Les petites jacinthes bleues ont fleuri sur la tombe de
Basile et de Marcus.
Elles sont emperlées de la pluie de ce dimanche. Et brillent
faiblement sous le jour gris.
Les tombes |
J'ai rencontré Basile, en novembre 2004. Il n'était pas
encore un nom. Je l'ai connu dans un terrain vague, vaguement clôturé, où il
vivait en liberté en compagnie de 23 chats, 8 chiens, des chevaux, des canards,
des poules et des oies. Une jeune femme, un peu marginale vivait là aussi avec
ses deux enfants. Quelques cabanons vétustes, des arbres immenses, un fouillis
indescriptible complétaient ce tableau, avec pour tout confort de l'eau et un
groupe électrogène.
Et puis un jour, la jeune femme est partie, avec ses enfants
et a abandonné tout ce monde.
C'est ainsi que j'ai rencontré Basile. En allant nourrir les
chats, avant que le maître de céans ne vienne mettre de l'ordre dans cette
ménagerie; il a emmené tous les animaux à l'exception des chats, dont je me
suis occupée longtemps avant de les placer jusqu'au dernier.
Le premier soir de cette histoire, Marcelle m'a conduite là
bas, pour lui prêter main forte; c'était elle la « mamma » des
animaux abandonnés, ce qu'elle fait toujours à plus de 80 ans.
J'ai tout de suite remarqué un jeune chat maigre à n'en plus
pouvoir; alors que les autres se sont rués sur la nourriture, lui s'est éclipsé
et au moment de partir, j'ai dit:
« Mais où est le siamois à poils longs? » et j'ai
levé la tête, attirée par une force. Perché sur le toit du cabanon, il m'a
regardée et m'a dit « Emmène moi! ».
C'est ainsi que Basile est entré dans ma vie.
Il était si maigre, si squelettique, que j'ai du le nourrir
par petites rations sous peine de le rendre malade. Trop épuisé même pour
manger. Il semblait que le seul fait de le toucher dut lui briser les os. Il ne
lui restait que quelques jours à vivre. Je l'ai installé à la nurserie,
décrassé, baigné, ses longs poils semblaient enduits de suint. Pendant trois
semaines il dormit la nuit agrippé à mes cheveux.
Puis il fit son nid dans la fratrie. C'était un faux birman,
un chat magnifique au long pelage souple et brillant, aux profonds yeux bleus
dont l'un vacillait sans cesse, une pathologie selon le vétérinaire.
Un chat joueur, rieur, espiègle, un chat merveilleux.
Basile était attaché à moi, fusionnel, je l'emmenais souvent
avec moi et il adorait faire du vélo, juché dans une panière sur le guidon. Les
poils au vent.
Il tournait en rond en mangeant et ponctuait ses
mastications de grognements, ce qui était désopilant
Basile a vécu 4 ans à la maison, c'était mon
« enfant ». Le dernier arrivé auquel je passais tout, enfin l'enfant
gâté....comme l'est Lison.
Un soir de Novembre 2008, Basile n'est pas rentré. Je l'ai
cherché, appelé, j'aime que tous les chats soient rentrés, les soirs d'hiver.
Mais parfois, on n'est pas maître de leurs désirs.
Il pleuvait très fort, cette nuit là, lorsque je m'éveillai
brusquement à 3 heures du matin avec une sorte de flash dans les yeux,
m'indiquant où gisait Basile. Quelques minutes plus tard j'étais sur la route,
à la sortie du village, dans le noir de la nuit et sous la pluie, avec une
lampe torche. Une petite tache claire et immobile gisait là où...le
flash...Basile était mort sur le bas côté.
Je l'ai ramené à la maison, dans mes bras, inerte et mou, et
ce n'était plus la pluie qui ruisselait sur mon visage. Ce n'était pas une
voiture qui l'avait tué ; il avait été attaqué par un prédateur et avait tenté
de regagner la maison. Ses forces l'ont abandonné.
Basile dort de son dernier sommeil dans mon jardin, sous le
feuillage des fougères et sous les fleurs des jacinthes qui chaque année
viennent lui parler du printemps.
Marcus dort à côté de lui.
Marcus était un beau chat roux qui avait une famille mais qui a choisi de venir vivre chez moi car il appréciait la compagnie des nombreux chats qui vivaient avec moi. Cependant il ne manquait jamais d'aller saluer sa famille.
Marcus avait été élevé par un étudiant et dans sa jeunesse,
il avait l'habitude de marcher en laisse aux côtés de son petit maître, en
ville et il avait sa place au Macdo sur un tabouret; Quand son maître est parti
travailler en Guadeloupe, Marcus est resté dans la famille en métropole et est
venu vivre dans ma rue; c'est ainsi qu'il a déserté sa maison au profit de la
mienne.
Mieux qu'au Mac Do ! |
Ce chat très intelligent a développé une remarquable stratégie
pour intégrer la maison, se faire
accepter par moi, sans se faire rejeter par sa vraie famille : un prodige de
finesse faite chat !
« Il te regarde avec des yeux d'amour » me disait
son humaine.
Il a partagé quelques années de ma vie solitaire puis la
maladie l'a terrassé. Ce solide mangeur n'arrivait plus à avaler et pendant
quelques mois j'ai adapté son alimentation: aliments écrasés, petites mais
fréquentes quantités, rien n'y faisait. Son regard désespéré me suppliait et ce
fut un douloureux accompagnement jusqu'au jour où il ne put plus déglutir ni
boire; 6 mois s 'étaient écoulés, on venait d'entrer dans l'été.
Il a eu un long regard éloquent, tourné vers moi et le
lendemain matin, après une douce cérémonie des adieux, je l'ai conduit à son
derniers sommeil. Il s'est endormi la joue contre ma main.
Il dort à côté de Basile, enseveli comme lui dans un lit de
pétales et de feuilles et enroulé dans un de mes pulls...
Je veille toujours à ce que
les petites tombes soient propres, fraîches, bien ratissées.
Je le leur dois
bien, à eux qui m'ont tant aimée...
Un article sur la lecture sur mon second blog (clic)
J'ai les larmes aux yeux, ils étaient beaux Marcus et Basile.
RépondreSupprimerbisous Lison
SupprimerJe crois que ce qui rend beaux les animaux -et les chats-c'est l'amour qu'ils ont à donner. Et celui qu'ils reçoivent, encore plus. Bisous Laurence
Bonjour chère Lison!
RépondreSupprimerTu as un grand cœur pour des chats et ils t' aiment pour ça!!!!!
Cette histoire touche mon cœur et tes photos sont magnifiques!
Il me faut rire souvent!
Merci et bonne journée Lison!
Je t' embrasse!
Comme tu le comprends, les chats ont une grande place dans ma vie. Et je n'en voulais pas parce qu'on est esclave! Je ne peux plus m'en passer.
SupprimerJe t'embrasse
Bonjour Lison !
RépondreSupprimerQue d'émouvantes histoires, les larmes sont montées, les souvenirs aussi ... Souvenir des Chats qui m'ont accompagnée dans la vie et qui sont partis aussi : Pastis, Ratoune, Mimine, Tipex, Kiko, Doudou ... Tous abandonnés et venus vivre de leur plein grès chez moi !
Merci pour ces belles histoire Lison, du fond du cœur ;)
Je vous souhaite une belle semaine.
Sylvie.
Tout le monde -enfin ceux qui aiment les chats- a des souvenirs joyeux, douloureux et, je trouve, ils restent enracinés en nous au grand dam de ceux qui n'y entendent rien, ou n'aiment pas les animaux. Personnellement, je n'ai pas d'affinités avec les chiens, je l'avoue, mais si j'en avais un, je pense que je l'aimerais. Belle soirée, Sylvie
SupprimerBonjour Lison ;)
SupprimerComme vous, je n'ai pas d'affinité avec les chiens, mais je les aime tout de même, comme tous les animaux d'ailleurs !
Vos histoires m'ont vraiment touchées en tout cas et votre amour pour les chats aussi ! Il est vrai que certaines personnes ne comprennent pas ... Mais cela fait du bien de voir que d'autres vivent les mêmes émotions ;)
Bonne journée à vous !
Sylvie.
Puff j'ai les larmes aux yeux.... Quel bel hommage, Basile est un mélange de Caline et Peluche. Il était magnifique , il paraissait si doux , c'est dur de perdre ses fidèles compagnons. Eux au moins ils sont toujours d'humeur constante et tu ne peux pas te faire autrement que de les caliner...Je ne comprends pas comment on ne peut pas les aimer .... ! Pascale
RépondreSupprimerIl y a tant de gens sur les blogs qui aiment les chats que je n'ai pas honte de leur rendre hommage, à mes petits défunts. Et mes petits vivants, je savoure chaque jour le bonheur de les avoir là. Mais c'est vrai qu'il y a des personnes qui ont horreur des chats. Ils ont un regard...irrésistible. Quand je vois Peluche et Câline, je craque! Bisous
SupprimerMireille est toute chamboulée et moi aussi ma Lison.
RépondreSupprimerQu'ils étaient beaux ces deux amours et quel destin tragique que celui de Basile !
Quant à Marcus, il vous avait choisi car il savait déjà qu'il pouvait compter sur vous.
Tous ceux qui ont accompagné Mireille étaient tous des meurtris de la vie (comme moi) et ces histoires très émouvantes que tu nous racontes aujourd'hui lui font remonter dans la mémoire tous les noms de ceux qui avaient choisis de faire un bout de chemin avec elle. Ils sont très, très nombreux.
Je crois qu'un jour elle fera un article pour en parler.
C'est bien que ces deux compagnons soient près de toi et que tu puisses Lison, fleurir leurs souvenirs.
Je te fais de gros ronrons ainsi qu'à toute la tribu du Sujet.
Mireille t'embrasse bien fort.
Belle soirée
Cela fait du bien de faire un article pour en parler. Car ils ne meurent jamais en nous, humains, mais leur absence est lourde à porter. Difficile à dire devant ceux qui ne comprennent pas ou qui ont perdu un humain cher. Chez moi, il y a un petit mémorial avec les photos de mon père et de mes chats défunts. Quand je leur parle , je les appelle "mes petits morts", à tous ensemble. Et une petite bougie brûle parfois pour eux tous sans distinction. Allez, câline bien ta Mireille qui a un coeur gros "comme ça". Et tu le lui rends bien! Bisous
SupprimerJe ne peux que pleurer en lisant ton billet de ce soir, deux merveilleuses histoires, pourtant, mais je ne peux pas supporter le chagrin de la perte d'un animal, surtout d'un chat.
RépondreSupprimerTon récit réactive bien des souvenirs... Bien des amis félins qui sont partis, soit tranquillement, comme mon Higgins, qui ressemblait tant à Basile, et qui s'est endormi, une nuit...; soit tragiquement, aussi.
Nous avons, nous aussi, leurs tombes au fond du jardin, où poussent nos premières primevères...
Je t'embrasse, Lison, très belle soirée.
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SupprimerOui, j'ai fait une bêtise dans mon com alors j'ai supprimé. On a de ces chat grins de chat indélébiles. Et comment le dire ? on passe pour une demeurée, une vieille fille si on est seule. Que représente donc dans une vie, notre animal? Que projette t'on sur lui à part de l'amour, tout simplement ? On a presque honte d'écrire sur eux. Et pourtant comme tu dis, ça réveille pleins de souvenirs. Bisous, Norma
SupprimerJe suis très émue .J'aime beaucoup les animaux et j'en ai toujours eu.Ils nous apportent tellement d'amour et de sagesse.Tout comme nous, nous leur apportons amour et respect. Ce sont de vrais amis sincères.
RépondreSupprimerMoi aussi j'ai un joli coin du jardin où mes amis sont réunis .
Merci pour cette belle histoire triste et belle.
Douce soirée, bises Lison
Toi aussi tu es en phase avec mon ressenti; bisous
SupprimerQue d'émotion a te lire Lison et que de souvenirs qui reviennent. J'aime ta façon de nous parler de tes amis félins on comprend qu'ils te choisissent. Mon Sofiėne va avoir 15 ans alors comme il est en bonne santé j'ose espérer encore quelques années de bonheur. Bisous
RépondreSupprimerJe n'en ai jamais eu aucun qui soit devenu aussi vieux, faut dire que mes premiers sont de 2002.
Supprimerma grand mère, quand j'étais enfant, avait une vieille chatte noire de 20 ans que je surnommais "La Loi", parce qu'elle avait une voix aussi profonde et caverneuse que ce qui me paraissait austère et implacable : la loi à laquelle obéissait tout le monde, soit la justice. Bizarre le ressenti des enfants, non ? Bisous
Une note terriblement émouvante, et de superbes photos...
RépondreSupprimerChipie, une petite siamoise, on l'a eu en cadeau de mariage, elle a vécu 17 ans et elle est enterrée dans une caisse de champagne, dans un jardin au Maroc, celui où nous vivions à l'époque... Mais aujourd'hui il n'y a personne pour y mettre des fleurs. :(
RépondreSupprimerC'est une jolie histoire triste, aussi. Le Maroc est un bien beau pays pour abriter une âme de chat et un mariage un bien beau jour avec en prime un tel cadeau. Les fleurs, elles lui viennent de ton coeur. Bisous Pastelle; c'est vrai que c'est réconfortant de les avoir dans son jardin, nos petits amours
SupprimerDe belles jacinthes pour de belles histoires que tu sais si bien nous raconter !
RépondreSupprimerBises Mamé
Merci Mamé, alors tu aimes encore les belles histoires, toi aussi ? Allez je t'en raconterai d'autres. Bisous
SupprimerMa Fifi a été accidentée le 14 entre 22et 23h: fracture mâchoire, gros hématome sur le côté droit de la tête; opérée le 15- avis réservé jusqu'au jeudi car elle ne pouvait pas s'alimenter.
RépondreSupprimerJe me suis souvenue d'une anecdote que tu m'avais racontée lorsque l'un de tes chats déprimait et que tu lui avais donné l'ordre de se reprendre en lui disant qu'il était responsable de la maison alors j'ai fait pareil pour Fifi; je lui ai expliqué qu'elle serait euthanasiée si elle ne faisait pas l'effort de manger. le lendemain elle avait mangé la moitié d'une boîte de thon - le vêto a autorisé sa sortie, arrivée à la maison elle a mangé les 3/4 d'une boîte de pâté - Ouf! sauvée -mais il este un souci, elle n'arrive pas encore à boire.
Quelle chance de t'avoir connue et d'avoir eu connaissance de cette anecdote car j'aurais eu tendance à bercer Fifi de mots doux plutôt que de la gronder
bisous de Fifi, Nicole et Daniel
je ne sais pas ce qu'ils comprennent mais à notre ton ou à notre expression, ils sont sensibles; c'est vrai que Syrah garde assidûment la maison en mon absence et elle fait ça avec beaucoup de sérieux selon les dires...des humains qui l'observent; quant à Mathurin, depuis qu'il est responsable de la chattière, pas un étranger ne rentre ! Bonne santé pour Fifi
SupprimerJe n'ai qu'un mot à vous dire chère Lison : Merci
RépondreSupprimerMerci cher(e) anonyme, cela me touche, du coup j'ai relu ma page, mon hommage à mes petits défunts auxquels je pense encore
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