vendredi 30 septembre 2016

"Au sud c'était les terrils"...2nd terril

Forte de l'ascension de "mon" 1er terril (cf billet précédent) et ayant pris goût à la chose, je décidai de monter en haut du second le lendemain. Un peu plus haut ce "terril"-là car 2690 m tout de même. Mais plus clair, pas fait du même matériau.
Je démarre du même lieu après une nuit sereine sous les étoiles, dans un petit matin doré de soleil levant jouant avec la brume : c'est beau !








J'emprunte le même chemin que la veille et je rejoins vite l'étang des Dougnes où je sacrifie au rite du petit dej' avant que de filer au Castella, un étage plus haut. Aux Dougnes quelques pêcheurs s'activent déjà, façon de parler puisqu'ils sont statufiés.


Les Dougnes 2137  m et le Terril 2421 m
Au Castella, aucune présence humaine.

Tout est comme hier, sauf le vent qui cette fois, résolument nord, augure du beau temps .

Les Dougnes et les Péric
Le Castella (2300m) et ma destination sans nom, là haut à 2690 m




























Isard et raisins d'ours (plante médicinale)
Je cherche le meilleur tracé tout en suivant pour l'heure celui d'hier; je devine bien un sentier dans les éboulis mais comme je suis à bout de souffle, au bord de l'asphyxie, comme la veille,  (toujours ce souci qui me suit comme mon ombre depuis juin, par intervalles) je choisis le tout droit qui raccourcit ma route en respectant le dénivelé : moins de route certes mais prise de dénivelé très rapide. Je ne sais si j'ai tort ou raison mais je cultive la déraison en même temps que ma motivation : et c'est parti pour un mur de roches, de gispet et de dalles de schiste; j'ai abandonné le granit aux lacs.


Sur les cimes, alors que seuls quelques gispets et raisins d'ours habillent la pierre, un isard solitaire suit du regard ma marche soufflante. Enfin sur les crêtes je respire un peu mieux, l'effort sera moins violent. Ce n'est pas une randonnée difficile, ce serait même un hors d'oeuvre pour moi alors qu' hier cela ne dépassait pas les amuse bouche mais je suis consciente d'avoir un souci de santé tout en ayant une forme d'enfer. Une sueur moite  glacée couvre ma peau. Serait ce le coeur ? L'inquiétude m'accompagne, mauvaise partenaire.

Vallée de la Grave et Etang du Reco (cf la veille)



Sur les crêtes du  Castella (2500m) le parcours est plaisant, dominant les deux vallées, versants sud et nord, l'un magnifique de chapelets de lacs comme des joyaux, l'autre hérissé de pics imposants.
Le vent joue à changer de direction et de gros nuages surgissent dans le ciel tous azimuts, cela sent la mauvaise météo.
Parfois le vent se calme et l'air devient immobile, comme figé avant la tempête.
Pas un humain, pas un animal, J'apprécie cette extrême solitude.




Après cet effort anormalement violent, je me sens bien planant entre ciel et terre, entre pics et lacs. Je m'envolerais bien comme ces vautours qui tournoient, pour me poser à l'envi...

La crête dentelée du Castella



Je suis prise par l'envie d'aller plus vite pour atteindre le sommet et je m'étouffe d'autant plus dans ce désert de rocs et de pelouse jaunie...Cruel combat...Et ça monte si peu !
Très très péniblement j'atteins les 2690 m du sommet, soulagée et frustrée de ne pouvoir continuer vers la stèle et le Carlit. La montée serait facile mais la météo ne me plait pas.



Au sommet : coucou !!


Je savoure un peu le sommet, je joue à cache cache avec le désordre de schiste, m'accordant un peu de temps avant de filer droit dans la pente , retrouver le "vrai" sentier qui court dans un pavage de pierres, c'est assez joli, très désert, plutôt sauvage, un brin glissant. J'aime sans condition.
Voulez vous savourer avec moi ?


Etang de Sobirans, 2300 m, le plus haut sur le sentier du Carlit


La France liquide vue du ciel


Le toit du monde des Pyrénées Orientales
 Lorsque je condescends à quitter le sommet, c'est pour aller musarder un peu dans le désert d'altitude , par curiosité : cette vallée de la Grave cachée mais qui ouvre sur de hauts et très différents sommets. La géologie y est aussi variée que les couleurs.
Les murailles blanches de la Grave : Pic de la Grave, 2671 m


Dans le creux l'étang de la Grave, peu fréquenté, que j'ai tant aimé 
Je flâne, guère pressée de descendre alors que le ciel devient menaçant de tous côtés. Je sais qu'il pleuvra mais je prends mon temps; la douche ne m'effraie pas, l'orage oui.





Enfin je me jette dans la descente, un mur de schiste qui semble agencé en pavés : ça brille, ça sonne clair, ça glisse un peu mais ce sentier dédaigné ce matin fait bien mon affaire. Quelques touches de couleur égaient le décor. Le rouge des plantes grasses, le gris argent du séneçon et le vert de quelques plantes naines font un joli jardin de rocaille

La rocaille dans laquelle court le sentier

Même chose
 Enfin je touche aux rives du Castella, toujours désert, la truite  y est préservée et les "requins" pêcheurs s'en désintéressent...( Pardon...c'était juste pour les mots...-))

Là d'où je viens et Etang de Castella
Je file bon train, la descente ne m'asphyxie pas. Le terril d'hier semble fumer une prochaine fureur.


Impassible, je crois que le ciel pourrait lui tomber sur la tête, on le dirait statufié : mais non, il pêche.
J'admire cette patience qui fait partie de l'impossibilité de mon être.


Comme rien ne bouge non plus dans le ciel, je tente une petite rallonge du circuit par d'autres lacs, on n'a que l'embarras du choix n'est ce pas, dans ce Désert du Carlit, tout à fait lacustre.
Dans l'air figé et de plus en plus menaçant, je marche bon train, Etang Bailleul, étang Sec, Etang de la Comassa qui n'a plus du tout l'air d'une France liquéfiée, et  le Viver. Des randonneurs peu vêtus, mal équipés, sereins ou inconscients marchent, certains sans savoir où ils vont. Bienheureuse quiétude...
Je trace ma route sans m'arrêter, l'air figé sent la pluie, dans son silence, son immobilité, son odeur même. Un instant que j'aime, même là en montagne où l'orage peut être redoutable.
Dans la forêt le parfum des conifères et du bétail s'enroule à cet air d'avant l'orage, parfums exacerbés, la montagne à plein nez.



Le Bailleul (étang) et le Pic Carlit
Me voilà arrivée aux Bouillouses et aux Bones Hores, hôtel / refuge de montagne. très fréquenté.
Construit en sévère granit, son histoire est liée, comme toutes celles de bâtiments d'ici, à la construction du barrage, il y a un peu plus de 100 ans (1903 / 1910)

Le chalet des Bones Hores
Date du début 20 eme siècle


Alors que je pose mon sac au pied de mon camion et du barrage, les premières gouttes s'écrasent avec un bruit mat...Bien joué me dis-je avec  satisfaction ! La pluie et l'orage accompagneront mes deux heures de route jusqu'à la maison....


 En chiffres

Dénivelé 700 m
Distance 12.5 km




12 commentaires:

  1. Sacrée Amedine, on a envie de te suivre dans tes aventures. Mais non, le charme serait rompu....
    Je te suivrai donc sur ce blog, en espérant avoir un jour l'occasion de gravir ces sommets de notre superbe région.
    Juste une question : as-tu un sifflet ? J'ai trouvé ce conseil très pertinent.....

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    1. Oui j'ai un sifflet,depuis des années; une fois j'en ai fait usage, j'étais perdue dans le brouillard, j'ai sifflé et appelé à l'aide, on m'a répondu mais on a filé sans venir à mon secours, j'ai du prendre mes jambes à mon cou et courser les fuyards, des catalans pas sympas. Si j'avais eu une jambe cassée, je pouvais crever...A part ça merci de me suivre avec ce grand plaisir, Guy.

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  2. Amédine Somptueuse Balade Nous voyons Bien Là que Les Dieux Vous accompagnent pour qu après Le Tour où Le Temps a menacé souvent Les premières gouttes de pluie tombent juste à Votre Arrivée à Votre Cher Camion :) Dites moi Vous avez Un Saint Christophe avec Vous :) Calinous aux Minous Bisous à Vous Pensées pour Lison :)

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    1. C'est St Antoine mon Saint et le seul; je lui confie ma vie, il reste au camion avec son visage tourné vers ma direction et l'ordre de me protéger ! J'avais depuis 2 mois une petite Lisette, envoyée par Lison...elle s'est faite tuer hier par une voiture...Re chat-grin...Bisous

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    2. Amédine Je pense à Vous en avril Mickey comme Lisette a été emporté qu Ils reposent en Paix Loin de Ce Monde Toujours avec Nous Oui

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    3. On les aime et on ne les oublie jamais malgré les ans

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    4. Oui Amédine Ils Sont Nos Amis :)

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  3. Coucou ... Quelle magnifique balade, encore ;)
    je ne m'en lasse pas ... :)
    Douce soirée, Bisous et Câlins à tous les Félins

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    1. Merci et grands bisous de nous tous...une absente depuis hier qui s'est faite écraser...le dernier bébé de la maison... Bisous

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  4. Désolée de mon silence involontaire !
    Ta randonnée m'a émerveillée , tes photos sont magnifiques , j'aime tes commentaires , je vis ce périple avec toi. Merci .
    Mais je suis inquiète de ton essoufflement , tu devtais consulter et prendre soin de toi.
    Douce soirée , bises Lison et caresses aux 4 pattes.

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    1. Coucou ! Oui tu sais nos vies sont si remplies qu'on n'a pas toujours le temps d'aller sur les blogs...je connais ça mais j'aime toujours mes blogs amis sur lesquels je fais souvent un passage, même sans mots. J'ai pris mon essoufflement en main, cardio très prochainement. As tu une page facebook ? je te le demanderai aussi sur ton blog. Bisous

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  5. Quelle magnifique randonnée, Amédine, et quelles photos superbes ! Merci pour ce partage de qualité. Je vais lire tes autres billets. J'espère que tu vas mieux, mais j'en saurai un peu plus, un peu plus loin je pense.
    Gros bisous, Amédine.

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