dimanche 17 novembre 2013

Etangs d'Engorgs (Espagne): le sentier des dépouilles...

C'était le 28 octobre et l'hiver ne pointait pas encore son nez: il s'est bien rattrapé depuis !




Entre Puigcerda et La Seu de Urgell, à 10 km de l'axe routier se trouve le village de Méranges, logé dans un écrin coloré. A cette altitude (1500 m environ), il y a des prairies, des bois, des pâtures et...une vigne expérimentale !


J'ai retrouvé Camille, nous avons installé nos bivouacs roulants dans un parking de montagne à 1700 m,
 sous les étoiles et la tempête de vent du Sud.



Départ de la rando dans les prairies en suivant un vieux mur fascinant de beauté et de longueur.
On suit une belle rivière bondissante et on fait escale casse croûte à la Cabana del Tarter, un vieil "orri" quelque peu abîmé. Dommage...


Le paysage de ces montagnes côté sud est très minéral, on atteint vite l'étage dit montagnard,où ne pousse que le pin à crochet et quelques belles fleurs rescapées du printemps semble t'il.





Voici le pic de Peiraforca, 2609 m (pas la Pedraforca d'un précédent billet) qui émerge comme une dent dans un paysage plus saharien que montagnard!





On grimpe sous un ciel très bleu et un vent du sud très fort qui se moque de nous car il change de direction sans cesse à cause du relief: il s'amuse bien, le chenapan!
Nous arrivons à Engorgs, une série de 5 lacs dans un désert minéral tout blanc; des vaguelettes pressées écorchent la surface de l'étang dels Minyons (des jeunes hommes) à plus de 2500m et malgré mon envie de grimper tout là haut sur la Portella d' Engorgs (2697 m), on restera "en bas" parce qu'en haut le vent nous emporterait, tout simplement!
Les crêtes me tendent les bras, entre 2700 et
2800 m mais...je reviendrai!

Pas maintenant, c'est sûr, elles sont ensevelies sous la neige.




On salue au passage des petits étangs et le grand Estany Llarc (Long) avant de trouver un abri rocheux et chaud en guise de restau.


Estany Llarc









La rivière d'Engorgs descend en sautillant, toute fière de son inimitable couleur bleue.

Nous, on sautille un peu moins, on essaie même de ne pas faire le grand saut!



Un refuge à la porte poussive ouvre sur un antre sombre mais rassurant.


J'aime ce texte recopié et traduit (en espagnol) sur une grande feuille collée sur  la porte.

  Extrait de la dernière lettre d'Everett Ruess à son frère (11 novembre 1934). 






"Quant à savoir à quel moment je rendrai visite à la civilisation, je peux dire que ce ne sera pas de sitôt, je pense. Je ne suis pas las de la nature; au contraire, je jouis toujours plus intensément de sa beauté et de la vie errante que je mène. Je préfère la selle de mon cheval aux voitures des villes, le ciel étoilé à un toit, la piste incertaine et difficile qui conduit vers l'inconnu à n'importe quelle chaussée pavée et la paix profonde de la vie libre au mécontentement qu'engendrent les villes. Dans ces conditions, me blâmes-tu de rester dans cet endroit auquel je sens que j'appartiens, où je suis seul avec l'univers autour de moi? Il est vrai que la compagnie me manque, mais ceux avec lesquels je peux partager ce qui a tant d'importance pour moi sont si peu nombreux que j'ai appris à m'en passer. Il me suffit d'être environné par la beauté...[...] J'ai      trop connu ce que la vie a de profond et je préfèrerais n'importe quoi à un retour au trivial." 
                            

Everett Ruess a disparu, après cette dernière lettre du 11 novembre 1934  à son frère, 
dans le désert d' Utah.
Il avait 20 ans, une intelligence hors du commun et un esprit aventurier.

Le sentier des dépouilles ai-je dit en titre...
Nous avons rencontré beaucoup d'ossements: moutons, vaches, et même une vache momifiée, 
les os déjà blanchis par les vautours
Nature morte made in montagne



Mais pas seulement des animaux! Des arbres aussi: une immense avalanche de 2 km de long a dévalé la montagne, butté sur la rivière et en faisant un angle à 90°, a suivi le cours de la rivière, en déposant les arbres sur tous les virages et même à des hauteurs inimaginables. Quel vacarme cela dut être...

Avalanche


La rivière a charrié des dépouilles d'arbres

Impressionnés par ce que l'on découvre -et qu'on avait ignoré en montant -, on poursuit notre sentier de retour vers le parking:; juste un petit 840 m de dénivelée et un sentier facile car bien équilibré dans ses montées et ses descentes.
Et puis, surtout, des paysages somptueux...







16 commentaires:

  1. Bonjour chère Lison!
    Je t' adore avec tes extraordinaires balades et ton beaux billets ....
    Pleine de beauté de la nature dans la montagne!
    Tu es magnifique!
    J'adore la couleur des lacs et des fleurs ...
    Merci chère Lison!
    Passe une belle semaine!
    Je t' embrasse!

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    1. merci, Géli, mais en ce moment, c'est gris et pluie; cependant je suis contente, les vignes et les terres ont tellement besoin d'eau ! Et j'en profite pour ranger et bricoler en ma maison; bises à toi

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  2. LISON bonjour et merci pour ces photos avec ces murs de pierre
    que j'adore tu le sais bien
    tes paysages sont magiques je trouve et ces couleurs!!!! comment ne pas aimer et comment ne pas craquer en les observant
    c'est impressionnant tu as raison ces rivières et ces arbres qui partent beaucoup plus loin
    La nature a des secrets que nous ne connaissons pas
    disons pas tous
    Je t'embrasse fort LISON

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    1. Merci, France, je publierai bientôt un billet rien que pour toi! Surprise...

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  3. Magnifiques paysages et couleurs.
    Je préfère ne pas avoir été là le jour de l'avalanche...

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    1. Euh...moi non plus pour l'avalanche: en plus du bruit, la vitesse... A bientôt

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  4. La nature utilise ses propres matériaux , elle creuse, déplace, transporte, accumule ou plante en créant ses oeuvres d'art éphémères dans tes clichés;
    Sur les précédents billets aussi en jouant avec les couleurs;
    C'est magnifique, merci pour ces vues extras que tu nous donnes la possibilité d'admirer.

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    1. J'aime la nature sous toutes ses formes et ses couleurs...ça se voit dans mes billets. Ce n'est pas que je n'aime pas les humains mais j'ai pudeur à les photographier. Merci de ton commentaire

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  5. J'aime beaucoup ces paysages minéraux dépouillés, mais j'avoue que les couleurs d'automne de tes deux premières images me séduisent aussi.
    Ah, ces Pyrénées !
    Je t'embrasse, Lison, très belle soirée !

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    1. Bien sûr le 2 1ères photos sont les plus chaleureuses, automne oblige; ensuite, pour le lecteur, c'est moins visuel, ce paysage décharné (et ici c'est le cas de le dire, avec ces cadavres !) mais in situ, il y a un ressenti incommunicable...Une griserie des montagnes. Autrefois, j'aimais passionnément le désert marocain (le seul que je connaisse)...Alors je poursuis une nostalgie... Bises

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  6. Quelle randonnée magnifique que tu commentes avec enthousiasme et que tu illustres par de superbes photos. Je l'ai faite avec toi et je me suis régalée, j'adore ces lieux.
    Douce soirée Lison, bisous

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    1. J'ai un défaut double : je suis enthousiaste et j'aime faire partager mon enthousiasme: ça a l'air réussi ! bisous

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  7. Suis pas certaine que mon commentaire apparaisse ????

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  8. Blogger l'a avalé : je te remerciais de nous faire voyage d'une si belle manière...tu me fais rêver et je t'en sais gré. Bisous et mille excuses pour être si peu présente.

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    1. S'il l'a avalé, il l'a régurgité !!! J'aime offrir du rêve, raconter des histoires (vraies) et moi, la grande solitaire j'adore communiquer! Paradoxal, non? Pas grave pour moi si tu es peu présente: pas de soucis pour toi, j'espère? Bisous

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  9. Suivre tes reportages est un vrai bonheur. Bonjour Lison.
    Chacun d'entre nous y trouve son compte. Pour les uns,
    ce sont les murs de pierres ( n'est-ce pas France ?), pour
    les autres, les tonalités de l'automne ( Norma qui est
    peintre )... bref tu nous offre des cadeaux. Personnellement
    j'aime l'espace, la solitude, la liberté. Et tes photos ( sans
    oublier tes textes) nous transportent dans des lieux qui
    semblent être au bout du monde. Merci à toi Lison. Bonne
    fin de semaine ( bien au chaud, cette fois, dans ta maison).
    Je t'embrasse. ELZA

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