mes 85 ans. Heureusement, ce sera
en automne ! Mais serons nous là ? Moi ? ou…lui ? Dans 22
ans…c’est si loin…
La cabane de Conc, à 1857 m
disparaît dans les genêts.
Ceux qui ont un parfum si âcre et entêtant qu’il ne
faut pas en abuser. D’ailleurs, un jour, un randonneur ne les supportant pas a
mis un masque !
Le sentier ouvre sur des paysages
« canadiens » avec ces montagnes et cette atmosphère.
Sans parler de tous ces parfums...
Au milieu des genêts, le sentier, et là haut, enneigé, le Roc Blanc : 2542 m |
Les arbres ont un réseau de
racines à l’air libre impressionnant. Et glissant.
Le lac du Laurenti, un des plus
beaux des Pyrénées, à 1936 m se dévoile sous plusieurs facettes.
Pour nous, c’est une étape vers le
Roc Blanc, là haut à droite.
Mais le sentier normal est entravé
par un chaos neigeux, alors mon guide décide de contourner par la vallée
enneigée.
Mon guide, c'est Camille, vétéran de la montagne, mi homme mi ours, rencontré récemment et botaniste émérite.
Nous grimpons aisément dans une neige où le pied est sûr et l’allure aisée. De l’eau, des fleurs, un air lumineux, un chaud soleil, tout est parfait.
Je ferai avec lui une route insolite, ensoleillée de noms de fleurs, j'apprendrai à lire la montagne, j'apprendrai une sérénité et une sagesse que son expérience et son âge avancé m'offriront au long de cette journée, je ferai un voyage hors du temps...
Incongrues, ces Gasconnes blanches
comme neige : du mimétisme encore.
Au dessus de nous scintille la
neige, mugissent cascades et torrents et surplombent fièrement des éperons
rocheux élégants. Derrière nous se profile dans toute sa splendeur le beau
Laurenti ; nous sommes à plus de 2000 m d’altitude.
Altitude 2000 |
Une dernière côte et un paysage
époustouflant s’offre à nous.
Devant nous, l’
« épreuve » à franchir : une cuvette enneigée avec ce minuscule
lac bleu lagon à 2251 m et puis une muraille de neige qui doit nous conduire à
la crête à 2450 m.
Je n’ai pas mes crampons,
négligemment remisés dans mon armoire mais juste mes talonnettes.
Cependant la
neige point trop molle ni trop glacée va nous permettre de grimper comme des
isards. Enfin presque…
Camille a ses crampons, sa connaissance de la montagne, l’expérience d’un âge avancé et une grande forme . Une marmotte bien grasse nous nargue de loin, n’imaginant pas que le télé la rend si proche !
Camille a ses crampons, sa connaissance de la montagne, l’expérience d’un âge avancé et une grande forme . Une marmotte bien grasse nous nargue de loin, n’imaginant pas que le télé la rend si proche !
Et on grimpe, en faisant des
lacets ; je ne regarde ni en haut, ni en bas, c’est tellement plus simple
et plus sûr.
D’en haut, la vue vers le bas est
vertigineuse : on a grimpé « une muraille » blanche . Le soleil
cuit et brûle la peau. Je comprendrai plus tard la douleur de cette aventure.
On est à 2400m, on vient de grimper 200m verticaux et le petit lac est une miniature. Moi, je suis émerveillée, à la fois du paysage et d'avoir réussi à grimper avec une pleine vigueur ! |
Camille, botaniste érudit, me
raconte les fleurs, fait parler la montagne à mon plus grand
émerveillement ; je marche en écoutant un conte ! (Ce sera dans mon
prochain billet)
Arrivés au col, la végétation a
changé nous sommes à 2400m et le paysage qui se profile de l’autre côté est
époustouflant : la chaîne des Pyrénées Ariégeoises dans toute sa majesté,
les étangs des Baxouillades, de belles coulées de roches toutes noires, comme
une portée musicale, La Dent d’ Orlu, le St Barthélémy, et la vue porte loin,
loin….
La course folle des rochers : une portée musicale suspendue dans les airs |
Notre sommet à nous, le Roc Blanc
est à une encablure :2542 m.
Sur un piton rocheux trône un
isard solitaire.
On grimpe avec aisance,
bien restaurés, en découvrant une vue aérienne assez insolite sur notre trajet et soudain, au détour du sentier, déception : le pic est là, si proche et un ridicule névé, trop accidenté nous interdit la suite : trop dangereux juge Camille en connaisseur. Malgré ma déception, je m’incline.
On grimpe avec aisance,
bien restaurés, en découvrant une vue aérienne assez insolite sur notre trajet et soudain, au détour du sentier, déception : le pic est là, si proche et un ridicule névé, trop accidenté nous interdit la suite : trop dangereux juge Camille en connaisseur. Malgré ma déception, je m’incline.
Par droit à
l’erreur…Danger…Glissade sur les rochers…Le Pic ne s’en ira pas ; de plus
j’y suis déjà allée…
Je me repais des belles vues sur ce cirque de neige à l’œil bleu. Le ridicule névé dangereux qui nous barre la route |
Ensuite, il faut penser à la descente, nous sommes à 2500m d’altitude, de lourds nuages mi chaleur mi orage s’amoncellent et j’attends avec impatience la vertigineuse pente de 200 m ; ah…le goût du risque…quand il nous tient…
la course folle des rochers détachés de la montagne |
Au bord du lagon (gelé) |
Ce n’est pas encore le plancher des vaches, mais presque…
Quant aux isards, dans ces vastes solitudes, ils batifolent
en tout bonheur ; le leur et le nôtre ! Toujours un régal de les contempler...
Plus bas, la rivière Laurenti qui coule sous la neige prend des goulées d’air : des ponts de neige miniatures, des tunnels et un relent glacé qui en émane : impressionnant !
La montagne s’habille de gris
et de brume et
je recouvre mon dos brûlant de rose.
Noyé de gris et de reflets, le
Laurenti s’apprête au long sommeil de la nuit : sera-ce
orage ? Etoiles ?
Un peu plus tard, au bivouac, une
horde de joyeux compatriotes catalans a envahi l’espace avec apéros, vins,
grillades et …bonne humeur ; nous partageons un moment de convivialité.
Les catalans... |
...c'est ça !!! |
Lison un peu moins sereine, ou un peu plus inquiète: il y a des chiens…
Ensuite, ce sera repas sur une
grande dalle de granit qui sera table et chaises et pourrait aussi bien être
lit.
Le ciel se dégage de ses nuées
orageuses et un grand ciel de diamant brillera encore sur la forêt.
(En bref: 16 km et 824 m de dénivelé)
Dans mon prochain billet, je vous convierai à la balade botanique en fleurs et en couleurs.
Oh que d'émotions à la vue des belles photos que tu partages ici ainsi que la récit de ton périple, fort éloquent et vivant.
RépondreSupprimerJe suis sensible à cela pour une double raison : je ne peux plus marcher comme je le voudrais donc des regrets de ne pouvoir découvrir pedibus jambus les beautés de notre pays et en second lieu ma grand-mère paternelle était de l'Ariège mais j'ignore où car à l'époque sur les actes de l'état civil le lieu de naissance des parents n'était pas mentionné et je ne l'ai pas connue donc elle n'a pas pu me dire...
Merci Lison pour la jolie façon avec laquelle tu nous racontes...
Je t'embrasse.
Fanfan
L'Ariège est département voisin du mien; j'aime beaucoup randonner là bas parce qu'il y a de l'eau, du végétal, beaucoup de fleurs, des lacs. Dommage que tu ne saches pas d'où elle était, j'aurais fait une visite pour toi.
Supprimerje t'embrasse
Demain je pars au festival d' Orange et je rentre dimanche.
Je ne suis pas avertie de tes réponses alors je viens les cueillir... bravo grande Dame de la randonnée... Bises
SupprimerPS. si un jour je découvre où est née ma grand-mère je te le dirai. Merci à toi pour ta gentille attention
C'est si impressionnant ces randonnées où tu montes si haut avec une aisance que je n'ai pas !
RépondreSupprimerQuels beaux spectacles auxquels tu nous convies, je t'en remercie, car je n'irai certainement jamais en ce lieu !!!!
J'aime particulièrement le cliché: altitude 2000 où l'on voit ce lac si bleu;
Alors, à bientôt pour la balade botanique
bisettes
J'aime aussi cette photo avec cette neige en premier plan; je "montagne" beaucoup et pas assez à mon gré; bisous
SupprimerMerci, Lison, merci ! Tu nous fais découvrir un lieu magique, des paysages beaux à vous couper le souffle ! Que c'est beau !!! Mais dis donc, tu es une super marcheuse, parce que pour monter pareils dénivelés, il faut être tout de même sacrément entraînée ! Grâce à toi, je viens de passer un moment vraiment super agréable. Tu as donc 63 ans ? mais tu sais que je t'aurais donné au moins 10 ans de moins ! A 85 ans, je suis sûre que tu seras en pleine forme, vu comme c'est parti ! (sourire)
RépondreSupprimerJe te fais de gros bisous et encore merci pour ce si beau billet.
j'ai commencé à randonner en 2006 et depuis j'ai fait bien des progrès ! Oui je suis bonne marcheuse, je veux m'amuser à calculer les km que j'ai faits en montagne: je serai surprise. j'ai 63 ans dans 1 mois 1/2 mais une super condition physique; ce dénivelé est moyen mais je n'ai atteint 1200m qu'une fois; ma norme, c'est 900 à 1000m. La montagne est splendide, il y a des lieux à couper le souffle et je randonne presque toujours seule, car c'est mon moment de communion... Bisous et à bientôt
Supprimerbonjour tres belle photos moi j y suis aller au mois de juin il y avais de la neige bisous d un picard
RépondreSupprimerAh mon Picard préféré (tout ça parce que je n'en connais qu'un: peux pas comparer...rires...) Ouais mais moi, je suis revenue brûlée et bronzée et toi, on aurait dit un ours polaire !!! Sur ce que j'ai vu en photo.
SupprimerMagnifiques photos, belle balade et des paysages qui me sont si familiers et qui..... me manquent !!
RépondreSupprimerQui se cache donc sous cet anonyme connaissant bien les lieux ???
SupprimerGénial superbe magnifique on ne sans lasse pas Merci
RépondreSupprimermerci ! je n'ai jamais conté la suite, la balade botanique. Quant au ridicule névé il suffisait de le contourner. Je n'ai pas voulu contrarier Camille qui ne pouvait se déplacer en roches trop abruptes. Je ne le connaissais pas encore assez.
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