Le lac du Passet est à présent devenu mon QG : qu'il fait bon dormir à ses côtés !
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Le Passet, à la nuit tombée |
En ce petit matin pâle, je râle : pas levée assez tôt, je suis un peu fatiguée, mes premiers pas dans la forêt me le confirment, mais ma rando doit être petite et facile donc...Deux catalans vont marcher avec moi, un bout de chemin, ils ont un bon rythme, moi aussi finalement.
On se sépare aux premiers rayons de soleil qui noient la prairie de Coma Joan, eux vont aux Coll Roig, moi, à la montagne sans nom. J'ai un projet un peu musclé...mais j'ai oublié de muscler le cerveau et j'aurai tout faux !
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Le soleil à la cabane de Coma Joan, un puits de lumière dans l'ombre |
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Je sortirai là haut |
A 2126 m, je quitte le Sentier des Ingénieurs pour ...nulle part, enfin presque, un couloir vers le ciel.
Je l'ai repéré, depuis j'y pense tout le temps. C'est un couloir qui commence, comme tous, par de l'herbe, puis par des éboulis, le cône de déjection et enfin par la grimpe proprement dite. Il se mérite, le bougre, il grimpe dur, 40 à 45 °, aucun sentier n'y existe, il faut monter au mieux sans glisser, je sais faire et j'aime.
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De l'équilibre : pour l' APN, et pour moi |
Le pied sûr et le souffle un peu court, je grimpe, je n'en vois pas la fin et, ce faisant, je m'enfonce entre des murs rocheux, donc j'oublie mon objectif premier, les crêtes.
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La pente, d'un côté |
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De l'autre, |
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Et vers le bas, je viens du fond 1ere prairie |
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Sortie du couloir |
C'étaient, en fait, de fausses crêtes, je le verrai au sommet du couloir. Ce que je prenais pour des crêtes étaient les premiers bastions de ces murs de pierre au sein desquels je suis. Donc ma rando a changé de visage et moi d'objectif, mais je vais me rattraper. Je voulais du caillou ? Et bien j'en aurai!
2483 m, j'émerge du couloir, et je ne vois rien de ce que j'attendais ...tout faux...de la pente, de l'herbe, des semblants de crêtes rocheuses dans un désordre parfait et...des isards curieux.
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Sortie du couloir : j'attendais des lacs et je vois le Coll Roig Occidental |
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Je siffle mes copains |
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Me reste à grimper là haut Je le ferai en roche, pour le fun |
Je prends quelques forces, ce couloir m'a "séchée". Et j'attaque l'arête qui n'en est pas une mais, qu'en louvoyant de rangées de rocs en rangées de rocs, je finis par transformer en une illusion d'arête. Quel désordre !
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Pour le fun...pourquoi faire simple quand... |
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Dans ce désordre, je vais simplifier : ce sera rochers, alors je zigzague |
Enfin un virage à 90° à gauche me conduit sur le fil de l'arête, là je vais enfin remettre en place mon cerveau et ma trajectoire.
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Je ne ferai que du caillou ! |
Les lacs sont bien là, bleus et sages, à droite, ceux de Coma d'Orlu, à gauche, le Lanoux et même le Passet et le Font Viva.
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Barrage du Lanoux |
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Etangs de Coma d'Orlu : mon chemin de retour |
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Au fond le Passet, mon QG |
C'est parti pour une balade en crêtes. Les altitudes défilent sur mon GPS, 2681, 2700, 2704 et puis ça redescend, ça remonte, comme le reflux de la mer, je ne fais que ça. Sauf que mes vagues sont figées, de pierre noire ou ocre, que la grève est d'herbe verte et que l'eau est tout en bas, allant du bleu au vert. Dans le ciel flotte la lune, c'est tout bonnement magnifique. Bien sûr il n'y a pas âme qui vive et je suis seule avec mes 68 bougies virtuelles...merci Ludo pour cette idée, oui il y a de la place pour elles !
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L'arête semble molle Elle est ce qu'on en fait suivant la trajectoire choisie |
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Cela par exemple |
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ou cela, mon choix tout au long |
Je savoure, mon Dieu comme je suis bien sur le toit de ce monde; la vie d'en bas, je l'ai oubliée et mon décor est fait de pics, de lacs, de sommets, de crêtes et de gouttes bleues.
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L'arête pouvait aisément se contourner...j'ai fait mon choix |
Un bon soleil brille mais l'air est frais; 2704 m, la saison a déjà basculé...Je prends mon temps, surtout celui de regarder. L'arête se corse, devient plus aérienne, plus effilée, plus vertigineuse, c'est la portion des Ximénéas que nous n'avions pas parcourue avec Marcel. Je suis le fil et je me penche sur tous les couloirs face nord, ils sont d'étroits goulets vertigineux mais carrossables...l'an prochain si tout va bien...je pourrai y planter 69 bougies. Je me penche aussi vers ces lacs enchâssés dans la roche des arêtes, un spectacle qui varie à chaque pas.
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Un couloir qui plonge vers le bas |
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Le Carlit par la face ouest (ma rando précédente) on devine le sentier |
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La pente de l'arête et le lac du Fourat |
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Géologie de l'arête |
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Le fil de l'arête |
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Plongée en apnée |
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Dédale aérien |
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Les dents de l'arête |
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Vue sur Carlit |
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Fonds aigue marine...on y sauterait à pieds joints ! |
L'arête des Ximénéeas me tente mais j'ai usé des forces et mon objectif premier pour le retour va m'en user encore. Donc je laisse l'arête et je pique vers
le lac de Coma d'Orlu, 184 m plus bas. Je descends pieds nus, je n'en peux plus de la brûlure plantaire.
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Une partie de mon trajet En rouge les crêtes En jaune descente sur la lac |
Au lac, je me restaure en trempant les pieds dans l'eau et, comme elle n'est pas trop froide malgré les 2516 m, je trempe le reste, tant qu'à faire.
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2516 m Etang de la Coume d'Orlu (haut) |
Puis je reprends le chemin, toujours hors sentier. Je me fraie un passage dans la moraine qui sépare les deux lacs, de l'herbe épaisse, des rocs (encore) et à 2440 m, je conforte ma décision.
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2440 m Etang de la Coume d'Orlu (bas) |
Je vais descendre tout droit en suivant le ruisseau déversoir du lac, on l'avait repéré du bas vers le haut avec Marcel, les barres rocheuses semblaient carrossables . Et puis...si ça ne passe pas, et bien je remonterai, j'ai encore du potentiel. Je vérifie qu'il n'y ait pas d'autre ruisseau car le lac est biscornu et je fonce ! Une belle descente, un joli ruisseau, de l'herbe, plus dangereuse que les rocs car semée de trous , plusieurs paliers en terrasse avant la plongée finale, un couloir où dévale une cascade. Elle est un peu maigre la cascade mais elle chante bien ! Et je suis le chant des sirènes, tout en ne reconnaissant rien de ce qu'on avait vu avec Marcel. Tant pis, je ne remonterai pas: envers et contre tout faut descendre. Les barres rocheuses demandent un peu de désescalade mais c'est facile et je me régale. Seuls mes bâtons sont en souffrance, de vol plané en vol plané, ils descendent par la voie des airs.
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Le chemin du ruisseau |
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Vers la grande plongée dans le vide |
Enfin, j'arrive au bas de la cascade, je fais le plein car elle s'enfouit sous terre et j'ai bien compris depuis longtemps que ce n'était pas le chemin repéré avec Marcel. Je suis d'autant plus contente que cette cascade m'avait fascinée : en effet, je l'ai connue très conséquente et pourtant disparaissant sous terre comme un serpent effrayé. A présent, j'en sais le chemin, et même le chemin souterrain ! Il y a même une voie latérale bien plus carrossable que la roche mais le préfère de loin les rochers.
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Le chemin de l'eau depuis tout en haut |
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En rouge mon chemin En jaune le chemin plus facile A gauche du rouge, celui de l'eau |
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Celui qu'on avait repéré avec Marcel : bien différent et tellement plus facile ! |
Au bas de la cascade,
comme au Paradis, m'attend un champ de fleurs mauves du plus bel effet, comme si la montagne voulait me remercier d'avoir foulé un ingrat chemin de roche tout le jour. Ici, il n'y a pas de lac bleus mais la montagne m'offre du bleu, autrement.
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Les bleus au coeur de la montagne |
Il ne me reste plus qu'à louvoyer dans ce Bac de Coll Roig devenu familier au fil du temps et de retourner tranquillement à mon présent du soir, le Passet, où je vais rester une nuit de plus...j'y suis trop bien....
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Le rose du soir qui tombe sur le Passet |
En chiffres :
Dénivelé positif cumulé : env 900 m
Distance parcourue : env 12 km
Temps de marche : 6 h 40
Un petit plus en un clic : le lac du Passet
Magnifiques photos et que de caillasse heureusement les lacs viennent embellir le paysage et les fleurs si rares et bleues comme les lacs et ciel bises
RépondreSupprimerOui c'est vraiment très beau et le fait que ce soit désert en fait un cadeau. Bon faut apprécier ce genre de cadeau...Bisous
SupprimerQuelle randonnée ! J'en ai les mollets "qui tramolent" ! et le vertige qui me chatouille la plante des pieds comme une sorte de lévitation alors que je suis assis tranquilou d'apparence devant l'ordi ! Oui je sais derrière ..! Bon à part ça tu nous régales les yeux de tous ces magnifiques paysages ou seuls quelques "aventurier(e)s" de la montagne accompagné(e)s par les isards apprécient l'immensité solitaire, acérée, vertigineuse. Bons mollets, bonne "caisse", l'oeil sûr autant que les "petons"..Encore quelques récits d'escalades nous attendent sans doute avant les premiers froids . Gracies senora. ASP
SupprimerJ'adore ton com imagé par le catalan ! Oui j'ai des projets "petits froids" , "grands froids" mais aussi couleur automne, jusqu'à la fin novembre la montagne a un charme fou, faut juste gérer le temps car les jours raccourcissent. Petons catalans
SupprimerQuoi de plus beau que de souffler 68 bougies si haut en jouant à toute crête.
RépondreSupprimerUn nouveau voyage sur un secteur qui n'a désormais plus aucun secret pour toi. A mon tour d'aller user mes chaussures par là.
Vrai et en pus c'est toi qui m'as suggéré cela, à la côte 2704, où tu m'as souhaité mon anniversaire : double joie ! En montagne c'est comme en littérature, quand je découvre un auteur qui me plait je lis son oeuvre, en montagne j'explore tout ce qui m'attire...j'arrête j'en garde pour 2019 un peu, juste pour rajouter une bougie !
SupprimerUn anniversaire hors du commun ! Tout ce que j’aime, le côté sauvage, la roche, les animaux, les fleurs, l’eau, tout y est. Tes photos sont très belles et ton récit fort agréable décrit avec précision tes émotions et ton parcours. Tes ailes font des merveilles... mais non, c’est ton désir de te dépasser et ta volonté d’aller toujours plus loin, plus haut. Bravo, c’est magnifique ! Je t’embrasse. Aujourd’hui nous avons fait quelques pas en forêt....
RépondreSupprimerje suis en mode découverte et je me régale à ce jeu là...heureusement que je ne fais pas ça dans tous les domaines...lol...je fais en musique, littérature...là j'ai encore beaucoup de chemins à y parcourir, on en gardera pour 2019
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